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NOUVEAU TESTAMENT

JACQUES 1 et 2 partiel+ intro

LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES

INTRODUCTION À JACQUES

L’épître de Jacques

 

Titre

L’épître de Jacques porte le nom de son auteur, comme toutes les épîtres générales, à l’exception de celle aux Hébreux.

Auteur et date

Il y a quatre Jacques dans le Nouveau Testament, mais deux seulement peuvent être considérés comme les rédacteurs de cette épître. Aucun commentateur sérieux n’a retenu la candidature de Jacques le mineur, fils d’Alphée (#Mt 10:3 ; #Ac 1:13), ni celle du père du disciple nommé Jude (#Lu 6:16 ; #Ac 1:13). Certains ont suggéré qu’il pouvait s’agir du fils de Zébédée et frère de Jean (#Mt 4:21); il est toutefois mort martyr avant de pouvoir rédiger cette épître (#Ac 12:2). Il ne reste donc que l’aîné des demi-frères de Christ (#Mr 6:3), qui était aussi le frère de Jude (#Mt 13:55), auteur de l’épître qui porte son nom (#Jude 1). Ce Jacques a tout d’abord rejeté l’idée que Jésus puisse être le Messie (#Jn 7:5), mais, par la suite, il a cru (#1Co 15:7) et est devenu l’un des principaux responsables de l’Église de Jérusalem (cf. #Ac 12:17 ; #Ac 15:13 ; #Ac 21:18 ; #Ga 2:12). Il est en effet présenté comme l’une des « colonnes » de cette Église, titre qu’il partage avec Pierre et Jean (#Ga 2:9). Il est aussi connu sous le nom de Jacques le juste, du fait de son engagement en faveur de la justice. Si l’on en croit l’historien juif du Ier siècle Flavius Josèphe, Jacques mourut en martyr vers 62 apr. J.-C. La comparaison lexicale entre la lettre transcrite en #Ac 15 et cette épître fournit une confirmation supplémentaire qu’il en est bien l’auteur. Si les termes peuvent différer en français, ils sont identiques en grec.

Jacques écrit avec l’autorité que lui confère sa qualité de témoin oculaire de la résurrection de Christ (#1Co 15:7). Il était reconnu comme compagnon d’œuvre des apôtres (#Ga 1:19) et comme chef de l’Église de Jérusalem.

Jacques destinait sans doute cette épître aux croyants dispersés (#Ja 1:1), suite à l’agitation politique mentionnée en #Ac 12 (vers 44 apr. J.-C.). Elle a très probablement été rédigée vers 44-49 apr. J.-C., puisqu’elle ne contient aucune allusion au concile de Jérusalem évoqué en #Ac 15 (vers 49 apr. J.-C.). Elle serait donc la plus ancienne du canon du Nouveau Testament.

Contexte et arrière-plan

Les destinataires de cette épître étaient les chrétiens d’origine juive dispersés (#Ja 1:1), suite peut-être au martyre d’Etienne (#Ac 7:1 ; 31-34 apr. J.-C.), ou, ce qui constitue l’hypothèse la plus vraisemblable, du fait des persécutions subies sous le règne d’Hérode Agrippa Ier (#Ac 12, vers 44 apr. J.-C.). Ils sont appelés « frères » à 15 reprises (#Ja 1:2, #Ja 1:16, #Ja 1:19 ; #Ja 2:1, #Ja 2:5, #Ja 2:14 ; #Ja 3:1, #Ja 3:10, #Ja 3:12 ; #Ja 4:11 ; #Ja 5:7, #Ja 5:9-10, #Ja 5:12, #Ja 5:19), épithète courante parmi les Juifs du Ier siècle. Par ailleurs, le mot grec traduit par « assemblée » (#Ja 2:2) est le même que celui traduit par « synagogue », et Jacques fait plus de 40 allusions à l’Ancien Testament (et plus de 20 au sermon sur la montagne, #Mt 5:1-7:2). L’épître porte donc clairement l’empreinte du judaïsme.

Thèmes historiques et théologiques

L’épître de Jacques rappelle le livre des Proverbes par sa manière directe et pragmatique d’évoquer la vie du chrétien victorieux. Elle met l’accent sur la pratique de la sainteté plutôt que sur une simple connaissance théorique de la vérité. Jacques désirait passionnément voir ses lecteurs faire preuve d’une obéissance sans compromis à la Parole de Dieu. En homme habitué à vivre à l’extérieur, il mentionne à 30 reprises au moins la nature (p. ex. « flot de la mer » 1:6; « bêtes » 3:7; « le ciel donna de la pluie » 5:18). A l’instar de Paul, il insiste sur la justification par la foi, mais en mettant l’accent sur les fruits spirituels comme démonstration d’une foi authentique.

Questions d’interprétation

Deux textes significatifs au moins présentent des difficultés d’interprétation.

 1° en #Ja 2:14-26, quelle relation y a-t-il entre la foi et les œuvres? L’accent mis par Jacques sur les œuvres, contredit-il Paul et l’importance qu’il donne au salut par la foi?

2° Les promesses de guérison en #Ja 5:13-18 concernent-elles le domaine spirituel ou physique? Ces questions difficiles sont traitées dans les notes.

 
JACQUES 1 : 1 à 27
 

1 ¶  Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut !

Jacques. Le demi-frère du Seigneur Jésus ; cf. #Ga 1:19 ; #Ga 2:9).

douze tribus. Appellation communément donnée aux Juifs dans le N.T. (cf. #Mt 19:28 ; #Ac 26:7 ; #Ap 7:4). Après le règne de Salomon, le royaume fut divisé en deux. Celui du nord, appelé Israël, était constitué de dix tribus. Benjamin se joignit à Juda pour former le royaume du sud, appelé Juda. Suite à la chute du royaume du nord et à sa déportation en Assyrie (722 av. J.-C.), quelques-uns de ceux qui restaient des dix tribus du nord parvinrent à s’introduire en Juda et à se rendre à Jérusalem pour adorer dans le temple (#2Ch 29:1-30:2 ; #2Ch 34). Ainsi put être préservée l’existence des douze tribus en terre de Juda. Quand le royaume du sud fut emmené en exil à Babylone (586 av. J.-C.), il devint impossible d’établir avec certitude l’identité tribale des habitants. Néanmoins, les prophètes prédirent l’avènement d’un temps où Dieu reconstituerait la nation tout entière et redonnerait à chacun son appartenance tribale (cf. #Esa 11:12-13 ; #Jér 3:18 ; #Jér 50:4 ; #Ez 37 ; #Ap 7:5-8).

dans la dispersion. Le mot grec diaspora qui signifie littéralement « à travers un ensemencement » (cf. #Jn 7:35) - était devenu un terme technique pour désigner les Juifs établis hors du territoire d’Israël (cf. #1Pi 1:1). De nombreux Juifs avaient été expulsés de leur terre par les Assyriens (#2R 17 ; #1Ch 5) et les Babyloniens (#2R 24:1-25:2 ; #2Ch 36), puis emmenés en esclavage à Rome lors de la conquête romaine (autour de 63 av. J.-C.). En outre, au cours des siècles qui précédèrent la première venue de Christ, des milliers de Juifs quittèrent le pays promis pour s’installer dans tout le monde méditerranéen. Les destinataires de cette épître étaient, en premier lieu, ceux qui avaient été dispersés suite aux persécutions.

 

2 ¶  Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés,

frères. C’est-à-dire les Juifs croyants de la diaspora (cf. #1Pi 1:1-2 ; ).

regardez comme un sujet de joie complète. Le verbe grec pour « regardez » peut aussi être traduit par « considérez » ou « estimez ». En dépit de sa nature peu encline à se réjouir dans la souffrance, le chrétien doit s’engager fermement à supporter l’épreuve avec joie.

épreuves. Ce mot grec désigne les inquiétudes et les soucis susceptibles de briser la paix, la consolation, la joie et le bonheur dans la vie du chrétien. Le verbe tiré de la même racine signifie « tester quelqu’un ou quelque chose », dans le but de révéler la nature de cette personne ou la qualité du produit. Dieu nous soumet au test de la souffrance pour éprouver  et augmenter - la puissance et la qualité de la foi, démontrant ainsi sa validité (vv. #Ja 1:2-12). Chaque épreuve devient un test pour renforcer la foi du croyant: s’il échoue en réagissant selon la chair, l’épreuve devient une tentation ou une sollicitation à commettre le mal.

 

3  sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience.

épreuve. Dans le sens de « mise à l’épreuve » (voir le plan de l’introduction).

patience. Une meilleure traduction serait « endurance » ou « persévérance ». Au travers de l’épreuve, le chrétien apprend à supporter avec persévérance les souffrances qu’il endure et, de surcroît, à chérir les bénéfices qu’il pourra en retirer, jusqu’à ce que Dieu y mette un terme, au temps fixé d’avance.

 

4  Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien.

parfaitement. Il s’agit non pas d’une perfection dépourvue de péché (cf. #Ja 3:2), mais d’une vraie maturité spirituelle (cf. #1Jn 2:14). L’épreuve de la foi conduit le chrétien à approfondir sa communion avec Christ et à lui manifester une confiance accrue. Ces qualités produisent, à leur tour, un caractère pieux, équilibré et vertueux ;  cf. #Ga 4:19).

accomplis. D’un mot grec composé signifiant littéralement « dont toutes les parties sont complètes ».

 

5  Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée.

sagesse. L’auditoire juif auquel Jacques s’adressait interprétait ce terme comme désignant l’exercice du discernement et les outils pratiques indispensables pour mener une vie qui glorifie Dieu. Il ne s’agissait pas d’une quelconque spéculation philosophique, mais plutôt de la sagesse contenue dans les absolus, qui sont purs et porteurs de paix, de la volonté de Dieu telle qu’elle est révélée dans sa Parole (cf. #Ja 3:13, #Ja 3:17). Cette sagesse divine est la seule qui permette aux croyants de supporter les épreuves d’un cœur joyeux et soumis.

demande à Dieu. Ce commandement correspond à une partie indispensable de la vie de prière du croyant (cf. #Job 28:12-23 ; #Pr 3:5-7 ; #1Th 5:17). Dieu utilise les épreuves pour révéler aux chrétiens leurs propres faiblesses et les conduire à dépendre davantage de lui. En plus de toutes ses richesses (#Ep 1:7 ; #Ep 2:7 ; #Ep 3:8 ; #Ph 4:19), il met à disposition de ceux qui le cherchent sa sagesse inépuisable (#Ro 11:33).

