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NOUVEAU TESTAMENT

JUDE 1 + intro

LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES

 INTRODUCTION À JUDE 

L’épître de Jude

 

Titre

       L’épître de Jude (« Juda » en hébreu, « Judas » en grec) a pour titre le nom de son auteur (v. #Jude 1), l’un des quatre demi-frères de Christ (#Mt 13:55 ; #Mr 6:3). En termes de longueur, c’est la 4e des épîtres les plus courtes (après Philémon, 2 Jean et 3 Jean), et c’est la dernière des huit épîtres générales. Jude ne cite pas directement l’A.T., mais il y fait au moins 9 fois allusion de façon évidente. Du point de vue de son contexte, ce « sermon épistolaire » pourrait s’appeler « Actes des apostats ».

Auteur et date

       Jude (ou Judas) était un nom très répandu dans le contexte israélite (on trouve au moins huit personnes portant ce nom dans le N.T.), mais on s’accorde à penser que l’auteur de cette épître était le demi-frère de Christ, à ne pas confondre avec le disciple Jude, fils de Jacques (#Lu 6:16 ; #Ac 1:13). On parvient à cette conclusion pour plusieurs raisons:

1° Jude se désigne comme le « frère de Jacques », le chef du concile de Jérusalem (#Ac 15), et comme l’un des demi-frères de Jésus (v. #Jude 1 ; cf. #Ga 1:19);

2° la salutation de Jude présente de fortes ressemblances avec celle de Jacques (cf. #Ja 1:1);

3° Jude ne se déclare pas apôtre (v. #Jude 1) mais se distingue d’eux (v. #Jude 17).

       L’apostasie doctrinale et morale que dénonce Jude (vv. #Jude 4-18) forme un proche parallèle avec celle qu’évoque 2 Pierre (#2P 2:1-3:4), mais on pense sa lettre plus tardive pour plusieurs raisons:

1° Pierre anticipe l’émergence des faux docteurs (#2P 2:1-2 ; #2P 3:3), alors que Jude évoque leur arrivée (vv. #Jude 4, #Jude 11-12, #Jude 17-18);

2° Jude cite directement #2P 3:3 en reconnaissant que cette citation lui vient d’un apôtre (vv. #Jude 17-18).

Puisque Jude ne parle jamais de la destruction de Jérusalem survenue en 70 apr. J.-C., bien qu’il ait très probablement rédigé son épître après 2 Pierre (environ 68-70 apr. J.-C.), il faut conclure qu’il l’a écrite avant la destruction de la ville sainte. S’il est avéré que Jude a effectué des voyages missionnaires avec d’autres frères et leur épouse (#1Co 9:5), il a très probablement composé son épître à Jérusalem. L’identité précise des croyants auxquels il s’adressait est inconnue, mais les illustrations dont il se sert permettent de supposer qu’il s’agissait de Juifs. Il est clair que sa lettre était destinée à une région infestée de faux docteurs.

       Jude avait d’abord rejeté la messianité de Jésus (#Jn 7:1-9), mais à l’instar d’autres demi-frères du Seigneur, il s’est converti suite à sa résurrection (#Ac 1:14). La relation de l’auteur avec Christ, sa qualité de témoin oculaire de la résurrection et le contenu de son épître ont permis à ce texte d’être reconnu comme inspiré, et il était inclus, à ce titre, dans le canon de Muratori (170 apr. J.-C.). Les doutes néanmoins émis au début sur sa canonicité donnent à penser qu’il a été rédigé après 2 Pierre. En effet, si c’était Pierre qui avait cité l’épître de Jude, il l’aurait couronnée du sceau apostolique, et l’on n’aurait pas remis en question sa canonicité. Clément de Rome (environ 96 apr. J.-C.) et Clément d’Alexandrie (environ 200 apr. J.-C.) font aussi allusion à l’authenticité du texte de Jude. Il n’est donc pas légitime d’émettre des doutes sur sa canonicité, et si cela a été un temps le cas, c’est à cause de sa brièveté et du fait qu’il cite des écrits non inspirés.

Contexte et arrière-plan

       Jude a vécu à une époque où le christianisme subissait de graves attaques de la part de Rome, pour des raisons politiques. Les plus redoutables, cependant, provenaient des apostats et des libertins de type gnostique, qui assuraient à leurs fausses doctrines une grande diffusion, donnant ainsi naissance à un grand nombre d’hérésies. Cela annonçait probablement le gnosticisme qui allait connaître une grande ampleur et auquel l’apôtre Jean allait devoir s’opposer, 25 ans plus tard, dans ses épîtres. A part Jean, qui était encore en vie à la fin de ce siècle, tous les autres apôtres étaient morts martyrs, et l’on estimait le christianisme très vulnérable. C’est ainsi que Jude appela l’Église à se battre pour que la vérité triomphe d’une guerre spirituelle intense.

Thèmes historiques et théologiques

       Jude est le seul livre du N.T. qui se consacre exclusivement au combat contre l’apostasie. Ce terme désigne les écarts, souvent graves, par rapport à la vraie foi biblique (vv. #Jude 3, #Jude 17). Les apostats sont décrits par ailleurs en #2Th 2:10 ; #Hé 10:29 ; #2P 2:1-22 ; #1Jn 2:18-23. Jude a écrit pour condamner les apostats et pour pousser les croyants à défendre la foi. Il appelait l’Église à exercer son discernement et à garder une ligne rigoureuse en faveur de la vérité biblique. En cela, il suivait l’exemple de ses prédécesseurs:

1° Christ (#Mt 7:15ss; #Mt 16:6-12 ; #Mt 24:11ss; #Ap 2 ; #Ap 3);

2° Paul (#Ac 20:29-30 ; #1Ti 4:1 ; #2Ti 3:1-5 ; #2Ti 4:3-4);

3° Pierre (#2P 2:1-2 ; #2P 3:3-4);

4° Jean (#Jn 4:1-6 ; #2Jn 6-11).

