NOUVEAU TESTAMENT
2 PIERRE 1 et 2 partiel + intro
LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES
La deuxième épître de Pierre
Titre
L’affirmation claire que Pierre est l’auteur de cette épître en #2P 1:1 donna son titre à cette lettre. Pour la distinguer de la première épître, on lui attribua le titre grec « Petrou B », c’est-à-dire 2 Pierre.
Auteur et date
L’auteur de 2 Pierre est l’apôtre Pierre. En #2P 1:1, il se présente comme tel; en #2P 3:1, il fait allusion à sa première lettre; en #2P 1:14, il parle de la prédiction que le Seigneur lui avait faite à propos de sa mort (#Jn 21:18-19); en #2P 1:16-18, il affirme avoir été témoin de la transfiguration (#Mt 17:1-4). Cependant, plus que pour aucun autre livre du N.T., des critiques ont contesté l’authenticité de 2 Pierre et sa place dans le canon des Écritures. Les Pères de l’Église ont été lents à accepter cette lettre; aucun d’eux n’y fait nommément allusion avant Origène, au début du IIIe siècle. Historien de l’Église ancienne, Eusèbe l’inclut tout juste dans sa liste des livres contestés avec Jacques, Jude, 2 Jean et 3 Jean. Même certains réformateurs importants ne l’ont acceptée qu’avec hésitation.
La question des différences de style, du point de vue du grec, entre les deux épîtres a trouvé une réponse satisfaisante: Pierre affirme avoir recouru aux services d’un secrétaire, Silvain, pour 1 Pierre (cf. #1Pi 5:12); pour cette deuxième lettre, soit il a employé un autre secrétaire, soit il l’a rédigée lui-même. Les différences de vocabulaire entre les deux lettres peuvent aussi s’expliquer par les différences de thèmes. 1 Pierre a été écrite pour aider des chrétiens en difficulté, tandis que 2 Pierre vise à mettre en garde contre les faux docteurs. Il existe par ailleurs des similitudes remarquables dans le vocabulaire de ces deux livres: la salutation « Que la grâce et la paix vous soient multipliées » est identique; l’auteur utilise des mots tels que « précieux », « vertu », « se dévêtir », « témoin », pour n’en citer que quelques-uns. Certains termes peu usuels de 2 Pierre apparaissent dans les discours de l’apôtre transcrits dans les Actes des Apôtres, notamment « reçu en partage » et « avait part » (#2P 1:1 ; #Ac 1:17), « piété » (#2P 1:3, #2P 1:6-7 ; #2P 3:11 ; #Ac 3:12) et « salaire de l’iniquité » (#2P 2:13, #2P 2:15 ; #Ac 1:18). En outre, les deux lettres font allusion au même événement de l’A.T. (#2P 2:5 ; #3:18-20). Plusieurs ont relevé qu’il y avait autant de similitudes de vocabulaire entre 1 Pierre et 2 Pierre qu’entre 1 Timothée et Tite, deux courriers presque universellement reconnus comme étant de l’apôtre Paul.
Les différences de thème expliquent certaines différences d’accent, notamment la raison pour laquelle une des lettres enseigne la proximité de la seconde venue de Christ alors que l’autre traite de son retard: 1 Pierre, cherchant à fortifier des chrétiens persécutés, souligne l’imminence du retour du Christ pour les encourager; 2 Pierre, traitant des moqueurs, explique pourquoi ce retour, quoique imminent, n’est pas encore survenu. Les autres différences relevées par les critiques p. ex. la prétendue contradiction que représenterait le fait de parler de la résurrection de Christ dans une lettre et de sa transfiguration dans l’autre - apparaissent comme autant de contrastes forcés.
Par ailleurs, il paraît irrationnel qu’un faux docteur se fasse passer pour l’auteur d’une lettre qui précisément dénonce les faux docteurs. Aucune doctrine peu habituelle, nouvelle ou fausse n’y apparaît. S’il s’agissait d’un faux, il aurait été écrit sans raison particulière, par un insensé. C’est trop difficile à croire. Ma conclusion à propos de cette polémique sur l’identité de l’auteur est donc la suivante: quand l’écrivain introduit sa lettre en se présentant comme l’apôtre Pierre, il écrit la vérité.
Néron mourut en 68 apr. J.-C., et la tradition affirme que Pierre mourut lors de la persécution déclenchée par cet empereur. 2 Pierre a probablement été écrite juste avant sa mort (#2P 1:14 ; environ 67-68 apr. J.-C.).
Contexte et arrière-plan
Depuis la rédaction et l’envoi de sa première lettre, Pierre était de plus en plus préoccupé par les faux docteurs qui s’infiltraient dans les Églises d’Asie Mineure. Ils avaient déjà provoqué des troubles, et l’apôtre s’attendait à ce que leurs doctrines hérétiques et leur vie immorale causent davantage encore de dommages dans l’avenir. Sous la forme de dernières volontés et d’un testament (#2P 1:13-15), il écrivit pour mettre en garde les croyants contre les dangers doctrinaux qui les guettaient.
Pierre ne dit pas explicitement où il se trouvait lorsqu’il écrivit cette lettre, comme il le fait en 1 Pierre (#1P 5:13), mais on s’accorde à penser qu’il écrivit depuis sa prison à Rome, alors qu’il était confronté à une mort imminente. Il mourut peu après en martyr, crucifié la tête en bas, selon une tradition fiable.
