NOUVEAU TESTAMENT
HÉBREUX 1 À 3 partiel + intro
LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES
L’épître aux Hébreux
Titre
Lorsque les livres du N.T. ont été rassemblés pour former un seul corpus, peu après le Ier siècle de notre ère, des titres ont été ajoutés pour des raisons de commodité. Le titre de cette épître vient de l’intitulé grec traditionnel (« aux Hébreux ») attesté au moins au IIe siècle apr. J.-C. Toutefois, l’épître elle-même ne précise pas quels sont ses destinataires, s’ils sont hébreux (juifs) ou païens. Si son titre traditionnel a pu être maintenu, c’est en raison de ses nombreuses allusions à l’histoire et à la religion hébraïques, mais aussi de son absence totale d’intérêt pour les pratiques et conceptions païennes.
Auteur et date
L’auteur de l’épître aux Hébreux est inconnu. Différents spécialistes ont proposé Paul, Barnabas, Silas, Apollos, Luc, Philippe, Priscille, Aquilas ou encore Clément de Rome. Mais le style, le vocabulaire et les diverses caractéristiques littéraires de l’épître ne permettent pas de trancher. Il est significatif que l’auteur se range lui-même parmi ceux qui ont reçu une confirmation du message de Christ par le biais de tiers (#Hé 2:3). Cela semble exclure un homme comme Paul, qui affirmait avoir reçu une telle confirmation directement de Dieu et non des hommes (#Ga 1:12). En outre, l’auteur préfère citer l’A.T. à partir de la version grecque (LXX), plutôt qu’à partir du texte hébreu. Même l’Église ancienne ne se montrait pas unanime sur son identité, et les commentateurs modernes admettent que l’énigme n’a toujours pas de solution. Il paraît préférable d’accepter l’anonymat de cette épître. En dernier ressort, bien entendu, c’est au Saint-Esprit que nous devons le contenu de ce livre (#2P 1:21).
L’utilisation du présent en #Hé 5:1-4 ; #Hé 7:21, #Hé 7:23, #Hé 7:27-28 ; #Hé 8:3-5, #Hé 8:13 ; #Hé 9:6-9, #Hé 9:13, #Hé 9:25 ; #Hé 10:1, #Hé 10:3-4, #Hé 10:8, #Hé 10:11 et #Hé 13:10-11 suggère que le sacerdoce lévitique et les sacrifices étaient toujours en fonction lorsque l’épître a été rédigée. Puisque le temple a été détruit par le général (et futur empereur) romain Titus en l’an 70, elle a dû être écrite avant cette date. Il faut aussi noter que Timothée venait d’être relâché de prison (#Hé 13:23) et que la persécution s’était renforcée (#Hé 10:32-39 ; #Hé 12:4 ; #Hé 13:3). Ces détails permettent de supposer que l’épître date de 67 à 69 apr. J.-C.
Contexte et arrière-plan
L’accent évident mis sur le sacerdoce lévitique et sur les sacrifices ainsi que l’absence totale d’allusion au milieu païen fournissent un solide appui à la thèse qui veut que cette épître s’adressait à une communauté juive. Beaucoup de ses destinataires s’étaient convertis à Christ, mais plusieurs autres n’avaient pas encore fait ce pas, attirés par le message du salut mais pas encore pleinement engagés dans la foi en Christ (voir les questions d’interprétation). Une chose est claire: la communauté hébraïque était confrontée à la menace grandissante de la persécution (#Hé 10:32-39 ; #Hé 12:4). Face à un tel danger, certains étaient tentés de cacher leur appartenance à Christ. Ils réfléchissaient peut-être à rétrograder Christ du rang de Fils de Dieu à celui d’un ange. La communauté de Qumrân, près de la mer Morte, était déjà allée dans une direction similaire: ces Juifs qui vivaient dans l’attente messianique s’étaient retirés de la société et avaient établi une communauté religieuse qui intégrait l’adoration des anges à un judaïsme non orthodoxe. Ils affirmaient même que l’archange Michel avait un statut supérieur à celui du Messie à venir. L’existence de telles aberrations doctrinales pourrait expliquer l’insistance du chapitre 1 sur la supériorité de Christ par rapport aux anges.
Les destinataires de cette épître peuvent s’être trouvés dans la région d’Israël, en Égypte, en Italie, en Asie Mineure ou en Grèce. La communauté à laquelle s’adressait premièrement cette lettre a pu ensuite la faire circuler auprès des croyants d’origine juive des Églises et des régions voisines. Ces chrétiens n’avaient probablement pas vu Christ personnellement. Apparemment ils avaient été évangélisés par ceux qui l’avaient « entendu » et dont le ministère avait été authentifié « par des signes, des prodiges, et divers miracles » (#Hé 2:3-4). C’est ainsi que les destinataires de l’épître pouvaient être membres d’une Église située à l’extérieur de la Judée et de la Galilée aussi bien que dans ces régions; toutefois, ils faisaient partie de la génération postérieure à celle des témoins oculaires de Christ. Cette assemblée n’était ni nouvelle ni dépourvue d’enseignement (« vous … qui depuis longtemps devriez être des maîtres »), pourtant certains avaient toujours besoin « de lait et non d’une nourriture solide » (#Hé 5:12).
La mention de « ceux d’Italie » (#Hé 13:24) est ambiguë, puisqu’elle peut désigner tout autant les natifs d’Italie vivant dans leur région que ceux qui s’étaient expatriés dans d’autres territoires. La Grèce et l’Asie Mineure sont aussi des lieux potentiels d’établissement de cette communauté, car elles accueillirent très tôt des Églises, et les Juifs de ces contrées employaient volontiers la LXX.
