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DANIEL 

 

 Introduction

Le livre du prophète Daniel

 

Titre

       Conformément à la tradition hébraïque, le livre porte le nom du prophète qui bénéficie, tout au long du texte, des révélations de Dieu. Il couvre l’intégralité des 70 années de captivité babylonienne (vers 605-536 av. J.-C.; cf. #Da 1:1 et #Da 9:1-3). Neuf des douze chapitres contiennent des révélations parvenues sous forme de songes ou de visions. Daniel était le porte-parole de Dieu auprès du monde païen et du monde juif pour annoncer ses projets actuels et futurs. En termes de littérature prophétique et apocalyptique, Daniel est à l’A.T. ce que l’Apocalypse est au N.T.

 

Auteur et date

       Plusieurs versets indiquent que l’auteur du livre est Daniel (#Da 8:15, #Da 8:27 ; #Da 9:2 ; #Da 10:2, #Da 10:7 ; #Da 12:4-5), dont le nom signifie « Dieu est mon juge ». Le texte est autobiographique, recourant à la première personne du singulier, à partir de 7:2. Il doit être distingué des trois autres Daniel de l’A.T. (cf. #1Ch 3:1 ; #Esd 8:2 ; #Né 10:6). Né dans une famille de notables de Juda, ce prophète était un adolescent d’une quinzaine d’années lorsqu’il fut déporté à Babylone afin d’y être modelé selon la culture babylonienne et d’assister les conquérants dans leurs rapports avec les Juifs exilés. Ce fut là qu’il passa le restant de sa vie (au moins 85 ans). Il tira le meilleur parti de la situation en honorant Dieu par le caractère irréprochable de sa manière d’être et de son service. Il fut élevé au rang de haut fonctionnaire par décision royale et devint, à côté de son rôle de prophète, le confident des souverains de deux puissances mondiales: l’Empire babylonien (#Da 2:48) et l’Empire médo-perse (#Da 6:1-2). Jésus a confirmé l’attribution de ce livre à Daniel (cf. #Mt 24:15).

       Daniel a vécu après l’époque décrite en #Da 10:1 (vers 536 av. J.-C.). Il écrivit très probablement son livre peu après cette date, mais avant 530 av. J.-C. Une partie du texte (#Da 2:4b-7:28), qui décrit prophétiquement les événements de l’histoire mondiale, fut composée en araméen, ce qui était approprié puisque c’était la langue des relations internationales. Ezéchiel, Habakuk, Jérémie et Sophonie étaient des prophètes contemporains de Daniel.

 

Contexte et arrière-plan

Le livre débute en 605 av. J.-C. avec la conquête de Jérusalem par Babylone et la déportation de Daniel et de ses trois amis, parmi bien d’autres Judéens. Il rapporte la fin de la suprématie babylonienne, en 539 av. J.-C., avec la chute de la ville face aux assaillants médo-perses (#Da 5:30-31), et relate même des événements postérieurs, jusqu’en 536 av. J.-C. (#Da 10:1). Après la déportation de Daniel, les Babyloniens conquirent Jérusalem en deux nouvelles étapes successives (597 et 586 av. J.-C.), emmenant chaque fois avec eux une partie de la population. Daniel se souvenait encore avec émotion de sa patrie, et en particulier du temple de Jérusalem, près de 70 ans après avoir dû les quitter (#Da 6:10).

       Jérémie évoque partiellement le contexte historique de Daniel, puisqu’il mentionne trois des cinq derniers rois de Juda avant la captivité (cf. #Jér 1:1-3): Josias (vers 641-609 av. J.-C.), Jojakim (vers 609-597 av. J.-C.) et Sédécias (av. J.-C.), s’intéressant moins à Joachaz (vers 609 av. J.-C.) et à Jojakin (vers 598-597 av. J.-C.). Daniel lui-même est présenté par Ezéchiel comme un homme juste et sage (cf. #Ez 14:14, #Ez 14:20 ; #Ez 28:3). L’auteur de l’épître aux Hébreux fait allusion à lui comme l’un des prophètes qui « par la foi …  fermèrent la gueule des lions » (#Hé 11:32-33).

       Le péché chronique des Judéens ne s’était jamais accompagné d’une repentance nationale. C’est ainsi qu’après les mises en garde répétées des prophètes Jérémie, Habakuk et Sophonie, l’Eternel avait fini par juger son peuple. Esaïe et d’autres fidèles prophètes avaient déjà, eux aussi, averti de l’imminence du danger. Profitant du déclin de la puissance assyrienne dès 625 av. J.-C., les Babyloniens conquirent:

1° l’Assyrie avec Ninive, sa capitale, en 612 av. J.-C.;

2° l’Egypte au cours des années suivantes;

3° Juda, en 605 av. J.-C., avec la première des trois étapes de la conquête de Jérusalem (cf. date précédente, 597 av. J.-C. et 586 av. J.-C.).

Daniel fit partie du premier groupe de déportés, et Ezéchiel du second en 597 av. J.-C.

       Le royaume du nord, Israël, était tombé des années auparavant, en 722 av. J.-C., devant les Assyriens. Avec la captivité de Juda, le jugement était donc parachevé. A Babylone, Daniel reçut de Dieu une description des différentes étapes de la domination païenne sur le monde au travers des siècles, jusqu’au moment où le conquérant suprême, le Messie, y mettrait un terme. Il l’emporterait sur tous ses ennemis et amènerait le peuple de l’alliance à jouir des bénédictions de son glorieux royaume millénaire.