Pierre ne dit rien dans sa salutation sur les destinataires de sa lettre. Mais selon 3:1, il écrivit une seconde épître aux personnes à qui il avait destiné 1 Pierre: « à ceux qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie » (#1Pi 1:1). Ces provinces se situaient en Asie Mineure, la Turquie moderne. Les chrétiens concernés étaient pour la plupart d’origine païenne.
Thèmes historiques et théologiques
2 Pierre avait pour objectif de dévoiler, déjouer et combattre l’infiltration des faux docteurs dans l’Église. L’apôtre voulait enseigner aux chrétiens comment se défendre contre leur influence et leurs mensonges. Son épître contient l’exposé le plus vif et le plus profond sur les faux docteurs que l’on trouve dans l’Écriture; seule l’épître de Jude peut lui être comparée.
La description de ces faux ouvriers est quelque peu générique. Pierre ne désigne pas une fausse religion, un faux culte ou un système d’enseignement particulier. Dans une présentation générale des caractéristiques des faux docteurs, il informe qu’ils enseignent des hérésies destructrices: ils renient le Christ et déforment les Écritures, ils discréditent la véritable foi et se moquent du retour de Christ. Mais Pierre était tout autant soucieux de révéler le caractère immoral de ces faux docteurs que les erreurs de leur enseignement. Il décrit leur conduite avec plus de détails que leur doctrine. La méchanceté n’est pas le produit d’une saine doctrine, mais des « sectes pernicieuses » (#2P 2:1).
Il est possible de distinguer d’autres thèmes au milieu de la polémique pétrinienne vis-à-vis des faux docteurs. L’apôtre voulait motiver ses lecteurs à continuer de développer leur caractère chrétien (#2P 1:5-11). Ce faisant, il explique à merveille comment le croyant peut être sûr de son salut. Il voulait aussi persuader ses lecteurs du caractère divin des écrits apostoliques (#2P 1:12-21). Vers la fin de sa lettre, il présente des raisons qui expliquent le retard de la seconde venue de Christ (#2P 3:1-13).
Un autre thème récurrent est l’importance de la connaissance. Le terme « connaissance » apparaît sous différentes formes 16 fois dans ces trois courts chapitres. Il est correct d’affirmer que la solution principale que Pierre propose pour résister aux enseignements erronés est la connaissance de la saine doctrine. Parmi les autres traits distinctifs de 2 Pierre figurent une affirmation précise de l’origine divine de l’Écriture (#2P 1:20-21), la notion d’une destruction future du monde par le feu (#2P 3:8-13) et la reconnaissance des lettres de Paul comme des écrits inspirés (#2P 3:15-16).
Questions d’interprétation
La plus grande difficulté de cette épître réside peut-être dans la compréhension de 1:19-21, à cause de ses importantes implications quant à la nature et à l’authenticité de l’Écriture. Ce passage, avec #2Ti 3:15-17, est vital pour une juste perspective de l’inspiration de la Bible. La remarque de Pierre selon laquelle le Seigneur a racheté les faux docteurs (#2P 2:1) lance un défi herméneutique et théologique quant à la nature de l’expiation. L’identité des anges qui ont péché (#2P 2:4) pose un autre problème. Parmi ceux qui croient que le chrétien peut perdre son salut, beaucoup utilisent le passage de 2:18-22 pour justifier leur position. Ce passage, qui vise les faux docteurs, doit être clarifié afin de ne pas contredire un propos similaire adressé aux croyants en #2P 1:4. De plus, de qui est-il question en #2P 3:9 lorsque Dieu dit qu’il ne veut pas les voir périr? Toutes ces questions seront traitées dans les notes.
1 ¶ Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui ont reçu en partage une foi du même prix que la nôtre, par la justice de notre Dieu et du Sauveur Jésus-Christ:
serviteur et apôtre. La façon dont Pierre se présente est caractérisée par un équilibre entre l’humilité et la dignité. En tant que serviteur, il était sur un pied d’égalité avec les autres chrétiens, il était un esclave obéissant de Christ. En tant qu’apôtre, il était unique, appelé divinement et envoyé comme témoin de la résurrection de Christ.
à ceux. Les destinataires de cette lettre étaient les mêmes que ceux qui reçurent la première lettre de Pierre (cf. #2P 3:1 ; #1Pi 1:1 ).
reçu en partage. Verbe inhabituel souvent lié à l’obtention de quelque chose par le sort (cf. #Ac 1:17 « avait part »). Il peut signifier « acquérir par la volonté divine ». Pierre insiste sur le fait que le salut ne s’obtient pas par l’effort personnel, les capacités ou les mérites, mais est un don de la grâce de Dieu.
foi. Pierre parle d’une foi subjective, c’est-à-dire la capacité du chrétien de croire, qui conduit à son salut (#Ep 2:8-9). Toutefois, même si la foi représente la part humaine dans le salut, c’est Dieu qui l’accorde. Il la fait débuter lorsque le Saint-Esprit réveille l’âme morte qui réagit à l’écoute de la Parole de Dieu (cf. #Ac 11:21 ; #Ep 2:8 ; #Ph 1:2).