La génération d’Hébreux au bénéfice de cette lettre avait pratiqué les sacrifices lévitiques au temple de Jérusalem. Les Juifs exilés disposaient de synagogues, mais tous étaient fortement attachés au culte du temple. Certains se rendaient régulièrement en pèlerinage à Jérusalem. L’auteur de cette épître souligne la supériorité du christianisme sur le judaïsme, et la supériorité du sacrifice accompli par Christ une fois pour toutes sur les sacrifices répétés et imparfaits du système lévitique pratiqués dans le temple.
Thèmes historiques et théologiques
Puisque l’épître aux Hébreux se fonde sur le ministère des sacrificateurs lévitiques, une compréhension du livre du Lévitique est essentielle pour son interprétation. Le péché rompait constamment la communion entre Dieu et le peuple qu’il avait choisi, le peuple de l’alliance, Israël. Dans sa souveraineté et sa grâce, il avait donc établi un système sacrificiel qui représentait symboliquement la repentance intérieure des pécheurs et le pardon divin. Cependant, le besoin de sacrifices ne cessait jamais, parce que le peuple et les sacrificateurs ne cessaient pas de pécher. Le monde entier avait besoin d’un sacrificateur et d’un sacrifice parfaits qui ôteraient le péché une fois pour toutes. Dieu a pourvu à ce besoin en envoyant le Christ, à la fois sacrificateur et sacrifice. C’est le message central de cette lettre.
L’épître aux Hébreux met les stipulations imparfaites et incomplètes de l’ancienne alliance, données sous Moïse, en contraste avec celles infiniment supérieures de la nouvelle alliance, offertes par un souverain sacrificateur parfait, le Fils unique de Dieu, le Messie, Jésus-Christ. La supériorité de la nouvelle alliance tient notamment à ce qu’elle offre un meilleur sacrifice, une meilleure espérance, une meilleure alliance, une meilleure promesse, une meilleure substance, une meilleure destination et une meilleure résurrection. Ses bénéficiaires habitent de façon permanente dans une atmosphère entièrement nouvelle et céleste, adorent un Sauveur céleste, possèdent une vocation céleste, reçoivent un don céleste, sont citoyens du ciel, attendent une Jérusalem céleste et ont leur nom inscrit dans le ciel.
L’un des thèmes théologiques clés réside dans le fait que, sous la nouvelle alliance, tous les croyants ont un accès direct à Dieu et peuvent ainsi s’approcher de son trône avec assurance (#Hé 4:16 ; #Hé 10:22). L’espérance de l’individu est dans la présence même de Dieu, à laquelle il accède à la suite du Sauveur (#Hé 6:19-20 ; #Hé 10:19-20). Le message essentiel que véhiculait le culte du tabernacle, c’était l’impossibilité, pour les croyants placés sous l’alliance de la loi, d’avoir un accès direct à la présence de Dieu (#Hé 9:8) et d’entrer dans le lieu très saint. Le message de l’épître aux Hébreux peut être résumé ainsi: ceux qui croient en Jésus-Christ, sacrifice parfait de Dieu pour le péché, ont le souverain sacrificateur parfait, dont le ministère ouvre une ère où tout est nouveau et meilleur que sous l’alliance de la loi.
Cette épître est cependant plus qu’un simple traité doctrinal. Elle est extrêmement pratique dans les applications à la vie quotidienne qu’elle contient (voir le chapitre 13). L’auteur lui-même décrit son courrier comme des « paroles d’exhortation » (#Hé 13:22 ; cf. #Ac 13:15) destinées à mettre les lecteurs en action. Ces exhortations sont données sous la forme de 6 mises en garde:
Ne pas nous éloigner des « choses que nous avons entendues » (#Hé 2:1-4)
Ne pas refuser d’écouter la « voix » de Dieu (#Hé 3:7-14)
Ne pas déchoir des « éléments de la parole de Christ » (#Hé 5:11-6:20)
Ne pas mépriser « la connaissance de la vérité » (#Hé 10:26-39)
Ne pas dévaluer « la grâce de Dieu » (#Hé 12:15-17)
Ne pas nous éloigner de Celui « qui parle » (#Hé 12:25-29)
Un autre aspect significatif de cette épître est l’exposition claire de certains passages de l’A.T. L’auteur était manifestement un enseignant compétent de la Parole de Dieu. Son exemple est instructif pour tout prédicateur et enseignant:
1:1-2:4 enseignements sur des versets des Psaumes; #2S 7 ; #De 32
2:5-18 enseignement sur #Ps 8:5-7
3:1-4:13 enseignement sur #Ps 95:7-11
4:14-7:28 enseignement sur #Ps 110:4
8:1-10:18 enseignement sur #Jér 31:31-34
10:32-12:3 enseignement sur #Ha 2:3-4
12:4-13 enseignement sur #Pr 3:11-12
12:18-29 enseignement sur #Ex 19:1-20:2
Questions d’interprétation
Une interprétation correcte de cette épître exige que l’on discerne trois catégories parmi ses destinataires juifs:
1° les croyants,
2° les non-croyants qui étaient intellectuellement convaincus de la valeur de l’Évangile,
3° les non-croyants qui étaient attirés par l’Évangile et par la personne de Christ, mais qui n’avaient pas de conviction définitive à son sujet. Ne pas distinguer ces groupes conduirait à des interprétations contraires au reste de l’Écriture.
Le groupe principal visé par cette épître était celui des chrétiens d’origine juive qui subissaient le rejet et la persécution de la part de leurs contemporains (#Hé 10:32-34), bien qu’il n’y ait pas encore eu de martyr parmi eux (#Hé 12:4). La lettre a été écrite pour les encourager à se confier en Christ, leur Messie et leur souverain sacrificateur. Ils étaient immatures et tentés de maintenir les rituels et traditions symboliques, sans force d’un point de vue spirituel, du judaïsme.