 

6  Mais qu’il la demande avec foi, sans douter ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre.

qu’il la demande avec foi. La prière doit être adressée au Dieu souverain, avec une confiance absolue en lui.

sans douter. Fait allusion à un esprit partagé, non seulement à cause d’un caractère indécis, mais aussi du fait d’un conflit moral intérieur ou d’un manque de confiance en Dieu.

flot de la mer. Celui qui doute de la capacité ou de la volonté de Dieu de lui accorder sa sagesse ressemble à la mer, agitée par le va-et-vient des marées, incapable d’atteindre la stabilité (cf. #Jos 24:15 ; #1R 18:21 ; #Ap 3:16).

 

7  Qu’un tel homme ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur:

8  c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies.

irrésolu. Littéralement « double d’âme », expression grecque désignant un esprit partagé entre Dieu et le monde. C’est l’attitude caractéristique d’un hypocrite, qui croit occasionnellement en Dieu mais ne lui fait plus confiance lorsque survient l’épreuve. Il ne peut donc rien obtenir. L’utilisation de cette expression en #Ja 4:8 indique clairement qu’il s’agit d’un non-croyant.

 

9  Que le frère de condition humble se glorifie de son élévation.

1:9-10

le frère de condition humble …  le riche. Les épreuves mettent tous les croyants sur un pied d’égalité, en les détournant des préoccupations terrestres et en les rendant totalement dépendants de Dieu. Quel que soit leur rang social, les chrétiens peuvent se réjouir ensemble du fait qu’ils sont acceptés inconditionnellement par Dieu et ont le privilège d’être identifiés à Christ.

se glorifie. C’est-à-dire se targue de posséder des richesses ou des privilèges; le terme renvoie à la joie que produit une fierté légitime. Même s’il ne possède rien ici-bas, le croyant de condition modeste peut se réjouir de sa position spirituelle devant Dieu, obtenue par grâce, et de l’espérance qui en découle (cf. #Ro 8:17-18 ; #1Pi 1:4).

 

10  Que le riche, au contraire, se glorifie de son humiliation ; car il passera comme la fleur de l’herbe.

son humiliation. Le croyant riche peut être amené au brisement par les épreuves de la vie. Cette expérience le conduit à se réjouir malgré les difficultés et à prendre conscience du fait que le bonheur authentique ne dépend pas des biens terrestres, mais des richesses authentiques, celles de la grâce de Dieu.

 

11  Le soleil s’est levé avec sa chaleur ardente, il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée, et la beauté de son aspect a disparu : ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises.

l’herbe, sa fleur. Evocation de la végétation de la région d’Israël, qui fleurit et devient luxuriante au mois de février. Ce paysage merveilleusement coloré disparaît cependant dès le mois de mai. Il s’agit d’une allusion évidente à #Esa 40:6-8, qui évoque le souffle brûlant du sirocco consumant et détruisant la végétation. Cette leçon, tirée de la nature, illustre la rapidité avec laquelle le jugement divin peut s’abattre sur le riche, alors qu’il se croit à l’abri du fait de ses richesses.

 

12  Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment.

Heureux. Le croyant qui sait endurer l’épreuve connaît le vrai bonheur (cf. #Ja 5:11).

supporte. Le verbe signifie, dans ce contexte, supporter patiemment une épreuve douloureuse, le regard tourné vers son issue victorieuse. Avec une telle attitude, on n’abandonne jamais la foi salvatrice en Dieu. Ce concept est donc étroitement lié à la doctrine de la sécurité éternelle et de la persévérance du croyant ;  cf. #Jn 14:15, #Jn 14:23 ; #1Pi 1:6-8 ; #1Jn 2:5-6, #1Jn 2:15, #1Jn 2:19).

après avoir été éprouvé. Ou « après avoir passé le test »  « épreuves »). Le croyant qui a traversé avec succès les épreuves prouve ainsi l’authenticité de sa foi, puisqu’elle a eu l’endurance de celle de Job.

couronne de vie. Une meilleure traduction serait « la couronne, c’est-à-dire la vie ». Dans la Grèce antique, on appelait « couronne » la guirlande de lauriers posée sur la tête du vainqueur à l’issue des compétitions d’athlétisme. Ici, elle symbolise la récompense suprême du croyant  la vie éternelle - promise par Dieu. Il la recevra dans sa plénitude lors de sa mort ou lors de l’avènement de Christ ;  cf. #1Pi 5:4).

 

13 ¶  Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne.

Le mot grec traduit par « épreuves » au v. 2 est rendu ici par la notion de tentation. L’intention de Jacques est de montrer que toute circonstance difficile dans la vie du croyant peut soit l’affermir, s’il demeure dans l’obéissance et dans la confiance à l’égard de la fidélité de Dieu, soit l’inciter à faire le mal s’il décide de douter de Dieu et de désobéir à sa Parole.

Dieu ne peut être tenté. Etant donné sa nature sainte, Dieu est incapable d’accomplir le mal et de céder à la tentation (#Ha 1:13 ; cf. #Lé 19:2, #Esa 6:3 ; #1Pi 1:16).

il ne tente lui-même personne. Les épreuves font partie du dessein de Dieu et, dans les limites de sa volonté, il permet aux tentations de survenir. Il a cependant promis que le chrétien ne sera pas tenté au-delà de ses forces et qu’avec la tentation il donnera le moyen d’en sortir (#1Co 10:13). Nous pouvons choisir de nous engager sur la voie salvatrice que Dieu nous propose ou de céder à la tentation ; #1Ch 21:1).