du même prix. Le mot grec désignait généralement l’égalité dans le rang, la position, l’honneur, la popularité, le prix ou la valeur. Dans l’Antiquité, il désignait les étrangers qui recevaient le même droit de cité que les citoyens d’une ville. Pierre souligne que les chrétiens ont tous reçu la même foi salvatrice, précieuse et inestimable. Il n’y a pas de chrétiens de première et de deuxième classes, ni de distinctions spirituelles, raciales ou liées au sexe (cf. #Ga 3:28). Puisque Pierre s’adressait surtout à des non-Juifs, peut-être tenait-il à leur rappeler qu’ils avaient reçu la même foi que les Juifs (cf. #Ac 10:44-48 ; #Ac 11:17-18).
par la justice. Le message de Pierre, c’est que les croyants bénéficient de manière égale du don du salut, car la justice de Dieu leur est imputée. Cette justice ne reconnaît aucune distinction entre les hommes, si ce n’est le fait que certains péchés sont plus odieux encore que les autres. Ainsi, non seulement ils ont la foi parce que Dieu la leur donne, mais ils sont aussi sauvés uniquement parce que Dieu leur impute la justice.
de notre Dieu et du Sauveur Jésus-Christ. En grec, un seul article défini précède l’expression, ce qui semble indiquer qu’elle désigne une seule et même personne: Jésus-Christ est identifié par Pierre comme étant à la fois notre Sauveur et notre Dieu (cf. #Esa 43:3, #Esa 43:11 ; #Esa 45:15, #Esa 45:21 ; #Esa 60:16 ; #Ro 9:5 ; #Col 2:9 ; #Tit 2:13 ; #Hé 1:8).
2 que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur !
connaissance. Ce genre de « connaissance » implique une connaissance plus vaste, plus approfondie et plus intime. La foi chrétienne est basée sur la connaissance de la vérité à propos de Dieu (cf. v. #2P 1:3). Le christianisme n’est pas une religion mystique; il est fondé sur la vérité objective, historique, révélée et rationnelle de Dieu, destinée à être comprise et crue. Plus la connaissance du Seigneur est profonde et vaste, plus la grâce et la paix sont multipliées.
La pratique des vertus chrétiennes
3 Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu,
Sa divine puissance. « Sa » renvoie à Jésus-Christ. C’est grâce à la puissance de Christ que le croyant a suffisamment de ressources et fait preuve de persévérance (cf. #Mt 24: 30 ; #Mr 5:30 ; #Lu 4:14 ; #Lu 5:17 ; #Ro 1:4 ; #2Co 12:9).
tout ce qui contribue à la vie. Le véritable chrétien est assuré de son salut éternel, et il persévérera et grandira, car au travers de la puissance de Christ il a reçu tout le nécessaire pour que la vie éternelle soit possible.
piété. Être pieux, c’est vivre avec respect, loyauté et obéissance envers Dieu. Pierre souligne que le véritable croyant ne devrait pas demander quoi que ce soit de plus à Dieu (comme si quelque chose lui manquait pour développer sa croissance, sa force et sa persévérance) afin de devenir pieux, car il bénéficie déjà de toutes les ressources spirituelles pour vivre, développer et perfectionner une vie de piété.
connaissance de celui. « Connaissance » est un mot clé de 2 Pierre (vv. #2P 1:2, #2P 1:5-6, #2P 1:8 ; #2P 2:20 ; #2P 3:18). Dans l’Écriture, ce terme implique une connaissance intime (#Am 3:2 « choisis » littéralement « connus »); il est même utilisé pour les rapports sexuels (#Ge 4:1). La connaissance de Christ dont il est question ici n’est pas une connaissance superficielle, ni une simple prise en compte des vérités relatives à Christ, mais un partage véritable et personnel de vie avec Christ. Ce partage est basé sur la repentance vis-à-vis du péché et la foi personnelle en lui (cf. #Mt 7:21).
appelés par sa propre gloire et par sa vertu. Cet appel, comme toujours dans les épîtres du N.T., est l’appel efficace au salut (cf. #1Pi 1:15 ; #1Pi 2:21 ; #1Pi 5:10 ). Cet appel qui sauve est basé sur la compréhension qu’a le pécheur de la majesté révélée et de l’excellence morale de Christ, éléments qui prouvent qu’il est Seigneur et Sauveur. Une présentation claire de la personne et de l’œuvre de Christ en tant que Dieu fait homme est donc indispensable dans l’évangélisation, car elle attirera les hommes au salut (cf. #1Co 2:1-2). La croix et la résurrection révèlent très clairement sa « gloire et sa vertu ».
4 lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise,
les plus grandes et les plus précieuses promesses. C’est-à-dire les promesses de la vie abondante et éternelle.
participants de la nature divine. Cette expression ne diffère pas des concepts de nouvelle naissance ou naissance d’en haut (cf. #Jn 3:3 ; #Ja 1:18 ; #1Pi 1:23), de position en Christ (cf. #Ro 8:1) ou de demeure de la Trinité (#Jn 14:15-23). À notre époque, les précieuses promesses du salut permettent de devenir enfants de Dieu (#Jn 1:12 ; #Ro 8:9 ; #Ga 2:20 ; #Col 1:27) et donc de partager la nature de Dieu en possédant sa vie éternelle. Les chrétiens ne deviennent pas de petits dieux, mais ils sont de « nouvelles créations » (#2Co 5:17) et le Saint-Esprit vit en eux (#1Co 6:19-20). De plus, ils participeront à la nature divine de manière encore plus grandiose lorsque leur corps sera transformé et glorifié comme celui de Jésus-Christ (#Ph 3:20-21 ; #1Jn 3:1-3).
en fuyant la corruption. Le mot « corruption » décrit quelque chose qui se décompose ou pourrit. La fuite dont il est question devant ce danger a été couronnée de succès (littéralement « ayant échappé à »). Au moment du salut, le croyant échappe au pouvoir que la pourriture du monde exerce sur lui à travers sa nature déchue et pécheresse.