Le groupe principal visé par cette épître était celui des chrétiens d’origine juive qui subissaient le rejet et la persécution de la part de leurs contemporains (#Hé 10:32-34), bien qu’il n’y ait pas encore eu de martyr parmi eux (#Hé 12:4). La lettre a été écrite pour les encourager à se confier en Christ, leur Messie et leur souverain sacrificateur. Ils étaient immatures et tentés de maintenir les rituels et traditions symboliques, sans force d’un point de vue spirituel, du judaïsme.
Le second groupe était constitué de Juifs non croyants qui étaient convaincus des vérités fondamentales de l’Évangile mais n’avaient pas placé leur confiance en Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur. Ils étaient persuadés d’un point de vue intellectuel, mais non engagés spirituellement. Les passages suivants s’adressent à eux: 2:1-3; 6:4-6; 10:26-29; 12:15-17.
Le troisième groupe était celui des Juifs non croyants qui n’étaient pas convaincus de la vérité de l’Évangile mais en avaient entendu parler. Le chapitre 9 leur est très largement consacré (voir particulièrement les versets 11, 14-15, 27-28).
La question d’interprétation la plus épineuse est posée par 6:4-6. L’expression « une fois éclairés » est souvent comprise comme désignant des chrétiens. Il y aurait alors là un avertissement contre le risque de perdre le salut. Mais l’auteur ne dit pas que ces hommes sont sauvés, et ils ne sont pas décrits en des termes habituels pour les croyants (comme saints, nés de nouveau, justes). Le problème provient d’une identification erronée de la condition spirituelle des personnes visées par ces propos. Il s’agit en fait de non-croyants qui avaient été exposés à la vérité rédemptrice de Dieu et avaient peut-être fait profession de foi, mais qui n’avaient pas fait preuve de la foi authentique qui sauve. En #Hé 10:26 aussi, allusion est faite à des apostats, et non à des croyants authentiques qui perdraient leur salut à cause de leurs péchés.
1 ¶ Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, (1-2) Dieu,
à plusieurs reprises. Littéralement « en de nombreuses parties » (comme on le dit d’un livre). Durant environ 1800 ans (depuis Job, 2200 av. J.-C. environ [?] jusqu’à Néhémie, 400 av. J.-C. environ), l’A.T. a été rédigé en 39 livres différents, qui reflétaient, chacun pour leur part, une époque, un lieu, une culture et un contexte historique particuliers.
de plusieurs manières. Notamment par des visions, des symboles et des paraboles, sous forme de poèmes ou en prose. À travers cette variété de formes et de styles, la révélation de ce que Dieu tenait à faire savoir à son peuple a toujours été parfaitement servie. La révélation progressive de l’A.T. décrit le plan de Dieu pour notre rédemption (#1Pi 1:10-12) et sa volonté à l’égard de son peuple (#Ro 15: 4 ; #2Ti 3:16-17).
2 dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde,
3 et qui, étant le reflet de sa gloire et l’empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts,
reflet. Terme utilisé seulement ici dans le N.T., qui désigne le fait d’envoyer de la lumière ou de briller (cf. #Jn 8:12 ; #2Co 4:4, #2Co 4:6). C’est pourquoi la traduction par « éclat » serait plus appropriée: le Fils ne se contente pas de refléter la gloire de son Père, puisqu’il est lui-même Dieu et rayonne de sa propre gloire.
l’empreinte de sa personne. Le terme traduit « empreinte » n’apparaît qu’ici dans le N.T. Dans la littérature profane, il désignait la gravure sur bois, la gravure à l’eau-forte sur métal, le marquage d’un animal, l’empreinte faite dans l’argile ou l’image frappée sur une pièce de monnaie. « Personne » évoque la nature, l’être, l’essence. Christ est l’empreinte parfaite, la représentation exacte de la nature et de l’essence de Dieu dans l’espace-temps (cf. #Jn 14: 9 ; #Col 1:15 ; #Col 2:9).
soutient. L’univers, avec tout ce qu’il contient, est en permanence soutenu par la parole puissamment efficace du Fils (#Col 1:17). Ce verbe contient aussi la notion de mouvement ou de progrès: le Fils de Dieu dirige tout vers la consommation de toutes choses, conformément à l’intention souveraine de Dieu. Celui qui a tout créé par sa parole soutient aussi sa création et accomplit son plan par sa parole.
purification des péchés. Par le sacrifice substitutif qu’il a offert volontairement de lui-même sur la croix (cf. #Tit 2:14 ; #Ap 1:5).
assis à la droite. La droite est la place du pouvoir, de l’autorité et de l’honneur (cf. v. #Hé 1:13 ; #Ro 8:34 ; #1Pi 3:22). C’est aussi une position de subordination, qui implique que le Fils est sous l’autorité du Père (cf. #1Co 15:27-28). La place que Christ a prise, c’est le trône de Dieu (#Hé 8:1 ; #Hé 10:12 ; #Hé 12:2) où il règne en qualité de Seigneur souverain. Cette image dépeint un Sauveur victorieux, non un martyr défait. Si l’idée principale est ici l’intronisation de Christ, le fait qu’il est assis peut aussi signifier que son œuvre expiatoire est achevée.
4 ¶ devenu d’autant supérieur aux anges qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur.
