NOUVEAU TESTAMENT
COLOSSIENS 1 À 2 partiel + intro
LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES
INTRODUCTION À COLOSSIENS
L’épître de Paul aux Colossiens
Titre
L’épître aux Colossiens tire son nom de la ville de Colosses où se trouvait l’Église à laquelle cette lettre s’adressait. Elle devait aussi être lue dans l’Église voisine, celle de la ville de Laodicée (#Col 4:16).
Auteur et date
Paul se présente dès le début comme l’auteur de ce texte (#Col 1:1, cf. 23; 4:18), à l’instar de ce qu’il fait habituellement dans ses épîtres. Le témoignage de l’Église ancienne, en particulier celui de personnages clés comme Irénée, Clément d’Alexandrie, Tertullien, Origène et Eusèbe, confirme l’authenticité de cette affirmation. La similitude avec la lettre à Philémon (unanimement attribuée à Paul) renforce cette conviction. Toutes deux furent écrites (environ 60-62 apr. J.-C.) pendant que Paul était prisonnier à Rome (#Col 4:3, #Col 4:10, #Col 4:18 ; #Phm 9, #Phm 10, #Phm 13, #Phm 23). De plus, les mêmes noms (p. ex. Timothée, Aristarque, Archippe, Marc, Epaphras, Luc, Onésime et Démas) apparaissent dans les deux épîtres, ce qui montre que toutes deux ont été écrites par la même personne et à la même période approximative.
Contexte et arrière-plan
Colosses était une ville de Phrygie, dans la province romaine d’Asie (aujourd’hui la Turquie), à environ 160 kilomètres à l’est d’Éphèse, dans la région des sept Églises mentionnées dans #Ap 1:1-3:2. Elle se trouve au bord de la rivière appelée Lycus (ou Lycos), non loin de l’embouchure du Méandre. La vallée du Lycus se rétrécissait à Colosses pour atteindre une largeur d’environ 3 kilomètres, et le mont Cadmos s’élevait à plus de 2300 mètres au-dessus de la ville.
Colosses était une ville dynamique au Ve siècle av. J.-C., lorsque le roi perse Xerxès (Assuérus, cf. #Est 1:1) gouvernait cette région. La laine noire et la teinture (réalisée à partir de dépôts calcaires avoisinants) faisaient partie de ses productions importantes. De plus, la ville était située à la jonction de routes commerciales reliant le nord au sud et l’est à l’ouest. A l’époque de Paul, cependant, la route principale avait été déviée pour passer par Laodicée, ce qui avait isolé Colosses et favorisé son déclin, tout en contribuant à l’essor des villes avoisinantes, notamment Laodicée et Hiérapolis.
Si la population de Colosses était essentiellement païenne, il s’y trouvait une implantation juive importante datant de l’époque d’Antiochus le Grand (av. J.-C.). Ce mélange de populations Juifs et non-Juifs - se retrouvait dans la composition de l’Église et dans les hérésies qui la frappaient: le légalisme judaïque et le mysticisme païen.
L’Église de Colosses est née du ministère exercé pendant trois ans par Paul à Éphèse (#Ac 19). Son fondateur n’était pas Paul, qui n’avait jamais mis les pieds dans la ville (#Col 2:1), mais Épaphras (#Col 1:5-7), qui s’était apparemment converti lors d’un séjour à Éphèse et qui avait dû rapporter l’Évangile à Colosses, y fondant une Église à son retour. Plusieurs années après la naissance de l’Église, une hérésie dangereuse la menaçait, hérésie unique qui ne se retrouve dans aucune secte de l’histoire. Elle enseignait des éléments de ce qui devint plus tard le gnosticisme: Dieu est bon, mais la matière serait mauvaise; Jésus-Christ serait un simple élément dans une série d’émanations descendant de Dieu, et donc inférieur à Dieu (une croyance qui conduisait à nier sa véritable humanité); un secret, une connaissance supérieure à l’Écriture, serait nécessaire pour l’illumination et le salut. L’hérésie de Colosses faisait aussi des emprunts au légalisme judaïque: la nécessité de la circoncision pour le salut, l’obéissance aux rituels de la loi vétérotestamentaire (les lois alimentaires, les fêtes, les sabbats) et un ascétisme rigide. Elle appelait aussi à rendre un culte aux anges et à vivre une expérience mystique. Epaphras était si préoccupé par cette hérésie qu’il fit le long voyage de Colosses à Rome (#Col 4:12-13), où Paul se trouvait prisonnier.
Cette lettre a été écrite de la prison de Rome (#Ac 28:16-31) entre 60 et 62 apr. J.-C., et c’est pourquoi elle fait partie de ce qu’on appelle « les épîtres de la captivité » (avec Ephésiens, Philippiens et Philémon). Elle a dû être rédigée à peu près au même moment que celle aux Ephésiens et confiée, avec elle et avec l’épître à Philémon, aux bons soins de Tychique (#Ep 6:21-22 ; #Col 4:7-8). L’apôtre cherchait à mettre en garde les Colossiens contre les hérésies qui les menaçaient, et il profita du voyage de Tychique qui raccompagnait un esclave fugitif du nom d’Onésime auprès de son maître Philémon, membre de l’Église de Colosses (#Col 4:7-9). Epaphras resta à Rome (cf. #Phm 23), peut-être pour recevoir des instructions supplémentaires de la part de Paul.
Thèmes historiques et théologiques
Colossiens contient des enseignements relatifs à plusieurs domaines clés de la théologie, notamment la divinité de Christ (#Col 1:15-20 ; #Col 2:2-10), la réconciliation (#Col 1:20-23), la rédemption (#Col 1:13-14 ; #Col 2:13-14 ; #Col 3:9-11), l’élection (#Col 3:12), le pardon (#Col 3:13) et la nature de l’Église (#Col 1:18, #Col 1:24-25 ; #Col 2:19 ; #Col 3:11-15). En outre, comme mentionné ci-dessus, l’épître réfute l’enseignement hérétique qui menaçait l’Église de Colosses (ch. #Col 2).