5 ¶ à cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science,
À cause de cela même. À cause de toutes les bénédictions données par Dieu aux vv. #2P 1:3-4, le croyant ne peut pas sombrer dans l’indifférence ni l’autosatisfaction. Une telle abondance de la grâce divine devrait entraîner une consécration totale.
faites tous vos efforts. On ne peut vivre une vie chrétienne à la gloire de Dieu sans effort. Même si Dieu a rempli le croyant de sa divine puissance, il est demandé au croyant de faire tous les efforts possibles parallèlement à ce que Dieu a fait (cf. #Ph 2:12-13 ; #Col 1:28-29).
joindre à votre foi. « Joindre à » traduit un verbe grec signifiant pourvoir avec prodigalité et générosité. Dans la culture grecque, il désignait l’action d’un « chorège » responsable de subvenir à tous les besoins des choristes pour une représentation. Le mot n’évoqua jamais un financement modéré, mais au contraire un don généreux en vue d’offrir un spectacle majestueux. Dieu nous a donné la foi et toutes les grâces nécessaires à la sainteté (vv. #2P 1:3-4). Nous en ajoutons par notre consécration assidue à manifester la justice.
vertu. Apparaissant en premier dans la liste des qualités morales que fournit Pierre, ce mot désignait en grec classique la capacité donnée par la divinité d’accomplir des actions héroïques. Il décrivait aussi la qualité de vie qui caractérisait une personne remarquable. Il ne s’agissait pas d’une vertu cachée ou d’une simple disposition, mais d’une qualité qui se manifestait clairement dans la vie. Pierre parle ici d’une énergie morale, de la puissance qui donne lieu à des actes d’excellence.
connaissance. C’est-à-dire la capacité de comprendre, la vision correcte des choses, la vérité correctement saisie et appliquée. Elle implique une étude assidue et une recherche de la vérité dans la Parole de Dieu.
6 à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété,
maîtrise de soi. À l’époque de Pierre, on parlait de maîtrise de soi à propos des athlètes qui devaient se contrôler, se discipliner. Ainsi, un chrétien doit maîtriser la chair, les passions et les désirs charnels, et ne pas se laisser dominer par eux (cf. #1Co 9:27 ; #Ga 5:22, #Ga 5:24). Guidée par la connaissance, la vertu discipline le désir pour en faire le serviteur, non le maître, de la vie.
patience. C’est-à-dire la persévérance à faire ce qui est juste, sans céder à la tentation et sans abandonner dans l’épreuve. La patience est la force spirituelle qui pousse à persévérer coûte que coûte. C’est la vertu qui permet de tout supporter, non par résignation simplement, mais dans une attitude d’espoir.
piété. Être pieux, c’est vivre avec respect, loyauté et obéissance envers Dieu. Pierre souligne que le véritable croyant ne devrait pas demander quoi que ce soit de plus à Dieu (comme si quelque chose lui manquait pour développer sa croissance, sa force et sa persévérance) afin de devenir pieux, car il bénéficie déjà de toutes les ressources spirituelles pour vivre, développer et perfectionner une vie de piété.
7 à la piété l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité.
amitié fraternelle. C’est-à-dire l’affection entre frères, prête au sacrifice mutuel (cf. #1Jn 4:20).
amour. Voir #1Co 13 ; #1Pi 4:8.
8 Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.
point oisifs. Être oisif, c’est être inactif, indolent et inutile (cf. #Tit 1:12 ; #Ja 2:20-22). Si les vertus mentionnées aux vv. #2P 1:5-7 se développent dans la vie d’un chrétien, il ne sera ni inutile ni inefficace.
ni stériles. C’est-à-dire improductifs (cf. #Mt 13: 22 ; #Ep 5:11 ; #2Th 3:14 ; #Jude 12). Lorsque les vertus chrétiennes (vv. #2P 1:5-7) manquent dans la vie d’un croyant, on ne peut le distinguer d’un malfaiteur ou d’un croyant superficiel. Mais lorsqu’elles se développent, la « nature divine » en lui se manifeste.
9 Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés.
ces choses. Les qualités mentionnées aux vv. #2P 1:5-7 (voir v. 10).
aveugle, il ne voit pas de loin. Si une personne professe la foi chrétienne mais n’a pas les vertus mentionnées ci-dessus, elle est par conséquent incapable de discerner sa véritable condition spirituelle et ne peut donc avoir aucune assurance de son salut.
en oubli. L’absence de recherche assidue des vertus spirituelles produit l’amnésie spirituelle. Incapable de discerner sa propre condition spirituelle, on ne peut alors avoir aucune confiance en sa profession de foi. Certes, on peut être sauvé et posséder toutes les bénédictions des vv. #2P 1:3-4, mais sans les qualités des vv. #2P 1:5-7 on vivra dans le doute et la crainte.
