NOUVEAU TESTAMENT
1 JEAN 1 et 2 partiel + intro
LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES
La première épître de Jean
Titre
L’épître a toujours porté le titre de « 1 Jean ». Elle est la première et la plus importante d’une série de trois lettres attribuées à l’apôtre de ce nom. Comme elle ne mentionne pas d’Église, de lieu ou de destinataire précis, elle est traditionnellement classée parmi les « épîtres générales ». Bien que certains éléments caractéristiques d’un courrier ordinaire de l’époque manquent dans 1 Jean (p. ex. l’introduction et les formules de salutation au début et à la fin), le ton personnel et intime de son contenu justifie pleinement le terme d’« épître ».
Auteur et date
L’épître ne mentionne pas le nom de l’auteur, mais le témoignage de l’Église, témoignage de poids, cohérent et des plus anciens, attribue sa rédaction au disciple et apôtre Jean (cf. #Lu 6:13-14). L’anonymat de cet écrit confirme avec force sa reconnaissance par l’Église ancienne comme une œuvre de Jean: seul un homme de sa stature, connu de tous et hautement estimé en tant qu’apôtre, pouvait écrire avec une autorité aussi incontestable, en s’attendant à une complète obéissance de la part de ses lecteurs, et cela sans même devoir s’identifier clairement (p. ex. #1Jn 4:6). Il était suffisamment bien connu des destinataires de l’épître pour ne pas avoir besoin de mentionner son nom.
Jean et Jacques, son frère aîné (#Ac 12:2), étaient connus comme « les fils de Zébédée » (#Mt 10:2-4), que Jésus avait surnommés « fils du tonnerre » (#Mr 3:17). Témoin et participant actif du ministère terrestre de Jésus (#1Jn 1:1-4), Jean faisait partie du cercle de ses intimes (avec Pierre et Jacques, cf. #Mt 17:1 ; #Mt 26:37). Outre trois épîtres, il écrivit aussi le quatrième Évangile, dans lequel il se présenta comme le disciple « que Jésus aimait » et qui était appuyé contre la poitrine de Jésus lors de la cène (#Jn 13:23 ; #Jn 19:26 ; #Jn 20:2 ; #Jn 21:7, #Jn 21:20). Il est aussi l’auteur de l’Apocalypse (#Ap 1:1).
En l’absence d’indication claire dans l’épître, il est difficile de dater 1 Jean avec précision. Cependant, la fin du Ier siècle apparaît comme la période de rédaction la plus probable: selon une tradition bien attestée de l’Église, dans ses vieux jours l’apôtre vécut à Éphèse, en Asie Mineure, où il s’attela à l’écriture. Le ton de l’épître confirme cette supposition, puisque l’auteur donne l’impression d’être bien plus âgé que ses lecteurs (p. ex. « mes petits enfants » #1Jn 2:1,18,28). En outre, l’épître et l’Évangile de Jean font usage d’un vocabulaire et d’un style semblables. De telles ressemblances conduisent beaucoup de commentateurs à considérer les épîtres johanniques comme de peu postérieures à l’Évangile, et donc à les dater de la fin du Ier siècle. Par ailleurs, l’hérésie à laquelle l’apôtre s’oppose correspond probablement à une forme primitive du gnosticisme. Or, celui-ci en était à ses débuts dans le troisième tiers du Ier siècle, durant l’époque d’active rédaction de Jean. Finalement, l’épître pourrait bien être antérieure à la persécution survenue sous Domitien (qui débuta vers 95 apr. J.-C.), puisqu’elle n’y fait aucune allusion. Il semble dès lors raisonnable de dater 1 Jean de 90-95 apr. J.-C. Sans doute écrit à Éphèse, le texte devait être destiné aux Églises d’Asie Mineure sur lesquelles Jean exerçait son autorité apostolique.
Contexte et arrière-plan
Malgré son âge avancé au moment de la rédaction de l’épître, Jean était toujours actif dans le ministère auprès des Églises. Il était le dernier apôtre encore en vie, l’un de ceux qui avaient été les intimes de Jésus et les témoins de son ministère terrestre, de sa mort, de sa résurrection et de son ascension. Les Pères de l’Église (notamment Justin Martyr, Irénée, Clément d’Alexandrie, Eusèbe) nous apprennent que Jean vécut ensuite en Asie Mineure, à Éphèse, où il mena un vaste programme d’évangélisation et s’occupa d’un grand nombre de nouvelles Églises tout en se consacrant à un important ministère d’écriture (ses épîtres, son Évangile et l’Apocalypse). Le témoignage de Jean, dernier apôtre vivant, faisait autorité dans les Églises, et beaucoup se réjouissaient vivement d’entendre celui qui avait été en contact direct avec le Seigneur Jésus.
Éphèse (cf. #Ac 19:10) était l’un des centres intellectuels de l’Asie Mineure. Comme l’apôtre Paul l’avait prédit plusieurs années auparavant (#Ac 20:28-31), de faux docteurs se levèrent au sein même de l’Église. Imprégnés par une atmosphère dans laquelle prédominait la philosophie, ils commencèrent à infecter l’Église par le biais de fausses doctrines et à pervertir les fondements de l’enseignement des apôtres. Ces faux docteurs défendaient de nouvelles idées qui furent connues plus tard sous le nom de gnosticisme (du mot grec signifiant « connaissance »). Paul avait mené un dur combat pour libérer les chrétiens du légalisme; le gnosticisme allait à son tour représenter l’hérésie la plus dangereuse pour l’Église des trois premiers siècles. Il est fort probable que Jean luttait contre des formes primitives de cette hérésie pleine de venin, qui menaçait de détruire les Églises et les fondements de la foi.