       Jude contient un grand nombre d’illustrations historiques tirées de l’A.T., notamment:

1° l’exode (v. #Jude 5);

2° la rébellion de Satan (v. #Jude 6);

3° Sodome et Gomorrhe (v. #Jude 7);

4° la mort de Moïse (v. #Jude 9);

5° Caïn (v. #Jude 11);

6° Balaam (v. #Jude 11);

7° Koré (v. #Jude 11);

8° Hénoc (vv. #Jude 14-15);

9° Adam (v. #Jude 14).

       Jude brosse un portrait vivant des apostats du point de vue de leur personnalité et de leurs activités scandaleuses (vv. #Jude 4, #Jude 8, #Jude 10, #Jude 16, #Jude 18-19). Il emprunte des images de la nature pour illustrer la futilité de leurs enseignements (vv. #Jude 12-13). Il ne s’attache jamais à contester le contenu de leurs fausses doctrines; il lui suffit de dénoncer leur vie personnelle dégénérée et la stérilité de leur ministère: cela en disait assez long sur le caractère hérétique de leurs enseignements, qu’ils s’efforçaient de faire passer pour vérité biblique. L’accent mis sur leur personne reprend un thème permanent en lien avec les faux docteurs: la corruption de leur vie personnelle. Malgré le caractère intelligent, subtil, séduisant et trompeur de leurs enseignements, qu’ils présentaient sous les formes les plus variées, il suffisait pour les reconnaître de regarder derrière leur masque spirituel et de découvrir ainsi la dépravation de leur vie (#2P 2:10, #2P 2:12, #2P 2:18-19).

Questions d’interprétation

  Puisque aucun point de doctrine n’est discuté ici, la difficulté de cette épître tient à son interprétation, qui doit suivre le protocole habituel pour comprendre le sens exact du texte. Il est vrai que, pour appuyer ses thèses, Jude cite des passages tirés de sources non canoniques et pseudépigraphiques (c’est-à-dire que leur auteur réel n’est pas celui qui est mentionné), telles que 1 Hénoc (v. #Jude 14) et l’Assomption de Moïse (v. #Jude 9). Doit-on lui en tenir rigueur? Puisque Jude écrivait sous l’inspiration du Saint-Esprit (#2Ti 3:16 ; #2P 1:20-21) et qu’il a intégré à son texte des références qui sont exactes et vraies, sa manière de faire ne diffère en rien de celle de Paul (cf. #Ac 17:28 ; #1Co 15:33 ; #Tit 1:12).

 
JUDE 1 : 1 à 25
 Adresse et salutation

1 ¶  Jude, serviteur de Jésus-Christ, et frère de Jacques, à ceux qui ont été appelés, qui sont aimés en Dieu le Père, et gardés pour Jésus Christ:

 serviteur. Avant la crucifixion et la résurrection, Jude ne croyait pas que Jésus était le Messie (#Mt 13: 55 ; #Mr 6:3 ; #Jn 7:5), mais il vint se présenter humblement devant lui, ensuite, comme un esclave soumis à sa seigneurie.

 frère de Jacques. Jacques était le responsable bien connu de l’Église de Jérusalem (#Ac 12:17 ; #Ac 15: 13 ; #Ac 21: 18 ; #Ga 2:9) et l’auteur de l’épître qui porte son nom.

 appelés. Comme d’habitude dans les épîtres, il ne s’agit pas d’une invitation générale au salut, mais de l’appel irrésistible au salut que Dieu adresse aux élus (cf. #Ro 1:7 ; #1Co 1:23-24 ; #1Th 5:24 ; #2Th 2:13-14). En acceptant de répondre à cet appel, on se place au bénéfice de

1° la communion avec Christ (#1Co 1:9);

2° la paix (#1Co 7:15);

3° la liberté (#Ga 5:13);

4° une marche qui en vaut la peine (#Ep 4:1);

5° l’espérance (#Ep 4:4);

6° la sainteté (#1Pi 1:15);

7° la bénédiction (#1Pi 3:9);

8° la joie éternelle (#1Pi 5:10).

 Cf. « grâce de notre Dieu » (v. #Jude 4).

 aimés. Certains manuscrits grecs portent « sanctifiés ». Cf. #Jn 13: 1 ; #Jn 14: 23 ; #Jn 16: 27 ; #Jn 17: 20, #Jn 17: 23 ; #Ro 5:8 ; #1Jn 3:1 qui insistent sur l’idée de l’amour inconditionnel  et, par conséquent, indéfectible - de Dieu envers ceux qui croient en Christ. C’est bien sûr grâce à cet amour que les croyants sont « sanctifiés », c’est-à-dire séparés du péché et mis à part pour Dieu, par la transformation qu’opère la conversion.

 Dieu le Père. Le plan de salut, de même que son accomplissement, procèdent de Dieu qui est le Père, non seulement au sens de créateur et d’origine de tout ce qui existe, mais aussi parce qu’il est notre « Sauveur » (v. #Jude 25 ; cf. #1Ti 2:4 ; #Tit 1:3 ; #Tit 2:10 ; #Tit 3:4).

gardés. Dieu est non seulement à l’origine du salut mais il l’amène aussi à son achèvement à travers Christ, préservant ou gardant le croyant en sécurité dans la perspective de la vie éternelle (cf. #Jn 6:37-44 ; #Jn 10:28-30 ; #Jn 17: 11, #Jn 17: 15 ; #Ro 8:31-39 ; #2Ti 4:18 ; #Hé 7:25 ; #Hé 9:24 ; #1Pi 1:3-5).