Questions d’interprétation
Les sectes qui nient la divinité de Christ se sont emparées de la présentation de Jésus comme « le premier-né de toute la création » (#Col 1:15) pour soutenir qu’il a été créé. S’appuyant sur l’affirmation de Paul que les croyants seront « saints, sans défaut et sans reproche » s’ils restent « inébranlables dans la foi » (#Col 1:22-23), certains enseignent que les croyants peuvent perdre leur salut. D’autres ont argumenté en faveur de l’existence du purgatoire à partir de la phrase: « ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair » (#Col 1:24), alors que d’autres encore voient dans cette lettre un appui à la théorie de la régénération baptismale (#Col 2:12). En outre, l’identification de l’épître de Laodicée (#Col 4:16) a suscité de nombreuses discussions. Ces questions seront abordées dans les notes.
La gloire de Christ
« Ce n’est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu. » 2 Co 3:5
L’Écriture l’affirme très clairement et avec force, Jésus-Christ suffit pleinement pour tout, aussi bien dans le domaine de la vie courante que dans le domaine spirituel (2 Pi 1:3-4). Il est suffisant pour la création (Col 1:16-17), le salut (Hé 10:10-12), la sanctification (Ep 5:26-27), la glorification (Ro 8:30). Il est absolument pur, dépourvu de toute tache, de tout défaut, de tout péché, de toute souillure, de tout mensonge, de toute tromperie, de toute corruption, de toute erreur et de toute imperfection (1 Pi 1:18-20).
Il n’y a aucun Dieu à part lui (Es 45:5); il est le Fils unique de Dieu (Jn 1:14, 18); tous les trésors de la sagesse et de la connaissance se trouvent en lui (Col 2:3); la plénitude de la divinité habite corporellement en lui (Col 2:9); il est l’héritier de toutes choses (Hé 1:2); il a tout créé, et tout a été fait par lui et pour lui (Col 1:16); il soutient tout par sa parole puissante (Col 1:17; Hé 1:3); il est le premier-né de toute la création (Col 1:15); il est l’exacte représentation de Dieu (Hé 1:3).
Il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes; il est le soleil qui éclaire tout, le médecin qui guérit, la muraille protectrice, l’ami qui réconforte, la perle qui rend riche, le rocher capable de résister aux plus fortes pressions; il est assis à la droite de Dieu dans les cieux (Hé 1:3; 8:1); il est supérieur aux anges (Hé 1:4-14), à Moïse, à Aaron, à Josué, à Melchisédek, à tous les prophètes; il est plus grand que Satan (Lu 4:1-12) et plus fort que la mort (1 Co 15:55).
Il n’a ni commencement ni fin (Ap 1:17-18); il est l’agneau sans défaut de Dieu; il est notre paix (Ep 2:14), notre espérance (1 Ti 1:1), notre vie (Col 3:4), le chemin, la vérité et la vie (Jn 14:6), la force d’Israël (1 S 15:29), le rejeton et la postérité de David, l’étoile brillante du matin (Ap 22:16); il est fidèle et véritable (Ap 19:11); il est celui qui suscite notre foi et la mène à la perfection (Hé 12:1-2), le prince de notre salut (Hé 2:10), celui que Dieu a choisi (Es 42:1), l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre foi (Hé 3:1), le serviteur juste (Es 53:11).
Il est l’Éternel des armées, le Rédempteur, le Saint d’Israël, le Dieu de toute la terre (Es 54:5), l’homme de douleur (Es 53:3), la lumière, le Fils de l’homme (Mt 20:28), le vrai cep, le pain de vie, la porte, le Seigneur (Ph 2:10-13); il est prophète, sacrificateur et roi (Hé 1:1-3); il est notre repos de sabbat (Hé 4:9); il est notre justice (Jé 23:6); il est l’admirable conseiller, le Dieu puissant, le Père éternel, le prince de la paix (Es 9:5); il est le souverain berger (1 Pi 5:4); il est le Seigneur des nations, le lion de Juda, la Parole de vie, le rocher de notre salut, l’Esprit éternel, l’Ancien des jours, le Créateur et le consolateur, le Messie.
Il est le grand « Je suis » (Jn 8:58)!
1 ¶ Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée,
Timothée. Un collaborateur privilégié de Paul et son fils dans la foi. Il lui était possible d’être en compagnie de Paul car celui-ci, bien que prisonnier, logeait dans une maison privée (#Ac 28:16-31).
2 aux saints et fidèles frères en Christ qui sont à Colosses ; que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père !
saints. Ceux qui avaient été séparés du péché et mis à part pour Dieu, c’est-à-dire les croyants de Colosses.
fidèles. Terme réservé dans le N.T. aux seuls croyants. #Col 1:4.
Colosses. L’une des trois villes de la vallée du fleuve Lycus, en Phrygie, dans la province romaine d’Asie (dans la Turquie moderne). Elle se situait à environ 160 km d’Éphèse.
la grâce et la paix. Salutation que Paul employa dans chacune de ses épîtres.
3 ¶ Nous rendons grâces à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et nous ne cessons de prier pour vous,
Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Appellation utilisée le plus souvent pour montrer que Jésus était un par nature avec Dieu, comme tout vrai fils l’est avec son père. Elle servait à souligner la divinité de Christ (cf. #Ro 15: 6 ; #2Co 1:3 ; #2Co 11:13 ; #Ep 1:3 ; #Ep 3:14 ; #1Pi 1:3).
4 ayant été informés de votre foi en Jésus-Christ et de votre charité pour tous les saints,
amour pour tous les saints. #Col 1:8. L’un des fruits visibles d’une authentique foi salvatrice, c’est l’amour envers les autres croyants (#Jn 13:34-35 ; #Ga 5:22 ; #1Jn 2:10 ; #1Jn 3:14-16).