10 C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection ; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais.
affermir votre vocation et votre élection. « Affermir » pourrait se traduire « rendre sûres, certaines ». Cela exprime le but visé par Pierre aux vv. #2P 1:5-9. Bien que Dieu connaisse ses élus et leur ait assuré un salut éternel ; cf. #Ro 8:31-39), le chrétien pourrait douter de son salut. La sécurité est le fait, révélé par le Saint-Esprit, que le salut est éternel. L’assurance est la confiance personnelle que l’on possède ce salut éternel. En d’autres termes, le croyant qui recherche les qualités spirituelles mentionnées plus haut a l’assurance, grâce au fruit spirituel qu’il produit, d’avoir été appelé (cf. v. #2P 1:3 ; #Ro 8:30 ; #1Pi 2:21) et choisi (cf. #1Pi 1:2) par Dieu pour le salut.
ne broncherez jamais. Si le chrétien recherche les qualités des vv. #2P 1:5-7 et constate que sa vie est utile et porte du fruit (v. #2P 1:8), il ne sombrera pas dans le doute, le désespoir, la peur et la remise en question, mais jouira de l’assurance de son salut.
11 C’est ainsi, en effet, que l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordée.
dans le royaume éternel … largement accordée. Pierre aligne les mots pour susciter la joie dans le cœur du chrétien lassé. Une large entrée dans les cieux est à la fois une espérance et la réalité pour celui qui vit une vie fidèle et fructueuse sur la terre. Le chrétien qui recherche les vertus précitées (vv. #2P 1:5-7) jouira non seulement de l’assurance dans le présent, mais d’une riche récompense dans la vie future (cf. #1Co 4:5 ; #Ap 22: 12).
12 ¶ Voilà pourquoi je prendrai soin de vous rappeler ces choses, bien que vous les sachiez et que vous soyez affermis dans la vérité présente.
1:12-13
Voilà pourquoi. La vérité doit toujours être répétée, car les croyants l’oublient très facilement. Cf. #2Th 2:5 ; #Jude 5.
13 Et je regarde comme un devoir, aussi longtemps que je suis dans cette tente, de vous tenir en éveil par des avertissements,
1:13-14
tente. La mort est décrite comme l’abandon de notre tente, c’est-à-dire notre corps (cf. #2Co 5:1). Pierre avait environ 70 ans lorsqu’il écrivit cette lettre (probablement d’une prison romaine), et il s’attendait à mourir bientôt. La persécution de Néron avait commencé, et il subit le martyre peu après la rédaction de cette épître. La tradition rapporte qu’il fut crucifié la tête en bas, parce qu’il se jugeait indigne d’être crucifié comme son Seigneur.
14 car je sais que je la quitterai subitement, ainsi que notre Seigneur Jésus-Christ me l’a fait connaître.
Jésus-Christ me l’a fait connaître. Christ avait annoncé la mort de Pierre environ 40 ans plus tôt.
15 Mais j’aurai soin qu’après mon départ vous puissiez toujours vous souvenir de ces choses.
après mon départ. Pierre rédigea cette lettre pour fournir un rappel permanent de la vérité au peuple de Dieu après sa propre mort.
16 ¶ Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c’est comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux.
des fables habilement conçues. Le mot « fables » désignait des histoires mythiques sur les dieux et les miracles (cf. #1Ti 1:4 ; #1Ti 4:7 ; #2Ti 4:4 ; #Tit 1:14). Conscient que de faux docteurs et leurs disciples essaieraient de discréditer cette lettre, et qu’il était probablement déjà accusé d’inventer des fables et des mythes afin que les gens le suivent et qu’ainsi il puisse lui-même acquérir des richesses, du pouvoir et du prestige à l’instar de ce que recherchaient les faux docteurs - Pierre apporta des preuves, dans les vv. suivants, qu’il écrivait bel et bien la vérité de Dieu en tant qu’auteur authentiquement inspiré.
fait connaître. Terme quelque peu technique qui désignait la transmission d’une nouvelle révélation, de quelque chose d’inconnu jusqu’alors.
la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. Puisqu’il n’y a qu’un seul article défini dans cette expression en grec, le sens est « le puissant avènement » ou « la venue en puissance ». Les faux docteurs avaient essayé de discréditer la doctrine de la seconde venue de Christ (voir #2P 3:3-4) dont Pierre avait parlé (#1Pi 1:3-7, #1Pi 1:13 ; #1Pi 4:13).
vu sa majesté de nos propres yeux. Le « nous », dans cette phrase, désigne les apôtres. Dans un sens, tous les apôtres avaient été témoins de la majesté de Christ, surtout de ses miracles, de sa résurrection corporelle et de son ascension au ciel. Toutefois, Pierre fait allusion à un événement plus précis qu’il décrira au v. suivant, celui de la transfiguration. La splendeur du royaume de Christ révélée lors de cet événement donnait un avant-goût de sa majesté, qui se manifestera pleinement lors de sa seconde venue (cf. #Mt 16: 28 ). La transfiguration était une vision momentanée de la gloire qui sera dévoilée lors de la révélation finale, l’apocalypse de Jésus-Christ (#Ap 1:1). Il faut relever que le ministère terrestre de Jésus (guérir, enseigner et rassembler des âmes dans son royaume) donnait un avant-goût du royaume terrestre qu’il établira à son retour.
17 Car il a reçu de Dieu le Père honneur et gloire, quand la gloire magnifique lui fit entendre une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.
la gloire magnifique. Une allusion à la nuée de gloire sur la montagne de la transfiguration, nuée d’où Dieu parla aux disciples (#Mt 17: 5).