 

2  que la miséricorde, la paix et la charité vous soient multipliées !

 la miséricorde, la paix et l’amour. C’est par cette expression « miséricorde et paix » que les Juifs avaient coutume de se saluer. « Amour » fut ajouté ensuite pour en faire une salutation typiquement chrétienne. C’est ici le seul passage du N.T. où ces trois qualités apparaissent si proches les unes des autres. Là où prévalent la loi et les œuvres, on ne recueille qu’échec et mort. Là où prévaut la grâce, on trouve la miséricorde (#Ep 2:4 ; #Hé 4:16), la paix (#Ro 5:1) et l’amour (#Ro 5:5), et ce, de plus, en abondance.

 Contre les impies

3 ¶  Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.

 Bien-aimés. Cf. vv. #Jude 17-20.

 je me suis senti obligé. Cf. #1Co 9:16. Ce v. implique que Jude avait eu l’intention d’écrire une épître sur le thème du salut en tant que bénédiction commune à tous les croyants, sans doute pour raviver la communion fraternelle et l’unité entre les frères, leur rappelant ainsi que Dieu ne fait acception de personne. Cependant, devant l’émergence des apostats et des faux docteurs, il choisit plutôt de les appeler à se battre pour faire prévaloir la vérité.

 combattre. Ce n’était pas le salut des destinataires de sa lettre qui était en cause, mais celui de ceux qui avaient besoin d’entendre le véritable Évangile et qui étaient trompés par le faux évangile que leur présentaient les faux docteurs dans leurs prédications fallacieuses et leur mauvais exemple. Jude lançait donc un appel urgent aux chrétiens: ils devaient combattre l’erreur sous toutes ses formes et lutter pour la vérité, comme un soldat à qui l’on a confié la garde d’un trésor très saint (cf. #1Ti 6:12 ; #2Ti 4:7).

 la foi. C’est l’ensemble de la vérité révélée relative au salut, telle que la contiennent les Écritures (cf. #Ga 1:23 ; #Ep 4:5, #Ep 4:13 ; #Ph 1:27 ; #1Ti 4:1). #Jude 20. Il y a là un appel à bien connaître la saine doctrine (#Ep 4:14 ; #Col 3:16 ; #1Pi 2:2 ; #1Jn 2:12-14), à exercer le discernement pour faire émerger la vérité au-dessus de l’erreur (#1Th 5:20-22), à être prêt à affronter et contrecarrer l’hérésie.

 transmise aux saints une fois pour toutes. La révélation de Dieu représente un bloc monolithique  depuis qu’est terminée la rédaction des Écritures - et il faut se garder d’en enlever ou d’y ajouter quoi que ce soit (cf. #De 4:2 ; #De 12:32 ; #Pr 30:6 ; #Ap 22:18-19). Les Écritures sont complètes, suffisantes, et il y a été mis le point final. Elles sont, par conséquent, « gravées dans le marbre » pour l’éternité. Rien ne saurait être ajouté au corps bien organisé que forme la Parole inspirée, car elle se suffit à elle-même. Depuis, la responsabilité primordiale des croyants est de l’étudier (#2Ti 2:15), de la prêcher (#2Ti 4:2) et d’en assurer la préservation.

 saints. Les croyants sont appelés saints car ils ont été séparés du péché pour être consacrés à Dieu.  

 

4  Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul maître et Seigneur Jésus-Christ.

 Car il s’est glissé parmi vous certains hommes. Il s’agit de faux docteurs qui s’étaient infiltrés au sein des fidèles, qui protestaient de leur orthodoxie et en donnaient toutes les apparences, mais qui avaient surtout l’intention de détourner le peuple de Dieu du droit chemin (cf. #Mt 7:15 ; #Ac 20: 29 ; #Ga 2:4-5 ; #1Ti 4:1-3 ;  #2P 2:1, #2P 2:20 ; #1Jn 2:18-23). Ces apostats n’étaient que de diaboliques faussaires, qui se présentaient le plus souvent comme prédicateurs itinérants (cf. #2Co 11:13-15 ; #2P 2:1-3 ; #2Jn 7-11). Leur duplicité les rendait dangereux. Trois caractéristiques les trahissaient cependant:

1° leur vie était dissolue;

2° ils pervertissaient le sens de la grâce;

3° ils ne reconnaissaient pas Christ.

 dont la condamnation. Allusion au jugement prononcé contre eux des siècles auparavant. En décrivant ainsi les apostats, Jude les plaçait dans le droit fil de ce qui leur est réservé depuis toujours: le châtiment divin.

 écrite depuis longtemps. Il y avait des siècles que l’apostasie et les apostats étaient dénoncés; les vv. #Jude 5-7 en fournissent l’illustration, et Hénoc (vv. #Jude 14-16) en parlait déjà. Cf. #Esa 8:19-21 ; #Esa 47:9-15 ; #Os 9:9 ; #Sop 3:1-8. Leur funeste destin était écrit à l’avance dans les Écritures pour servir d’avertissement à ceux qui viendraient plus tard. Jésus lui-même met ses auditeurs en garde contre eux en #Mt 7:15-20 (cf. #Ac 20:29). L’avertissement le plus récent à ce sujet se trouve en #2P 2:3, #2P 2:17 ; #2P 3:7.

 impies. Littéralement « sans vénération ». Leur manque de respect pour Dieu était visible, du fait qu’ils n’infiltraient son Église que dans le but de la corrompre et de tirer profit des biens de ses membres. Cf. vv. #Jude 15-16, #Jude 18-19.

 dérèglement. Littéralement « vice sans entrave » ou « immoralité grossière », ce qui est typique du style de vie honteux de ceux qui prennent prétexte de la grâce de Dieu pour se livrer sans vergogne à une immoralité débridée (cf. #Ro 6:15).

renient notre seul maître et Seigneur Jésus-Christ. Deux mots différents sont ici utilisés pour désigner le Seigneur. Les apostats reniaient Christ comme maître souverain (despotês) et, par leur conduite honteuse, ils prouvaient qu’ils ne reconnaissaient pas Christ comme leur Seigneur (kurios), celui qu’ils devaient honorer de ce fait par leur vie. Certains manuscrits ajoutent « Dieu » après « maître », mais pas les plus anciens, qui placent clairement l’accent sur une seule personne  le Seigneur Jésus-Christ - et affirment qu’il est renié par les apostats. Cf. #Mt 10:33 ; #2Ti 2:12 ; #Tit 1:16 ; #1Jn 2:22-23. Il est typique des apostats, faux docteurs et autres religions endurcies dans l’erreur de pervertir ce que les Écritures déclarent comme vrai au sujet du Seigneur Jésus-Christ.