Il est devenu. Le verbe grec utilisé ici renvoie à un changement du point de vue de la condition, non de l’existence. Le Fils, dans son essence divine, existe de toute éternité, mais il a été rendu pour un temps inférieur aux anges (#Hé 2:9) avant d’être élevé à une position infiniment supérieure en vertu de ce qu’il a accompli par son œuvre de rédemption.
anges. Êtres spirituels créés par Dieu pour le servir et faire sa volonté. Les Juifs tenaient les anges en très haute estime, car ce sont les êtres les plus élevés après Dieu. La secte juive qui avait fondé une communauté à Qumrân enseignait que l’archange Michel jouissait d’une autorité qui rivalisait avec celle du Messie, voire la dépassait. Le rédacteur de l’épître aux Hébreux s’inscrit clairement en faux contre une telle thèse; le Fils de Dieu est évidemment supérieur aux anges.
nom plus excellent. Ce nom est celui du Seigneur. Aucun ange ne saurait être le Seigneur souverain (versets #Hé 1:6, #Hé 1:13-14).
5 Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, Je t’ai engendré aujourd’hui ? Et encore : Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ?
Citation de #Ps 2:7 et #2S 7:14 pour présenter la relation unique que le Fils entretient avec le Père. Aucun ange n’a jamais connu une telle relation.
Fils. Titre de Christ exprimant la soumission volontaire de la deuxième personne de la Trinité à la première en vue d’accomplir le plan de rédemption établi de toute éternité. Cf. verset #Hé 1:2, #Hé 1:8 ; #Hé 3:6 ; #Hé 4:14 ; #Hé 5:5, #Hé 5:8 ; #Hé 6:6 ; #Hé 7:3, #Hé 7:28 ; #Hé 10:29 ; #Hé 11:17 et bien d’autres mentions dans le N.T. Cette filiation était aussi exprimée dans l’A.T. (cf. #Ps 2:12 ; #Pr 30:4). L’adverbe « aujourd’hui » indique que le Fils de Dieu est né à un moment précis de l’histoire. Il est Dieu depuis toujours, mais il a fait la démonstration de son rôle de Fils dans l’espace-temps à l’époque de son incarnation et a été confirmé comme tel par sa résurrection (#Ro 1:4).
6 Et lorsqu’il introduit de nouveau dans le monde le premier-né, il dit : Que tous les anges de Dieu l’adorent !
de nouveau. Peut être rattaché à « introduit », en lien avec la seconde venue de Christ, ou à « dit » pour signaler une autre citation de l’A.T. (cf. verset #Hé 1:5 ; #Hé 2:13).
premier-né. L’expression correspond à une prééminence de position ou à un titre, non à un ordre chronologique. Christ n’a pas été le premier à naître sur terre, mais il détient la plus haute position de souveraineté. En tant que premier-né, il a aussi été mis à part pour le service de Dieu et, du fait de sa prééminence, il a légitimement droit à l’héritage (cf. verset #Hé 1:2 ; #Ge 43:33 ; #Ex 13: 2 ; #Ex 22: 29 ; #De 21: 17 ; #Ps 89:28).
Que tous les anges. Cité à partir de la traduction de #De 32:43 dans la LXX (cf. #Ps 97:7). Puisque les anges ont reçu l’ordre d’adorer le Messie, celui-ci doit leur être supérieur. Cinq des sept passages de l’A.T. cités dans ce premier chapitre se trouvent dans des contextes en rapport avec l’alliance davidique, qui soulignent les concepts de filiation, de royauté et de royaume. Bien que #De 32:43 ne figure pas dans le même contexte, il présente certaines affinités avec l’enseignement du #Ps 89:7 (un psaume d’alliance davidique), qui déclare que les êtres spirituels eux-mêmes sont tenus de reconnaître la seigneurie de Dieu. Il est fait allusion au « premier-né » dans l’introduction de la citation du Deutéronome. De plus, le terme « premier-né » apparaît au #Ps 89:28.
7 De plus, il dit des anges : Celui qui fait de ses anges des vents, Et de ses serviteurs une flamme de feu.
des anges. L’auteur ajoute une nouvelle preuve biblique que les anges sont soumis au Fils de Dieu en citant #Ps 104:4. C’est la seule des sept citations du ch. #Hé 1 qui n’a aucun rapport avec l’alliance davidique. Elle a pour seul objectif de définir la nature et la fonction des anges.
8 Mais il a dit au Fils : Ton trône, ô Dieu, est éternel ; Le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité ;
1:8-9
il a dit. En citant le #Ps 45:7-8, l’auteur soutient que le Fils est Dieu et qu’il est souverain sur la création (cf. verset #Hé 1:3). Ce texte est d’autant plus significatif que l’affirmation de la divinité du Fils est présentée comme sortie de la bouche du Père lui-même (cf. #Esa 9:5 ; #Jér 23:5-6 ; #Jn 5:18 ; #Tit 2:13 ; #1Jn 5:20). Il est clair que le rédacteur de l’épître avait les trois offices messianiques à l’esprit: prophète (verset #Hé 1:3), sacrificateur (verset #Hé 1:3) et roi (versets #Hé 1:3, #Hé 1:8). Pour pouvoir exercer chacune de ces trois fonctions, il fallait avoir été oint (verset #Hé 1:9). Le titre de Messie (Christ) signifie « oint » (cf. #Esa 61:1-3 ; #Lu 4:16-21).
9 Tu as aimé la justice, et tu as haï l’iniquité ; C’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint D’une huile de joie au-dessus de tes égaux.
collègues. Terme utilisé uniquement en #Hé 3:1, #Hé 3:14 ; #Hé 6:4 ; #Hé 12:8 et en #Lu 5:7. Ici, il est possible qu’il fasse allusion aux anges ou à d’autres hommes oints pour exercer leur fonction: les prophètes, les sacrificateurs et les rois de l’époque de l’A.T. Si l’« huile de joie » est la même que celle d’#Esa 61:3, il y a un renvoi clair à ceux qui portaient le deuil dans Sion mais qui seraient bientôt couverts de louanges et appelés « térébinthes de la justice », et donc une allusion à des hommes, non à des anges. Quelle que soit la noblesse de tels hommes, Christ leur reste supérieur.