5 à cause de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux, et que la parole de la vérité, la parole de l’Évangile vous a précédemment fait connaître.
à cause de l’espérance qui vous est réservée. L’espérance du croyant est indissociable de sa foi.
l’Évangile. Littéralement « la bonne nouvelle », terme utilisé en grec classique pour désigner la nouvelle d’une victoire à la guerre. L’Évangile est la bonne nouvelle de la victoire de Christ sur Satan, sur le péché et sur la mort.
6 Il est au milieu de vous, et dans le monde entier ; il porte des fruits, et il va grandissant, comme c’est aussi le cas parmi vous, depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu conformément à la vérité,
dans le monde entier. Cf. verset #Col 1:23 « toute créature sous le ciel ». L’Évangile n’a jamais été conçu pour devenir la propriété privée d’un groupe restreint; cette bonne nouvelle est destinée au monde entier (#Mt 24: 14 ; #Mt 28:19-20 ; #Mr 16: 15 ; #Ro 1:8, #Ro 1:14, #Ro 1:16 ; #1Th 1:8). Elle transcende toute distinction ethnique, géographique, culturelle ou politique.
fruit. Renvoie à l’effet salvateur de la prédication de l’Évangile et à la croissance de l’Église. ; cf. #Mt 13:3-8, #Mt 13:31-32.
7 d’après les instructions que vous avez reçues d’Epaphras, notre bien-aimé compagnon de service, qui est pour vous un fidèle ministre de Christ,
Epaphras. Probablement le fondateur de l’Église de Colosses
8 et qui nous a appris de quelle charité l’Esprit vous anime.
9 ¶ C’est pour cela que nous aussi, depuis le jour où nous en avons été informés, nous ne cessons de prier Dieu pour vous, et de demander que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle,
la connaissance de sa volonté. Le mot grec pour « connaissance » est le terme habituel, mais il est accompagné d’une préposition qui intensifie son sens: il ne s’agit pas d’impressions ou de sentiments personnels, mais d’une connaissance profonde et complète de la volonté de Dieu qui, finalement, ne se révèle totalement que dans la Parole (#Col 3:16 ; #Ep 5:17 ; #1Th 4:3 ; #1Th 5:18 ; #1Ti 2:4 ; #1Pi 2:13, #1Pi 2:15 ; #1Pi 4:19).
sagesse et intelligence spirituelle. On peut comprendre que « spirituel » porte aussi bien sur « sagesse » (capacité à accumuler et à organiser les principes des Écritures) que sur « intelligence » (application pratique de ces principes à la vie quotidienne).
10 pour marcher d’une manière digne du Seigneur et lui être entièrement agréables, portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres et croissant par la connaissance de Dieu,
marcher d’une manière digne du Seigneur. C’est l’un des concepts clés du N.T.: la vie du croyant doit être cohérente avec son identification au Seigneur qui l’a sauvé.
portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres. Le fruit spirituel est le produit dérivé d’une vie juste. Dans la Bible, il consiste à amener des gens à Christ (#1Co 16: 15), louer Dieu (#Hé 13: 15), donner de l’argent (#Ro 15:26-28), mener une vie de sainteté (#Hé 12:11) et faire preuve d’attitudes dignes d’un saint (#Ga 5:22-23).
croissant par la connaissance de Dieu. La croissance spirituelle est impossible sans cette connaissance (#1Pi 2:2 ; #2P 3:18). Un amour plus profond pour la Parole de Dieu (#Ps 119:97), une obéissance toujours plus grande (#1Jn 2:12-14), la croissance de la foi (#2Th 1:3 ; cf. #2Co 10:5) et un amour plus fort pour les autres (#Ph 1:9) sont autant de preuves de la croissance spirituelle.
11 fortifiés à tous égards par sa puissance glorieuse, en sorte que vous soyez toujours et avec joie persévérants et patients.
persévérants et patients. Termes très proches du point de vue du sens et désignant l’attitude du croyant au sein de l’épreuve. La persévérance renvoie plus à la capacité de supporter les circonstances difficiles, tandis que la patience réside dans l’aptitude à supporter les personnes difficiles.
12 ¶ Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière,
vous a rendus capables. Le grec signifie « rendre suffisants pour » ou « permettre de faire ». Cette capacité nous est communiquée grâce à l’œuvre accomplie par le Sauveur. Sans la grâce de Dieu dont nous bénéficions au travers de Christ, nous ne pourrions qu’essuyer la colère divine.
héritage. Littéralement « lot ». Chaque croyant recevra sa propre portion individuelle de l’héritage divin global. Il y a ici une allusion au partage de l’héritage d’Israël en Canaan (cf. #No 26:52-56 ; #No 33:51-54 ; #Jos 14:1-2).
dans la lumière. D’un point de vue intellectuel, les Écritures présentent la « lumière » comme étant la vérité divine (#Ps 119:130), et sur le plan de la morale, comme étant la pureté divine (#Ep 5:8-14 ; #1Jn 1:5). L’héritage des saints se situe dans le monde spirituel de vérité et de pureté où Dieu lui-même habite (#1Ti 6:16). La lumière est donc synonyme de royaume de Dieu. Cf. #Jn 8:12 ; #2Co 4:6 ; #Ap 21: 23 ; #Ap 22: 5.