 

5  Je veux vous rappeler, à vous qui savez fort bien toutes ces choses, que le Seigneur, après avoir sauvé le peuple et l’avoir tiré du pays d’Égypte, fit ensuite périr les incrédules ;

 sauvé …  fit ensuite périr. Cf. #Hé 3:16-19. Dieu avait miraculeusement délivré la nation d’Israël de son esclavage en Égypte (#Ex 12:51 ; #De 4:34), mais elle ne l’avait remercié que par l’incrédulité et le doute; les Israélites n’avaient plus la foi que Dieu avait le pouvoir de les conduire dans le pays promis (#No 13:25-14: 4), au point qu’ils se mirent à adorer une idole faite de main d’homme et qu’ils murmurèrent contre Dieu plutôt que de l’adorer (#Ex 16:7-12 ; #1Co 10:10-11). Cela valut à cette génération apostate de périr au cours de 38 années d’errance dans le désert (#No 14:22-30, #No 14: 35).

1:5-7 Jude évoque trois actes d’apostasie bien connus de l’A.T. pour rappeler (v. #Jude 5) leurs conséquences fâcheuses, comme il le déclare au v. 4.

 

6  qu’il a réservé pour le jugement du grand jour, enchaînés éternellement par les ténèbres, les anges qui n’ont pas gardé leur dignité, mais qui ont abandonné leur propre demeure ;

 anges qui n’ont pas gardé. Cette apostasie des anges déchus est décrite en #Ge 6:1-3: ils prirent possession d’hommes pour aller cohabiter avec des femmes. La transition avec Sodome et Gomorrhe au v. 7 souligne la similitude entre le péché de l’homosexualité et ce dont ces anges se rendirent coupables en #Ge 6.

 jugement du grand jour. Désigne le jugement dernier où tous les démons et Satan seront jetés dans « l’étang de feu » qui leur est réservé (#Mt 25:41 ; #Ap 20: 10), de même que tous les impies (#Ap 20: 15).

 

7  que Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à l’impudicité et à des vices contre nature, sont données en exemple, subissant la peine d’un feu éternel.

 Sodome …  Gomorrhe. La destruction de ces deux villes, situées au sud-est de la mer Morte, est mentionnée plus de 20 fois dans les Écritures pour illustrer le jugement divin à l’époque d’Abraham et de Lot (cf. #Ge 18: 22-19: 29). Cette destruction était la conséquence de leur apostasie, puisqu’elle survint 450 ans après le déluge, alors qu’au moins l’un des fils de Noé, Sem (#Ge 11:10-11), était encore vivant. Puisque ce n’était que 100 ans après la mort de Noé (#Ge 9:28), il ne faisait aucun doute que leurs habitants connaissaient le message de droiture et de jugement divin que Noé leur avait prêché et dont ils avaient fait fi.

 comme eux. Rappel du v. 6.

 débauche …  vices contre nature. Allusion aux désirs sexuels de leurs habitants, autant hétérosexuels (#Ge 19: 8) qu’homosexuels (#Ge 19:4-5). Pour la condamnation absolue des pratiques homosexuelles, cf. #Lé 18: 22 ; #Lé 20: 13 ; #Ro 1:27 ; #1Co 6:9 ; #1Ti 1:10.

 feu éternel. Sodome et Gomorrhe illustrent le feu divin du jugement de la terre (cf. #Ap 16:8-9 ; #Ap 20: 9) qui n’était qu’une préfiguration du feu qui ne s’éteindra jamais dans l’enfer éternel (cf. #Mt 3:12 ; #Mt 18: 8 ; #Mt 25:41 ; #Mr 9:43-44, #Mr 9:46, #Mr 9:48 ; #Lu 3:17 ; #Ap 19: 20 ; #Ap 20:14-15 ; #Ap 21: 8).

 

8 ¶  Malgré cela, ces hommes aussi, entraînés par leurs rêveries, souillent pareillement leur chair, méprisent l’autorité et injurient les gloires.

 entraînés par leurs rêveries. Cela désigne un état de confusion de l’âme ou une imagination anormale, qui produit délires et désordres dans le domaine des sens. L’esprit de ces hommes était devenu imperméable à la vérité de la Parole de Dieu: ainsi trompés et abusés, ils imaginaient les perversions les plus honteuses et étaient devenus aveugles et sourds à la réalité et à la vérité. Peut-être prétendaient-ils même avoir reçu ces idées en songe de la part de Dieu. Les apostats, qui sont décrits de 3 façons différentes, sont en outre désignés 5 fois par le démonstratif « ceux-ci » en grec (vv. #Jude 10, #Jude 12, #Jude 14, #Jude 16, #Jude 19).

 souillent pareillement leur chair. Comme les habitants de Sodome et Gomorrhe (v. #Jude 7), les apostats n’ont guère de retenue, voire aucune. C’est pourquoi ils sont souvent caractérisés par leur style de vie immoral (v. #Jude 4). Cf. #Tit 1:15 ; #Hé 12:15 ; #2P 2:10-19 ; #2P 3:3.

 méprisent l’autorité. Comme les anges déchus (v. #Jude 6), ces imposteurs défiaient toute autorité, qu’elle soit civile ou spirituelle, et rejetaient par conséquent celle des Écritures et de Christ (v. #Jude 4).

 injurient les gloires. #Jude 10. Il est probable que ces gloires soient des anges, comme l’atteste le v. 9.