10 Et encore : Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, Et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ;
1:10-12 Citation de #Ps 102:26-28. Le Fils qui a créé l’univers (#Jn 1:1-3) détruira un jour les cieux et la terre qu’il a créés, mais lui restera éternellement le même. L’immuabilité fait partie des caractéristiques de l’essence divine. Une fois de plus, l’A.T. atteste la divinité du Fils.
11 Ils périront, mais tu subsistes ; Ils vieilliront tous comme un vêtement,
12 Tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés ; Mais toi, tu restes le même, Et tes années ne finiront point.
13 Et auquel des anges a-t-il jamais dit : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied ?
tes ennemis ton marchepied. Tirée de #Ps 110:1, cette citation est reprise dans le N.T. en #Hé 10:13 ; #Mt 22: 44 ; #Mr 12:36 ; #Lu 20: 43 ; #Ac 2:35. Elle atteste de la souveraineté absolue de Christ (cf. #Ph 2:10).
1:13-14 Le rédacteur souligne de nouveau la seigneurie du Fils en citant le #Ps 110:1. Alors que la destinée de Christ est de régner (cf. verset #Hé 1:3 ; #Mt 22: 44 ; #Ac 2:35), celle des anges est de servir les bénéficiaires du salut. C’est la septième et dernière citation de l’A.T. destinée à affirmer que, en tant que Fils et Seigneur, le Messie est supérieur aux anges.
14 Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut ?
1 ¶ C’est pourquoi nous devons d’autant plus nous attacher aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d’elles.
nous attacher … nous ne soyons emportés. Il s’agit de deux expressions liées au domaine maritime. La première désigne l’amarrage d’un navire à quai, la seconde un navire qui, par manque de surveillance, se retrouve au-delà du port. C’est un avertissement: nous devons nous accrocher aux vérités de l’Évangile et veiller à ne pas ignorer ce havre de salut, car c’est le seul disponible. La foi chrétienne doit être examinée avec le plus grand sérieux, car on touche là au domaine le plus important qui soit pour nous. Par leur tendance à l’apathie, les lecteurs oublieux mettent leur vie en danger de naufrage (cf. #Hé 6:19 ).
2:1-4 Pour bien faire admettre l’importance de la souveraineté du Fils de Dieu sur les anges, le rédacteur exhorte ses lecteurs à réagir. Le « nous » comprend tous les Hébreux. Certains n’avaient accordé qu’un assentiment intellectuel à la doctrine de la supériorité du Messie sur les anges, ils ne s’étaient jamais engagés envers lui en sa qualité de Dieu et de Seigneur. Il mérite leur adoration autant qu’il mérite celle des anges.
2 Car, si la parole annoncée par des anges a eu son effet, et si toute transgression et toute désobéissance a reçu une juste rétribution,
si. Le grec présume que la condition a déjà été remplie et peut donc être traduit « étant donné que ».
anges. Au mont Sinaï, Dieu a utilisé ses anges pour transmettre sa loi aux hommes (cf. #De 33:1-2 ; #Ps 68:18 ; #Ac 7:38, #Ac 7:53 ; #Ga 3:19).
transgression … désobéissance. Transgresser, c’est franchir volontairement la ligne par un péché évident de commission. Désobéir, c’est ne pas écouter les commandements de Dieu et pécher ainsi par omission. Ces deux péchés sont volontaires et graves, et ils méritent donc « une juste rétribution ».
3 comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut, qui, annoncé d’abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu,
comment échapperons-nous. Puisque toute désobéissance à l’ancienne alliance, l’alliance de la loi, entraînait immédiatement un châtiment, une désobéissance à la nouvelle alliance, celle de l’Évangile du salut, dont le médiateur est le Fils, qui est supérieur aux anges (cf. #Mt 10:14-15 ; #Mt 11:20-24), mérite un jugement d’autant plus sévère. Le messager de la nouvelle alliance et son message sont plus grands que les messagers et le message de l’ancienne alliance. Plus grand est le privilège, plus sévère est le châtiment de la négligence ou de la désobéissance (cf. #Hé 10:29 ; #Lu 12:47).
par ceux qui l’ont entendu. Cette expression atteste du caractère successif de l’évangélisation. La génération des Hébreux d’alors n’aurait pas pu entendre l’Évangile si la génération précédente n’avait pas fait passer le message (cf. #1Ti 2:5-7).
4 Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté.
des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons. Les pouvoirs surnaturels démontrés par Jésus et les apôtres correspondaient à une confirmation par Dieu le Père de l’authenticité de l’Évangile de Christ, son Fils (cf. #Jn 10:38 ; #Ac 2:22 ; #Ro 15: 19 ; #1Co 14: 22 ). L’intérêt de tels miracles consistait avant tout dans le fait qu’ils démontraient l’authenticité du message.
Saint-Esprit. C’est la première allusion de cette épître au Saint-Esprit, et elle mentionne comme en passant qu’il a confirmé par le surnaturel le message du salut. Ailleurs elle précise les aspects de son ministère liés à la révélation des Écritures (#Hé 3:7 ; #Hé 10:15), à son enseignement (#Hé 9:8), aux opérations qui précèdent le salut (#Hé 6:4, peut-être la conviction de péché; 10:29, la grâce commune) et au ministère de Christ (#Hé 9:14).
5 ¶ En effet, ce n’est pas à des anges que Dieu a soumis le monde à venir dont nous parlons.
le monde. Littéralement « la terre habitée ». C’est une allusion au grand royaume millénaire (cf. #Za 14: 9 ; #Ap 20:1-5). Ce ne sont pas les anges qui régneront sur le royaume messianique.