13 qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour,
délivrés. Mot grec signifiant « attirés à lui » ou « sauvés » et évoquant la libération spirituelle du croyant. Il a été arraché au royaume de Satan, qui, contrairement au royaume de la lumière fait de vérité et de pureté - est un royaume de ténèbres (cf. #Lu 22: 53) dominé par la tromperie et la méchanceté (#1Jn 2:9, #1Jn 2:11).
royaume. Dans son sens de base, désigne un groupe de personnes gouverné par un roi. Il ne s’agit pas uniquement du royaume millénaire à venir sur terre (millénium); ce royaume éternel (#2P 1:11) comprend aussi la sphère du salut dans laquelle tous les croyants vivent actuellement une relation spirituelle éternelle avec Dieu, sous la garde et l’autorité de Christ.
son Fils bien-aimé. Cf. #Mt 3:17 ; #Mt 12:18 ; #Mt 17: 5 ; #Mr 1:11 ; #Mr 9:7 ; #Lu 3:22 ; #Lu 9:35 ; #Ep 1:6 ; #2P 1:17 . Le Père a donné son royaume au Fils qu’il aime, en témoignage de son amour éternel. Cela signifie que toute personne que le Père appelle et justifie est un don d’amour de sa part au Fils.
14 en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés.
rédemption. En grec « libération moyennant paiement d’une rançon ». Utilisé dans le contexte de l’affranchissement d’esclaves, ce terme évoque ici le fait que Christ libère des pécheurs de l’esclavage du péché (cf. #Ep 1:7 ; #1Co 1:30 ).
le pardon. Mot grec désignant « le renvoi » ou « la remise de dettes ». Cf. #Ps 103:12 ; #Mi 7:19 ; #Ep 1:7. Certains manuscrits portent en outre les mots « par son sang ». #Col 1:20. Il ne s’agit pas d’une allusion au liquide comme si le sang avait, de par sa composition chimique, des propriétés salvatrices, mais d’une expression qui couvre la totalité de l’œuvre expiatoire de Christ en tant que sacrifice pour le péché. C’est une métonymie (figure de mots où l’on exprime un concept au moyen d’un autre qui lui est lié, notamment par une relation de partie au tout ou de cause à effet) fréquente dans le N.T. (voir #Ep 1:7 ; #Ep 2:13 ; #Hé 9:14 ; #1Pi 1:19). De même, le mot « croix » (verset #Col 1:20) désigne l’ensemble de l’œuvre expiatoire (voir #1Co 1:18 ; #Ga 6:12, #Ga 6:14 ; #Ep 2:16).
15 Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.
l’image du Dieu invisible. Le mot grec pour « image » est eikôn qui désigne un « portrait » ou une « ressemblance ». Jésus-Christ est à la ressemblance parfaite de Dieu, et il a la forme même de Dieu (#Ph 2:6 ; cf. #Jn 1:14 ; #Jn 14: 9) depuis toute éternité. En décrivant Jésus de cette façon, Paul souligne qu’il constitue à la fois la représentation et la manifestation de Dieu. Il est donc pleinement Dieu à tous égards (cf. #Col 2:9 ; #Jn 8:58 ; #Jn 10:30-33 ; #Hé 1:8).
le premier-né de toute la création. Cf. v. #Col 1:18. En grec, « premier-né » pouvait désigner celui qui était né le premier d’un point de vue chronologique, mais le plus souvent cela évoquait la prééminence en matière de position sociale ou de rang ; cf. #Ro 8:29). Aussi bien dans la culture grecque que juive, le premier-né était celui des fils qu’il soit l’aîné ou pas - qui avait le droit de recevoir l’héritage de son père. Le terme qualifiait Israël, même s’il ne s’agissait pas de la première des nations, car il n’en avait pas moins la prééminence (cf. #Ex 4:22 ; #Jér 31:9). Ici, « premier-né » ne désigne donc pas le premier créé, mais celui qui est placé au rang le plus élevé (cf. #Ps 89:28 ; #Ap 1:5), et cela pour plusieurs raisons:
1° Christ ne peut pas être en même temps le fils unique et celui qui a été engendré le premier (cf. #Jn 1:14, #Jn 1:18 ; #Jn 3:16, #Jn 3:18 ; #1Jn 4:9);
2° quand il est question du premier-né d’un groupe, celui-ci est au pluriel (cf. verset #Col 1:18 ; #Ro 8:29), or la « création » est au singulier;
3° en enseignant que Christ était un être créé, Paul aurait apporté de l’eau au moulin de l’hérésie qu’il voulait justement réfuter;
4° Christ ne peut avoir été créé tout en étant aussi le créateur de toutes choses (verset #Col 1:16).
Par conséquent, Jésus est bien le premier-né, mais au sens où il jouit de la prééminence (verset #Col 1:18) et possède donc, à ce titre, le droit d’héritage (cf. #Hé 1:2 ; #Ap 5:1-7, #Ap 5:13). Il existait avant la création, et il est élevé au-dessus d’elle.
1:15-20 L’un des aspects de l’hérésie qui menaçait l’Église de Colosses était le refus de la divinité de Christ. Paul combattit cette grave erreur en présentant un plaidoyer vigoureux en faveur de la divinité du Sauveur.
16 Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui.
trônes, dignités, dominations, autorités. Cf. #Col 2:15 ; #Ro 8:38 ; #Ep 1:21 ; #Ep 3:10 ; #Ep 6:12 ; #1Pi 3:22 ; #Jude 6. Ce sont des anges de différentes sortes créés par Christ, qui règne sur eux. Il n’est pas précisé s’ils sont saints ou démoniaques, car Christ est de toute façon le Seigneur de tous. Les faux docteurs avaient intégré l’adoration des anges à leur hérésie, et cela débouchait sur un autre mensonge: Jésus aurait été un ange lui aussi, un simple esprit créé par Dieu et inférieur à lui. Paul rejette énergiquement cette thèse en enseignant clairement que les anges, quel que soit leur rang, qu’ils soient saints ou déchus, ne sont que des créatures, et que leur créateur n’est autre que celui qui est placé au-dessus de tout: le Sauveur et Seigneur Jésus-Christ. L’objectif de cette énumération des hiérarchies angéliques est de montrer l’infinie supériorité de Christ sur toute créature.
tout a été créé par lui et pour lui. Cf. #Ro 11:33-36. Jésus est Dieu, et il a créé l’univers matériel et spirituel pour son plaisir et pour sa gloire.
