JOUR 61 et 62 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT
1 ¶ Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l’un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l’observaient.
sabbat. Les guérisons accomplies par Jésus le jour du sabbat sont rapportées plus fréquemment chez Luc que dans n’importe lequel des autres Evangiles. Christ semble avoir délibérément choisi ce jour-là pour accomplir des actes de compassion.
l’observaient. Il est clair que les pharisiens invitèrent Jésus à prendre un repas pour des motifs qui n’avaient rien de louable.
2 Et voici, un homme hydropique était devant lui.
hydropique. L’homme souffrait d’une rétention de liquide dans les tissus et les cavités du corps. Celle-ci est souvent causée par une affection du rein ou du foie, y compris par le cancer.
3 Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens : Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ?
docteurs de la loi. C’est-à-dire scribes.
Est-il permis. Jésus avait régulièrement défendu le bien-fondé des guérisons le jour du sabbat ; à chaque fois, ses arguments avaient réduit au silence ses opposants (cf. #Lu 6:9-10 ; #Lu 13:14-17). Dans ce passage ainsi qu’en #Lu 6:9, il questionne au préalable les scribes sur la légitimité d’une guérison le jour du sabbat, mais jamais ils ne sont en mesure de justifier valablement pourquoi, selon eux, une telle action est contraire à la loi (cf. v. #Lu 14:6).
4 Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la main sur cet homme, le guérit, et le renvoya.
5 Puis il leur dit : Lequel de vous, si son fils ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ?
son bœuf. Cf. #Lu 13:15 ; #Mt 12:11-12. Les principes humanitaires élémentaires (sans mentionner les nécessités économiques) leur enseignaient qu’il était juste de manifester de la compassion même à l’égard des animaux le jour du sabbat. Les mêmes principes ne devaient-ils pas s’appliquer à l’égard de personnes dans la souffrance ?
6 Et ils ne purent rien répondre à cela.
7 ¶ Il adressa ensuite une parabole aux conviés, en voyant qu’ils choisissaient les premières places ; et il leur dit:
les premières places. Les places d’honneur à table. Cf. #Lu 11:43 ; #Mt 23:6.
8 Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi,
9 et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire : Cède la place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte d’aller occuper la dernière place.
10 Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t’a invité viendra, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi.
11 Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.
quiconque s’élève sera abaissé. Jésus prisait les jeux de mots de ce genre, bâtis sur un paradoxe (cf. #Lu 9:24 ; #Lu 13:30 ; #Lu 17:33 ; #Lu 18:14 ; #Mt 23:11-12). Ce commentaire clarifie la signification des vv. 8-10. La leçon de ce passage dans son ensemble se rapproche étroitement de #Pr 25:6-7.
12 Il dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille.
n’invite pas tes amis, ni tes frères. Il ne s’agit évidemment pas d’une interdiction absolue d’inviter des proches à un repas. Christ emploie une hyperbole semblable au v. 26. De telles figures de style sont utilisées fréquemment dans les langues sémitiques pour mettre une idée en valeur. Ce que ce passage signifie, c’est que le fait d’inviter des amis et des parents ne constitue pas un acte spirituel de véritable générosité. Jésus a peut-être aussi voulu formuler un reproche à l’égard de ceux qui tendaient à limiter leur hospitalité aux « voisins riches » parce qu’ils pouvaient s’attendre à une invitation en retour. Cf. #De 14:28-29.
13 Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles.
14 Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la résurrection des justes.
rendue à la résurrection. Avec un trésor dans le ciel (cf. #Lu 18:22).
15 ¶ Un de ceux qui étaient à table, après avoir entendu ces paroles, dit à Jésus: Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu !
celui qui prendra son repas dans le royaume. L’homme pensait certainement comme ses contemporains - que seuls les Juifs seraient invités à la fête au ciel. Il répéta peut-être, sans y réfléchir vraiment, une formule pieuse, ou peut-être prononça-t-il des paroles en l’air. Christ répondit par une parabole où les non-Juifs comptent parmi les invités.