 

9  Or, l’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement injurieux, mais il dit : Que le Seigneur te réprime !

 l’archange Michel. Le chef des anges de Dieu, qui veille tout particulièrement sur Israël (#Da 10:13, #Da 10:21 ; #Da 12:1) et commande tous les saints anges (#Ap 12:7). Nulle part ailleurs dans les Écritures n’est mentionnée cette lutte pour obtenir le corps de Moïse. Sur ordre de Dieu, Michel dut se battre contre Satan, comme ce fut aussi le cas en une autre occasion, en #Da 10:13

 le diable. Autre nom de Satan, signifiant « accusateur » ou « calomniateur » (cf. #Ap 12:9-10).

 le corps de Moïse. Moïse mourut sur le mont Nebo et fut enterré secrètement en un lieu inconnu de tout homme (#De 34:5-6). Il est probable que cette confrontation eut lieu au moment où Michel enterra Moïse, pour empêcher Satan de se servir du corps en vue de pratiques diaboliques de nature inconnue. Peut-être Satan avait-il l’intention d’en faire une idole, un objet de culte pour Israël. C’est pourquoi Dieu veilla à ce que Michel l’enterre. Cette histoire est rapportée dans le récit pseudépigraphique de l’Assomption de Moïse.

 porter contre lui un jugement injurieux. Plutôt que de se permettre de maudire lui-même un ange aussi puissant que Satan lui-même, Michel s’en remit à la puissance ultime et souveraine de Dieu, suivant en cela l’exemple de l’ange de l’Éternel en #Za 3:2. C’est une excellente illustration de la façon dont les chrétiens doivent se comporter à l’égard de Satan et des démons; ils ne sont pas censés s’adresser à eux directement, mais doivent plutôt demander au Seigneur d’intervenir contre eux.

 

10  Eux, au contraire, ils parlent d’une manière injurieuse de ce qu’ils ignorent, et ils se corrompent dans ce qu’ils savent naturellement comme les brutes.

 parlent d’une manière injurieuse. Littéralement « blasphèment ». #Jude 8. Les docteurs apostats se croient investis de puissance et d’autorité et, dans leur arrogance égocentrique éhontée, se moquent de ce qu’ils ne comprennent même pas.

 ce qu’ils …  ce qu’ils. Les apostats sont pleins d’arrogance intellectuelle mais ignorants du point de vue spirituel parce qu’ils sont aveuglés par Satan (#2Co 4:4). Leur intelligence non régénérée les rend impropres à comprendre les réalités spirituelles (#1Co 2:14). Par rapport aux choses de Dieu, ils ne valent pas mieux que le plus stupide des animaux.

 se corrompent. Il s’agit d’une autodestruction spirituelle et morale.

 

11  Malheur à eux ! car ils ont suivi la voie de Caïn, ils se sont jetés pour un salaire dans l’égarement de Balaam, ils se sont perdus par la révolte de Coré.

 Malheur. En réclamant le châtiment spirituel le plus grave à l’encontre des apostats, Jude suivait l’exemple des prophètes (cf. #Esa 5:8-23) et de Christ (cf. #Mt 23: 13, #Mt 23:15-16, #Mt 23: 23, #Mt 23: 25, #Mt 23: 27, #Mt 23: 29). Les châtiments les plus sévères tomberont sur les apostats (#Hé 10:26), car ils ont imité Caïn, Balaam et Koré.

 la voie de Caïn. Caïn s’est ouvertement opposé à la volonté révélée de Dieu au sujet des sacrifices ;  cf. #Hé 11:4 ; #1Jn 3:12).

 l’égarement de Balaam. Cf. #No 22:1-25:2 . En échange d’une forte rémunération financière, Balaam avait conçu un plan au profit de Balak, roi de Moab, afin de faire tomber Israël dans l’idolâtrie et l’immoralité, de façon à attirer le châtiment de Dieu sur son peuple (cf. #No 31:16 ; #Ap 2:14).

 la révolte de Koré. Plus de 250 chefs juifs, Koré en tête, contestèrent à Moïse et Aaron leur vocation de guides suprêmes oints par Dieu, dans le but d’imposer leur propre volonté à Dieu et à son peuple. Les apostats connaîtront le même sort que celui réservé à Koré: le châtiment divin.

 

12  Ce sont des écueils dans vos agapes, faisant impudemment bonne chère, se repaissant eux-mêmes. Ce sont des nuées sans eau, poussées par les vents ; des arbres d’automne sans fruits, deux fois morts, déracinés ;

 écueils dans vos agapes. « Écueils » peut se traduire par « points qui font tache ». Ces apostats ressemblaient à des taches, des souillures sur le vêtement de l’Église; ou, plus probablement, Dieu avait prévu de faire de la marche de l’Église une traversée sans encombre mais, par leur seule présence, elle risquait de tourner au naufrage contre des récifs. Les « agapes » étaient des rassemblements réguliers de l’Église primitive, où les croyants prenaient la sainte cène et partageaient un repas (cf. #1Co 11:20-30).

 nuées sans eau. Les apostats promettent la vie spirituelle mais ils ressemblent à des nuages vides, porteurs de promesse de pluie mais n’apportant que sécheresse et mort (cf. #Pr 25:14). Le faux évangile qu’ils prêchent ne mène qu’en enfer.

 arbres d’automne sans fruits. Les apostats invitent leurs convives à un festin spirituel, mais seule la famine est au rendez-vous (cf. #Lu 13:6-9). Des arbres doublement morts ne pourront jamais porter de fruits et, quoi qu’ils en disent, resteront à jamais stériles car ils ont été déracinés. Cf. #Mt 7:17-20.