Influencé par des philosophes tel Platon, le gnosticisme se faisait l’avocat d’un dualisme qui considérait la matière comme mauvaise par essence et l’esprit comme bon. Par conséquent, tout en accordant à Jésus certains attributs de la divinité, ces faux docteurs niaient qu’il ait réellement eu une nature humaine, et ce afin de le préserver du mal. Les gnostiques prétendaient aussi être les détenteurs d’une connaissance supérieure, une vérité suprême relative aux réalités profondes et connue seulement de leurs membres. Cette connaissance mystique de la vérité, qu’ils jugeaient supérieure même à l’Écriture, n’était accessible qu’aux seuls initiés.
Ainsi, au lieu de laisser la révélation divine juger leurs pensées, les hommes permettaient à leurs propres raisonnements de se poser en juges de la Parole de Dieu révélée (#1Jn 2:15-17). Cette hérésie adoptait deux formes fondamentales. La première soutenait que le corps physique de Jésus n’était pas réel mais n’avait qu’une apparence physique (théorie connue sous le nom de « docétisme », du verbe grec signifiant « paraître »). En réponse, Jean affirma sans équivoque la réalité physique de Jésus en rappelant à ses lecteurs qu’il avait été un témoin oculaire de sa vie (« entendu », « vu », « touché », « Jésus-Christ venu en chair » 1:1-4; 4:2-3). Selon la tradition (Irénée, IIe siècle), l’apôtre put avoir à combattre une seconde forme de l’hérésie: sous l’influence d’un certain Cérinthe, plusieurs croyaient que « l’esprit » de Christ était descendu sur l’homme Jésus au moment de son baptême mais l’avait quitté juste avant la crucifixion. Jean affirmait, quant à lui, que le Jésus qui avait été crucifié était bel et bien celui qui avait reçu le baptême au début de son ministère (#1Jn 5:6).
De telles conceptions ne portent pas seulement atteinte à l’humanité de Jésus, elles sapent aussi la doctrine de la rédemption. En effet, Jésus devait être pleinement Dieu et pleinement homme (dans un corps physique) pour souffrir et mourir sur la croix en un sacrifice expiatoire pour le péché que Dieu pouvait agréer (cf. #Hé 2:14-17). La vision biblique de Jésus affirme sa pleine humanité autant que son entière divinité.
La thèse gnostique selon laquelle la matière était mauvaise et l’esprit bon conduisit soit à la conviction que le corps devait être traité durement, et donc à une forme d’ascétisme (cf. #Col 2:21-23), soit à l’idée que le péché commis dans le corps n’avait aucun lien avec l’esprit ni aucun effet sur lui. Certains, particulièrement les opposants de Jean, concluaient que le péché commis dans le corps physique n’avait aucune importance; dès lors, l’immoralité devenait acceptable, le péché était nié (#1Jn 1:8-10) et la loi de Dieu déclarée sans valeur (#1Jn 3:4). Jean souligna la nécessité d’obéir aux lois de Dieu lorsqu’il définit le véritable amour comme étant l’obéissance à ses commandements (#1Jn 5:3).
Les faux docteurs étaient caractérisés par un manque d’amour à l’égard des autres croyants, en particulier de ceux qui rejetaient leur nouvelle manière de penser (#1Jn 3:10-18). Ils amenaient ceux qu’ils étaient parvenus à abuser et à gagner à leurs vues à rompre toute communion avec les chrétiens demeurés fidèles à l’enseignement des apôtres. Cet état de fait le conduisit Jean à affirmer que ceux qui se séparaient des croyants pour suivre de faux docteurs démontraient par là qu’ils n’étaient pas véritablement sauvés (#1Jn 2:19). De tels départs bouleversaient les membres de l’Église fidèles à la doctrine apostolique. Avec toute l’expérience de son grand âge, l’apôtre réagit à cette situation de crise en leur écrivant afin de les rassurer et de combattre une menace qu’il jugeait sérieuse. L’hérésie avait un caractère particulièrement pernicieux, et la situation était critique pour l’Église, qui risquait d’être envahie par de fausses doctrines. Pour mettre un terme à cette gangrène, c’est donc une lettre pleine d’amour et d’affection, mais cependant empreinte d’une autorité apostolique incontestable, qu’il fit parvenir aux communautés placées sous sa responsabilité.
Thèmes historiques et théologiques
A la lumière des circonstances qui présidèrent à la rédaction de cette épître, le thème général de 1 Jean peut être défini comme un « rappel des fondements de la foi », ou un « retour aux éléments essentiels du christianisme ». L’apôtre traite de certitudes, non d’opinions ou de conjectures. Il exprime la vérité absolue du christianisme en des termes très simples, clairs, dépourvus de toute équivoque, qui ne laissent planer aucun doute quant au caractère fondamental de ces éléments. Le ton de l’épître est celui d’un père qui s’adresse à ses enfants dans une conversation tendre et intime; il est chaleureux et par-dessus tout rempli d’amour.
La première épître de Jean est également une épître pastorale, qui émane du cœur d’un pasteur soucieux de ses fidèles. Tel un berger, Jean voulut communiquer à son troupeau certains principes élémentaires, mais néanmoins d’une importance vitale, pour les rassurer quant aux fondements de la foi. Il désirait les voir se réjouir des certitudes de leur foi au lieu de se laisser ébranler par les fausses doctrines et la défection de certains (#1Jn 1:4).