17 Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.
avant toutes choses. Christ existait déjà lorsque l’univers fut créé; il est donc éternel par définition (#Mi 5:1 ; #Jn 1:1-2 ; #Jn 8:58 ; #1Jn 1:1 ; #Ap 22: 13).
subsistent. Littéralement « tiennent ensemble ». Christ soutient l’univers en maintenant la puissance et l’équilibre indispensables à son existence et à sa pérennité (cf. #Hé 1:3).
18 Il est la tête du corps de l’Église ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier.
la tête du corps. Cf. #Col 2:19. Paul utilise le corps humain comme métaphore de l’Église, Christ étant la « tête ». Le corps est dirigé par le cerveau; c’est donc Christ qui contrôle toutes les parties de l’Église et qui lui donne vie et direction. Cf. #Ep 4:15 ; #Ep 5:23. À propos de l’Église en tant que corps.
il est le commencement. Comporte les notions de source et de prééminence: l’Église a son origine en Jésus-Christ (#Ep 1:4), qui a donné sa vie pour elle au travers de sa mort en sacrifice et de sa résurrection, afin de devenir son Seigneur.
le premier-né d’entre les morts. Jésus fut le premier, d’un point de vue chronologique, à ressusciter sans avoir à mourir de nouveau. Parmi tous ceux qui ont été et seront ressuscités des morts ce qui inclut tous les hommes (#Jn 5:28-29) - il garde la suprématie
19 Car Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui ;
toute plénitude. Terme probablement utilisé par les hérétiques de Colosses pour désigner les pouvoirs et les attributs qu’ils prétendaient répartis entre diverses émanations. Paul leur réplique en affirmant que la plénitude de la divinité tous les pouvoirs et attributs divins - n’a pas été distribuée aux êtres créés mais réside en Christ seul (cf. #Col 2:9).
20 il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix.
tout réconcilier avec lui-même. Le verbe grec « réconcilier » est formé à partir de la racine « changer » ou « échanger ». Dans le N.T., il décrit le changement dans la relation du pécheur avec Dieu. L’homme est réconcilié avec Dieu quand Dieu rétablit une relation juste entre lui et l’homme, par le moyen de Jésus-Christ. C’est une forme intensive qui est employée ici pour évoquer la réconciliation totale et complète des croyants, et finalement de « tout » ce qui existe dans l’univers créé (cf. #Ro 8:21 ; #2P 3:10-13 ; #Ap 21: 1). Ce passage n’enseigne pas que tous croiront, mais que tous seront un jour soumis (cf. #Ph 2:9-11).
faisant la paix par lui. Dieu et ceux qu’il a sauvés ne sont plus des ennemis mutuels.
21 Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis par vos pensées et par vos mauvaises œuvres, il vous a maintenant réconciliés
étrangers et ennemis. Le terme grec pour « étranger » signifie « exclu, coupé, séparé ». Avant d’être réconciliés avec Dieu, tous les hommes étaient complètement séparés de lui (cf. #Ep 2:12-13). Le mot grec pour « ennemis » peut aussi se traduire par « qui hait ». Les incroyants haïssent Dieu et détestent les normes saintes qu’il impose parce qu’ils aiment commettre « des œuvres mauvaises » (cf. #Jn 3:19-20 ; #Jn 15: 18, #Jn 15:24-25). Cet éloignement est réciproque, puisque Dieu « hait ceux qui commettent l’iniquité » (#Ps 5:6).
1:21-22
réconciliés par sa mort. La mort substitutive de Christ à la croix a payé le châtiment que méritait le péché de tous ceux qui croient, rendant ainsi la réconciliation possible et effective; cf. #Ro 3:25 ; #Ro 5:9-10 ; #Ro 8:3.
22 (1-21) par sa mort dans le corps de sa chair, (1-22) pour vous faire paraître devant lui saints, irrépréhensibles et sans reproche,
devant lui saints. « Saints » décrit la position des croyants dans leur relation avec Dieu: ils sont séparés du péché et mis à part pour Dieu, parce que la justice de Christ leur a été imputée. C’est la justification. Du fait de l’union des croyants avec Christ dans sa mort et sa résurrection, Dieu considère les croyants comme aussi saints que son Fils (#Ep 1:4 ; #2Co 5:21). Les chrétiens sont aussi « sans défaut » et « sans reproche » (personne ne peut les accuser; #Ro 8:33 ; cf. #Ph 2:15). Nous serons présentés à Christ, lorsque nous le rencontrerons, comme une fiancée vierge de toute souillure (#Ep 5:25-27 ; #2Co 11:2).
23 si du moins vous demeurez fondés et inébranlables dans la foi, sans vous détourner de l’espérance de l’Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi Paul, j’ai été fait ministre.
demeurez fondés et inébranlables dans la foi. Cf. #Ac 11:23 ; #Ac 14: 22. Ceux qui ont été réconciliés persévéreront dans la foi et l’obéissance parce que, outre le fait qu’ils ont été déclarés justes, ils sont effectivement devenus de nouvelles créatures (#2Co 5:17) et ont été dotés de nouvelles dispositions qui les amènent à aimer Dieu, haïr le péché et désirer l’obéissance. Ils reçoivent leur force du Saint-Esprit qui habite en eux (cf. #Jn 8:30-32 ; #1Jn 2:19). Plutôt que de se détourner de l’Évangile qu’ils ont entendu, les vrais croyants demeureront fermement attachés à Christ, le seul fondement (#1Co 3:11), et ils resteront fidèles par la grâce de Dieu qui les en rend capables (#Ph 1:6 ; #Ph 2:11-13).
prêché à toute créature. Cf. #Mr 16: 15. L’Évangile ne connaît pas de frontières raciales. En atteignant Rome, où Paul se trouvait lors de la rédaction de cette lettre, l’Évangile avait atteint le centre du monde connu.