 

Thèmes historiques et théologiques

L’objectif du livre de Daniel était d’encourager les Juifs exilés en leur révélant le plan de Dieu pour eux, à la fois pendant et après la période de domination mondiale des païens. Le thème du contrôle souverain exercé par Dieu sur toutes les nations et leurs dirigeants, avec leur remplacement final par le roi véritable, est le plus important. Les versets clés sont ceux de 2:20-22, 44 (cf. #Da 2:28, #Da 2:37 ; #Da 4:34-35 ; #Da 6:25-27). Dieu n’avait pas subi une défaite lorsqu’il avait permis la chute d’Israël (#Da 1); en réalité, il était à l’œuvre, dans sa providence, pour accomplir son dessein: la pleine manifestation de son grand roi, le Christ. En tant que souverain, il avait autorisé et autoriserait la domination de païens sur Israël  les Babyloniens (av. J.-C.), les Médo-Perses (av. J.-C.), les Grecs (av. J.-C.), les Romains (146 av. J.-C. à 476 apr. J.-C.) et d’autres encore - jusqu’à la seconde venue du Messie. Les diverses étapes de la domination païenne sont décrites aux ch. #Da 2 et 7. Le même thème est mis en rapport avec l’expérience d’Israël, à la fois dans la défaite et dans les bénédictions du royaume à venir, aux ch. #Da 8:1-12:2 (cf. #Da 2:35, #Da 2:45 ; #Da 7:27). Un élément clé du thème de la souveraineté de Dieu est la venue du Messie pour régner sur le monde et sur tous les hommes (#Da 2:35, #Da 2:45 ; #Da 7:13-14, #Da 7:27). Il est comparé à une « pierre » au ch. #Da 2, à un « fils de l’homme » au ch. #Da 7, et apparaît en #Da 9:26. Le ch. #Da 9 livre le cadre chronologique de la période qui s’étend de l’époque de Daniel au royaume de Christ.

       Un deuxième thème, étroitement mêlé à la structure de Daniel, est celui de la manifestation de la puissance souveraine de Dieu au travers de miracles. C’est l’une des six époques où, dans la Bible, l’accent est mis sur les nombreux miracles accomplis par Dieu pour atteindre ses objectifs. Les autres sont:

1° la création et le déluge (#Ge 1:1-11:2);

2° les patriarches et Moïse (#Ge 12-De);

3° Elie et Elisée (#1R 19-2R 13);

4° Jésus et les apôtres (Mt-Ac);

5° le retour de Christ (Ap).

Le Dieu dont la domination et les capacités d’agir à sa guise sont éternelles (#Da 4:34-35) peut accomplir n’importe quel miracle, mais aucun ne manifeste plus de puissance que celui qu’il a accompli lors de la création (#Ge 1:1). Daniel relate ainsi comment ce Dieu l’a rendu capable de connaître et d’interpréter les rêves qu’il utilisait pour révéler sa volonté (ch. #Da 2 ; 4; 7), mais il mentionne aussi d’autres miracles:

1° le doigt de Dieu écrivant sur le mur et l’interprétation donnée par Daniel (ch. #Da 5);

2° la protection divine accordée à trois hommes jetés dans une fournaise (ch. #Da 3);

3° la protection accordée à Daniel dans la fosse aux lions (ch. #Da 6);

4° des prophéties surnaturelles (ch. #Da 2 ; 7; 8; 9:24-12:13).

 

Questions d’interprétation

Les plus grandes difficultés d’interprétation sont liées aux passages qui annoncent une période de tribulation et un royaume. L’utilisation de l’araméen impérial et l’archéologie ont confirmé l’ancienneté de la rédaction du texte. Néanmoins, plusieurs commentateurs refusent, par scepticisme, de reconnaître l’origine surnaturelle des prophéties devenues entre-temps réalité (il y en a plus de cent dans le seul ch. #Da 11), et ils situent, par conséquent, leur rédaction entre l’A.T. et le N.T. Ils ne les considèrent pas comme des prédictions miraculeuses de l’avenir, mais comme de simples observations, faites par un écrivain ultérieur qui aurait rapporté les événements de son époque. Ils datent ainsi Daniel de l’époque d’Antiochus IV Epiphane (av. J.-C., ch. #Da 8 ; #Da 11:21-45). Si l’on adopte cette manière de voir, l’annonce de la « pierre » et du « fils de l’homme » (ch. #Da 2 ; 7) n’est qu’une idée erronée qui ne s’est pas accomplie, ou bien l’auteur a volontairement trompé ses lecteurs. En réalité, selon moi, Daniel annonce bien une période de jugement de sept ans (cf. #Da 7:21-22 ; #Da 11:36-45 ; #Da 12:1), suivie d’un royaume littéral de mille ans (cf. #Ap 20), lorsque Christ reviendra pour régner sur Israël et sur les païens (#Da 7:27). C’est une période distincte de l’état éternel (état ultime, de perfection absolue, c’est-à-dire les nouveaux cieux et la nouvelle terre dont la capitale sera la nouvelle Jérusalem, #Ap 21:1-22:2) et qui le précédera. L’interprétation littérale de la prophétie, y compris de Daniel, conduit à cette perspective prémillénariste.

       Bien d’autres éléments soulèvent des questions: comment interpréter les chiffres (#Da 1:12, #Da 1:20 ; #Da 3:19 ; #Da 9:24-27); comment identifier celui qui est « semblable à un fils de l’homme » (#Da 7:13-14); comment déterminer si 8:19-23 fait allusion à Antiochus Epiphane ou à l’Antéchrist (ou Antichrist) encore à venir; comment expliquer les « soixante-dix semaines » de 9:24-27; comment définir si 11:36-45 continue la description d’Antiochus Epiphane commencée en #Da 11:21-35 ou s’applique au futur Antéchrist.