Cependant, la perspective n’est pas uniquement pastorale, elle est aussi clairement polémique. Il s’agit autant d’affirmer que de réfuter. Jean s’oppose à ceux qui s’écartent de la saine doctrine, et il le fait sans une once de tolérance à l’égard des personnes responsables de pervertir la vérité divine. Ceux qui s’éloignent de cette vérité sont qualifiés de « faux prophètes » (#1Jn 4:1), de personnes « qui … égarent » (#1Jn 2:26 ; #1Jn 3:7), d’« antéchrists » (#1Jn 2:18). Pour lui, il est clair que toute déviation par rapport à la saine doctrine est ultimement d’origine démoniaque (#1Jn 4:1-7).
Le sujet principal de la fidélité aux fondements du christianisme est mis en valeur par la répétition constante de trois thèmes complémentaires: le bonheur (#1Jn 1:4), la sainteté (#1Jn 2:1) et la sécurité (#1Jn 5:13). En demeurant fidèles aux fondements de la foi chrétienne, les lecteurs de l’épître pourront pleinement goûter à ces trois fruits de la foi dans leur vie. Ces trois éléments sont par ailleurs révélateurs d’interactions essentielles caractéristiques de la véritable spiritualité telle qu’elle est présentée dans 1 Jean: une foi authentique en Jésus produit l’obéissance à ses commandements, une obéissance qui puise aussi sa force dans l’amour pour Dieu et pour les autres croyants (p. ex. #1Jn 3:23-24). Lorsque ces trois facteurs (une foi saine, l’obéissance et l’amour) agissent de concert, ils ont pour résultat le bonheur, la sainteté et une réelle assurance. Ils constituent la preuve, l’indice décisif, qui permet d’identifier un vrai chrétien.
Questions d’interprétation
Les théologiens ne sont pas encore parvenus à un accord sur la nature précise des doctrines soutenues par les faux docteurs dans 1 Jean. En effet, Jean ne précise pas quelles sont leurs croyances; il choisit plutôt de les combattre en réaffirmant les vérités fondamentales de la foi. Comme nous l’avons souligné plus haut, la principale caractéristique de cette hérésie semble avoir été la négation de l’incarnation. Autrement dit, les faux docteurs prétendaient que Christ n’était pas venu dans un corps humain. Il s’agissait très certainement d’une forme embryonnaire de gnosticisme.
Un autre défi se dresse devant le commentateur: le caractère rigide de la théologie de Jean. Celui-ci présente les principes de base ou les fondements de la vie chrétienne en termes absolus et non relatifs. Contrairement à Paul, qui faisait état d’exceptions et qui traitait souvent des échecs que pouvaient connaître les croyants dans leurs tentatives de respecter les normes divines, Jean ne s’intéresse pas à la question « que faire si j’échoue ». Ce n’est qu’en #1Jn 2:1-2 qu’il introduit une certaine nuance. Le reste du livre présente la vérité sur le mode du noir ou blanc, sans aucune zone de gris et bien souvent à l’aide d’une opposition frappante: « lumière » ou « ténèbres » (#1Jn 1:5, #1Jn 1:7 ; #1Jn 2:8-11), vérité ou mensonge (#1Jn 2:21-22 ; #1Jn 4:1), enfants de Dieu ou enfants du diable (#1Jn 3:10). Ceux qui se disent chrétiens doivent absolument manifester les caractéristiques de croyants authentiques: la saine doctrine, l’obéissance et l’amour. Les personnes réellement nées de nouveau ont reçu une nouvelle nature, qui témoigne d’elle-même. Si cette nouvelle nature ne se manifeste pas, c’est qu’elles ne la possèdent pas et ne sont donc jamais nées de nouveau. Contrairement à la plupart des écrits de Paul, le centre d’intérêt n’est pas le maintien d’une communion temporelle ou quotidienne avec Dieu, mais la question des tests à appliquer pour confirmer qu’une personne est véritablement sauvée. L’Évangile de Jean se caractérise également par l’énoncé de tels absolus.
Un défi tout à fait particulier auquel se trouve confronté le commentateur de 1 Jean est la répétition de thèmes similaires, qui permet de souligner les vérités essentielles liées au christianisme authentique. Certains ont comparé le procédé à une spirale qui forme des cercles de plus en plus larges, de sorte que la même vérité trouve un champ d’application de plus en plus vaste. D’autres y voient plutôt un mouvement concentrique, qui pénètre de plus en plus profondément le même thème tout en développant la pensée de l’auteur. Quoi qu’il en soit, Jean répète les vérités fondamentales pour accentuer leur importance et pour aider ses lecteurs à mieux les comprendre et les retenir.
1 ¶ Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie, —
Ce qui. Renvoie à une proclamation de l’Évangile centrée sur la personne, les paroles et l’œuvre de Christ telles que rapportées dans le témoignage apostolique.
dès le commencement. Dans l’Évangile de Jean, une expression similaire évoque l’éternité passée (#Jn 1:1, « Au commencement »); dans le contexte des vv. 1-4, elle fait ici allusion aux débuts de la prédication de l’Évangile, au moment où les destinataires de l’épître entendirent pour la première fois parler de Jésus (cf. #1Jn 2:7, #1Jn 2:24). Elle souligne aussi la constance du message de l’Évangile: son contenu ne change pas mais demeure identique depuis le commencement; il n’est pas sujet au changement sous l’impulsion de modes ou de philosophies du monde.
nous avons entendu … vu … contemplé … touché. Les termes employés soulignent la vivacité du souvenir que Jean conservait de la personne de Jésus, en dépit de son âge avancé. Les événements dont il avait été témoin restèrent si profondément gravés dans sa mémoire qu’ils se présentaient à son esprit, 60 ans plus tard, avec la même vivacité et la même fraîcheur que s’ils venaient de se produire. Il emploie des termes qui affirment avec force la réalité physique de Jésus: s’il n’avait été qu’un esprit, Jean n’aurait pu l’entendre, le contempler et le toucher durant tout le temps de son ministère terrestre, ni même après sa résurrection.
la parole de vie. C’est-à-dire Jésus lui-même, mais aussi la proclamation de son Évangile.