 

14  Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise.

attiré. Ce mot grec était utilisé pour désigner le gibier que l’on attirait dans des pièges. Comme les animaux peuvent être attirés vers la mort par des appâts alléchants, la tentation offre de séduisantes promesses qui, en réalité, s’avèrent pernicieuses.

amorcé. Terme emprunté au vocabulaire de la pêche et signifiant « attraper » ou « capturer avec un appât » (cf. #2P 2:14, #2P 2:18).

sa propre convoitise. Allusion au désir puissant, inscrit dans l’âme humaine, qui l’incite à satisfaire les besoins de la chair par les richesses matérielles et la jouissance de la vie. En raison de sa nature déchue, l’homme a une propension à convoiter tout ce qui peut être satisfait par le péché. « Sa propre » confirme la nature individuelle de la convoitise: elle revêt une forme différente pour chaque être humain, car elle est le produit des influences de l’environnement, de l’éducation et des choix personnels. La formulation grecque présente ces « convoitises » comme la cause ou l’agent direct du péché. Cf. #Mt 15:18-20.

 

15  Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort.

Le péché n’est pas seulement un acte spontané, mais le résultat d’un processus. Les mots grecs pour « a conçu » et « produit » renvoient au processus qui va de la conception physique à la naissance. Jacques personnifie donc la tentation pour montrer qu’elle peut suivre la même évolution, mais une évolution vers le péché avec toutes ses conséquences mortelles. Même s’il n’entraîne pas la mort spirituelle du croyant, le péché peut conduire à sa mort physique (#1Co 11:30 ; #1Jn 5:16).

 

16  Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés:

Ne vous y trompez pas. L’expression grecque évoque l’erreur, la dérive ou l’errance. Les chrétiens ne doivent pas tomber dans l’erreur de rendre Dieu responsable de leur propre péché.

 

17  toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation.

toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut. L’emploi de deux mots grecs différents, quoique très proches, pour les mots « grâce » et « don » met l’accent sur la perfection et la complétude de la grâce de Dieu. Le premier (« grâce ») renvoie à l’action de donner, le second (« don ») à l’objet offert. Tout ce qui se rapporte aux dons divins ne peut être que complet, approprié et bénéfique.

Père des lumières. Une ancienne expression juive pour caractériser Dieu en tant que Créateur. Le mot « lumières » renvoyait au soleil, à la lune et aux étoiles (cf. #Ge 1:14-19).

ni changement ni ombre de variation. Du point de vue de la science, les mouvements et la rotation des corps célestes suivent différentes phases, qui font passer du jour à la nuit, de l’obscurité à la clarté. Dieu, en revanche, n’est pas soumis à ces variations: il est immuable (cf. #Mal 3:6 ; #Jn 1:5).

 

18  Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures.

Il nous a engendrés. L’acte divin de la régénération, ou nouvelle naissance ;  cf. #Ez 36:25-27 ; #Jn 1:12-13 ; #Ep 2:5-6 ; #Ep 5:26.

selon sa volonté. Le mot grec exprime le fait que la régénération n’est pas uniquement un vœu pieux de Dieu, mais une expression active de sa volonté qu’il a toujours le pouvoir d’accomplir. La position de l’expression en grec (au début de la phrase) indique l’insistance volontaire de Jacques sur le fait que la volonté de Dieu est la source de la nouvelle vie.

parole de vérité. Cf. #Jn 17:17. Expression désignant les Ecritures, la Parole de Dieu. Dieu régénère le croyant par la puissance de cette Parole (cf. #2Co 6:7 ; #Col 1:5 ; #1Th 2:13 ; #Tit 3:5 ; #1Pi 1:23-25).

prémices. A l’origine une expression de l’A.T. désignant les premières récoltes, la meilleure part, que Dieu s’attendait à recevoir comme offrande (cf. #Ex 23:19 ; #Lé 23:9-14 ; #De 26:1-19). Offrir à Dieu cette première récolte constituait un acte de foi: il fallait être convaincu que Dieu tiendrait sa promesse d’une bonne et abondante récolte à venir (#Pr 3:9-10). De même, les chrétiens constituent la première preuve, ou les prémices, de la nouvelle création à venir (cf. #2P 3:10-13), et ils jouissent ici-bas, dans leur nouveauté de vie, d’un avant-goût de la gloire future.

 

19 ¶  Sachez-le, mes frères bien-aimés. Ainsi, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère ;

prompt à écouter, lent à parler. Les croyants doivent répondre positivement à l’Ecriture sainte, et saisir avec empressement toutes les occasions d’approfondir leur connaissance de la volonté de Dieu à travers sa Parole (cf. #Ps 119:11 ; #2Ti 2:15). Ils ne doivent cependant pas désirer trop rapidement devenir pasteurs ou enseignants ;  cf. #Ez 3:17 ; #Ez 33:6-7 ; #1Ti 3:6 ; #1Ti 5:22).

 

20  car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu.

colère. Le mot grec exprime, dans ce contexte, un profond ressentiment intérieur et un rejet de la Parole de Dieu ;  cf. #Ga 4:16).

