JOUR 63 et 64 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT
1 ¶ Jésus dit aussi à ses disciples : Un homme riche avait un économe, qui lui fut dénoncé comme dissipant ses biens.
un économe. C’est-à-dire un serviteur jugé fidèle, souvent né dans la propriété, chargé de la gestion et de la répartition des biens de la maison. Il distribuait la nourriture à tous les autres serviteurs et gérait ainsi les ressources de son maître pour le bien-être des autres. Il agissait en tant qu’agent de son maître et était investi de l’autorité qui lui permettait de négocier des affaires au nom de celui-ci.
dissipant ses biens. La prodigalité est le point commun entre cette parabole et la précédente. Tout comme le fils cadet de la parabole précédente, cet économe est coupable de dilapider les ressources qui lui ont été confiées. Cependant, à la différence du fils prodigue, il a suffisamment de bon sens pour s’assurer que ses dépenses inconsidérées ne le laisseront pas, finalement, sans amis ni sans aucune possibilité de secours.
2 Il l’appela, et lui dit: Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration, car tu ne pourras plus administrer mes biens.
tu ne pourras plus administrer mes biens. En annonçant son intention de renvoyer l’homme, le propriétaire manque de sagesse, ce qui lui coûte encore davantage. De toute évidence, il pense que l’homme est coupable d’incompétence, et non de fraude. Cela explique son attitude au v. 8.
3 L’économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de ses biens ? Travailler à la terre ? je ne le puis. Mendier ? j’en ai honte.
Travailler à la terre ? je ne le puis. L’homme ne se considère pas apte au travail physique.
4 Je sais ce que je ferai, pour qu’il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons quand je serai destitué de mon emploi.
ce que je ferai. Il prévoit habilement d’offrir une large remise aux débiteurs de son maître, lesquels ne seront que trop contents de l’accepter.
me reçoivent dans leurs maisons. Ceux qui ont profité de l’allègement de leur dette seront dès lors ses obligés et devront l’inviter chez eux lorsqu’il sera renvoyé de chez son maître.
5 Et, faisant venir chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ?
6 Cent mesures d’huile, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, assieds-toi vite, et écris cinquante.
vite. C’est une transaction secrète, menée à l’insu du maître. L’emprunteur est coupable de complicité délibérée avec l’homme et son attitude frauduleuse.
7 Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Cent mesures de blé, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, et écris quatre-vingts.
8 Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment. Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière.
Le maître loua l’économe infidèle. Tombé sur un plus malin que lui, il approuve la ruse de cet homme. Son admiration pour le génie criminel du mauvais économe montre qu’il est, lui aussi, un homme méchant. Un cœur pécheur admire naturellement l’habileté du méchant (#Ps 49:19). Il est à remarquer que tous les personnages de cette parabole sont méchants, peu scrupuleux et corrompus.
plus avisés. La plupart des non-croyants montrent plus de perspicacité dans les affaires du monde que certains croyants (les « enfants de lumière », cf. #Jn 12:36 ; #Ep 5:18) n’en manifestent dans les choses de Dieu.
9 Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer.
les richesses injustes. C’est-à-dire l’argent. L’économe infidèle a employé l’argent de son maître pour s’acheter l’affection d’amis de ce monde ; les croyants doivent utiliser l’argent de leur Maître de manière à ce qu’il leur rapporte des amis pour l’éternité. Dans ce but, ils l’investiront dans l’Evangile du royaume qui conduit les pécheurs au salut ; ainsi, lorsqu’ils entreront au ciel (« les tabernacles éternels »), ces pécheurs seront là pour les accueillir. Christ ne recommande pas la malhonnêteté de cet homme, puisqu’il le qualifie à juste titre d’ « infidèle » (v. #Lu 16:8). Cependant, ce personnage lui permet d’illustrer une vérité : même les fils de ce monde les plus méchants savent prendre leurs précautions pour se protéger du mal à venir. Les croyants devraient se montrer d’autant plus prévoyants qu’ils sont animés par des considérations éternelles, et non simplement terrestres. Cf. #Lu 12:33 ; #Mt 6:19-21.
10 Celui qui est fidèle dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes.
Celui qui est fidèle. Probablement un proverbe courant. Cf. #Lu 19:17 ; #Mt 25:21.
11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ?
les véritables. L’emploi fidèle des richesses terrestres est régulièrement mis en relation avec l’accumulation de trésors dans le ciel (cf. #Lu 12:33 ; #Lu 18:22 ; #Mt 6:19-21).
12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?
ce qui est à autrui. C’est-à-dire à Dieu ; le passage traite de la gestion de l’argent que Dieu confie aux croyants pour qu’ils l’emploient, mais dont il est, lui, le propriétaire.