Travaux et combats de Paul dans son ministère parmi les païens
24 Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous ; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Église.
mes souffrances. Paul était alors en prison (#Ac 28:16, #Ac 28:30).
ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève. Il endurait des persécutions qui visaient en fait Christ. Même après l’avoir fait mourir sur la croix, les ennemis de Jésus n’étaient pas rassasiés de lui infliger des souffrances. Ils dirigeaient donc leur haine contre ceux qui prêchaient l’Évangile (cf. #Jn 15:18-24 ; #Jn 16:1-3). C’est en ce sens que Paul pouvait dire qu’il achevait ce qui manquait aux souffrances de Christ
pour son corps. Si Paul acceptait d’endurer ces souffrances, c’était pour le bien et la croissance de l’Église de Christ. Cf. #Ph 1:13, #Ph 1:29-30
25 C’est d’elle que j’ai été fait ministre, selon la charge que Dieu m’a donnée auprès de vous, afin que j’annonçasse pleinement la parole de Dieu,
la charge. Cf. #1Co 4:1-2 ; #1Co 9:17. Le terme grec désignait la fonction remplie par l’esclave qui gérait la maison de son maître, supervisait les autres esclaves, distribuait les ressources et s’occupait des affaires et des finances. Paul considérait son ministère comme une fonction d’intendance reçue du Seigneur. L’Église étant la maison de Dieu (#1Ti 3:16), il avait reçu la tâche de s’occuper des Églises, de les nourrir et de les conduire, et il devait rendre des comptes à Dieu pour cela (cf. #Hé 13: 17). Tout croyant est responsable de la gestion des capacités et des ressources qu’il a reçues de Dieu.
j’annonce pleinement la parole de Dieu. Évoque la consécration totale de Paul à remplir le ministère que Dieu lui avait confié: prêcher toute la sagesse de Dieu à ceux vers qui il l’envoyait (#Ac 20: 27 ; #2Ti 4:7).
26 le mystère caché de tout temps et dans tous les âges, mais révélé maintenant à ses saints,
le mystère. Cf. #Col 2:2 ; #Col 4:3. Le terme renvoyait à des vérités cachées jusque-là mais révélées pour la première fois aux saints du N.T.: le mystère de l’incarnation (#Col 2:2-3, #Col 2:9), l’incrédulité d’Israël (#Ro 11:25), l’iniquité (#2Th 2:7), la réunion des païens et des Juifs dans l’Église (#Ep 3:3-6), l’enlèvement de l’Église (#1Co 15:51). Dans ce passage, le mystère est explicitement identifié au verset 27.
27 à qui Dieu a voulu faire connaître quelle est la glorieuse richesse de ce mystère parmi les païens, savoir : Christ en vous, l’espérance de la gloire.
païens … Christ en vous. L’A.T. prédisait la venue du Messie et annonçait que tous les païens seraient au bénéfice du salut (cf. #Esa 42:6 ; #Esa 45:21-22 ; #Esa 49:6 ; #Esa 52:10 ; #Esa 60:1-3 ; #Ps 22: 28 ; #Ps 65:6 ; #Ps 98:2-3), mais il n’avait encore jamais été révélé que le Messie habiterait effectivement dans chaque membre de son Église, composée en majorité de païens. Les croyants, aussi bien d’origine païenne que juive, possèdent désormais les richesses ineffables provenant de l’habitation de Christ en eux: voilà quel était le contenu du mystère (#Jn 14: 23 ; #Ro 8:9-10 ; #Ga 2:20 ; #Ep 1:7, #Ep 1:17-18 ; #Ep 3:8-10, #Ep 3:16-19).
l’espérance de la gloire. La garantie donnée à chaque croyant qu’il connaîtra la gloire à venir, c’est le fait que l’Esprit de Christ habite en lui (#Ro 8:11 ; #Ep 1:13-14 ; #1Pi 1:3-4).
28 C’est lui que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ.
parfait. Renvoie à un état d’achèvement ou de maturité, de ressemblance à Christ. Cette maturité spirituelle est définie en #Col 2:2.
29 C’est à quoi je travaille, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi.
je travaille, en combattant avec sa force. C’est là tout l’équilibre de la vie chrétienne. Paul faisait tous ses efforts pour servir et honorer Dieu. « Travailler » comporte la notion de s’investir jusqu’à l’épuisement. Le grec « combattre » a donné en français « agoniser » et servait à décrire l’effort demandé aux athlètes participant à un événement sportif. Toutefois, Paul était bien conscient qu’il ne pouvait « travailler » ou « combattre » efficacement, en portant des fruits spirituels éternels, que par l’action de Dieu au travers de lui ; cf. #1Co 15: 10, #1Co 15: 58).
1 ¶ Je veux, en effet, que vous sachiez combien est grand le combat que je soutiens pour vous, et pour ceux qui sont à Laodicée, et pour tous ceux qui n’ont pas vu mon visage en la chair,
grand le combat. Le mot grec est de la même racine que « combattre » en #Col 1:29. Les Colossiens et les Laodicéens faisaient partie de ceux en faveur desquels Paul combattait vaillamment afin de les amener à la maturité spirituelle.
Laodicée. Capitale de la Phrygie, dans la province romaine d’Asie, située juste au sud de Hiérapolis, dans la vallée du fleuve Lycus.