 

21  C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de malice, recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous, et qui peut sauver vos âmes.

rejetant. Littéralement « ayant enlevé », comme on se débarrasserait de vêtements sales. Le temps du verbe grec met l’accent sur l’importance de rejeter en premier lieu le péché avant de recevoir la parole de Dieu.

souillure …  méchanceté. Le premier de ces termes était utilisé aussi bien pour l’immoralité que pour les vêtements sales. Il désignait même parfois le bouchon de cérumen, illustrant ici le péché qui empêche le croyant d’entendre les vérités spirituelles. « Méchanceté » renvoie au désir ou à l’intention de faire le mal.

 

22  Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements.

Mettez en pratique. Dans l’original, il est question d’être des « faiseurs » ou des « acteurs » de la parole. La personnalité du croyant tout entière doit être imprégnée du désir de mettre en pratique la Parole de Dieu.

vous trompant. Littéralement « raisonnant à côté ». En mathématiques, ce mot désignait une erreur de calcul. Ceux qui prétendent être chrétiens mais qui écoutent la Parole sans la mettre en pratique se rendent coupables d’une grave erreur de calcul.

 

23  Car, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel,

regarde. Mot grec signifiant regarder longuement et avec attention, par opposition au fait de jeter un coup d’œil rapide.

miroir. Les miroirs du Ier siècle étaient faits non pas en verre mais en métal: bronze, argent ou  pour les nantis - or. L’image reflétée, bien que convenable, était loin d’être parfaite (cf. #1Co 13:12).

 

24  et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt quel il était.

oublie aussitôt comment il était. Ceux qui se prétendent chrétiens doivent agir promptement après avoir entendu la Parole. Ils risqueraient, sinon, d’oublier les changements et les progrès qui leur sont apparus indispensables lorsqu’ils ont examiné le reflet que leur renvoyait le miroir de la Parole de Dieu.

 

25  Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité.

loi parfaite. Dans l’A.T. comme dans le N.T., la parole révélée de Dieu  infaillible, suffisante et exhaustive - est appelée « loi » (cf. #Ps 19:8). Certes, la grâce existe, mais elle ne dispense pas le croyant, par la puissance de l’Esprit, d’obéir à la loi morale et au code moral de conduite.

liberté. C’est-à-dire la liberté authentique qui délivre de l’emprise du péché. Par l’action du Saint-Esprit, les Ecritures pénètrent dans le cœur des croyants, les libérant de l’esclavage du péché et les rendant capables d’obéir à Dieu (#Jn 8:34-36).

 

26  Si quelqu’un croit être religieux, sans tenir sa langue en bride, mais en trompant son cœur, la religion de cet homme est vaine.

religieux. Allusion à la participation au culte public, aux cérémonies (cf. #Ac 26:5). Jacques choisit ce terme pour évoquer non la piété intérieure, mais les formes extérieures d’adoration qui n’étaient pas suivies avec un cœur sincère.

tenir sa langue en bride. « Brider » signifie « maîtriser » ou « tenir les rênes serrées ». La pureté du cœur transparaît souvent dans la retenue et la sainteté de l’expression orale.

 

27  La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde.

religion pure et sans tache. Jacques choisit deux adjectifs synonymes pour définir la forme la plus pure de foi: celle qui se mesure à l’aune de la compassion et de l’amour (cf. #Jn 13:35).

les orphelins et les veuves. Ceux qui étaient dépourvus de parents ou de mari constituaient  c’est le cas encore aujourd’hui - une frange particulièrement nécessiteuse de la communauté ;  cf. #Ex 22:22 ; #De 14:28-29 ; #Ps 68:6 ; #Jér 7:6-7 ; #Jér 22:16 ; #Ac 6:1-6). Puisqu’ils sont souvent incapables de payer de retour la gentillesse de leurs bienfaiteurs, prendre soin d’eux démontre un amour chrétien authentique et disposé au sacrifice.

monde. Le système mauvais du monde. 

 

JACQUES 2 : 1 à 22
 

1 ¶  Mes frères, que votre foi en notre glorieux Seigneur Jésus-Christ soit exempte de toute acception de personnes.

votre foi. N’évoque pas l’acte de croire mais la foi chrétienne dans tous ses aspects (cf. #Jude 3), avec Jésus-Christ pour centre.

glorieux Seigneur Jésus-Christ. Christ est celui par lequel la gloire de Dieu est révélée (cf. #Jn 1:14 ; #2Co 4:4-6 ; #Hé 1:1-3). Au cours de son incarnation, il a fait preuve d’une parfaite impartialité (cf. #Mt 22:16), comme en témoignent ces trois exemples: la présence de personnes qui n’appartenaient pas à l’élite religieuse de l’époque dans sa généalogie ; son choix de résider pendant trente ans dans l’humble village de Nazareth; son désir d’exercer son ministère en Galilée et Samarie, provinces toutes deux considérées avec le plus profond mépris par les autorités juives.

favoritisme. Le mot grec évoqua d’abord l’acte de relever le visage de quelqu’un ou d’élever une personne. Le terme en vint plus tard à signifier « favoriser » quelqu’un pour des raisons superficielles et extérieures, telles que l’apparence, la race, la richesse, le rang ou le statut social (#Lé 19:15 ; #Job 34:19 ; cf. #De 10:17 ; #De 15:7-10 ; #2Ch 19:7 ; #Pr 24:23 ; #Pr 28:21 ; #Mt 22:8-10 ; #Ac 10:34-35 ; #Ro 2:11 ; #Ep 6:9 ; #Col 3:25 ; #Col 4:1 ; #1Pi 1:17).