 

Plan

I. Arrière-plan personnel de Daniel (1:1-21)

    A. La conquête de Jérusalem (1:1-2)

    B. Le choix des Juifs à former (1:3-7)

    C. Le courage de quatre hommes dans l’épreuve (1:8-16)

    D. Le choix de quatre hommes pour le service du roi (1:17-21)

II. Révélation prophétique de la domination païenne (2:1-7:28)

    A. Le dilemme de Nebucadnetsar (2:1-4:37)

    B. La débauche et le décès de Belschatsar (5:1-31)

    C. La délivrance de Daniel (6:1-28)

    D. Le songe de Daniel (7:1-28)

III. Révélation prophétique de la destinée d’Israël (8:1-12:13)

    A. Le bélier et le bouc (8:1-27)

    B. Les soixante-dix semaines (9:1-27)

    C. L’humiliation et la restauration d’Israël (10:1-12:13)

 

Daniel 1 : 1 à 21

   1 ¶  La troisième année du règne de Jojakim, roi de Juda, Nebucadnetsar, roi de Babylone, marcha contre Jérusalem, et l’assiégea.

 

troisième année. C’est-à-dire en 606-605 av. J.-C. C’était la « troisième année » selon la manière babylonienne de dater, qui ne prenait pas en compte la première année de règne (celle de l’accession au trône), mais seulement l’année suivante. Par conséquent, cette « troisième année » correspond à la « quatrième » du système de datation juif (cf. #Jér 46:2).

Jojakim. Fils de Josias, il régnait lors du premier sac de Jérusalem par Nebucadnetsar.

Nebucadnetsar. Fils de Nabopolassar, il fut roi de Babylone entre 605 et 562 av. J.-C.

 

2  Le Seigneur livra entre ses mains Jojakim, roi de Juda, et une partie des ustensiles de la maison de Dieu. Nebucadnetsar emporta les ustensiles au pays de Schinear, dans la maison de son dieu, il les mit dans la maison du trésor de son dieu.

 

Schinear. Autre nom de Babylone.

son dieu. Bel ou Mardouk (le même que Merodac). La religion babylonienne reconnaissait aussi d’autres dieux (cf. v. #Da 1:7). La conquête d’autres nations était perçue comme la preuve de la supériorité du dieu du vainqueur sur leurs divinités.

 

3  Le roi donna l’ordre à Aschpenaz, chef de ses eunuques, d’amener quelques-uns des enfants d’Israël de race royale ou de famille noble,

4  de jeunes garçons sans défaut corporel, beaux de figure, doués de sagesse, d’intelligence et d’instruction, capables de servir dans le palais du roi, et à qui l’on enseignerait les lettres et la langue des Chaldéens.

 

Plusieurs critères entraient en ligne de compte pour désigner les Judéens qui seraient formés aux affaires de l’Etat. Ils devaient:

1° du point de vue physique, n’avoir ni infirmité ni handicap et être beaux, c’est-à-dire avoir une apparence susceptible de plaire au public;

2° du point de vue mental et intellectuel, être performants;

3° du point de vue social, être équilibrés et courtois, de façon à pouvoir représenter avantageusement leurs chefs.

 

Les jeunes choisis avaient probablement entre 14 et 17 ans.

 

5  Le roi leur assigna pour chaque jour une portion des mets de sa table et du vin dont il buvait, voulant les élever pendant trois années, au bout desquelles ils seraient au service du roi.

 

les élever pendant trois années. Cf. #Da 2:1

 

6  Il y avait parmi eux, d’entre les enfants de Juda, Daniel, Hanania, Mischaël et Azaria.

7  Le chef des eunuques leur donna des noms, à Daniel celui de Beltschatsar, à Hanania celui de Schadrac, à Mischaël celui de Méschac, et à Azaria celui d’Abed-Nego.

 

des noms. Le changement de nom était l’un des facteurs clés de la sorte de lavage de cerveau que représentait le processus de formation babylonien. L’objectif était de pousser les jeunes choisis à s’attacher aux dieux de leur pays d’accueil et à abandonner leurs propres racines religieuses. Daniel, dont le nom signifie « Dieu est mon juge », fut ainsi renommé Beltschatsar, qui pourrait vouloir dire « Bel protège le roi »; Hanania, « l’Eternel est bienveillant », fut renommé Schadrac, « commandement d’Aku », un autre dieu babylonien; Mischaël, « qui est comme Dieu? » fut renommé Méschac, « qui est ce qu’est Aku? »; enfin Azaria, « l’Eternel est mon soutien », devint Abed-Nego, « serviteur de Nego », aussi appelé Nebo (cf. #Esa 46:1), dieu de la végétation.

 

8 ¶  Daniel résolut de ne pas se souiller par les mets du roi et par le vin dont le roi buvait, et il pria le chef des eunuques de ne pas l’obliger à se souiller.

 

Daniel résolut. La nourriture et les boissons païennes étaient dédiées aux idoles. En consommer revenait à s’associer aux honneurs rendus à ces divinités. Daniel « garda son cœur » (cf. #Pr 4:23) et décida de refuser tout compromis qui l’amènerait à se montrer infidèle à l’appel de Dieu (cf. #Ex 34:14-15). Certains aliments consommés par les païens étaient en outre proscrits par Dieu (#Lé 11). Moïse avait adopté la même attitude en s’écartant du mal (#Hé 11:24-26), tout comme le psalmiste (#Ps 119:115), et Jésus ferait de même (#Hé 7:26). Cf. #2Co 6:14-18 ; #2Ti 2:20-21.