Celui-ci est mon Fils bien-aimé. C’est-à-dire « Celui-ci est par essence avec moi ». Le Père affirmait ainsi la divinité de Christ (cf. #Mt 17: 5 ; #Lu 9:27-36).
18 Et nous avons entendu cette voix venant du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne.
lorsque nous étions avec lui. Pierre sous-entend ainsi qu’il n’y a aucune raison de croire les faux docteurs qui nient la majesté et la seconde venue de Christ, puisqu’ils n’étaient pas sur la montagne lors de la transfiguration pour voir les prémices du royaume et de la gloire de Christ, alors que Jacques, Jean et lui y étaient.
19 ¶ Et nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs ;
d’autant plus certaine. Cette traduction pourrait indiquer que le récit oculaire de la majesté de Christ lors de la transfiguration confirme les Écritures. L’ordre des mots en grec induit cependant une autre compréhension: « Et nous avons la parole des prophètes, qui est plus sûre. » Selon cette interprétation, Pierre classait l’Écriture au-dessus de l’expérience. La parole prophétique (l’Écriture) est plus complète, plus permanente et fait plus autorité que l’expérience de qui que ce soit. En outre, la Parole de Dieu permet de vérifier, de façon plus sûre que les expériences personnelles des apôtres eux-mêmes, des enseignements sur la personne de Christ, son œuvre d’expiation et sa seconde venue.
la parole prophétique. La « parole prophétique » désigne non seulement les petits et grands prophètes de l’A.T., mais tout l’A.T. Tout l’A.T. fut écrit par des « prophètes » au sens où ses rédacteurs dirent et écrivirent la Parole de Dieu, conformément à la tâche assignée aux prophètes, et portèrent, d’une certaine manière, leurs regards vers la venue du Messie (cf. #Lu 24: 27).
vous faites bien de prêter attention. Pierre recommanda aux croyants qui allaient être confrontés à des faux enseignants de porter une attention particulière à l’Écriture.
une lampe qui brille dans un lieu obscur. Les ténèbres de ce monde déchu empêchent les hommes de voir la vérité, jusqu’à ce que la lumière brille. La lumière est la lampe de la révélation, la Parole de Dieu (cf. #Ps 119:105 ; #Jn 17: 17).
le jour vienne à paraître … l’étoile du matin se lève. Ces images, simultanées, renvoient à la parousie, c’est-à-dire à l’avènement de Jésus-Christ (cf. #Lu 1:78 ; #Ap 2:28 ; #Ap 22: 16).
dans vos cœurs. L’impact de la seconde venue de Christ transformera non seulement l’univers d’un point de vue extérieur (#2P 3:7-13), mais aussi l’être intérieur des croyants qui seront alors en vie, ôtant définitivement chacun de leurs doutes. La révélation parfaite, mais limitée, des Écritures sera remplacée par la révélation parfaite et complète de Jésus-Christ lors de sa seconde venue (cf. #Jn 14:7-11 ; #Jn 21: 25). Les Écritures seront alors accomplies; les croyants, rendus semblables à Christ (#1Jn 3:1-2), auront une connaissance parfaite, et toute prophétie sera abolie.
20 sachant tout d’abord vous-mêmes qu’aucune prophétie de l’Écriture ne peut être un objet d’interprétation particulière,
sachez tout d’abord. Un appel à reconnaître comme prioritaire la vérité divine qui affirme que l’Écriture n’est pas d’origine humaine.
prophétie de l’Écriture. C’est-à-dire toute l’Écriture. Le terme désignait premièrement l’ensemble de l’A.T., puis le N.T..
interprétation particulière. Le mot grec pour « interprétation » porte la notion de « délier », comme pour dire qu’aucune Écriture n’est le résultat de l’action d’un quelconque être humain qui aurait, dans son coin, détaché la vérité. L’objectif de Pierre n’est pas d’expliquer comment interpréter l’Écriture, mais plutôt d’expliquer comment elle a surgi et quelle est sa source. Les faux prophètes dénouaient et déliaient leurs propres idées. Mais aucune révélation de Dieu ne fut dévoilée ou révélée à partir d’une source humaine ni à partir de la compréhension personnelle des prophètes (voir v. 21).
21 car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu.
par une volonté d’homme. Comme l’Écriture n’est pas d’origine humaine, elle n’est pas non plus le résultat de la volonté humaine. La phrase insiste sur le fait qu’aucune partie de l’Écriture, à aucun moment, ne fut jamais écrite parce que les hommes le voulaient. La Bible n’est pas le produit d’efforts humains. En fait, les prophètes écrivirent parfois sans vraiment comprendre (#1Pi 1:10-11), mais restèrent néanmoins fidèles à ce que Dieu leur révélait.
poussés par le Saint-Esprit. Grammaticalement, cela signifie qu’ils étaient constamment portés et emportés par l’Esprit de Dieu (cf. #Lu 1:70 ; « se laisser aller ou emporter » #Ac 27:15, #Ac 27:17). Le Saint-Esprit est ainsi l’auteur et l’initiateur divin, le producteur des Écritures. Rien que dans l’A.T., les auteurs humains font plus de 3800 fois allusion à leurs écrits comme étant les paroles de Dieu (p. ex. #Jér 1:4 ; cf. #Ro 3:2 ; #1Co 2:10 ; #2P 3:2). Bien que les hommes aient été actifs plutôt que passifs dans le processus de rédaction de l’Écriture, Dieu le Saint-Esprit les a dirigés pour qu’ils composent et rapportent sans erreur les mots exacts qu’il voulait qu’ils écrivent, tout en utilisant leur personnalité, leur manière de penser et leur vocabulaire. Les manuscrits originaux de l’Écriture sont par conséquent inspirés, c’est-à-dire révélés par Dieu (cf. #2Ti 3:16), et infaillibles, c’est-à-dire sans erreur (#Jn 10:34-35 ; #Jn 17: 17 ; #Tit 1:2). Pierre décrit ainsi le processus d’inspiration qui donna naissance au texte original infaillible (cf. #Pr 30:5 ; #1Co 14: 36 ; #1Th 2:13).