6 Or quelqu’un a rendu quelque part ce témoignage : Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui, Ou le fils de l’homme, pour que tu prennes soin de lui ?
quelque part. Cela ne signifie pas que le rédacteur ignorait l’origine de la citation qui suit, mais que son emplacement comptait bien moins que son autorité divine. Il est aussi significatif que l’auteur de l’épître ne se soit pas identifié lui non plus: il voulait peut-être faire réaliser à ses lecteurs que c’est le Saint-Esprit qui est le véritable auteur de toute l’Écriture (cf. #2Ti 3:16 ; #2P 1:21).
l’homme … le fils de l’homme. Deux allusions à l’humanité en général, et non à Christ. Ce passage demande pourquoi Dieu s’est embarrassé de l’homme. Comme le démontrent les versets suivants (versets #Hé 2:9-10), l’incarnation de Christ constitue la meilleure preuve de l’amour et de l’intérêt de Dieu pour l’humanité. Christ n’a pas été envoyé sous la forme d’un ange, mais d’un homme.
2:6-8 Citation de #Ps 8:5-7 (cf. #1Co 15:27-28 ; #Ep 1:22).
7 Tu l’as abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Tu l’as couronné de gloire et d’honneur,
anges. Les anges ont reçu de Dieu des pouvoirs surnaturels. Ils ont un accès permanent au trône du Créateur (cf. #Job 1:6 ; #Job 2:1 ; #Ap 5:11) et ne sont pas soumis à la mort.
8 Tu as mis toutes choses sous ses pieds. En effet, en lui soumettant toutes choses, Dieu n’a rien laissé qui ne lui fût soumis. Cependant, nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises.
soumettant. Malgré la supériorité des anges sur les hommes, c’est à l’humanité que Dieu avait confié l’administration de la terre (#Ge 1:26-28). À cause de la chute (#Ge 3), cependant, l’humanité s’est révélée incapable d’assumer cette position instituée par Dieu.
9 Mais celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur à cause de la mort qu’il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous.
de gloire et d’honneur. Cf. #Ph 2:8-9. Par son œuvre rédemptrice, Christ a accompli tout ce qui était exigé de la part du représentant suprême de l’humanité. Par son incarnation, son sacrifice substitutif et sa victoire sur le péché et sur la mort (cf. #Ro 6:23 ; #1Jn 4:10), il a accompli le projet original de Dieu pour l’humanité. En tant que second Adam (#1Co 15: 47), il a été placé pour un temps en dessous des anges. Désormais, à lui sont la gloire et l’honneur, et toutes choses (les anges inclus) lui sont soumises.
il a souffert la mort pour tous. Le terme « tous » désigne tous ceux qui croient. La mort de Christ ne peut s’appliquer avec efficacité qu’à ceux qui sont venus à Dieu par la foi, avec un cœur repentant, pour demander sa grâce et le pardon de leurs péchés.
10 ¶ Il convenait, en effet, que celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, élevât à la perfection par les souffrances le Prince de leur salut.
convenait. Ce que Dieu a accompli à travers l’humiliation de Jésus-Christ était parfaitement cohérent avec sa justice et sa sainteté souveraines. Sans l’humiliation et les souffrances endurées par Christ, la rédemption aurait été impossible, et sans rédemption, il ne pouvait y avoir de glorification (cf. #Ro 8:18, #Ro 8:29-30).
perfection. Par sa nature divine, Christ était déjà parfait. Cela n’empêche pas que sa nature humaine a été perfectionnée par son obéissance, y compris par les souffrances qu’il a endurées, pour qu’il devienne un souverain sacrificateur compatissant, un exemple pour les croyants (cf. #Hé 5:8-9 ; #Hé 7:25-28 ; #Ph 2:8 ; #1Pi 2:21) et puisse établir sa parfaite justice (#Mt 3:15), qui peut désormais être imputée aux croyants (#2Co 5:21 ; #Ph 3:8, #Ph 3:19).
Prince. Le terme grec est utilisé aussi en #Hé 12:2 (« qui suscite ») et en #Ac 5:31. On peut aussi traduire par « pionnier » « chef », « initiateur ». Christ est la source du salut (cf. « auteur » en #Hé 5:9, qui a le sens de cause), son initiateur et son chef. Il nous a précédés sur la route qui mène au ciel (#Hé 6:20).
11 Car celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus d’un seul. C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères,
sanctifie. La sanctification met une personne à part pour le service de Dieu, au travers de la purification du péché et de la conformité à la sainteté de Dieu (cf. #Hé 10:10).
12 lorsqu’il dit : J’annoncerai ton nom à mes frères, Je te célébrerai au milieu de l’assemblée.
mes frères. Citation du #Ps 22: 23. Jésus avait enseigné que ceux qui faisaient la volonté du Père en obéissant à sa Parole étaient ses frères et sa mère (#Mt 12:50 ; #Lu 8:21). Il a toutefois attendu sa résurrection pour appeler ses disciples « frères » (#Mt 28:10 ; #Jn 20: 17). Il fallait qu’il paye le prix de leur salut pour qu’ils deviennent vraiment ses frères et sœurs spirituels. L’utilisation de ce terme démontre qu’il s’est pleinement identifié à l’humanité afin de lui offrir une complète rédemption (#Ph 2:7-9).
13 Et encore : Je me confierai en toi. Et encore : Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés.
La citation d’#Esa 8:17-18 (cf. #2S 22: 3) souligne l’argument présenté aux versets #Hé 2:9-11: Christ s’est totalement identifié à l’humanité en endossant la nature humaine. Sa totale dépendance de Dieu pendant son séjour sur la terre démontre la réalité de sa nature humaine.