 

9  Dieu fit trouver à Daniel faveur et grâce devant le chef des eunuques.

 

Dieu honora la confiance et la fidélité de Daniel en œuvrant souverainement en sa faveur auprès des autorités païennes. En l’occurrence, il empêcha qu’il soit persécuté et lui permit d’inspirer le respect, alors que, plus tard, il laisserait l’opposition se dresser contre lui, mais en vue de son élévation finale (#Da 6). D’une manière ou d’une autre, Dieu honore ceux qui l’honorent (#1S 2:30 ; #2Ch 16:9).

 

10  Le chef des eunuques dit à Daniel: Je crains mon seigneur le roi, qui a fixé ce que vous devez manger et boire ; car pourquoi verrait-il votre visage plus abattu que celui des jeunes gens de votre âge ? Vous exposeriez ma tête auprès du roi.

11  Alors Daniel dit à l’intendant à qui le chef des eunuques avait remis la surveillance de Daniel, de Hanania, de Mischaël et d’Azaria:

12  Eprouve tes serviteurs pendant dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire ;

 

légumes. Le mot hébreu, rare dans l’A.T., peut désigner du blé, de l’orge ou des légumes frais.

 

13  tu regarderas ensuite notre visage et celui des jeunes gens qui mangent les mets du roi, et tu agiras avec tes serviteurs d’après ce que tu auras vu.

14  Il leur accorda ce qu’ils demandaient, et les éprouva pendant dix jours.

15  Au bout de dix jours, ils avaient meilleur visage et plus d’embonpoint que tous les jeunes gens qui mangeaient les mets du roi.

 

plus d’embonpoint. Signe de bonne santé à l’époque.

 

16  L’intendant emportait les mets et le vin qui leur étaient destinés, et il leur donnait des légumes.

17 ¶  Dieu accorda à ces quatre jeunes gens de la science, de l’intelligence dans toutes les lettres, et de la sagesse ; et Daniel expliquait toutes les visions et tous les songes.

18  Au terme fixé par le roi pour qu’on les lui amenât, le chef des eunuques les présenta à Nebucadnetsar.

19  Le roi s’entretint avec eux ; et, parmi tous ces jeunes gens, il ne s’en trouva aucun comme Daniel, Hanania, Mischaël et Azaria. Ils furent donc admis au service du roi.

20  Sur tous les objets qui réclamaient de la sagesse et de l’intelligence, et sur lesquels le roi les interrogeait, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les magiciens et astrologues qui étaient dans tout son royaume.

 

dix fois. Utilisation de ce nombre dans un sens qualitatif, probablement pour signifier la plénitude et la complétude: ils démontraient une incroyable compétence dans leurs réponses, supérieure à ceux qui ne bénéficiaient pas de l’aide divine. A comparer avec « dix jours » (vv. #Da 1:12-15), où le sens quantitatif est présent: il s’agit d’une durée réelle.

 

21  Ainsi fut Daniel jusqu’à la première année du roi Cyrus.

 

la première année. Cyrus, roi de Perse, conquit Babylone en 539 av. J.-C. La troisième année de son règne (#Da 10:1) est la dernière date historique précisée par Daniel (cf. #Esd 1:1-2:1).



Daniel 2 : 1 à 49

   1 ¶  La seconde année du règne de Nebucadnetsar, Nebucadnetsar eut des songes. Il avait l’esprit agité, et ne pouvait dormir.

 

La seconde année. Les quatre jeunes Juifs furent promus après « trois années » (#Da 1:5, #Da 1:18), après ce songe survenu lors de « la seconde année ».

songes. Dans ce temps de révélation, Dieu parla au travers de l’interprétation des rêves qu’il inspirait (cf. v. #Da 2:29).

 

2  Le roi fit appeler les magiciens, les astrologues, les enchanteurs et les Chaldéens, pour qu’ils lui disent ses songes. Ils vinrent, et se présentèrent devant le roi.

 

Chaldéens. Le terme pouvait désigner des personnes originaires de Chaldée (#Da 1:4 ; #Da 3:8) ou, comme ici, une classe particulière de devins qui enseignaient la culture chaldéenne.

 

3  Le roi leur dit : J’ai eu un songe ; mon esprit est agité, et je voudrais connaître ce songe.

4  Les Chaldéens répondirent au roi en langue araméenne : O roi, vis éternellement ! dis le songe à tes serviteurs, et nous en donnerons l’explication.

 

langue araméenne. Au v. 4b et jusqu’en #Da 7:28, Daniel utilise soudainement cette langue, que l’on écrivait avec un alphabet identique à celui de l’hébreux mais qui présentait un certain nombre de différences. L’araméen était la langue véhiculaire des Empires babylonien, assyrien et perse, celle qu’on employait dans l’administration et les relations commerciales. Les sections 1:1-2:4a et 8:1-12:13 furent écrites en hébreu, probablement parce qu’elles traitent de questions plus particulièrement liées aux Juifs; la section 2:4b-7:28 est en araméen parce qu’elle aborde le sort des autres nations et des questions qui les concernent.

 

5  Le roi reprit la parole et dit aux Chaldéens : La chose m’a échappé ; si vous ne me faites connaître le songe et son explication, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites en un tas d’immondices.

 

Le roi reprit la parole. Le roi eut la malice de ne pas décrire son rêve, alors qu’il en avait parfaitement gardé le souvenir, de façon à évaluer les compétences de ses experts. Il souhaitait en avoir une interprétation franche et sans détours, sans fourberie.

 

6  Mais si vous me dites le songe et son explication, vous recevrez de moi des dons et des présents, et de grands honneurs. C’est pourquoi dites-moi le songe et son explication.

7  Ils répondirent pour la seconde fois : Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en donnerons l’explication.