 

13  des vagues furieuses de la mer, rejetant l’écume de leurs impuretés ; des astres errants, auxquels l’obscurité des ténèbres est réservée pour l’éternité.

 vagues furieuses de la mer. Les apostats promettent un ministère puissant, mais on a tôt fait de comprendre qu’ils ne sont que des fauteurs de troubles dont la médiocrité ne mérite que l’opprobre (cf. #Esa 57:20).

 astres errants. Désigne probablement un météore ou une étoile filante, qui brille soudain sans qu’on puisse prévoir quand, pour disparaître à jamais dans le néant. Les apostats s’engagent à se charger durablement de la conduite spirituelle des croyants, mais ce n’est qu’un feu de paille, bref et sans valeur.

 

14  C’est aussi pour eux qu’Énoch, le septième depuis Adam, a prophétisé en ces termes : Voici, le Seigneur est venu avec ses saintes myriades,

 Hénoc. Selon la généalogie de #Ge 5:1-24 ; #1Ch 1:1-3, Hénoc était le septième depuis Adam. Parce qu’il avait « marché avec Dieu », il eut le privilège d’être enlevé au paradis sans avoir à passer par la mort (cf. #Ge 5:24 ; #Hé 11:5).

 pour eux …  a prophétisé. Jude tient cette information du Saint-Esprit, sous l’inspiration duquel il écrivait. Que cette prophétie ait été classée dans le Livre d’Hénoc, texte non biblique et pseudépigraphique, ne remet pas en question son exactitude.

 Voici, le Seigneur …  saintes myriades. Avant même le déluge, Hénoc avait prophétisé le second avènement de Christ, lors du jugement dernier (cf. #1Th 3:13). « Saintes » peut désigner aussi bien les croyants que les anges. Puisque aussi bien les anges (#Mt 24: 31 ; #Mt 25:31 ; #Mr 8:38 ; #2Th 1:7) que les croyants (#Col 3:4 ; #1Th 3:13 ; #Ap 19: 14) accompagneront Christ, cela pourrait faire allusion aux deux (cf. #Za 14: 5), mais comme c’est le châtiment qui est mis en exergue au v. 15, il doit plutôt s’agir des anges. En effet, ils entrent souvent en action pour exercer les châtiments divins. Les croyants auront certes fonction de juges pendant le règne terrestre du Seigneur, et ils seront de retour lors de la venue de Christ pour juger (#Ap 19: 14), mais ce sont les anges qui seront le bras de Dieu lors du second avènement de Christ (voir #Mt 13:39-41, #Mt 13:49-50 ; #Mt 24:29-31 ; #Mt 25:31 ; #2Th 1:7-10).

 

15 ¶  pour exercer un jugement contre tous, et pour faire rendre compte à tous les impies parmi eux de tous les actes d’impiété qu’ils ont commis et de toutes les paroles injurieuses qu’ont proférées contre lui des pécheurs impies.

 exercer un jugement. C’est l’enfer éternel qui sera prononcé contre les impies (voir #Ap 20:11-15). Cf. #Mt 5:22 ; #Mt 7:19 ; #Mt 8:12 ; #Mt 10:28 ; #Mt 13:40-42 ; #Mt 25:41, #Mt 25:46).

 les impies. Le mot sert par quatre fois à décrire les apostats (cf. vv. #Jude 4, #Jude 18), ce qui indique que l’iniquité la plus grave consiste à manquer de respect à Dieu. Voir l’utilisation que fait Pierre de ce terme en #2P 2:5-6 ; #2P 3:7. C’est pour ces pécheurs-là que Jésus est venu mourir (#Ro 5:6).

 

16  Ce sont des gens qui murmurent, qui se plaignent de leur sort, qui marchent selon leurs convoitises, qui ont à la bouche des paroles hautaines, qui admirent les personnes par motif d’intérêt.

 des gens qui murmurent. Ce mot, qu’on ne trouve qu’ici dans le N.T., apparaît dans la LXX à propos des murmures d’Israël contre Dieu (#Ex 16:7-9 ; #No 14: 27, #No 14: 29 ; #1Co 10:10).

 se plaignent. Littéralement « adressent des reproches ». Ils donnent libre cours à leur insatisfaction quant à la volonté et aux actions divines, à l’instar d’Israël, de Sodome, des anges déchus, de Caïn, Koré et Balaam (cf. vv. #Jude 5-7, #Jude 11).

 marchent selon leurs convoitises. Expression fréquente pour décrire les inconvertis (v. #Jude 18 ; #2Ti 4:3). Les apostats sont tout particulièrement motivés par leur désir de satisfaction personnelle condamnable.

 paroles hautaines. Ils parlent avec arrogance, de façon pompeuse et même grandiloquente, mais leurs paroles sonnent creux, car elles sont dépourvues de la vie de l’Esprit, et donc sans valeur. Leur message possède une grande puissance de séduction par sa beauté, mais il est vide de toute substance de vérité divine.

 admirent les personnes. Ils disent aux gens ce qu’ils veulent entendre dans le but de profiter d’eux (cf. #2Ti 4:3-4), au lieu de proclamer la vérité de la Parole de Dieu pour le bénéfice de leurs auditeurs. Cf. #Ps 5:10 ; #Ps 12:3-4 ; #Pr 26:28 ; #Pr 29:5 ; #Ro 3:13 ; #Ro 16: 18.