14 ¶ Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable,
participent … également participé. En grec, le premier « participer » suggère la communion ou l’association. Le second exprime l’acte d’endosser quelque chose qui n’a rien de commun avec votre propre nature. Par nature, le Fils de Dieu n’était pas de « sang » et de « chair », mais il a pris sur lui cette nature dans le but d’apporter la rédemption à l’humanité.
la mort … la puissance de la mort. C’est l’objectif suprême de l’incarnation: Jésus est venu sur la terre dans l’intention expresse de mourir. Il est parvenu à vaincre la mort par sa résurrection (#Jn 14: 19), et par cette victoire, il a réduit Satan à l’impuissance dans ses efforts contre ceux qui sont sauvés. L’utilisation par Satan de la puissance de la mort est soumise à la volonté de Dieu (cf. #Job 2:6).
15 et qu’il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude.
crainte de la mort. Pour le croyant, « la mort a été engloutie dans la victoire » (#1Co 15: 54). L’œuvre de Christ a mis fin à la peur de la mort et à l’esclavage spirituel qu’elle exerçait sur les hommes.
16 Car assurément ce n’est pas à des anges qu’il vient en aide, mais c’est à la postérité d’Abraham.
vient en aide. Littéralement « se saisit de ». Le sens de « venir en aide » vient de l’image qui voit quelqu’un saisir une autre personne pour la pousser ou la tirer loin du danger, la mettre en sécurité. Cependant, on ne trouve pas, dans le judaïsme, l’idée que l’entrée dans le monde du Messie servirait à venir en aide aux anges. Cette traduction ne crée qu’un contraste bien faible en comparaison avec tout ce qui a été dit précédemment à propos de la supériorité de Christ sur les anges. Comme le contexte présente l’identification de Christ avec l’humanité par son incarnation (il a pris sur lui la nature humaine, versets 9-14, 17) et que l’auteur utilise au verset 18 un autre mot grec pour la notion de venir en aide (comme en #Hé 4:16), il paraît préférable de privilégier la traduction « prendre la nature de ».
la postérité d’Abraham. Le Christ est cette descendance (littéralement « semence ») promise. L’épître étant destinée à des Hébreux, on pouvait supposer qu’ils s’identifieraient à cette description. Le Messie est né au sein de la descendance d’Abraham, en accomplissement des prophéties de l’A.T. (#Mt 1:1). L’un des objectifs premiers de l’incarnation était le salut d’Israël (#Mt 1:21). Un autre était l’accomplissement de l’alliance conclue avec Abraham avec la promesse d’une descendance. De tous les peuples, les Hébreux auraient dû être les premiers à reconnaître la signification et l’importance de l’incarnation.
17 En conséquence, il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères, afin qu’il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple ;
faire l’expiation. Mot qui signifie « se concilier » ou « satisfaire ». L’œuvre expiatoire de Christ est liée à son office de souverain sacrificateur. En partageant la nature humaine, il a démontré sa miséricorde envers les hommes et sa fidélité à Dieu. Il a satisfait aux exigences divines par rapport au péché et a ainsi obtenu un plein pardon pour son peuple. Cf. #1Jn 2:2 ; #1Jn 4:10.
18 car, ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés.
tenté. Le fait que Christ a connu la tentation prouve qu’il était vraiment un homme. Cette expérience l’a rendu capable de comprendre ses frères et de compatir à leurs difficultés (cf. #Hé 4:15). Les tentations auxquelles il a été soumis n’avaient rien d’édulcoré. Il arrive souvent que nous cédions à la tentation avant même d’avoir pris conscience de son existence, alors que Jésus a su lui résister tout en discernant la puissance de séduction déployée pour le faire chuter (cf. #Lu 4:1-13).
1 ¶ C’est pourquoi, frères saints, qui avez part à la vocation céleste, considérez l’apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons,
frères saints. Expression qu’on ne trouve qu’ici et en #1Th 5:27, où certains manuscrits omettent le mot « saint ». L’auteur s’adresse aux croyants qui ont une « vocation céleste » (cf. #Ph 3:14). Ailleurs, ils sont décrits comme attendant une patrie « céleste » (#Hé 11:16) et la venue de la « Jérusalem céleste » (#Hé 12:22). Ils sont « saints » dans le sens où ils sont mis à part pour Dieu et identifiés au royaume céleste. Ils sont citoyens du ciel plus que de la terre.
vocation. Allusion, comme toujours dans les épîtres du N.T., à l’appel efficace au salut en Christ (cf. #Ro 8:30 ; #1Co 7:21).
considérez. L’auteur demande au lecteur une pleine attention et un diligent examen de la supériorité de Jésus-Christ.
l’apôtre et le souverain sacrificateur. Un apôtre est un « envoyé » détenteur des droits, du pouvoir et de l’autorité de celui qui l’envoie. C’est par le Père que Jésus a été envoyé (cf. #Jn 3:17, #Jn 3:34 ; #Jn 5:36-38 ; #Jn 8:42). Le thème du sacerdoce de Christ, initié en #Hé 2:17-18 et mentionné une nouvelle fois ici, sera repris plus en détail en #Hé 4:14-10:18. Pour l’heure, l’auteur présente la suprématie de Christ sur Moïse (versets #Hé 3:1-6), sur Josué (#Hé 4:8) et sur tous les autres héros nationaux et prédicateurs de l’A.T. que les Juifs tenaient en très haute estime. Jésus lui-même insista sur sa supériorité par rapport à Moïse dans le même contexte, lorsqu’il déclara être envoyé par son Père (#Jn 5:36-38, #Jn 5:45-47 ; cf. #Lu 16:29-31). Moïse avait été envoyé par Dieu pour délivrer son peuple de l’Égypte historique et de son oppression (#Ex 3:10); Jésus a été envoyé par Dieu pour délivrer son peuple de l’Égypte spirituelle et de son oppression (#Hé 2:15).
que nous professons. Christ est au centre de notre confession de foi dans l’Évangile: c’est en lui que nous croyons et de lui que nous rendons témoignage. Le terme grec est de nouveau utilisé en #Hé 4:14 et en #Hé 10:23 (cf. #2Co 9:13 ; #1Ti 6:12). De ces trois occurrences se dégage une impression d’urgence. S’ils comprenaient la supériorité de la personne et de l’œuvre de Jésus, les lecteurs ne pourraient pas renoncer à leur foi en lui ni tenir pour rien son œuvre en leur faveur.