 

2  Supposez, en effet, qu’il entre dans votre assemblée un homme avec un anneau d’or et un habit magnifique, et qu’il y entre aussi un pauvre misérablement vêtu ;

assemblée. Littéralement « rassemblement » ou « synagogue ». Jacques écrivait à des chrétiens d’origine juive (#Ja 1:1) au tout début de l’histoire de l’Eglise. C’est pourquoi, pendant cette période de transition, il utilisa à la fois ce terme à connotation générale et le mot grec habituel pour « Eglise » (#Ja 5:14) pour décrire l’assemblée des chrétiens.

anneau d’or. Il était courant chez les Juifs de porter des bagues (#Lu 15:22), mais seuls les riches pouvaient s’offrir des bijoux en or. On rapporte cependant que, dans le monde antique, les personnes les plus prétentieuses portaient des bagues à chaque doigt, sauf le majeur. C’était une façon d’afficher leur statut social (certaines sources font même mention de l’existence de tout un marché de bagues de location).

habit magnifique. L’expression évoque des vêtements brillants et ostentatoires. Elle est utilisée pour décrire le manteau dont les soldats habillèrent Jésus pour se moquer de lui (#Lu 23:11), mais aussi les vêtements d’un ange (#Ac 10:30). Elle peut aussi désigner des couleurs éclatantes et criardes ou des ornementations brillantes et tapageuses. Jacques ne condamne pas le non-croyant dont il est question à cause de sa tenue outrancière, mais il dénonce la réaction de flatterie de l’Eglise à son égard.

un pauvre. L’Eglise primitive comptait, certes, quelques personnes fortunées (#Mt 27:57-60 ; #Jn 19:38-39 ; #Ac 4:36-37 ; #Ac 8:27 ; #Ac 10:1-2 ; #Ac 16:14 ; #Ac 17:4 ; #1Ti 6:17-19), mais elle était composée en majorité de nécessiteux appartenant aux couches plus modestes de la société (cf. v. #Ja 2:5 ; #Ac 2:45 ; #Ac 4:35-37 ; #Ac 6:1-6 ; #1Co 1:26 ; #2Co 8:2, #2Co 8:14). Tout au long des Ecritures, les pauvres font l’objet d’une attention particulière de la part de Dieu (#Ja 1:27 ; #Lé 25:25, #Lé 25:35-37, #Lé 25:39 ; #Ps 41:2 ; #Ps 68:11 ; #Ps 72:4, #Ps 72:12 ; #Ps 113:7 ; #Pr 17:5 ; #Pr 21:13 ; #Pr 28:27 ; #Pr 29:7 ; #Pr 31:9, #Pr 31:20 ; #Esa 3:14-15 ; #Esa 10:1-2 ; #Esa 25:4 ; #Ga 2:10).

 

3  si, tournant vos regards vers celui qui porte l’habit magnifique, vous lui dites : Toi, assieds-toi ici à cette place d’honneur ! et si vous dites au pauvre : Toi, tiens-toi là debout ! ou bien : Assieds-toi au-dessous de mon marchepied !

 assieds-toi ici à cette place d’honneur. Une place confortable, qui conférait à son titulaire une considération spéciale. Les synagogues et lieux de réunion du Ier siècle comportaient des bancs disposés tout autour du mur extérieur et un ou deux bancs installés devant. La plus grande partie de la congrégation s’accroupissait par terre ou se tenait debout. Les places d’honneur, en nombre limité, étaient particulièrement convoitées par les pharisiens (#Mr 12:38-39).

 

4  ne faites-vous pas en vous-mêmes une distinction, et ne jugez-vous pas sous l’inspiration de pensées mauvaises ?

ne faites-vous pas …  une distinction. C’est la partialité, qui est le péché visé dans ce passage, et non pas les vêtements somptueux, les parures éclatantes ou les places d’honneur.

juges aux pensées mauvaises. Une meilleure traduction serait « juges aux intentions perverses ». Jacques craignait que ses lecteurs ne se laissent entraîner à imiter le monde pécheur en faisant preuve de complaisance envers les riches et les notables et en méprisant les pauvres et les nécessiteux.

5  Ecoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu’ils soient riches en la foi, et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ?

Dieu n’a-t-il pas choisi.  cf. #1Co 1:26-29.

royaume. Jacques fait ici allusion au royaume dans sa signification présente  la sphère du salut, ceux qui reconnaissent la souveraineté de Christ dans leur vie - mais aussi quant à sa réalité future: la gloire du millénium et de l’éternité.

 

6  Et vous, vous avilissez le pauvre ! Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment, et qui vous traînent devant les tribunaux ?

oppriment. Littéralement « tyrannisent ».

traînent devant les tribunaux. Allusion aux tribunaux civils.

 

7  Ne sont-ce pas eux qui outragent le beau nom que vous portez ?

outragent le beau nom. Allusion probable aux tribunaux religieux. Les Juifs aisés et influents qui s’opposaient à Christ harcelaient et tourmentaient les malheureux chrétiens déjà bien éprouvés. Cf. #Jn 16:2-4.