 

Que le roi dise. Ceux dont les ressources n’étaient qu’humaines ne parvinrent pas à donner d’explication (cf. les magiciens à la cour du Pharaon, #Ex 8:12-15, avec Joseph, #Ge 41:1ss). Les vv. #Da 2:8-13 montrent l’impossibilité radicale, pour les hommes, d’interpréter correctement les songes donnés par Dieu (cf. v. #Da 2:27). Mais Daniel, qui avait exprimé sa confiance en Dieu dans la prière (v. #Da 2:18), reçut son interprétation de façon surnaturelle (vv. #Da 2:19, #Da 2:30). Il rendit à Dieu, dans la prière, le crédit qui lui revenait (vv. #Da 2:20-23) et lui rendit témoignage devant Nebucadnetsar (vv. #Da 2:23, #Da 2:45). Plus tard, le roi lui aussi rendrait gloire à Dieu (v. #Da 2:47).

 

8  Le roi reprit la parole et dit : Je m’aperçois, en vérité, que vous voulez gagner du temps, parce que vous voyez que la chose m’a échappé.

9  Si donc vous ne me faites pas connaître le songe, la même sentence vous enveloppera tous ; vous voulez vous préparer à me dire des mensonges et des faussetés, en attendant que les temps soient changés. C’est pourquoi dites-moi le songe, et je saurai si vous êtes capables de m’en donner l’explication.

10  Les Chaldéens répondirent au roi : Il n’est personne sur la terre qui puisse dire ce que demande le roi ; aussi jamais roi, quelque grand et puissant qu’il ait été, n’a exigé une pareille chose d’aucun magicien, astrologue ou Chaldéen.

11  Ce que le roi demande est difficile ; il n’y a personne qui puisse le dire au roi, excepté les dieux, dont la demeure n’est pas parmi les hommes.

12  Là-dessus le roi se mit en colère, et s’irrita violemment. Il ordonna qu’on fasse périr tous les sages de Babylone.

13  La sentence fut publiée, les sages étaient mis à mort, et l’on cherchait Daniel et ses compagnons pour les faire périr.

14 ¶  Alors Daniel s’adressa d’une manière prudente et sensée à Arjoc, chef des gardes du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone.

15  Il prit la parole et dit à Arjoc, commandant du roi : Pourquoi la sentence du roi est-elle si sévère ? Arjoc exposa la chose à Daniel.

16  Et Daniel se rendit vers le roi, et le pria de lui accorder du temps pour donner au roi l’explication.

17  Ensuite Daniel alla dans sa maison, et il instruisit de cette affaire Hanania, Mischaël et Azaria, ses compagnons,

18  les engageant à implorer la miséricorde du Dieu des cieux, afin qu’on ne fît pas périr Daniel et ses compagnons avec le reste des sages de Babylone.

19  Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit. Et Daniel bénit le Dieu des cieux.

20  Daniel prit la parole et dit : Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité ! A lui appartiennent la sagesse et la force.

 

2:20-23

Cette louange adressée à Dieu résume tout le livre: Dieu est celui qui contrôle toute chose et qui, dans sa souveraineté, accorde sagesse et pouvoir à qui il veut.

 

21  C’est lui qui change les temps et les circonstances, qui renverse et qui établit les rois, qui donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui ont de l’intelligence.

22  Il révèle ce qui est profond et caché, il connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui.

23  Dieu de mes pères, je te glorifie et je te loue de ce que tu m’as donné la sagesse et la force, et de ce que tu m’as fait connaître ce que nous t’avons demandé, de ce que tu nous as révélé le secret du roi.

24 ¶  Après cela, Daniel se rendit auprès d’Arjoc, à qui le roi avait ordonné de faire périr les sages de Babylone ; il alla, et lui parla ainsi: Ne fais pas périr les sages de Babylone ! Conduis-moi devant le roi, et je donnerai au roi l’explication.

25  Arjoc conduisit promptement Daniel devant le roi, et lui parla ainsi : J’ai trouvé parmi les captifs de Juda un homme qui donnera l’explication au roi.

26  Le roi prit la parole et dit à Daniel, qu’on nommait Beltschatsar : Es-tu capable de me faire connaître le songe que j’ai eu et son explication ?

27  Daniel répondit en présence du roi et dit : Ce que le roi demande est un secret que les sages, les astrologues, les magiciens et les devins, ne sont pas capables de découvrir au roi.

28  Mais il y a dans les cieux un Dieu qui révèle les secrets, et qui a fait connaître au roi Nebucadnetsar ce qui arrivera dans la suite des temps. Voici ton songe et les visions que tu as eues sur ta couche.

 

un Dieu qui révèle les secrets. Tout comme il l’avait fait en Egypte au temps de Joseph (cf. #Ge 40:8 ; #Ge 41:16).

 

29  Sur ta couche, ô roi, il t’est monté des pensées touchant ce qui sera après ce temps-ci ; et celui qui révèle les secrets t’a fait connaître ce qui arrivera.

30  Si ce secret m’a été révélé, ce n’est point qu’il y ait en moi une sagesse supérieure à celle de tous les vivants ; mais c’est afin que l’explication soit donnée au roi, et que tu connaisses les pensées de ton cœur.

31 ¶  O roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue ; cette statue était immense, et d’une splendeur extraordinaire ; elle était debout devant toi, et son aspect était terrible.

32  La tête de cette statue était d’or pur ; sa poitrine et ses bras étaient d’argent ; son ventre et ses cuisses étaient d’airain ;

33  ses jambes, de fer ; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile.

34  Tu regardais, lorsqu’une pierre se détacha sans le secours d’aucune main, frappa les pieds de fer et d’argile de la statue, et les mit en pièces.

35  Alors le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s’échappe d’une aire en été ; le vent les emporta, et nulle trace n’en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre.