16 Et Jésus lui répondit : Un homme donna un grand souper, et il invita beaucoup de gens.
un grand repas. Cette parabole est semblable en bien des points à celle de #Mt 22:2-14, et elle enseigne la même leçon. Il s’agit cependant de deux récits distincts, prononcés à des occasions différentes, ce qui explique que certains détails importants divergent.
invita beaucoup de gens. Apparemment, personne ne déclina l’invitation. L’homme avait manifestement de bonnes raisons de s’attendre à ce que tous ses invités soient présents.
17 A l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux conviés: Venez, car tout est déjà prêt.
conviés. Les participants à un mariage, qui pouvait durer jusqu’à une semaine, se voyaient conviés à deux reprises : lors d’une première invitation, ils étaient informés de l’époque approximative de la cérémonie, puis, lorsque les préparatifs étaient terminés, ils étaient avisés du début des festivités. Ils représentent dans ce passage le peuple d’Israël, appelé tout au long de l’A.T. à se préparer à l’arrivée du Messie.
18 Mais tous unanimement se mirent à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir ; excuse-moi, je te prie.
s’excuser. Un manque de sincérité se fait sentir dans toutes les excuses. Personne n’achète un terrain sans l’avoir vu au préalable ; donc, puisque l’achat était déjà conclu, cette affaire ne revêtait aucun caractère urgent. Le terrain serait toujours là après les festivités ! De même (v. #Lu 14:19), personne n’achète de bœufs sans les avoir essayés. L’homme qui venait de se marier (v. #Lu 14:20) était déchargé de certaines tâches, comme des voyages d’affaires ou le service militaire (#De 24:5), mais les jeunes mariés n’avaient aucune raison légitime et valable pour éviter une obligation sociale de ce genre.
19 Un autre dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; excuse-moi, je te prie.
20 Un autre dit : Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis aller.
21 Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à son maître. Alors le maître de la maison irrité dit à son serviteur : Va promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.
les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Ceux que les pharisiens considéraient volontiers comme impurs ou méprisables. Les chefs religieux condamnèrent Jésus pour avoir côtoyé des prostituées et des publicains (cf. #Lu 5:29-30 ; #Lu 15:1 ; #Mt 9:10-11 ; #Mt 11:19 ; #Mt 21:31-32 ; #Mr 2:15-16).
22 Le serviteur dit : Maître, ce que tu as ordonné a été fait, et il y a encore de la place.
il y a encore de la place. Dieu est plus désireux de sauver des pécheurs que les pécheurs ne le sont d’être sauvés.
23 Et le maître dit au serviteur: Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie.
dans les chemins et le long des haies. Cette périphrase désigne clairement des régions habitées par les non-Juifs.
contrains-les d’entrer. Non par la force de la violence, mais par celle de la persuasion.
24 Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon souper.
aucun de ces hommes qui avaient été invités. C’est-à-dire ceux qui avaient refusé l’invitation. Comme il avait rejeté l’invitation, Israël fut exclu du banquet. Le jugement du maître à leur égard scella ainsi leur propre décision. La plupart d’entre eux moururent par jugement divin entre les mains des Romains en l’an 70.
25 ¶ De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit:
De grandes foules. Christ ne cherchait pas à rassembler des foules qui se plairaient à l’écouter; son but était de former de vrais disciples. Il n’a jamais adapté son message aux goûts de la majorité. Bien au contraire, il a toujours souligné le prix élevé à payer pour être disciple. Il a mis en avant plusieurs exigences sévères dont le propos était de décourager les tièdes.
26 Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
sans me préférer. Littéralement « et ne hait pas ». Une affirmation similaire en #Mt 10:37 livre la clé pour comprendre ce commandement difficile. La « haine » dont il est question ici est en réalité un amour moins intense. Jésus appelle ses disciples à cultiver un tel dévouement pour lui que leur attachement à toute autre chose y compris leur propre vie - ressemblerait à de la haine en comparaison de cet amour.