1 ¶ Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine.
parmi le peuple. Dans le N.T., « le peuple » désigne Israël (cf. #Ac 26:17, #Ac 26:23). Pierre explique que Satan s’est toujours efforcé de s’infiltrer dans les groupes de croyants dans le but de tromper en se servant des faux prophètes (cf. #Jn 8:44). Depuis Ève, Satan est impliqué dans les manœuvres de tromperie.
faux prophètes. Dans ce chapitre, Pierre décrit en détail les faux docteurs pour que les chrétiens puissent reconnaître leurs caractéristiques et leurs méthodes. Le plus grand péché des personnes qui rejettent Christ, et la pire œuvre de Satan, c’est la présentation erronée de la vérité et la tromperie qui en résulte. Celui qui affirme parler au nom de Dieu pour le salut des âmes, alors qu’en réalité il parle au nom de Satan pour leur condamnation, agit vraiment de façon mauvaise (cf. #De 13:1-18 ; #De 18: 20 ; #Jér 23 ; #Ez 13 ; #Mt 7:15 ; #Mt 23:1-36 ; #Mt 24:4-5 ; #Ro 16: 17 ; #2Co 11:13-14 ; #Ga 3:1-2 ; #2Ti 4:3-4).
introduiront sournoisement des sectes pernicieuses. Les faux docteurs peuvent s’afficher comme des pasteurs, des enseignants chrétiens et des évangélistes (cf. #Jude 4). « Secte », traduction du mot grec qui a donné « hérésie », désigne des mensonges religieux qui conduisent à la division et à la rébellion (cf. #1Co 11:19 ; #Ga 5:20). Le mot grec pour « pernicieux » signifie littéralement « de perdition ». Utilisé six fois dans cette lettre, il désigne toujours la damnation finale (vv. #2P 2:1 ; #2P 3:7, #2P 3:16). C’est pourquoi il est vraiment triste que des Églises, au nom de l’amour et de l’unité, se fassent fort de tolérer des enseignements et des idées non bibliques (voir #2Th 3:14 ; #1Ti 4:1-5 ; #Tit 3:9-11).
reniant le maître. Cette phrase révèle la gravité du crime et la profondeur de la culpabilité des faux docteurs. Ce mot grec inhabituel pour « Seigneur » apparaît dix fois dans le N.T. et désigne celui qui détient l’autorité suprême, qu’elle soit humaine ou divine. Pierre avertit ici que les faux prophètes renient la seigneurie de Jésus-Christ. Les hérésies colportées par les faux docteurs pouvaient avoir trait à leur refus de la naissance virginale de Christ, de sa divinité, de sa résurrection corporelle et de son retour, mais elles reposaient sur une erreur fondamentale: ils ne soumettaient pas leur vie à l’autorité de Christ. Toutes les fausses religions ont une christologie erronée.
qui les a rachetés. Les termes que Pierre utilise sont plus analogiques que théologiques et désignaient l’homme responsable de sa maison. Le maître achetait des esclaves; ces derniers lui devaient fidélité et obéissance, puisqu’il était devenu leur souverain. (Pour un parallèle avec l’A.T., voir #De 32:5-6, où il est dit que Dieu a acheté Israël, bien que ce peuple l’ait rejeté; « ton maître » peut y être traduit « qui t’a racheté ».) Par rapport à la doctrine, cette analogie peut être considérée comme la responsabilité de se soumettre à Dieu, ce que les faux docteurs avaient refusé. De plus, ils affirmaient probablement qu’ils étaient chrétiens et que le Seigneur les avait personnellement rachetés. Pierre se moque d’une telle déclaration en parlant de leur condamnation à venir. Le passage décrit donc le caractère pernicieux des faux docteurs qui proclament Christ, mais renient sa seigneurie sur leur vie.
ruine soudaine. Renvoie soit à leur mort physique, soit à leur jugement lors du retour de Christ (#Pr 29:1 ; #2Th 1:7-10).
2 Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux.
Plusieurs les suivront dans leurs dérèglements. Bien des gens professeront être chrétiens mais nieront la seigneurie de Christ sur leur vie; ils refuseront de vivre comme des serviteurs obéissant à Christ et à sa Parole et suivront plutôt les désirs charnels, le monde et le diable. Fait tragique, le Seigneur inclura ces chrétiens de nom dans la condamnation des hypocrites au jour du jugement (#Mt 7:21-23 ; cf. #Jude 4, #Jude 7). Nier la seigneurie de Christ tout en affirmant être un croyant influence les autres personnes d’une manière destructrice et discrédite l’Évangile.
la voie de la vérité sera calomniée. Le monde se moque de l’Évangile de Jésus-Christ à cause des chrétiens de nom qui ne suivent pas le Seigneur qu’ils proclament et ont été démasqués comme des hypocrites.