13 Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. De nombreux pharisiens enseignaient qu’une dévotion envers l’argent (« Mammon ») et le culte rendu à Dieu étaient compatibles (v. #Lu 16:14). Cette idée allait de pair avec la conviction populaire qui voulait que les richesses terrestres soient des manifestations de la bénédiction divine. Les hommes riches étaient ainsi considérés comme les favoris de Dieu. Sans condamner la richesse en tant que telle, Christ critique sévèrement l’amour de l’argent et la dévotion à Mammon.
14 Les pharisiens, qui étaient avares, écoutaient aussi tout cela, et ils se moquaient de lui.
15 Jésus leur dit : Vous, vous cherchez à paraître justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu.
vous cherchez à paraître justes. Les pharisiens croyaient que leur propre bonté suffisait à les justifier (cf. #Ro 10:3). Une telle attitude est l’exemple type de la propre justice. Cependant, comme Jésus le suggère, leur justice était loin d’être parfaite : en réalité, elle n’était qu’un vernis extérieur. Elle suffisait probablement pour les justifier aux yeux des hommes, mais pas devant Dieu, qui connaissait leur cœur. Jésus a régulièrement dénoncé le travers consistant à rechercher l’approbation des hommes (cf. #Mt 6:2, #Mt 6:5, #Mt 6:16 ; #Mt 23:28).
16 La loi et les prophètes ont subsisté jusqu’à Jean ; depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun use de violence pour y entrer.
jusqu’à Jean. Le ministère de Jean-Baptiste marqua un tournant décisif dans l’histoire de la rédemption. Auparavant, les grandes vérités concernant Christ et son royaume étaient voilées dans les types et les ombres de la loi et présentes sous la forme de promesses dans les écrits des prophètes (cf. #1Pi 1:10-12). Contrairement à ces derniers, Jean-Baptiste introduisit le roi lui-même. Les pharisiens, qui se considéraient comme des experts de la loi et des prophètes, passèrent à côté de la signification profonde de Celui-là même dont parlaient toute la loi et les prophètes.
chacun use de violence pour y entrer. Cf. #Jér 29:13. Alors que les pharisiens étaient occupés à s’opposer à Christ, les pécheurs entraient dans son royaume en grand nombre. La « violence » renvoie probablement au zèle des pécheurs, qui cherchaient de tout leur cœur à entrer dans le royaume.
17 Il est plus facile que le ciel et la terre passent, qu’il ne l’est qu’un seul trait de lettre de la loi vienne à tomber.
qu’un seul trait de lettre de la loi vienne à tomber. Jésus ajoute cette parole à l’attention de toute personne susceptible de penser que les affirmations du v. 16 annulent la loi et les prophètes. Les grands principes moraux de la loi, les vérités éternelles contenues dans ses types et symboles, ainsi que les promesses dont parlent les prophètes demeurent tous en vigueur et ne sont en rien abrogés par le message du royaume.
18 Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et quiconque épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère.
commet un adultère. Dans le cas où le divorce n’a pas de motif légitime. Luc donne un récit abrégé de l’enseignement de Jésus à ce sujet, en mettant l’accent uniquement sur le thème principal de son message. Le récit plus complet fourni par Matthieu indique clairement que le divorce était autorisé par le Seigneur en cas d’adultère. Cet enseignement s’opposait à la doctrine des rabbins, qui permettaient aux hommes de divorcer de leur épouse pour presque n’importe quelle raison (#Mt 19:3).
19 ¶ Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie.
20 Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d’ulcères,
Lazare. De toute évidence, il n’est pas question ici du Lazare de #Jn 11 (qui mourut plus tard). Ce mendiant est le seul personnage des paraboles de Jésus à recevoir un nom. Cette particularité a fait dire à certains commentateurs qu’il ne s’agit pas d’un récit fictif, mais d’un incident authentique. Quoi qu’il en soit, Christ l’emploie de façon identique à toutes ses paraboles, c’est-à-dire dans le but d’enseigner une leçon, et dans ce cas à l’attention des pharisiens.
21 et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères.
La mention de miettes, d’ulcères et de chiens contribuait à rendre le pauvre odieux aux yeux des pharisiens ; ils ne tarderaient pas à y voir des preuves de la défaveur divine. A leurs yeux, une telle personne était non seulement impure, mais manifestement rejetée de Dieu.
22 Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli.
le sein d’Abraham. La même expression (qui n’apparaît que dans ce passage de l’Ecriture) est employée dans le Talmud comme symbole du ciel. Elle signifie que Lazare a reçu une place d’honneur, aux côtés d’Abraham, au banquet céleste.
23 Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu’il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein.