2 afin qu’ils aient le cœur rempli de consolation, qu’ils soient unis dans la charité, et enrichis d’une pleine intelligence pour connaître le mystère de Dieu, savoir Christ,
une pleine intelligence pour connaître. La compréhension de la totalité de l’Évangile, un encouragement ressenti à l’intérieur et un amour partagé, voilà la marque des croyants mûrs qui, par conséquent, jouissent de l’assurance de leur salut.
mystère. Cf. #Col 2:2 ; #Col 4:3. Le terme renvoyait à des vérités cachées jusque-là mais révélées pour la première fois aux saints du N.T.: le mystère de l’incarnation (#Col 2:2-3, #Col 2:9), l’incrédulité d’Israël (#Ro 11:25), l’iniquité (#2Th 2:7), la réunion des païens et des Juifs dans l’Église (#Ep 3:3-6), l’enlèvement de l’Église (#1Co 15: 51). Dans ce passage, le mystère est explicitement identifié au verset 27.
de Dieu, savoir Christ. Cf. #Col 4:3. Certains manuscrits portent « de Dieu le Père et de Christ », adjonction probablement absente du texte original, mais cela ne change pas grand-chose. Ce qu’il importe de comprendre, c’est le mystère auquel Paul renvoie: le Messie, Christ, est Dieu incarné (cf. #1Ti 3:16).
3 mystère dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science.
tous les trésors. Cf. versets #Col 2:9-10 ; #Col 1:19. Les faux docteurs qui menaçaient de faire tomber les Colossiens dans l’hérésie prétendaient posséder une sagesse secrète et une connaissance supérieure, exclusivement réservées à une élite spirituelle. Par contraste, Paul déclarait que toutes les richesses de la vérité nécessaires pour le salut, pour la sanctification et la glorification se trouvaient en Jésus-Christ, qui était lui-même Dieu révélé aux hommes. Cf. #Jn 1:14 ; #Ro 11:33-36 ; #1Co 1:24, #1Co 1:30 ; #1Co 2:6-8 ; #Ep 1:8-9 ; #Ep 3:8-9.
Avertissements contre les fausses doctrines
4 ¶ Je dis cela afin que personne ne vous trompe par des discours séduisants.
afin que personne ne vous trompe. Paul ne voulait pas que les Colossiens se laissent séduire par la rhétorique que déployaient les faux docteurs pour dénigrer la personne de Christ. C’est pourquoi, au cours des ch. #Col 1:1-2:2, il souligna la divinité de Christ et insista sur le fait que lui seul était capable de sauver les croyants et de les amener à la maturité spirituelle.
5 Car, si je suis absent de corps, je suis avec vous en esprit, voyant avec joie le bon ordre qui règne parmi vous, et la fermeté de votre foi en Christ.
absent de corps … avec vous en esprit. Pendant sa détention, Paul ne pouvait vivre avec les Colossiens. Il ne fallait pas qu’ils interprètent son absence comme un refroidissement de son amour ou de son intérêt à leur égard (cf. #1Co 5:3-4 ; #1Th 2:17). Leur « bon ordre » et la « fermeté de leur foi » (deux termes militaires évoquant les rangs compacts de soldats prêts à se battre) réjouissaient le cœur de l’apôtre.
6 Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui,
marchez en lui. « Marcher » est un verbe récurrent dans le N.T. pour désigner la conduite quotidienne du croyant (#Col 1:10 ; #Col 4:5 ; #Ro 6:4 ; #Ro 8:1, #Ro 8:4 ; #Ro 13: 13 ; #1Co 7:17 ; #2Co 5:7 ; #2Co 10:3 ; #2Co 12:18 ; #Ga 5:16, #Ga 5:25 ; #Ga 6:16 ; #Ep 2:10 ; #Ep 4:1, #Ep 4:17 ; #Ep 5:2, #Ep 5:8, #Ep 5:15 ; #Ph 3:16-18 ; #1Th 2:12 ; #1Th 4:1, #1Th 4:12 ; #2Th 3:11 ; #1Jn 1:6-7 ; #1Jn 2:6 ; #2Jn 6 ; #3Jn 3-4). Marcher en Christ, c’est vivre à sa ressemblance.
7 étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces.
par la foi. Il convient ici de prendre ce mot dans un sens objectif, car il renvoie à la vérité de la doctrine chrétienne. La maturité spirituelle se construit sur les fondements de la vérité biblique enseignés et consignés dans les écrits des apôtres. Cf. #Col 3:16. Cet enracinement, ainsi que la construction et les définitions fondées sur lui, représentent la saine doctrine (cf. #1Ti 4:6 ; #2Ti 3:16-17 ; #Tit 2:1).
8 Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ.
ne fasse de vous sa proie. Verbe signifiant « voler ». Quand les faux docteurs réussissent à faire croire leurs mensonges, ils volent la vérité, le salut et les bénédictions à leurs victimes.
par la philosophie et par une vaine tromperie. Le terme « philosophie » (littéralement « amour de la sagesse ») n’apparaît qu’ici dans le N.T. Il désignait plus qu’une simple discipline universitaire et renvoyait à toute théorie au sujet de Dieu, du monde ou du sens de la vie. Ceux qui étaient tombés dans l’hérésie colossienne nommaient ainsi la prétendue connaissance supérieure qu’ils se targuaient de détenir. Paul, quant à lui, appelait la philosophie des faux docteurs « une vaine tromperie ». Cf. #1Ti 6:20 ;
les principes élémentaires du monde. Loin de constituer des connaissances profondes, en avance sur leur temps, les croyances des faux docteurs s’avéraient simplistes et immatures, comme tout le reste des spéculations, idéologies, philosophies et autres techniques psychologiques inventées par le système du monde déchu, satanique et purement humain.
9 Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité.
corporellement. La pensée philosophique grecque tenait la matière pour mauvaise; seul l’esprit était bon. Par conséquent, il était inconcevable que Dieu puisse s’incarner et devenir un homme. Paul réfute cet enseignement en soulignant la réalité de l’incarnation de Christ. Jésus n’était pas seulement pleinement divin, mais aussi pleinement humain.
toute la plénitude de la divinité. Christ possède pleinement toute la nature divine et ses attributs.