3 ¶ Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses, eux que menace depuis longtemps la condamnation, et dont la ruine ne sommeille point.
Par cupidité. C’est-à-dire une avidité incontrôlée. Pierre précisa que la motivation sous-jacente des faux docteurs n’était pas l’amour de la vérité, mais l’amour de l’argent (voir v. 14). Ils exploitaient les gens par leurs mensonges.
menace … la condamnation. Le principe de la condamnation par Dieu des faux docteurs a été instauré dans l’éternité passée, répété dans l’A.T., et « menace » dans le sens où il n’est ni dépassé ni devenu inefficace. Il est encore valable et se réalisera (voir #Jude 4).
la ruine ne sommeille point. Pierre personnifie la ruine comme si elle était un bourreau pleinement conscient et vigilant, prêt à agir. Comme Dieu est par nature un Dieu de vérité, il jugera tous les menteurs et les trompeurs (cf. #Pr 6:19 ; #Pr 19: 5, #Pr 19: 9 ; #Esa 9:13-14 ; #Esa 28:15, #Esa 28:22 ; #Jér 9:3, #Jér 9:5 ; #Jér 14: 14 ; #Jér 23:25-26 ; #Ap 21: 8, #Ap 21: 27).
4 Car, si Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais s’il les a précipités dans les abîmes de ténèbres et les réserve pour le jugement ;
si. Une meilleure traduction serait « puisque », car il n’y a aucun doute quant à la véracité du récit de jugement que Pierre introduit. Les vv. 4-10 forment une seule longue phrase dont la conclusion, liée à la clause « puisque », commence au v. 9. De peur que ses lecteurs ne croient Dieu trop bon et trop miséricordieux pour juger les faux docteurs et ceux qu’ils ont trompés, Pierre rappelle trois jugements divins antérieurs infligés à des hommes de leur espèce, qui font jurisprudence pour le jugement dernier des menteurs et des trompeurs. Bien que Dieu ne désire pas la mort des méchants (#Ez 33:11), il doit les juger parce que sa sainteté l’exige (#2Th 1:7-9).
les anges qui ont péché. Ces anges, selon #Jude 6, « n’ont pas gardé leur dignité », car ils étaient entrés dans des hommes qui vivaient en concubinage avec des femmes. Il s’agit apparemment d’une allusion aux anges déchus de #Ge 6 (les fils de Dieu):
1° ils quittèrent leur condition normale et désirèrent des femmes avant le déluge (v. #2P 2:5 ; #Ge 6:1-3) et
2° avant la destruction de Sodome et Gomorrhe (v. #2P 2:6 ; #Ge 19).
les a précipités dans les abîmes. Pierre utilise en grec un terme de la mythologie: le Tartare. Les Grecs enseignaient que le Tartare était la partie la plus basse des enfers, réservée aux pires des êtres humains, des dieux et des démons. Plus tard, les Juifs utilisèrent ce terme pour décrire l’endroit où étaient envoyés les anges déchus. Il définissait pour eux l’abîme le plus bas, la fosse la plus profonde, le lieu de torture et de souffrances éternelles le plus terrible. Jésus entra en esprit dans ce lieu lorsque son corps fut mis au tombeau, et il proclama sa victoire sur les démons pendant le temps qui s’écoula entre sa mort et sa résurrection. Les démons avaient peur d’y aller, et lorsque Jésus était sur la terre, ils le supplièrent de ne pas les y envoyer (cf. #Mt 8:29 ; #Lu 8:31). Certains démons ne sont pas liés et sillonnent les cieux et la terre (cf. #Ap 12:7-9), tandis que d’autres sont temporairement liés. Certains sont liés pour toujours dans les ténèbres à cause du péché dont il est question en #Ge 6.
les réserve pour le jugement. Ces démons incarcérés en permanence sont comme des prisonniers qui attendent leur sentence. Le Tartare n’est que temporaire car, au jour du jugement, les mauvais anges qui y sont enfermés seront finalement jetés dans l’étang de feu (#Ap 20: 10).
5 s’il n’a pas épargné l’ancien monde, mais s’il a sauvé Noé, lui huitième, ce prédicateur de la justice, lorsqu’il fit venir le déluge sur un monde d’impies ;
n’a pas épargné l’ancien monde. Le deuxième précédent au futur jugement de Dieu contre les faux docteurs est l’inondation de toute la terre (cf. #Ge 6 8). La race humaine fut réduite à huit personnes par ce jugement (cf. #1Pi 3:20).
prédicateur de la justice. Voir #Ge 6:9 ; #Ge 7:1. Noé prêchait la justice et appelait les hommes à se repentir et à éviter ainsi le jugement du déluge.
6 s’il a condamné à la destruction et réduit en cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe, les donnant comme exemple aux impies à venir,
Sodome … Gomorrhe. Le troisième précédent au futur jugement divin sur les méchants est la destruction totale de Sodome et de Gomorrhe et des villes environnantes moins importantes (cf. #Ge 13 ; #Ge 18:16-33 ; #Ge 19:1-38 ; #De 29:23). Ce jugement détruisit toutes les personnes de la région par le feu.
les donnant comme exemple. Dieu fit un modèle de ces villes. Il envoya un message très clair à toutes les générations futures, à savoir que la méchanceté entraîne le jugement.
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