27 Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.
porte … sa croix. Il s’agit ici d’un acte volontaire. Cette expression se rapproche de l’idée de haïr sa propre vie au v. 26. cf. #Mr 8:34.
28 Car, lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer,
calculer la dépense. Les foules accueillaient favorablement les paroles de Jésus, mais elles ne s’engageaient pas pour autant. Loin de leur faciliter une prise de position en sa faveur, Jésus souligne d’abord que le prix à payer par le disciple est le plus élevé qui soit (vv. #Lu 14:26-27, #Lu 14:33), puis il les encourage à évaluer sérieusement les coûts de cet engagement avant de prendre la décision de le suivre. Cf. #Lu 9:57-62.
29 de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler,
30 en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ?
31 Ou quel roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord pour examiner s’il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l’attaquer avec vingt mille ?
32 S’il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix.
33 Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.
renonce … à tout. Seules les personnes désireuses d’évaluer soigneusement le prix d’une vie de disciple (vv. #Lu 14:28-32) et d’investir tout ce qu’elles possèdent dans le royaume de Jésus sont dignes d’y entrer. Il est ici question de bien plus que d’un simple renoncement à des biens matériels : il s’agit d’un abandon complet et inconditionnel. Les disciples n’ont droit à aucun privilège ni aucune exigence. Ils ne sont autorisés à conserver aucun « péché mignon » ni à chérir aucune possession terrestre. Aucune indulgence secrète ne leur est permise. Leur engagement pour Christ doit être entier et sans aucune réserve.
34 Le sel est une bonne chose ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ?
Le sel est une bonne chose. Christ employa la même image lors de trois occasions différentes au moins durant son ministère.
35 Il n’est bon ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
1 ¶ Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus pour l’entendre.
les publicains et les gens de mauvaise vie. Malgré la sévérité du message de Christ (#Lu 14:25-35), les personnes rejetées par la société étaient attirées à lui, tandis que les chefs religieux s’endurcissaient de plus en plus dans leur détermination à le tuer. Cf. #1Co 1:26-29.
2 Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux.
murmuraient. Littéralement « murmuraient fortement », et ce parmi la foule. Leur attitude donna à Jésus l’occasion de prononcer trois paraboles qui illustrent la joie de Dieu devant la repentance des pécheurs.
Cet homme accueille des gens de mauvaise vie. Cette phrase fournit la clé de la trilogie de paraboles qui suivent : Christ n’avait pas honte d’être appelé « un ami des publicains et des gens de mauvaise vie » (#Lu 7:34).
3 Mais il leur dit cette parabole:
4 Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis, et qu’il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
à la recherche de celle qui est perdue. Les deux premières paraboles présentent le Seigneur comme celui qui prend l’initiative de rechercher les pécheurs. Les rabbins enseignaient que Dieu recevrait ceux des pécheurs qui demanderaient son pardon avec suffisamment d’ardeur, mais ici c’est Dieu lui-même qui cherche à sauver le pécheur. Au Moyen-Orient, le berger était responsable de toutes les brebis devant son maître ; il devait veiller à ce qu’aucune ne se perde ou ne soit tuée ou blessée (cf. #Mt 18:11-14).
5 Lorsqu’il l’a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules,
il la met avec joie sur ses épaules. C’est l’image du berger aimant. Cf. #Jn 10:11 ; #Ps 23:1. La joie de retrouver ce qui était perdu constitue l’élément principal des trois paraboles (vv. #Lu 15:7, #Lu 15:10, #Lu 15:32).
6 et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue.
7 De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance.
joie dans le ciel. Allusion à la joie de Dieu lui-même. Sur la terre, les murmures des pharisiens étaient de mise (v. #Lu 15:2), mais Dieu et les anges étaient dans une grande joie (v. #Lu 15:10).
n’ont pas besoin de repentance. Allusion à ceux qui se considèrent comme justes (cf. #Lu 5:32 ; #Lu 16:15 ; #Lu 18:9).