2 car la vie a été manifestée, et nous l’avons vue et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée, —
la vie éternelle … auprès du Père … nous a été manifestée. Jean met l’accent sur l’éternité de Christ dans la gloire qui était la sienne avant l’incarnation (cf. #1Jn 5:12 ; #Jn 1:4 ; #Jn 5:26, #Jn 5:40 ; #Jn 11:25 ; #Jn 14: 6).
1:2-3
manifestée … vue … rendons témoignage … entendu … annonçons. La répétition des mêmes termes qu’au v. 1 souligne à nouveau, avec une intensité renforcée, l’autorité de l’expérience personnelle de Jean en tant que témoin oculaire de la vie de Jésus. Les lecteurs de l’apôtre se voyaient ainsi rappeler, avec un certain mordant, que son témoignage personnel réfutait les discours arrogants et erronés que tenaient les faux docteurs à propos de Christ, alors qu’ils ne l’avaient jamais vu ni connu.
3 ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.
communion avec nous. Bien loin de renvoyer à de simples relations sociales, le terme de communion rappelle ici que les lecteurs de Jean étaient appelés à posséder, en association avec lui, la vie éternelle (cf. #Ph 1:5 ; #1Pi 5:1 ; #2P 1:4). Jean n’écrit pas seulement pour affirmer la réalité physique de Jésus (vv. #1Jn 1:1-2), mais aussi pour amener ses lecteurs au salut. En assimilant la communion au salut, ce v. établit clairement que les chrétiens authentiques ne sont jamais hors de la communion.
4 Et nous écrivons ces choses, afin que notre joie soit parfaite.
que notre joie soit parfaite. L’un des objectifs principaux de cette épître est de communiquer la joie aux lecteurs. La proclamation de la réalité de l’Évangile (vv. #1Jn 1:1-2) a pour fruit une communion dans la vie éternelle (v. #1Jn 1:3) qui, à son tour, produit la joie (v. #1Jn 1:4).
Dieu est lumière
Marcher dans la lumière
La confession des péchés
Le pardon par Jésus-Christ
5 ¶ La nouvelle que nous avons apprise de lui, et que nous vous annonçons, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres.
nous avons apprise de lui. Le message prêché par Jean et les autres apôtres venait de Dieu, et non des hommes (cf. #Ga 1:12).
Dieu est lumière. La lumière et les ténèbres sont des symboles courants dans l’Écriture. Du point de vue des concepts, la « lumière » correspond à la vérité biblique, alors que les « ténèbres » représentent l’erreur et le mensonge (cf. #Ps 119:105 ; #Pr 6:23 ; #Jn 1:4 ; #Jn 8:12). Moralement parlant, la « lumière » se rapporte à ce qui est saint ou pur, tandis que les « ténèbres » désignent le péché ou les mauvaises actions (cf. #Ro 13:11-14 ; #1Th 5:4-7). Les hérétiques prétendaient avoir été vraiment éclairés et marcher dans la véritable lumière. Jean niait que cela soit le cas, parce qu’ils refusaient de reconnaître leur propre péché: sur cette vérité élémentaire, ils n’avaient pas été éclairés!
point en lui de ténèbres. Jean affirme avec autorité que Dieu est parfait à tout point de vue et que rien, dans sa personne, ne porte atteinte à sa vérité ni à sa sainteté (cf. #Ja 1:17).
1:5-2:2 Afin de s’opposer aux faux docteurs qui niaient l’existence ou l’importance du péché, Jean en affirme au contraire la réalité. Cette affirmation de la réalité du péché constitue le deuxième indice d’une communion authentique (cf. vv. #1Jn 1:1-4 pour le premier, et #1Jn 2:3-6 pour le troisième). Ceux qui nient la réalité du péché prouvent publiquement que leur salut n’est pas réel. Le pronom « nous » aux vv. #1Jn 1:6,8,10 ne désigne pas les chrétiens véritables, mais d’une manière générale quiconque revendique cette communion tout en niant le péché. Aux vv. #1Jn 1:7,9 et #1Jn 2:1-2 en revanche, le même pronom désigne spécifiquement les chrétiens authentiques.
6 Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité.
Même si les faux docteurs prétendaient avoir été éclairés et être en communion avec Christ, le fait qu’ils marchaient dans les ténèbres démentait leurs allégations et démontrait par conséquent qu’ils n’étaient pas vraiment sauvés. Le mensonge mentionné au v. 6 correspond à leur prétention d’être en communion avec Dieu (v. #1Jn 1:6).
ne pratiquons pas. Désigne leur incapacité chronique à marcher dans la vérité.
7 Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché.
Un chrétien authentique marche normalement dans la lumière (la vérité et la sainteté), et non dans les ténèbres (l’erreur et le péché). Dans sa marche, il est aussi purifié de son péché grâce au pardon que Dieu accorde constamment aux siens. Puisque ceux qui marchent dans la lumière ont part au caractère de Dieu, ils refléteront aussi sa sainteté (3 Jn 11), prouvant ainsi l’authenticité de leur communion avec lui (#Ja 1:27). Un véritable chrétien ne marche pas dans les ténèbres, mais uniquement dans la lumière (#2Co 6:14 ; #Ep 5:8 ; #Col 1:12-13), et il bénéficie en permanence de la purification des péchés (cf. v. #1Jn 1:9).