36  Voilà le songe. Nous en donnerons l’explication devant le roi.

 

2:36-45

Nous en donnerons l’explication. Cinq Empires successifs domineraient sur Israël, symbolisés ici par certaines parties d’une statue (le corps). En #Da 7, les mêmes Empires sont représentés par quatre grandes bêtes. Il s’agit de Babylone, de l’Empire médo-perse, de la Grèce, de Rome et, plus tard, de la nouvelle Rome. Chacun d’eux est bien distinct du précédent, comme l’atteste la qualité de moins en moins bonne du métal. La « pierre » annonce Christ (#Lu 20:18) qui, lors de son retour (comme le fils de l’homme en #Da 7:13-14), détruira la manifestation ultime du quatrième Empire avec une soudaineté dévastatrice (#Da 2:34-35, #Da 2:44-45). Christ détruira totalement le pouvoir des nations païennes, et il établira son royaume millénaire, l’Empire ultime, qui perdurera jusque dans l’éternité (#Da 2:44 ; #Da 7:27).

 

 Les royaumes de Daniel

I. Daniel 2 / Daniel 7

A. Babylone 2:32, 37-38; 7:4, 17

B. Empire médo-perse 2:32, 39; 7:5, 17

C. Grèce 2:32, 39; 7:6, 17

D. Rome 2:33, 40; 7:7, 17, 23

E. Empire romain ressuscité 2:33, 41-43; 7:7-8, 11, 24-25

F. Millénium 2:34-35, 44-45; 7:13-14, 26-27

II. Daniel 8 / Daniel 11

A. Empire médo-perse 8:3-8, 20-21; 10:20-21, 11:2-35

B. Grèce 8:3-8, 20-21; 10:20-21, 11:2-35

C. Empire romain ressuscité 8:9-12, 23-26; 11:36-45

 

37  O roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t’a donné l’empire, la puissance, la force et la gloire ;

38  il a remis entre tes mains, en quelque lieu qu’ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t’a fait dominer sur eux tous: c’est toi qui es la tête d’or.

39  Après toi, il s’élèvera un autre royaume, moindre que le tien ; puis un troisième royaume, qui sera d’airain, et qui dominera sur toute la terre.

 

2:39

moindre. Cela signifie probablement « plus bas » (littéralement « vers la terre »). Daniel guide les pensées de Nebucadnetsar le long du corps de la statue à partir de son propre Empire (« la tête ») vers le suivant, celui qui allait lui succéder. L’Empire médo-perse, bien que dépourvu de la gloire de Babylone (l’argent par rapport à l’or), ne lui était pas inférieur en puissance, au moment de sa domination, puisqu’il en fit la conquête (#Da 7:5). Dans le cas de la Grèce également, l’airain est de moindre valeur (moins prestigieux) que l’argent, mais il possède une solidité supérieure.

dominera sur toute la terre. Alexandre le Grand devint le chef du monde antique, Israël inclus. Son Empire comprenait l’Europe, l’Egypte et même l’Inde.

 

40  Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer ; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces.

 

fort comme du fer. Ce métal est l’emblème approprié de l’Empire romain, qui est ainsi annoncé et décrit. Rome posséderait effectivement des troupes aux armures en fer, réputées pour leur force et leur invincibilité.

 

41  Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé ; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l’argile.

 

orteils. Ces dix orteils représentent les mêmes rois que les « dix cornes » de 7:24. Ils régneront dans les derniers jours de l’Empire païen que Christ détruira soudainement lors de sa seconde venue.

2:41-43

d’argile …  de fer. Le fer contenu dans les dix orteils (des rois) présente l’Empire romain ressuscité, avant la seconde venue de Christ, comme ayant la force du fer dans ses conquêtes (cf. #Ap 13:4-5). Mais l’argile qui y est mêlée annonce les failles fatales, dues à la faiblesse humaine, de cette union de rois et de nations: elle sera par nature vulnérable.

 

42  Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile.

43  Tu as vu le fer mêlé avec l’argile, parce qu’ils se mêleront par des alliances humaines ; mais ils ne seront point unis l’un à l’autre, de même que le fer ne s’allie point avec l’argile.

44  Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement.

 

subsistera éternellement. Le royaume de Dieu placé sous l’autorité du Messie est le royaume final, qui ne sera jamais remplacé. Il aura deux phases: le millénium et l’avenir éternel, mais c’est le même roi qui régnera sur les deux.

 

45  C’est ce qu’indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d’aucune main, et qui a brisé le fer, l’airain, l’argile, l’argent et l’or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable, et son explication est certaine.

 

la pierre …  montagne. Cette « pierre » est le Messie (cf. #Ps 118:22-23 ; #Esa 28:16 ; #Ro 9:33 ; #1Pi 2:6 ; et surtout #Lu 20:18). La « montagne » représente le gouvernement souverain de Dieu qui domine toutes les puissances terrestres, bien faibles par rapport à lui (#Da 4:17, #Da 4:25 ; #Ps 47:9 ; #Ps 103:19 ; #Ps 145:13 ; #Ap 17:9). Le Messie est « détaché » de ce royaume souverain par Dieu, ce qui correspond à l’avènement du « fils de l’homme » (#Da 7:13-14); « sans le secours d’aucune main » signifie que le Messie vient de Dieu et ne tire pas sa puissance ni son origine des hommes (cf. la même idée en #Da 8:25). Cette allusion à l’origine surnaturelle de Christ pourrait bien inclure sa naissance virginale et sa résurrection, de même que sa seconde venue.

 

46 ¶  Alors le roi Nebucadnetsar tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et il ordonna qu’on lui offrît des sacrifices et des parfums.

47  Le roi adressa la parole à Daniel et dit : En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et il révèle les secrets, puisque tu as pu découvrir ce secret.