 

17  Mais vous, bien-aimés, souvenez-vous des choses annoncées d’avance par les apôtres de notre Seigneur-Jésus Christ.

 annoncées d’avance par les apôtres. Les apôtres avaient averti les chrétiens de la nouvelle génération de l’émergence des apostats, pour qu’ils soient préparés et ne soient pas pris par surprise (cf. #Ac 20:28-31 ; #1Ti 4:1-2 ; #2Ti 3:1-5 ; #2Ti 4:1-3 ; #2Pi 2:1-3:4 ; #1Jn 2:18 ; #2Jn 7-11). La Parole de Dieu sert à avertir et protéger ceux qui en tiennent compte (#Ac 20: 31 ; #1Co 4:14); comme l’indique le v. 18, les avertissements n’avaient jamais cessé.

 

18  Ils vous disaient qu’au dernier temps il y aurait des moqueurs, marchant selon leurs convoitises impies ;

 dans les derniers temps. Littéralement « à la fin (chronologique) de l’époque (ou de la saison) en cours » (cf. #2Ti 3:1). L’expression désigne la période située entre le premier et le second avènements de Christ. Ces caractéristiques prévaudront jusqu’au retour de Christ.

 moqueurs. Ce sont ceux qui se gaussent des plans divins et, tout en prétendant connaître la vérité, affirment que Dieu n’exécutera jamais les châtiments promis.

 marchant selon leurs convoitises impies. Voir la note sur le v. 16 {==> "Jude 1:16"}.

 

19  ce sont ceux qui provoquent des divisions, hommes sensuels, n’ayant pas l’esprit.

 ceux qui provoquent des divisions. Ils divisaient l’Église en factions adverses au lieu de l’unir (cf. #Ep 4:4-6 ; #Ph 2:2).

 hommes sensuels. Les docteurs apostats se targuaient de posséder les connaissances spirituelles les plus raffinées, mais leurs désirs et leur façon de vivre correspondaient en fait aux niveaux les plus vils.

 n’ayant pas l’Esprit. Ne pas avoir l’Esprit, c’est être dépourvu de toute vie spirituelle ou, en d’autres termes, être un non-croyant.

 Profil d’un apostat

1. Est impie (v. #Jude 4)

2. Est moralement perverti (v. #Jude 4)

3. Renie Christ (v. #Jude 4)

4. Corrompt la chair (v. #Jude 8)

5. Est rebelle (v. #Jude 8)

6. Se moque des saints anges (v. #Jude 8)

7. Est un rêveur (v. #Jude 10)

8. Est ignorant (v. #Jude 10)

9. Est corrompu (v. #Jude 10)

10. Se plaint de son sort (v. #Jude 16)

11. Murmure (v. #Jude 16)

12. Marche selon ses convoitises (v. #Jude 16)

13.  des paroles hautaines (v. #Jude 16)

14. Flatte les gens par intérêt (v. #Jude 16)

15. Est un moqueur (v. #Jude 18)

16. Provoque des divisions (v. #Jude 19)

17. Est sensuel (v. #Jude 19)

18. N’a pas l’Esprit (v. #Jude 19)

  Exhortation, et doxologie finale

20  Pour vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi, et priant par le Saint-Esprit,

 vous édifiant vous-mêmes. Les vrais croyants ont une fondation solide (#1Co 3:11), et leur pierre angulaire (#Ep 2:20), c’est Jésus-Christ. Les vérités de la foi chrétienne (cf. v. #Jude 3) sont expliquées dans les enseignements des apôtres et des prophètes (#Ep 2:20), si bien que les chrétiens peuvent se fonder sur la Parole de Dieu (#Ac 20: 32).

 priant par le Saint-Esprit. Cela ne constitue pas une invitation à rechercher une forme extatique de prière, mais simplement un appel à prier de façon cohérente avec la volonté et la puissance de l’Esprit, comme on prierait au nom de Jésus-Christ (cf. #Ro 8:26-27).

 

21  maintenez-vous dans l’amour de Dieu, en attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle.

 maintenez-vous. Cf. #Ac 13: 43. Par cet impératif est établie la responsabilité du croyant: obéir et se montrer fidèle, en vivant conformément à son statut de sauvé (cf. #Ph 2:12), tandis que Dieu met sa volonté en œuvre (cf. #Ph 2:13). Cela signifie demeurer dans l’obéissance, car c’est là que l’amour de Dieu se déverse sur ses enfants. La désobéissance, au contraire, n’entraîne que des châtiments (cf. #1Co 11:27-31 ; #Hé 12:5-11). Il s’agit donc de la persévérance des saints, contrepartie de l’acte souverain par lequel Dieu préserve les croyants fondés en Christ (cf. v. #Jude 1). Elle se réalise par le fait qu’on

1° se fonde sur la Parole de Dieu (v. #Jude 20);

2° prie dans le Saint-Esprit (v. #Jude 20);

3° recherche la vie éternelle (v. #Jude 21).

 Au sujet de la persévérance des saints, Cf. #Mt 10:22. Ceux qui persévèrent sont ceux-là mêmes qui sont sauvés, par opposition à ceux dont l’amour se refroidit (v. #Mt 24: 12). Cela ne signifie pas que la persévérance soit garante du salut. Dans maints passages, l’Écriture enseigne précisément le contraire: c’est Dieu qui assure notre persévérance, et cela fait partie de son œuvre de salut. Les vrais croyants sont « gardés par la foi pour le salut » (#1Pi 1:5). La garantie de notre persévérance est gravée dans la promesse de la nouvelle alliance. Dieu dit: « Je mettrai ma crainte dans leur cœur, afin qu’ils ne s’éloignent pas de moi » (#Jér 32:40). Ceux qui chutent et s’éloignent de Christ prouvent de manière formelle qu’ils n’ont jamais été de vrais croyants (#1Jn 2:19). Cependant, le fait que Dieu est le garant de notre persévérance ne signifie pas pour autant que nous devions rester passifs dans ce processus. Il nous garde « par la foi » (#1Pi 1:5), par notre foi. L’Écriture nous invite quelquefois à retenir fermement notre foi (#Hé 10:23 ; #Ap 3:11) ou nous met en garde contre la chute (#Hé 10:26-29). De tels avertissements n’annulent pas les nombreuses promesses qui parlent de la persévérance des vrais croyants (#Jn 10:28-29 ; #Ro 8:38-39 ; #1Co 1:8-9 ; #Ph 1:6). Les avertissements et les appels font au contraire partie des moyens que Dieu utilise pour préserver notre persévérance dans la foi. Il est intéressant de remarquer que les avertissements et les promesses vont souvent de pair. Ainsi, par exemple,, lorsque Jude exhorte les croyants à se maintenir « dans l’amour de Dieu » (#Jude 21), il les oriente aussitôt vers Dieu, « qui peut vous préserver de toute chute » (#Jude 24).