8 ¶ Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous.
Non seulement les faux docteurs marchaient dans les ténèbres (c’est-à-dire le péché, v. 6), mais ils allaient de plus jusqu’à nier totalement leur nature pécheresse. Si l’on ne se reconnaît pas comme pécheur, on ne peut être sauvé (cf. #Mt 19:16-22 à propos du jeune homme qui refusa de reconnaître son péché). Il ne s’agissait pas seulement de leurs prétentions erronées à la communion avec Dieu ni de leur dédain vis-à-vis du péché (v. #1Jn 1:6): les faux docteurs se fourvoyaient aussi en se considérant eux-mêmes comme sans péché (#Ec 7:20 ; #Ro 3:23).
9 Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité.
La confession régulière du péché est le signe d’un salut authentique. Alors que les faux docteurs refusaient de reconnaître leur péché, le chrétien authentique le confesse et l’abandonne (cf. #Ps 32:3-5 ; #Pr 28:13). « Confesser » le péché, c’est en parler comme Dieu en parle, admettre la justesse de la perspective divine sur ce sujet. Le v. 7 présente la perspective de Dieu, le v. 9 celle du chrétien. La confession du péché est un trait distinctif des chrétiens authentiques, et Dieu purifie constamment ceux qui confessent ainsi leur péché (cf. v. #1Jn 1:7). Dans son propos, Jean vise moins la confession de chaque péché particulier que la reconnaissance par les hommes de leur état de pécheur et, par conséquent, de leur besoin d’être pardonnés et sanctifiés (#Ep 4:32 ; #Col 2:13).
10 Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous.
le faisons menteur. Puisque Dieu a révélé que tous les hommes sont pécheurs (cf. #Ps 14: 3 ; #Ps 51:7 ; #Esa 53:6 ; #Jér 17:5-6 ; #Ro 3:10-19, #Ro 3:23 ; #Ro 6:23), nier ce point revient à commettre un blasphème, à prononcer une calomnie qui porte atteinte à son nom.
1 ¶ Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point. Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste.
afin que vous ne péchiez point. Bien qu’un chrétien soit appelé à reconnaître et à confesser régulièrement ses
péchés (#1Jn 1:9), il n’est pas impuissant contre le mal. Confesser vos péchés ne signifie pas que vous êtes autorisé à en commettre. Le péché peut et doit être vaincu par la puissance du Saint-Esprit (cf. #Ro 6:12-14 ; #Ro 8:12-13 ; #1Co 15: 34 ; #Tit 2:11-12 ; #1Pi 1:13-16).
avocat. En #Jn 16: 7, le même mot grec est traduit « consolateur »; il signifie littéralement « appelé aux côtés de » et peut être traduit « aide ». Le concept moderne d’avocat de la défense est probablement celui qui s’approcherait le plus de la réalité signifiée. Bien que Satan accuse sans cesse les croyants devant le Père à cause de leurs péchés (#Ap 12: 10), grâce au ministère de souverain sacrificateur exercé par Christ nous sommes assurés d’obtenir non seulement de la compassion, mais même l’acquittement (#Hé 4:14-16).
2 Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.
victime expiatoire. Cf. #1Jn 4:10. Le terme grec signifie aussi « action de rendre propice ». Le sacrifice de Jésus sur la croix a satisfait aux exigences de la sainteté de Dieu concernant le châtiment pour les péchés (cf. #Ro 1:18 ; #2Co 5:21 ; #Ep 2:3). Jésus a ainsi apaisé la colère de Dieu, il l’a rendu propice.
monde entier. Expression générique qui désigne l’humanité en général et non la totalité des individus. En réalité, selon ma compréhension des choses, Christ a payé le prix du salut uniquement pour ceux qui décident de se repentir et de croire. De nombreux passages bibliques indiquent que Christ est mort pour le monde (#Jn 1:29 ; #Jn 3:16 ; #Jn 6:51 ; #1Ti 2:6 ; #Hé 2:9). Mais la plus grande partie des hommes qui composent ce monde seront condamnés à l’enfer éternel en raison de leur péché; ce n’est donc pas pour eux que Christ a payé. Les passages qui parlent de Christ mort pour le monde entier doivent par conséquent être compris comme faisant allusion à l’humanité en général (p. ex. #Tit 2:11). Le terme de « monde » précise la sphère à laquelle appartiennent les êtres bénéficiaires de l’offre de réconciliation de Dieu et de son sacrifice expiatoire. La colère de Dieu contre l’ensemble des pécheurs est momentanément retenue: il les laisse vivre et jouir de la vie sur terre. Dans ce sens, il est vrai que Christ a procuré un apaisement valable pour le monde entier, même s’il n’est que temporaire, de courte durée. Cependant, la colère de Dieu n’a été réellement apaisée, dans sa totalité et pour l’éternité, que pour les élus, pour ceux qui croient. La mort de Christ possède une valeur infinie et illimitée, car il est lui-même le Dieu saint. Son sacrifice était donc suffisant pour payer le prix de tous les péchés de tous ceux que Dieu pourrait amener à la foi. Toutefois, concrètement, cette propitiation et cette expiation ne concernent que les croyants (cf. #Jn 10:11, #Jn 10:15 ; #Jn 17: 9, #Jn 17: 20 ; #Ac 20: 28 ; #Ro 8:32, #Ro 8:37 ; #Ep 5:25). Le pardon des péchés est offert au monde entier, mais il n’est reçu que par ceux qui croient (cf. #1Jn 4:9, #1Jn 4:14 ; #Jn 5:24). Il n’y a aucun autre moyen d’être réconcilié avec Dieu.