8 Ou quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu’elle en perde une, n’allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
drachmes. La drachme était une pièce de monnaie grecque équivalant à peu près au denier romain.
allume une lampe. La maison typique composée d’une seule pièce ne possédait pas de fenêtre.
balaie la maison. Désigne une recherche minutieuse.
9 Lorsqu’elle l’a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit: Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue.
10 De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.
11 ¶ Il dit encore : Un homme avait deux fils.
15:11-12
La parabole du fils prodigue est la plus familière et la plus aimée de toutes celles prononcées par Christ. Elle fait partie des paraboles les plus longues et les plus détaillées, et contient plus d’une leçon, ce qui est exceptionnel. Le fils prodigue est l’exemple même d’une repentance sincère. Le frère aîné représente la méchanceté des pharisiens : leur propre justice, leurs préjugés et leur indifférence à l’égard des pécheurs repentants. Le père représente Dieu, qui est prompt à pardonner et qui attend avec impatience le retour du pécheur. Toutefois, comme dans les autres paraboles de ce chapitre, le thème principal est bien la joie de Dieu et les réjouissances qui remplissent le ciel lorsqu’un pécheur se repent.
12 Le plus jeune dit à son père: Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Une demande choquante, qui signifie implicitement qu’il souhaite la mort de son père : le fils n’avait droit à aucun héritage tant que son père était en vie. Le père accède cependant à cette requête et lui donne sa part, qui correspond au tiers de la propriété. (Le frère aîné héritait d’une double part à cause du droit d’aînesse, #De 21:17.) Cette scène symbolise tous les pécheurs (liés à Dieu le Père en tant que ses créatures) qui perdent les privilèges dont ils pourraient jouir, lorsqu’ils refusent toute relation avec Dieu et choisissent à la place une vie de péché consacrée à leur propre plaisir.
13 Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
ayant tout ramassé. Le fils prodigue prend apparemment tout ce qui lui revient en liquide et part, abandonnant son père pour foncer tête baissée vers une vie de péché.
en vivant dans la débauche. Non content de tout gaspiller, le fils vit dans une immoralité pleine de dévergondage (v. #Lu 15:30). Il s’agit d’une vie dissolue au plus haut point.
14 Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15 Il alla se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux.
garder les pourceaux. C’était la pire des dégradations imaginables pour les auditeurs juifs de Jésus, les porcs étant considérés comme les plus détestables parmi les animaux impurs.
16 Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
Il aurait bien voulu se rassasier des carouges. Il s’agit des gousses de caroubier, utilisées comme fourrage pour les animaux, mais indigestes pour les hommes. La seule raison pour laquelle il ne mange pas la nourriture des porcs, c’est qu’il n’en a pas la possibilité.
personne ne lui en donnait. Il ne peut même pas survivre en mendiant. Sa situation est catastrophique. Elle symbolise la condition du pécheur éloigné de Dieu, désespéré et incapable de s’en sortir par lui-même.
17 Etant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Etant rentré en lui-même. C’est-à-dire revenant à son bon sens. Lorsqu’il se retrouve dépourvu de tout et affamé, à cause de sa vie de péché, il est capable de plus de lucidité. Dans sa nouvelle condition, il est prêt à recevoir le salut.
18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi,
je lui dirai. Il réfléchit longuement à ce qu’il dira et mesure le prix de sa repentance (v. #Lu 15:19).
j’ai péché contre le ciel. Le « ciel » est un euphémisme pour désigner Dieu. Le fils prend conscience de la futilité de sa situation et comprend en même temps la gravité de ses transgressions contre son père.
19 je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires.