 en attendant. L’attente bouillonnante d’impatience de la seconde venue de Christ, qui viendra conférer la vie éternelle dans sa forme ultime, celle de la résurrection (cf. #Tit 2:13 ; #1Jn 3:1-3). Celle-ci est l’expression suprême de la miséricorde de Dieu envers celui à qui la justice de Christ a été imputée sans considération de mérite (cf. v. #Jude 2). Paul appela cela « aimer son avènement » (#2Ti 4:8), et Jean écrivit que cette anticipation résolue et persévérante était purificatrice (#1Jn 3:3).

 

22  Reprenez les uns, ceux qui contestent ;

 Reprenez. Certains manuscrits portent « ayez pitié de ». Ces victimes des docteurs apostats ont besoin de miséricorde et de patience parce qu’elles n’ont pas acquis une ferme conviction à propos de Christ et de la vie éternelle, ce qui les maintient dans le doute, mais elles restent susceptibles de se laisser convaincre par la vérité.

 1:22-23

les uns …  d’autres …  d’autres encore. Il existe plusieurs variantes textuelles ici, qui débouchent sur deux ou trois catégories de personnes:

1° ceux qui doutent avec un cœur sincère, et qui méritent notre compassion (v. #Jude 22);

2° ceux qui se sont endurcis dans leur incrédulité et ont un besoin urgent d’être sortis du feu (v. #Jude 23);

3° ceux qui se déclarent ouvertement apostats et qui méritent encore qu’on leur accorde miséricorde, mais envers lesquels la plus grande prudence s’impose (v. #Jude 23), pour éviter que ceux qui voudraient leur porter secours ne soient eux-mêmes « convertis » à l’apostasie.

 Les indices que livrent les manuscrits et l’habitude qu’avait Jude de recourir aux groupes de trois font pencher pour un scénario à trois types de personnages.

 

23  sauvez-en d’autres en les arrachant du feu ; et pour d’autres encore, ayez une pitié mêlée de crainte, haïssant jusqu’à la tunique souillée par la chair.

 sauvez-en d’autres. Ces autres sont ceux qui ont adhéré aux erreurs enseignées par les apostats et qui ont besoin de notre pleine et urgente attention, avant qu’ils ne s’engagent encore plus avant sur le chemin de l’enfer (cf. v. #Jude 7) du fait de leur crédulité par rapport aux mensonges qui les ont trompés.

 crainte. Le troisième groupe n’a pas moins besoin de miséricorde, bien que ses membres soient intégralement vendus aux hérésies des apostats. On doit leur présenter la vérité avec crainte, pour éviter d’être soi-même influencé par leurs erreurs. Les vêtements souillés sont le symbole de la vie dissolue des apostats, dont la contagion peut atteindre les évangélistes de bonne volonté.

 

24  Or, à celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irrépréhensibles et dans l’allégresse,

 celui qui peut. Allusion à l’omnipotence de Dieu. Cf. #Ge 18: 14 ; #De 7:21 ; #1S 14: 6 ; #Mt 19: 26.

 vous préserver de toute chute. La puissance de Christ empêchera le croyant sincère de céder à la tentation de l’apostasie (cf. #Job 42:2 ; #Ps 37:23-24 ; #Ps 121:3 ; #Jér 32:17 ; #Mt 19: 26 ; #Lu 1:37 ; #Jn 6:39-40, #Jn 6:44 ; #Jn 10:27-30 ; #Ep 3:20).

 irréprochables. Cf. #2Co 11:2 ; #Ep 5:27. Les chrétiens possèdent la justice de Christ, car elle leur a été imputée grâce à la justification par la foi, et ils ont ainsi été rendus dignes de la vie éternelle au ciel.

 dans l’allégresse. Il est surtout question de la joie du Sauveur ici (cf. #Hé 12:2), mais aussi de celle des croyants (cf. #1Pi 1:8). La joie est la caractéristique première du ciel (voir #Mt 25:23).

1:24-25 La bénédiction de Jude, en forme de doxologie, est considérée comme la plus belle du N.T. (cf. #Ro 11:33-36 ; #Ro 16:25-27 ; #2Co 13: 13 ; #Hé 13:20-21). Elle reprend le thème du salut, que Jude avait l’intention d’aborder au début (cf. v. #Jude 3), et entretient le courage des croyants avec la certitude que Christ les protégera de l’apostasie présente.

 

25  à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles ! Amen !

 à Dieu seul. Certains manuscrits portent « à Dieu seul sage ». La sagesse divine est incarnée en Christ seul (cf. #1Co 1:24, #1Co 1:30 ; #Col 2:3).

 notre Sauveur. Par nature, Dieu est un Dieu qui sauve, contrairement aux fausses divinités inventées par l’homme ou par les démons. Celles-ci sont au mieux indifférentes aux hommes et peu enclines au pardon

gloire …  puissance. Aussi bien Jude sur la terre que les anges dans le ciel (#Ap 4:10-11 ; #Ap 5:12-14) ont attribué ces qualités à notre Dieu et au Seigneur Jésus-Christ.

 

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