L'observation des commandements
l'amour fraternel
Le détachement du monde
3 ¶ Si nous gardons ses commandements, par là nous savons que nous l’avons connu.
2:3-6
gardons … connu. La répétition de ces termes insiste sur le fait que les personnes effectivement nées de nouveau font habituellement preuve d’obéissance. Celle-ci a pour fruit l’assurance du salut (cf. #Ep 2:2 ; #1Pi 1:14). Les verbes « connaître » (ou « savoir ») et « garder » font clairement partie du vocabulaire favori de Jean, puisqu’ils reviennent très fréquemment dans cette épître (respectivement 40 et 10 fois environ).
2:3-6 L’obéissance aux commandements de Dieu constitue le troisième indice de l’authenticité de la communion. Jean propose deux types de tests, appliqués à des réalités extérieures, pour confirmer l’authenticité du salut: le test doctrinal et le test moral. L’indice doctrinal de cette authenticité consiste en une perception exacte de Christ et du péché (cf. #1Jn 1:1-4 et #1Jn 1:5-2:2), tandis que l’indice moral a trait à l’obéissance et à l’amour (cf. aussi vv. 7-11). Si l’assurance subjective du salut vient du témoignage intérieur du Saint-Esprit (#1Jn 5:10 ; #Ro 8:14-16 ; #2Co 1:12), la réussite au test de l’obéissance constitue le témoignage objectif que l’on est vraiment sauvé. L’obéissance à Dieu est la preuve extérieure, visible, du salut. L’incapacité des faux docteurs à obéir aux commandements de Dieu fournissait la démonstration objective qu’ils n’étaient pas sauvés (#Lu 6:46). Si l’on a réellement été éclairé par Dieu et qu’on le connaît vraiment, on obéit à sa Parole.
4 Celui qui dit : Je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui.
5 Mais celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu est véritablement parfait en lui : par là nous savons que nous sommes en lui.
6 Celui qui dit qu’il demeure en lui doit marcher aussi comme il a marché lui-même.
demeure. L’un des termes favoris de Jean pour parler du salut.
comme il a marché. La vie toute d’obéissance de Jésus constitue un exemple pour le chrétien. Ceux qui se disent chrétiens doivent vivre comme leur Maître a vécu (cf. #Jn 6:38), puisqu’ils ont droit à la présence et à la puissance de son Esprit.
7 ¶ Bien-aimés, ce n’est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien que vous avez eu dès le commencement ; ce commandement ancien, c’est la parole que vous avez entendue.
nouveau. Non dans un sens temporel, mais dans le sens d’une certaine fraîcheur qui touche la qualité, le genre ou la forme, quelque chose qui remplace une réalité dépassée.
commandement nouveau … commandement ancien. Jean emploie un jeu de mots significatif. Bien qu’il ne précise pas ici quel est ce commandement, il le dévoilera en #2Jn 5-6: c’est celui de l’amour. Les deux expressions désignent en fait le même commandement d’aimer. Celui-ci était « nouveau » parce que Jésus a personnifié l’amour d’une façon renouvelée; cet amour s’est répandu dans le cœur des croyants (#Ro 5:5), où il est ranimé par le Saint-Esprit (#Ga 5:22 ; #1Th 4:9). Jésus a élevé l’amour à son plus haut niveau comme un modèle pour l’Église, et il a laissé pour instruction à ses disciples de l’imiter (« comme je vous ai aimés »; cf. #1Jn 3:16 ; #Jn 13: 34). Ce commandement était aussi « ancien » dans la mesure où l’A.T. le contenait déjà (#Lé 19: 18 ; #De 6:5) et où les lecteurs de l’épître en avaient entendu parler dès leurs premiers contacts avec l’Évangile.
dès le commencement. Renvoie au début de leur vie chrétienne (et non à l’origine du monde), comme l’indiquent le v. 24; 3:11 et #2Jn 6. Ce commandement faisait partie de l’enseignement éthique qu’ils avaient reçu dès le jour où ils avaient accédé au salut; il ne s’agissait en aucun cas d’une nouvelle doctrine inventée par Jean, contrairement au reproche que lui adressaient peut-être les hérétiques.
2:7-11 L’amour envers les frères est le quatrième indice de l’authenticité de la communion. Si le point central du test moral réside dans la notion d’obéissance au commandement d’aimer, c’est parce que l’amour est l’accomplissement de la loi (#Mt 22:34-40 ; #Ro 13:8-10 ; #Ja 2:8) et qu’il constitue le nouveau commandement de Christ (#Jn 13: 34 ; #Jn 15: 12, #Jn 15: 17). Avoir une réelle connaissance de Dieu, c’est aimer. La lumière de Dieu est la lumière de l’amour, de sorte que marcher dans la lumière revient à marcher dans l’amour.
8 Toutefois, c’est un commandement nouveau que je vous écris, ce qui est vrai en lui et en vous, car les ténèbres se dissipent et la lumière véritable paraît déjà.
9 Celui qui dit qu’il est dans la lumière, et qui hait son frère, est encore dans les ténèbres.
hait. La formulation grecque renvoie à une personne qui a l’habitude de haïr ou dont la vie est marquée par une attitude de haine.
encore dans les ténèbres. Ceux qui se déclarent chrétiens tout en étant remplis de haine prouvent par-là qu’ils ne sont jamais nés de nouveau. Les faux docteurs prétendaient avoir reçu une lumière particulière, une connaissance transcendante de Dieu et le salut, mais leurs actes notamment leur manque d’amour - démentaient leurs affirmations (voir aussi le v. 11).