48  Ensuite le roi éleva Daniel, et lui fit de nombreux et riches présents ; il lui donna le commandement de toute la province de Babylone, et l’établit chef suprême de tous les sages de Babylone.

49  Daniel pria le roi de remettre l’intendance de la province de Babylone à Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Et Daniel était à la cour du roi.

 

Daniel 3 : 1 à 30

   1 ¶  Le roi Nebucadnetsar fit une statue d’or, haute de soixante coudées et large de six coudées. Il la dressa dans la vallée de Dura, dans la province de Babylone.

 

statue d’or. Fabriquée par le roi dans son arrogance, cette statue le représentait et visait à exprimer sa grandeur et sa gloire. Elle reflétait le rêve où il s’était vu comme la « tête d’or » (#Da 2:38). Elle n’était pas nécessairement en or massif; elle n’était, plus probablement, que recouverte d’or, à l’instar de beaucoup d’objets trouvés dans les ruines de Babylone. Haute d’environ 30 m et large de 3, elle pouvait rivaliser avec les palmiers dattiers très nombreux à cet endroit. Cette statue qui correspondait à une autodéification du roi n’était pas nécessairement trop mince par rapport à sa hauteur, car elle disposait sûrement d’une base imposante. Son édification instaurait le culte de Nebucadnetsar et de la nation sur laquelle il régnait, en plus du culte rendu à d’autres dieux.

 

2  Le roi Nebucadnetsar fit convoquer les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, pour qu’ils se rendissent à la dédicace de la statue qu’avait élevée le roi Nebucadnetsar.

 

Nebucadnetsar organisa une sorte de conférence au sommet visant à le glorifier avec les « satrapes », c’est-à-dire les chefs de régions; les « intendants » ou chefs militaires; les « gouverneurs » ou administrateurs civils; les « conseillers » ou hommes de loi; les « trésoriers »; les « jurisconsultes » ou arbitres civils; les « juges » au sens actuel du terme; les « magistrats », c’est-à-dire les autres autorités civiles.

 

3  Alors les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, s’assemblèrent pour la dédicace de la statue qu’avait élevée le roi Nebucadnetsar. Ils se placèrent devant la statue qu’avait élevée Nebucadnetsar.

4  Un héraut cria à haute voix : Voici ce qu’on vous ordonne, peuples, nations, hommes de toutes langues !

5  Au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d’instruments de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or qu’a élevée le roi Nebucadnetsar.

 

la sambuque. En forme de harpe carrée ou rectangulaire, elle était tendue de cordes qu’on piquait avec un médiator et donnait des sons plutôt aigus.

psaltérion. Instrument dont on égrenait les notes avec les doigts plutôt qu’avec un médiator et qui donnait des sons graves.

 

6  Quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas sera jeté à l’instant même au milieu d’une fournaise ardente.

 

fournaise ardente. Certains fours antiques étaient construits comme des tunnels verticaux, qui ne comportaient qu’une ouverture à leur sommet, chapeautée par un dôme soutenu par des colonnes. Ils étaient alimentés en charbon de bois.

 

7  C’est pourquoi, au moment où tous les peuples entendirent le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, et de toutes sortes d’instruments de musique, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues se prosternèrent et adorèrent la statue d’or qu’avait élevée le roi Nebucadnetsar.

8 ¶  A cette occasion, et dans le même temps, quelques Chaldéens s’approchèrent et accusèrent les Juifs.

 

quelques Chaldéens. Il s’agissait probablement de prêtres de Bel-Merodac qui ressentaient une jalousie dévorante à l’égard de ces jeunes Juifs et cherchaient donc à les faire mourir.

 

9  Ils prirent la parole et dirent au roi Nebucadnetsar : O roi, vis éternellement !

10  Tu as donné un ordre d’après lequel tous ceux qui entendraient le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d’instruments, devraient se prosterner et adorer la statue d’or,

11  et d’après lequel quiconque ne se prosternerait pas et n’adorerait pas serait jeté au milieu d’une fournaise ardente.

12  Or, il y a des Juifs à qui tu as remis l’intendance de la province de Babylone, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, hommes qui ne tiennent aucun compte de toi, ô roi ; ils ne servent pas tes dieux, et ils n’adorent point la statue d’or que tu as élevée.

 

ils ne servent pas …  n’adorent point. Les ennemis de ces serviteurs de Dieu rendirent un témoignage on ne peut plus clair à leur intégrité: il ne faisait aucun doute qu’ils rejetaient l’idolâtrie et restaient fermement attachés au Dieu d’Israël.

 

13  Alors Nebucadnetsar, irrité et furieux, donna l’ordre qu’on amenât Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Et ces hommes furent amenés devant le roi.

 

ces hommes. Daniel n’était pas associé, dans le témoignage des Chaldéens, à ce refus d’adorer la statue. S’il avait été présent, il se serait sans aucun doute associé aux autres Juifs qui témoignaient ainsi de leur fidélité au vrai Dieu.

 

14  Nebucadnetsar prit la parole et leur dit : Est-ce de propos délibéré, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, que vous ne servez pas mes dieux, et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai élevée ?

15  Maintenant tenez-vous prêts, et au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d’instruments, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue que j’ai faite ; si vous ne l’adorez pas, vous serez jetés à l’instant même au milieu d’une fournaise ardente. Et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main ?

 

quel est le dieu? Le défi du roi allait se retourner contre lui et beaucoup l’embarrasser. Le vrai Dieu allait prouver qu’il était capable de délivrer les siens, tout comme il avait été capable de révéler un songe et sa signification. Nebucadnetsar l’avait, certes, un peu plus tôt présenté comme le « Dieu des dieux » (#Da 2:47), mais il n’avait plus prêté attention à cette vérité, et il allait être ébranlé et humilié lorsque Dieu relèverait son défi (#Da 3:28-29).