 

8 ¶  Si vous accomplissez la loi royale, selon l’Ecriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien.

loi royale. Une meilleure traduction serait « loi souveraine ». Il s’agit de la loi suprême, dans toute sa force coercitive.

aimeras ton prochain comme toi-même. Cette loi souveraine (citée d’après #Lé 19:18), associée au commandement d’aimer Dieu (#De 6:4-5), résume toute la loi et les prophètes (#Mt 22:36-40 ; #Ro 13:8-10). Jacques n’encourage pas le croyant à cultiver une sorte d’affection sentimentale égoïste visant à satisfaire ses propres besoins: l’amour de soi est, sans conteste, un péché (#2Ti 3:2). Le commandement nous appelle plutôt à assurer le bien-être spirituel et la santé physique de notre entourage (#Lu 10:30-37) avec autant de zèle et d’application que nous le ferions pour nous-mêmes (cf. #Ph 2:3-4).

 

9  Mais si vous faites acception de personnes, vous commettez un péché, vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs.

si. Une meilleure traduction serait « puisque ». La formulation grecque permet de comprendre que cette pratique était déjà d’actualité parmi les lecteurs de Jacques.

faites acception (du favoritisme). En grec, la forme du verbe indique qu’une telle conduite n’était pas une erreur passagère mais bien une pratique habituelle.

par la loi. Spécifiquement, par les commandements figurant en #De 1:17 et #De 16:19.

transgresseurs. C’est-à-dire des personnes qui outrepassent la loi de Dieu. Faire preuve de partialité équivaut à violer la loi divine.

 

10  Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous.

toute la loi …  un seul commandement. La loi de Dieu n’est pas faite d’une série d’injonctions éparses, mais recèle une unité fondamentale qui exige un amour parfait envers Dieu et nos voisins (#Mt 22:36-40). Bien que les péchés ne soient pas tous également dommageables ou odieux, ils détruisent cette unité. Ceux qui s’en sont rendus coupables deviennent donc des transgresseurs, de même que, si l’on frappe une vitre avec un marteau en un seul point, on casse toute la vitre.

coupable de tous. Coupable, non dans le sens d’avoir violé tous les commandements, mais d’avoir violé l’unité de la loi. Une seule transgression nous empêche de satisfaire au commandement le plus élémentaire de la loi: aimer Dieu parfaitement et notre prochain comme nous-mêmes.

 

11  En effet, celui qui a dit : Tu ne commettras point d’adultère, a dit aussi : Tu ne tueras point. Or, si tu ne commets point d’adultère, mais que tu commettes un meurtre, tu deviens transgresseur de la loi.

Citations d’#Ex 20:13-14 et de #De 5:17-18.

 

12  Parlez et agissez comme devant être jugés par une loi de liberté,

être jugés. Cf. #Ro 2:6-16.

 

13  car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement.

Si quelqu’un ne fait pas preuve de miséricorde ni de compassion envers les nécessiteux, il prouve qu’il n’a jamais répondu à l’immense miséricorde de Dieu pour lui-même. Par conséquent, il sera traité comme une personne non régénérée, et il lui sera appliqué dans toute sa rigueur la sentence d’éternité en enfer (cf. #Mt 5:7).

La miséricorde triomphe du jugement. La personne dont la vie a été remplie de miséricorde est prête pour le jour du jugement. Elle échappera aux condamnations qu’elle aurait méritées selon les termes de la stricte justice. En effet, la miséricorde dont elle a fait preuve envers autrui est une preuve incontestable qu’elle s’est mise au bénéfice de la miséricorde de Dieu.

 

14 ¶  Mes frères, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ?

2:14-26

Jacques continue ici sa liste des tests grâce auxquels ses lecteurs peuvent estimer si leur foi est vivante ou morte. Ce passage contient le test composite, celui qui, à lui seul, réunit tous les autres: le test des œuvres ou de la conduite juste, de l’attitude conforme à la Parole de Dieu et qui manifeste la piété (cf. #Ja 1:22-25). Jacques n’est pas en train de dire que nous pourrions être sauvés par nos œuvres (il a déjà déclaré assez fortement et clairement que le salut est un don de Dieu ; #Ja 1:17-18 ; cf. #Ep 2:8-9), mais qu’il existe une sorte de foi qui n’est qu’apparente et donc morte, incapable de mener au salut (vv. #Ja 2:14, #Ja 2:17, #Ja 2:20, #Ja 2:24, #Ja 2:26 ; cf. #Mt 3:7-8 ; #Mt 5:16 ; #Mt 7:21 ; #Mt 13:18-23 ; #Jn 8:30-31 ; #Jn 15:6). Jacques s’adressait probablement aux Juifs (cf. #Ja 1:1) qui avaient, certes, rejeté la justice par les œuvres chère au judaïsme, mais avaient adopté à la place l’idée erronée que, puisque les œuvres de justice et l’obéissance à la volonté de Dieu ne servaient à rien pour obtenir le salut, elles n’avaient plus aucun intérêt. De ce fait, leur foi se réduisait à un simple assentiment intellectuel à ce qu’ils savaient de Christ.