10 Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et aucune occasion de chute n’est en lui.
11 Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, il marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux.
12 ¶ Je vous écris, petits enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés à cause de son nom.
Je vous écris … Je vous ai écrit. La répétition du message de Jean vise à souligner la certitude de leur appartenance à la famille de Dieu. L’utilisation du présent correspond à la perspective de l’auteur, tandis que l’emploi du passé exprime par anticipation la perspective de ses lecteurs lorsqu’ils auront reçu la lettre.
2:12-14 Aux yeux de Dieu, il n’existe que deux familles: ses propres enfants et les enfants de Satan (cf. #Jn 8:39-44). Dans ces vv., Jean rappelait à ses lecteurs qu’en tant que chrétiens ils avaient été pardonnés et pouvaient connaître Dieu comme leur Père céleste. Dès lors, ils faisaient partie de la famille de Dieu. Ils ne devaient pas aimer la famille de Satan ni faire acte de loyauté envers le monde placé sous sa domination (cf. v. #1Jn 2:15). L’expression « petits enfants » au v. 12 désigne les descendants en général, quel que soit leur âge; le grec utilise un mot différent au v. 13 pour désigner de jeunes enfants.
13 Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin. Je vous ai écrit, petits enfants, parce que vous avez connu le Père.
2:13-14
pères … jeunes gens … petits enfants. Ces désignations très claires signalent 3 étapes dans la croissance spirituelle au sein de la famille de Dieu. Les « pères », c’est-à-dire ceux qui sont les plus mûrs spirituellement, ont une connaissance profonde du Dieu éternel. Le sommet de la maturité spirituelle consiste à connaître Dieu dans sa plénitude (cf. #Ph 3:10). Les « jeunes gens » représentent les chrétiens qui ont appris la saine doctrine sans être toutefois encore parvenus, par la Parole et les expériences de la vie, à une pleine maturité dans la connaissance de Dieu. Ils peuvent s’opposer avec force au péché et à l’erreur parce que la Parole de Dieu est en eux, et ils parviennent ainsi à déjouer les ruses du diable, qui fait des ravages parmi les « enfants » (cf. #Ep 4:14). Connaissant la vérité, ils ont vaincu Satan, qui agit par la tromperie et le mensonge. Les « petits enfants » sont ceux qui ne possèdent qu’une connaissance élémentaire de Dieu et qui ont besoin de grandir davantage. Tous font partie de la famille de Dieu et reflètent, à des degrés différents, le caractère de Christ.
14 Je vous ai écrit, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin.
15 N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui ;
N’aimez point le monde. Bien qu’il insiste sur l’importance de l’amour et ne manque pas de répéter que Dieu est amour (#1Jn 4:7-8), Jean révèle que Dieu hait un certain type d’amour: l’amour pour le monde (#Jn 15:18-20). Dans ce passage, il énonce une forme particulière du quatrième test (le test de l’amour): le chrétien véritablement né de nouveau se reconnaît autant à son amour pour Dieu et pour les autres croyants qu’à l’absence, en lui, d’amour pour le monde. Le mot « amour » désigne ici l’affection et l’attachement. C’est Dieu, et non le monde, qui doit avoir la première place dans la vie du chrétien (#Mt 10:37-39 ; #Ph 3:20).
le monde. Pas le monde physique, matériel, mais le système spirituel mauvais et invisible dominé par Satan avec tout ce qu’il offre pour s’opposer à Dieu, à sa Parole et à son peuple (cf. #1Jn 5:19 ; #Jn 12:31 ; #1Co 1:21 ; #2Co 4:4 ; #Ja 4:4 ; #2P 1:4).
l’amour du Père n’est point en lui. Il y a, dans le monde, des croyants authentiques caractérisés par l’amour et l’obéissance envers Dieu, et des non-croyants en rébellion contre Dieu, attachés et soumis au système dont Satan est le prince (#Ep 2:1-3 ; #Col 1:13 ; #Ja 4:4). Il n’existe pas de position intermédiaire pour celui qui affirme être né de nouveau. Les faux docteurs ne manifestaient pas du tout l’amour caractéristique du chrétien né de nouveau. Voués à la sagesse et à la philosophie du monde, ils révélaient ainsi leur amour pour ce monde et leur état de perdition (cf. #Mt 6:24 ; #Lu 16: 13 ; #1Ti 6:20 ; #2P 2:12-22).
16 car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde.
tout ce qui est dans le monde. Cf. #Ja 4:4. Si attrayantes que puissent paraître les philosophies et idéologies du monde ainsi que bien des choses qu’il offre, cette apparence est trompeuse: leur véritable nature est mauvaise, néfaste, destructrice et satanique. Ce sont des idées porteuses de mort, qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu et maintiennent prisonnière l’âme des hommes (#2Co 10:3-5).
la convoitise. Terme employé ici avec une connotation négative pour désigner un désir intense portant vers le mal.
la chair. Mot qui renvoie à la nature pécheresse de l’homme, à son ego rebelle, dominé par le péché et opposé à Dieu (#Ro 7:15-25 ; #Ro 8:2-8 ; #Ga 5:19-21). Satan utilise le système mauvais du monde pour exciter la chair.
des yeux. Satan utilise les yeux comme un outil stratégique pour stimuler les mauvais désirs (#Jos 7:20-21 ; #2S 11:2 ; #Mt 5:27-29). La tentation d’Ève par Satan s’est largement appuyée sur l’attrait de ce qui est d’apparence désirable, mais le résultat a été la mort spirituelle (#Ge 3:6 « agréable à la vue »).