3:1-6 Cette section démontre la supériorité de Jésus sur Moïse, qui était lui-même tenu en grande estime. Le Seigneur avait parlé à Moïse « face à face, comme un homme parle à son ami » (#Ex 33:11) et lui avait donné la loi (#Né 9:13-14). Pour les Juifs, les priorités suprêmes se trouvaient dans les commandements et les rituels de la loi, et les termes de « Moïse » et de « loi » étaient synonymes. L’A.T. et le N.T. appellent les commandements de Dieu « la loi de Moïse » (#Jos 8:31 ; #1R 2:3 ; #Lu 2:22 ; #Ac 13: 39). Pourtant, si grand qu’ait été Moïse, Jésus était infiniment plus grand.
2 Jésus, qui a été fidèle à celui qui l’a établi, comme le fut Moïse dans toute sa maison.
maison. Plus qu’un bâtiment, ce terme évoque une famille et les personnes qui la composent (cf. verset #Hé 3:6 ; #1Ti 3:15). La qualité première d’un intendant en charge d’une maison est sa fidélité (#1Co 4:2). Moïse (#No 12:7) et Christ (#Hé 2:17) se sont fidèlement acquittés de leur mission divine en prenant chacun pour leur part soin du peuple de Dieu.
3 Car il a été jugé digne d’une gloire d’autant supérieure à celle de Moïse que celui qui a construit une maison a plus d’honneur que la maison même.
celui qui a construit. Moïse n’était qu’un membre de la maison de Dieu, alors que Jésus en est le créateur (cf. #2S 7:13 ; #Za 6:12-13 ; #Ep 2:19-22 ; #1Pi 2:4-5); il est, de ce fait, plus grand que Moïse et égal à Dieu.
4 Chaque maison est construite par quelqu’un, mais celui qui a construit toutes choses, c’est Dieu.
5 Pour Moïse, il a été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme serviteur, pour rendre témoignage de ce qui devait être annoncé ;
devait être annoncé. La fidélité de Moïse servit surtout de témoignage de ce qui allait se passer avec Christ (cf. #Hé 11:24-27 ).
3:5-6
serviteur … Fils. Le terme utilisé ici pour « serviteur » implique une position élevée en dignité et un statut d’homme libre, non d’esclave (cf. #Ex 14: 31 ; #Jos 1:2). Cependant, malgré son statut élevé, Moïse ne pouvait endosser le statut de Fils, réservé à Christ seul (cf. #Jn 8:35).
6 mais Christ l’est comme Fils sur sa maison ; et sa maison, c’est nous, pourvu que nous retenions jusqu’à la fin la ferme confiance et l’espérance dont nous nous glorifions.
nous retenions fermement. Cf. verset #Hé 3:14. Il n’est pas question ici de la manière de recevoir et de garder le salut (cf. #1Co 15: 2). La phrase signifie plutôt qu’en persévérant dans la foi on démontre posséder une foi authentique. Celui qui retourne aux rituels du système lévitique dans le but de contribuer à son salut démontre par-là qu’il n’a jamais fait partie de la famille de Dieu, alors que celui qui demeure en Christ prouve qu’il peut en être considéré comme un membre à part entière (cf. #Mt 10:22 ; #Lu 8:15 ; #Jn 8:31 ; #Jn 15:4-6). Dieu promet de nous garder en lui (#1Th 5:24 ; #Jude 24-25).
l’espérance. Pour une description plus détaillée de cette espérance, voir #Hé 6:18-19. Elle repose sur Christ lui-même, dont l’œuvre rédemptrice nous vaut le salut (#Ro 5:1-2 ).
7 ¶ C’est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix,
Aujourd’hui. Allusion au moment présent, où les paroles de Dieu sont encore fraîches à l’esprit. Il y a urgence à prêter attention à la voix de Dieu. Cette urgence est soulignée par une triple répétition de l’« aujourd’hui » du #Ps 95:7 (versets #Hé 3:13, #Hé 3:15 ; #Hé 4:7), et elle constitue le thème de l’exposé (cf. #2Co 6:2).
3:7-11 L’auteur cite le #Ps 95:7-11 comme des paroles de l’auteur suprême de ce psaume, le Saint-Esprit (cf. #Hé 4:7 ; #Hé 9:8 ; #Hé 10:15). Ce passage évoque l’errance des Israélites dans le désert suite à leur sortie d’Égypte. En dépit des œuvres miraculeuses de Dieu et de sa fidélité pleine de grâce et providentielle envers eux, ils n’étaient toujours pas engagés envers lui dans la foi (cf. #Ex 17 ; #No 14:22-23 ; #Ps 78:40-53). L’auteur de l’épître expose en trois points le message de ce passage de l’A.T.:
1° il faut veiller à ne pas devenir incrédules (versets #Hé 3:12-19);
2° il faut craindre d’arriver trop tard (#Hé 4:1-10);
3° il faut s’empresser d’entrer dans le repos (#Hé 4:11-13).
Les thèmes inclus dans cet exposé sont l’urgence, l’obéissance (qui inclut la foi), la persévérance et le repos.
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