10 Vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité.
tout pleinement en lui. cf. #Jn 1:16 ; #Ep 1:3. En Christ, les croyants sont complets, par leur position puisque la parfaite justice de Christ leur a été imputée - et parce qu’ils ont accès aux ressources célestes nécessaires à la maturité spirituelle.
le chef de toute domination et de toute autorité. Jésus-Christ est le créateur, le roi de l’univers et de tout être spirituel, et non un être inférieur, une émanation de Dieu, comme le soutenaient les Colossiens hérétiques.
11 Et c’est en lui que vous avez été circoncis d’une circoncision que la main n’a pas faite, mais de la circoncision de Christ, qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair:
2:11-12
d’une circoncision que la main n’a pas faite. La circoncision symbolisait le besoin qu’a l’homme d’une purification du cœur (cf. #De 10:16 ; #De 30:6 ; #Jér 4:4 ; #Jér 9:26 ; #Ac 7:51 ; #Ro 2:29); elle était le signe extérieur de la purification du péché obtenue par la foi en Dieu (#Ro 4:11 ; #Ph 3:3). Le jour où ils sont sauvés, les croyants font l’expérience d’une circoncision spirituelle, « qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair » (cf. #Ro 6:6 ; #2Co 5:17 ; #Ph 3:3 ; #Tit 3:5). Elle correspond à la nouvelle naissance, la nouvelle création qui se produit à la conversion. C’est maintenant le baptême d’eau qui constitue la déclaration publique et extérieure de la transformation intérieure déjà accomplie dans le croyant (#Ac 2:38).
12 ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts.
13 ¶ Vous qui étiez morts par vos offenses et par l’incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses ;
morts par vos offenses. « Morts », c’est-à-dire tellement liés à la sphère du péché, au monde (#Ep 2:12), à la chair (#Ro 8:8) et au diable (#1Jn 5:19) qu’ils sont incapables de répondre à toute stimulation spirituelle; ils sont totalement privés de vie spirituelle. Paul donne une définition supplémentaire de l’état des inconvertis en #1Co 2:14 ; #Ep 4:17-19 ; #Tit 3:3.
il vous a rendus à la vie avec lui. Ce n’est qu’à travers leur union avec Christ que ceux qui sont désespérément morts dans leur péché peuvent recevoir la vie éternelle (cf. #Ep 2:5). On remarquera que c’est Dieu qui prend l’initiative et exerce la puissance de vie capable de réveiller les pécheurs et de les unir à son Fils; ceux qui sont morts spirituellement n’ont aucune capacité à se rendre eux-mêmes vivants (cf. #Ro 4:17 ; #2Co 1:9).
en nous faisant grâce pour toutes nos offenses. Cf. #Col 1:14. Le pardon gratuit (#Ro 3:24) et complet (#Ro 5:20 ; #Ep 1:7) accordé par Dieu aux pécheurs qui mettent leur foi en Christ constitue la vérité essentielle des Écritures (cf. #Ps 32:1 ; #Ps 130:3-4 ; #Esa 1:18 ; #Esa 55:7 ; #Mi 7:18 ; #Mt 26:28 ; #Ac 10:43 ; #Ac 13:38-39 ; #Tit 3:4-7 ; #Hé 8:12).
14 il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a détruit en le clouant à la croix ;
il a effacé l’acte. En grec, le mot traduit par « acte » désigne la reconnaissance de dette rédigée de sa main par le débiteur. Tout le monde est débiteur devant Dieu, d’une dette impossible à honorer: la violation de la loi (#Ga 3:10 ; #Ja 2:10 ; cf. #Mt 18:23-27), et nous tombons tous sous le coup d’une condamnation à mort (#Ro 6:23). Paul utilise une métaphore saisissante en comparant le pardon de Dieu à l’acte d’effacer l’encre d’un parchemin. Par la mort sacrificielle de Christ à la croix, Dieu a totalement effacé notre reconnaissance de dette, et notre pardon est par conséquent total.
en le clouant à la croix. Autre métaphore du pardon. La liste des crimes commis par un crucifié était clouée sur la croix, au-dessus du condamné, pour indiquer les infractions pour lesquelles il était ainsi mis à mort (ce fut le cas pour Jésus, comme le relève #Mt 27:37). Les péchés des croyants ont tous été imputés à Christ et cloués sur sa croix. Ainsi, il a reçu à leur place le châtiment qu’ils méritaient et a donc satisfait la juste colère de Dieu envers des crimes dignes de la peine capitale.
15 il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix.
il a dépouillé. Précisant un autre élément de l’œuvre de la croix, Paul indique qu’elle a signé la perte finale de Satan et de sa troupe d’anges démoniaques (cf. #Ge 3:15 ; #Jn 12:31 ; #Jn 16: 11 ; #Hé 2:14).
les dominations et les autorités. Pendant le temps où son corps était mort, son esprit est descendu jusque dans l’antre des démons, où il leur a annoncé son triomphe sur le péché, sur Satan et sur l’enfer.
les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. Évoque l’image d’un général romain victorieux défilant triomphalement dans les rues de Rome en exposant aux foules ses ennemis vaincus. Christ a remporté à la croix la victoire sur les forces démoniaques, car leurs efforts pour contrecarrer le plan rédempteur de Dieu y ont été définitivement anéantis.
À propos de cette imagerie du triomphe, Paul s’inspire de l’imagerie d’une cérémonie officielle romaine appelée « le triomphe », durant laquelle on honorait un général victorieux par une parade festive dans les rues de Rome. Il se montre reconnaissant d’avoir été conduit par un Dieu souverain en tout temps (cf. #1Ti 1:17), mais aussi de pouvoir bénéficier de la victoire promise en Jésus-Christ (cf. #Mt 16: 18 ; #Ro 8:37 ; #Ap 6:2).
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