à quelqu’un de dire. Littéralement « si quelqu’un dit »; cette précision importante détermine l’interprétation du passage tout entier. Jacques ne dit pas que cette personne a effectivement la foi, mais seulement qu’elle se targue de l’avoir.

foi. Il faut prendre ici ce mot dans un sens large: l’acceptation des vérités de l’Evangile, à quelque degré que ce soit.

il n’a pas. De nouveau, la forme du verbe décrit quelqu’un qui ne peut apporter la moindre preuve visible de la foi qu’il s’obstine à professer.

les œuvres. Le terme désigne tout acte juste conforme à la Parole révélée de Dieu, mais spécifiquement, vu le contexte, les actes de compassion (v. #Ja 2:15).

Cette foi peut-elle le sauver? On pourrait mieux traduire: « Cette sorte de foi peut-elle sauver? » Jacques ne remet pas en question l’importance de la foi; il s’inscrit en faux contre l’idée que la foi qui sauve puisse n’être qu’un exercice intellectuel dépourvu d’engagement à obéir activement à Dieu (cf. #Mt 7:16-18). La forme de la question en grec exige une réponse négative.

 

15  Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour,

2:15-16

Jacques illustre ce qu’il veut dire en comparant la foi sans les œuvres à des paroles de compassion qui ne seraient pas suivies d’actes de compassion (cf. #Mt 25:31-46).

 

16  et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ?

17  Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même.

la foi …  est morte. De même qu’une compassion des lèvres non suivie d’actes est factice, une foi dépourvue d’œuvres n’est qu’une profession vide, bien différente de l’authentique foi qui sauve.

 

18  Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi ; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres.

quelqu’un. Il n’y a pas unanimité d’interprétation.

1° Quand Jacques dit « quelqu’un », renvoie-t-il humblement à lui-même ou à ceux de ses adversaires qui s’opposaient à ses enseignements?

2° Combien de lignes du passage suivant doivent être attribuées à cet antagoniste ou à Jacques lui-même?

Dans tous les cas, l’idée principale reste la même: La seule preuve possible d’une foi véritable, ce sont les œuvres, mais en revanche les œuvres ne sont pas la preuve unique d’une foi profonde.

 

19  Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent.

Tu crois qu’il y a un seul Dieu. Allusion sans ambiguïté au passage le plus familier aux lecteurs juifs: le schema (#De 6:4-5), la formulation doctrinale la plus fondamentale de l’A.T.

les démons le croient aussi. Même les anges déchus affirment l’unité de Dieu et tremblent devant les implications de cette vérité. Les démons font ici preuve de la plus parfaite orthodoxie doctrinale (cf. #Mt 8:29-30 ; #Mr 5:7 ; #Lu 4:41 ; #Ac 19:15), mais la plus orthodoxe des doctrines ne peut, à elle seule, prouver qu’on a la foi qui sauve. Les démons connaissent la vérité sur Dieu, Christ et l’Esprit, mais ils les détestent.

 

20  Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est inutile ?

vain. Littéralement « vide, sans contenu ». Quand son objecteur se targue de croire, c’est un mensonge, et sa foi est fausse.

la foi sans les œuvres est inutile. Jacques n’oppose pas deux méthodes de salut (foi contre œuvres), mais deux sortes de foi: la foi vivante qui sauve et la foi morte qui est incapable de sauver (cf. #1Jn 3:7-10).

 

21  Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ?

2:21-26

Jacques cite trois illustrations d’une foi vivante:

1° Abraham (vv. #Ja 2:21-24);

2° Rahab (v. #Ja 2:25);

3° le corps et l’esprit humains (v. #Ja 2:26).

justifié par les œuvres. Cela ne contredit en rien les affirmations de Paul, qui enseigne clairement qu’Abraham a été justifié devant Dieu par la grâce seule, au moyen de la foi seule (#Ro 3:20 ; #Ro 4:1-25 ; #Ga 3:6, #Ga 3:11). Jacques ne peut vouloir dire qu’Abraham a été rendu juste devant Dieu du fait de ses propres bonnes œuvres, et ce pour plusieurs raisons:

1° il a déjà insisté sur le fait que le salut est un don gratuit (#Ja 1:17-18);

2° au milieu de ce passage très controversé (v. #Ja 2:23), il cite #Ge 15:6, qui affirme avec insistance que Dieu a considéré Abraham comme juste sur la seule base de sa foi.

3° l’œuvre qui, d’après lui, a valu à Abraham d’être justifié a été son acceptation du sacrifice d’Isaac (#Ge 22:9, #Ge 22:12).

Or, cet événement s’est produit de nombreuses années après le jour où il a exercé sa foi pour la première fois et où il a été déclaré juste devant Dieu (#Ge 12:1-7 ; #Ge 15:6). Le sacrifice d’Isaac a néanmoins démontré que la foi d’Abraham était authentique et qu’il était, de ce fait, justifié devant Dieu. Jacques met l’accent sur le fait que, si un homme prétend être sauvé, il peut le prouver aux autres. Son enseignement complète donc parfaitement les écrits de Paul: le salut ne s’obtient que par la foi (#Ep 2:8-9), et il est démontré par la fidélité dans l’obéissance à la volonté de Dieu (#Ep 2:10).

 

22  Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres, et que par les œuvres la foi fut rendue parfaite.

fut rendue parfaite. Le terme grec renvoie au fait de mener quelque chose à bonne fin ou jusqu’à son accomplissement. Un arbre fruitier n’a pas atteint son but tant qu’il n’a pas porté de fruits. De même, la foi n’a pas atteint son objectif tant qu’elle n’a pas fait la démonstration de sa réalité par une vie menée dans la justice.

  

 

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