l’orgueil de la vie. Notion d’une arrogance basée sur la situation personnelle. Celle-ci provoque un comportement hautain ou excessif, marqué par l’étalage de vos biens dans le but d’impressionner les autres (#Ja 4:16).
point du Père. Le monde est l’ennemi du chrétien parce qu’il est en rébellion contre Dieu et s’oppose à lui, tout en étant sous le contrôle de Satan (#1Jn 5:19 ; #2Co 4:4 ; #2Co 10:3-5 ; #Ep 2:2). Si les trois portes d’accès du péché présentées dans ce v. sont effectivement ouvertes, la situation peut devenir tragique. Le chrétien doit rejeter le monde non seulement à cause de ce qu’il est, mais aussi à cause de ce qu’il fait.
17 Et le monde passe, et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.
le monde passe. Le chrétien a une raison supplémentaire de ne pas aimer le système satanique du monde: sa nature temporaire. Le monde est engagé dans un processus de désintégration qui le conduira inéluctablement à la destruction finale (#Ro 8:18-22).
celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. Contrairement au monde, la volonté de Dieu a un caractère constant et permanent. Ceux qui l’accomplissent font partie de son peuple, et ils vivront éternellement. Dieu offre la vie éternelle à ses enfants; le monde, lui, est condamné à la disparition (cf. #1Co 7:31 ; #2Co 4:18).
Les antéchrists
18 ¶ Petits enfants, c’est la dernière heure, et comme vous avez appris qu’un antéchrist vient, il y a maintenant plusieurs antéchrists : par là nous connaissons que c’est la dernière heure.
antéchrist. Le mot « antéchrist » (ou « antichrist ») est utilisé ici pour la première fois. Il n’apparaît que dans les épîtres de Jean (#1Jn 4:3 ; #2Jn 7). Dans ce passage, il équivaut à un nom propre et désigne le dirigeant mondial qui, placé sous l’influence directe de Satan, cherchera à remplacer le vrai Christ et à s’opposer à lui (#Da 8:9-11 ; #Da 11:31-38 ; #Da 12:11 ; #Mt 24: 15 ; #2Th 2:1-12) .
il y a maintenant plusieurs antéchrists. Alors que la première occurrence du mot « antéchrist » désignait une personne particulière annoncée prophétiquement dans l’Écriture, celle-ci est au pluriel et est appliquée à plusieurs individus. Si Jean utilise cette appellation pour identifier et caractériser les faux docteurs qui semaient le trouble dans ses assemblées, c’est parce que leurs fausses doctrines pervertissaient la vérité et s’opposaient à Christ (#Mt 24: 24 ; #Mr 13: 22 ; #Ac 20:28-30). Par conséquent, ce terme évoque le principe du mal lorsqu’il s’incarne dans des hommes hostiles à Dieu et en lutte contre lui (cf. #2Co 10:4-5). Le but de Jean, dans sa lettre, est de démasquer les faux docteurs, les loups déguisés en brebis, qui profèrent des mensonges diaboliques (cf. #Ep 5:11).
la dernière heure. Cette expression s’applique aux « derniers temps » ou « derniers jours », c’est-à-dire à la période qui sépare le première venue de Christ de son retour (#1Ti 4:1 ; #Ja 5:3 ; #1Pi 4:7 ; #2P 3:3 ; #Jude 18).
19 Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous, mais cela est arrivé afin qu’il fût manifeste que tous ne sont pas des nôtres.
sortis du milieu de nous … pas des nôtres. La première caractéristique des antéchrists, c’est-à-dire des faux docteurs et des menteurs (vv. #1Jn 2:22-26), est leur séparation d’avec les croyants fidèles (voir vv. 22-23 pour la deuxième caractéristique, et v. 26 pour la troisième). Ils surgissent à l’intérieur de l’Église, puis quittent la communion des croyants en entraînant plusieurs à leur suite. Ce v. souligne aussi la doctrine de la persévérance des saints. Ceux qui sont véritablement nés de nouveau persévèrent dans la foi, la communion et la vérité (#1Co 11:19 ; #2Ti 2:12). L’indice suprême de l’authenticité de la foi est donc la persévérance (#Mr 13:13 ; #Hé 3:14). Ce qui permet en revanche de démasquer les prétendus croyants est leur éloignement de la vérité et de l’Église.
20 ¶ Pour vous, vous avez reçu l’onction de la part de celui qui est saint, et vous avez tous de la connaissance.
Les vrais chrétiens possèdent en quelque sorte un détecteur de mensonge intégré et ils persévèrent dans la vérité. Ceux qui persistent dans l’hérésie et l’apostasie prouvent par-là qu’ils n’ont jamais vraiment passé par la nouvelle naissance (cf. v. #1Jn 2:19).
2:20-21 Deux caractéristiques principales distinguent les chrétiens authentiques des antéchrists:
1° le Saint-Esprit (« l’onction », v. 27) les garde de l’erreur (cf. #Ac 10:38 ; #2Co 1:21); Christ, le Saint de Dieu (#Lu 4:34 ; #Ac 3:14), communique le Saint-Esprit aux croyants pour les éclairer et les garder de ce qui pourrait les tromper;
2° le Saint-Esprit guide les croyants dans la connaissance de « toutes choses » (#Jn 14: 26 ; #Jn 16: 13).
21 Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et parce qu’aucun mensonge ne vient de la vérité.
CLIQUEZ ICI POUR RECULER
CLIQUEZ ICI POUR AVANCER