 

16  Schadrac, Méschac et Abed-Nego répliquèrent au roi Nebucadnetsar : Nous n’avons pas besoin de te répondre là-dessus.

 

Nous n’avons pas besoin de te répondre. Ces trois hommes n’avaient pas l’intention de se montrer irrespectueux, mais ils n’avaient aucune défense à présenter et aucun besoin de revenir sur leur engagement, puisqu’ils persistaient à croire que leur Dieu était le seul Dieu vrai et vivant. Ils avaient placé leur vie entre ses mains, comme l’indiquent les vv. #Da 3:17-18 (cf. #Esa 43:1-2).

 

17  Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi.

18  Sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as élevée.

19 ¶  Sur quoi Nebucadnetsar fut rempli de fureur, et il changea de visage en tournant ses regards contre Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Il reprit la parole et ordonna de chauffer la fournaise sept fois plus qu’il ne convenait de la chauffer.

 

sept fois plus. Rendu furieux par le défi ainsi lancé à son autorité, le roi exigea d’augmenter l’intensité de la chaleur. Il ne demanda pas que le feu soit sept fois plus intense, thermomètre à l’appui, ni qu’on chauffe le feu sept fois plus longtemps ou qu’on y jette sept fois plus de combustible (cf. v. #Da 3:6, « sera jeté à l’instant »). Comme en #Da 1:20 avec le chiffre dix, le chiffre « sept » a ici un sens figuré et exprime la complétude (comme en #Lé 26:18-28 ; #Pr 6:31 ; #Pr 24:16), le souhait du roi de disposer de la fournaise la plus chaude possible. Cf. « extraordinairement chauffée » (v. #Da 3:22). Un four de brique ou de pierre muni d’un système de tirage variable pouvait devenir plus chaud selon qu’on augmentait la quantité de combustible ou l’arrivée d’air.

20  Puis il commanda à quelques-uns des plus vigoureux soldats de son armée de lier Schadrac, Méschac et Abed-Nego, et de les jeter dans la fournaise ardente.

21  Ces hommes furent liés avec leurs caleçons, leurs tuniques, leurs manteaux et leurs autres vêtements, et jetés au milieu de la fournaise ardente.

22  Comme l’ordre du roi était sévère, et que la fournaise était extraordinairement chauffée, la flamme tua les hommes qui y avaient jeté Schadrac, Méschac et Abed-Nego.

 

y avaient jeté. On faisait monter les suppliciés par une sorte de rampe jusqu’à un endroit suffisamment proche du sommet pour pouvoir les précipiter dans la fournaise (cf. v. #Da 3:26). Ce jour-là, le feu était tel que les soldats du roi furent calcinés.

 

23  Et ces trois hommes, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise ardente.

 

tombèrent liés au milieu. Une sorte de conduit amenait les suppliciés au fond de la fournaise, juste au-dessus du combustible.

 

24  Alors le roi Nebucadnetsar fut effrayé, et se leva précipitamment. Il prit la parole, et dit à ses conseillers: N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés ? Ils répondirent au roi : Certainement, ô roi !

25  Il reprit et dit : Eh bien, je vois quatre hommes sans liens, qui marchent au milieu du feu, et qui n’ont point de mal ; et la figure du quatrième ressemble à celle d’un fils des dieux.

 

quatre hommes sans liens. Seul le roi semblait avoir compris que la quatrième personne était un être surnaturel, puisqu’il l’appela « un fils des dieux » (allusion païenne aux apparitions surnaturelles), puis un « ange » (v. #Da 3:28). C’était peut-être une apparition de la deuxième personne de la Trinité (Jésus-Christ) avant l’incarnation.

 

26  Ensuite Nebucadnetsar s’approcha de l’entrée de la fournaise ardente, et prenant la parole, il dit : Schadrac, Méschac et Abed-Nego, serviteurs du Dieu suprême, sortez et venez ! Et Schadrac, Méschac et Abed-Nego sortirent du milieu du feu.

27  Les satrapes, les intendants, les gouverneurs, et les conseillers du roi s’assemblèrent ; ils virent que le feu n’avait eu aucun pouvoir sur le corps de ces hommes, que les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, que leurs caleçons n’étaient point endommagés, et que l’odeur du feu ne les avait pas atteints.

 

le feu n’avait eu aucun pouvoir. Quand Dieu opère un miracle, il contrôle surnaturellement tous les détails, de façon à ce que sa puissance puisse être reconnue sans ambiguïté et qu’aucune autre explication ne soit possible.

 

28 ¶  Nebucadnetsar prit la parole et dit: Béni soit le Dieu de Schadrac, de Méschac et d’Abed-Nego, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs qui ont eu confiance en lui, et qui ont violé l’ordre du roi et livré leurs corps plutôt que de servir et d’adorer aucun autre dieu que leur Dieu !

 

3:28-30

Le roi était totalement convaincu de la puissance du Dieu de ces hommes et tout heureux de l’ajouter à sa liste de divinités. Il allait bien vite apprendre que l’Eternel n’était pas un dieu parmi d’autres, mais le seul Dieu (ch. #Da 4).

 

29  Voici maintenant l’ordre que je donne: tout homme, à quelque peuple, nation ou langue qu’il appartienne, qui parlera mal du Dieu de Schadrac, de Méschac et d’Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d’immondices, parce qu’il n’y a aucun autre dieu qui puisse délivrer comme lui.

30  Après cela, le roi fit prospérer Schadrac, Méschac et Abed-Nego, dans la province de Babylone.