20 Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa.
son père le vit. De toute évidence, le père espérait revoir son fils et attendait son retour.
il courut. L’empressement et la joie du père au retour de son fils ne trompent pas: ils sont l’expression de cet attribut merveilleux de Dieu qui le distingue de tous les faux dieux inventés par les hommes et les démons. Il ne manifeste aucune indifférence ni hostilité, mais, Sauveur par nature, il désire que les pécheurs se repentent, et il se réjouit lorsqu’ils reviennent à lui. De #Ge 3:8 à #Ap 22:17, de la chute à la consommation de toutes choses, Dieu n’arrête pas de chercher à sauver les pécheurs et se réjouit chaque fois que l’un d’entre eux se repent et se convertit.
21 Le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Le fils ne peut terminer les paroles de repentance qu’il a préparées, car son père l’interrompt pour lui accorder son pardon. Cette scène représente l’empressement de Dieu à pardonner le pécheur.
22 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds.
le père dit. Sans une seule parole de reproche concernant le passé, le père déverse son amour sur son fils et exprime sa joie d’avoir retrouvé ce qui était perdu. Chacun des cadeaux du père reflète une facette particulière de son amour et témoigne de la totale acceptation dont il fait preuve vis-à-vis de son fils.
robe. Réservée à l’invité d’honneur.
anneau. Un symbole d’autorité.
souliers. Généralement, les esclaves n’en portaient pas ; ils représentent donc le rétablissement complet dans le statut de fils.
23 Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ;
le veau gras. Réservé uniquement aux occasions spéciales telles qu’un sacrifice ou la célébration d’une fête solennelle. Toutes ces marques de faveur (vv. #Lu 15:22-23) symbolisent la générosité des bénédictions du salut (cf. #Ep 1:3 ; #Ep 2:4-7).
24 car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.
25 Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu’il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses.
le fils aîné. Il symbolise le pharisien ou le religieux hypocrite qui se tient près de la demeure du Père (le temple) mais qui n’a aucun sens de son péché, n’éprouve pas d’amour sincère pour le Père (autrement il partagerait sa joie) et ne s’intéresse nullement aux pécheurs repentants.
26 Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c’était.
27 Ce serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et, parce qu’il l’a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras.
28 Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d’entrer.
Il se mit en colère. Une attitude à mettre en parallèle avec les murmures des scribes et des pharisiens (v. #Lu 15:2).
29 Mais il répondit à son père: Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis.
sans avoir jamais transgressé tes ordres. Cela est peu probable, étant donné le mépris dont ce garçon fait preuve envers son père en refusant de prendre part à sa grande joie. Cette affirmation en dit long sur le problème fondamental de tous les hypocrites religieux : ils ne reconnaîtront pas leur péché et ne s’en repentiront pas. Le commentaire du fils aîné reflète le même état d’esprit que les paroles des pharisiens en #Lu 18:11.
jamais tu ne m’as donné un chevreau. Il semble que, durant toutes ces années de service consacrées au père, le fils a eu des motifs par trop intéressés, avec comme moteur la pensée d’obtenir quelque chose pour lui-même. Le sentiment de propre justice de ce fils est certes plus acceptable, d’un point de vue social, que la débauche de son jeune frère, mais il est tout aussi déshonorant pour le père et nécessite la repentance.
30 Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras !
ton fils. Littéralement « ce fils de toi », expression chargée d’un profond mépris (cf. « ce publicain » en #Lu 18:11). Le fils aîné est incapable de dire « mon frère ».
31 Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ;
tout ce que j’ai est à toi. L’héritage ayant déjà été distribué (v. #Lu 15:12), tout ce que le père possède est littéralement à la disposition du fils aîné. Pourtant, celui-ci regarde d’un mauvais œil même l’amour que le père manifeste au fils prodigue. Les scribes et les pharisiens avaient un accès aisé à toutes les richesses de la vérité de Dieu. Ils passaient leur vie entière avec l’Ecriture et dans des cultes publics, mais en réalité ils n’avaient jamais joui des trésors dont bénéficie un homme qui se repent.
32 mais il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.
il fallait bien s’égayer. Cette phrase résume les trois paraboles.