Dans le séjour des morts. L’idée selon laquelle un homme riche pourrait être exclu du ciel était scandaleuse pour les pharisiens. La pensée qu’un mendiant, qui devait se contenter de miettes, pouvait s’asseoir à une place d’honneur aux côtés d’Abraham leur était particulièrement désagréable. Dans la LXX, le terme « séjour des morts » (grec hades) est employé pour traduire le mot hébreu scheol, qui désignait le royaume des morts de façon générale, sans nécessairement faire la distinction entre les âmes justes et les injustes. Cependant, dans l’usage établi par le N.T., « le séjour des morts » désigne toujours la demeure des méchants avant le jugement dans l’étang de feu. L’image employée par Jésus reprend l’idée rabbinique selon laquelle le séjour des morts se composait de deux parties séparées par un gouffre infranchissable, l’une contenant les âmes des justes et l’autre celles des injustes. Cependant, contrairement à l’idée émise par certains, il n’y a aucune raison de supposer que le « sein d’Abraham » fasse allusion à une prison temporaire pour les âmes des saints de l’A.T., qui seraient parvenus au ciel seulement lors du rachat de leurs péchés par Jésus. L’Ecriture enseigne invariablement que les esprits des morts justes se rendent immédiatement dans la présence de Dieu (cf. #Lu 23:43 ; #2Co 5:8 ; #Ph 1:23). La présence de Moïse et d’Elie sur le mont de la transfiguration (#Lu 9:30) dément l’idée selon laquelle ils auraient été confinés dans une partie du séjour des morts jusqu’à ce que Christ ait accompli son œuvre.
24 Il s’écria : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruellement dans cette flamme.
je souffre cruellement. Christ dépeint le séjour des morts comme un lieu où les tourments indescriptibles de l’étang de feu ont déjà commencé. Il en mentionne les supplices : le feu qui ne s’éteint pas, une conscience accusatrice nourrie par le souvenir d’occasions perdues (v. #Lu 16:25) et une séparation irréversible d’avec Dieu et d’avec tout ce qui est bon (v. #Lu 16:26).
25 Abraham répondit : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres.
26 D’ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire.
27 Le riche dit : Je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ;
envoyer Lazare dans la maison de mon père. L’homme riche conserve une attitude condescendante envers Lazare même en enfer, demandant sans cesse à Abraham de l’« envoyer » à son service (cf. v. #Lu 16:24). Les flammes de l’enfer ne rachètent pas le péché et ne purifient pas les pécheurs endurcis de leur corruption (cf. #Ap 22:11).
28 (16-27) car j’ai cinq frères. (16-28) C’est pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments.
29 Abraham répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent.
Ils ont Moïse et les prophètes. C’est-à-dire les écrits inspirés de l’A.T.
30 Et il dit : Non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront.
31 Et Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu’un des morts ressusciterait.
ils ne se laisseront pas persuader. Ce passage affirme avec force la pleine suffisance de l’Ecriture pour vaincre l’incrédulité. L’Evangile lui-même est la puissance de Dieu pour le salut (#Ro 1:16). Etant donné que l’incrédulité est avant tout un problème d’ordre moral plutôt qu’intellectuel, aucune preuve ne peut la transformer en foi. En revanche, la Parole révélée de Dieu possède en elle-même le pouvoir d’opérer cette transformation (cf. #Jn 6:63 ; #Hé 4:12 ; #Ja 1:18 ; #1Pi 1:23).
1 ¶ Jésus dit à ses disciples : Il est impossible qu’il n’arrive pas des scandales ; mais malheur à celui par qui ils arrivent !
scandales. Littéralement « obstacles qui font trébucher ».
2 Il vaudrait mieux pour lui qu’on mît à son cou une pierre de moulin et qu’on le jetât dans la mer, que s’il scandalisait un de ces petits.
ces petits. C’est-à-dire les croyants, les enfants de Dieu qui sont sous sa protection.
3 Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le ; et, s’il se repent, pardonne-lui.
reprends-le. Un chrétien doit agir avec droiture et franchise envers un frère ou une sœur qui commet un péché.
4 Et s’il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant : Je me repens, — tu lui pardonneras.
sept fois dans un jour. C’est-à-dire quel que soit le nombre de fois où il pèche et se repent. Le chiffre sept ne constitue pas une limite à ne pas dépasser (cf. #Ps 119:164); bien au contraire, Christ déclare que le pardon doit être accordé de manière illimitée (cf. #Ep 4:32 ; #Col 3:13).
5 Les apôtres dirent au Seigneur : Augmente-nous la foi.
Augmente-nous la foi. Ils se sentaient incapables de satisfaire aux normes élevées qu’il plaçait devant eux.
6 Et le Seigneur dit : Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce sycomore: Déracine-toi, et plante-toi dans la mer ; et il vous obéirait.
7 Qui de vous, ayant un serviteur qui laboure ou paît les troupeaux, lui dira, quand il revient des champs : Approche vite, et mets-toi à table ?
17:7-10
Le message de cette parabole, c’est qu’un serviteur ne doit s’attendre à aucune récompense particulière pour avoir accompli son devoir. Les principes exigeants définis par Christ (vv. #Lu 17:1-4) pouvaient sembler trop élevés aux disciples, mais ils ne représentaient que les devoirs minimaux d’un serviteur de Christ. Ceux qui obéissent à ses commandements ne doivent en aucun cas penser que leur obéissance correspond à un quelconque mérite.
8 Ne lui dira-t-il pas au contraire: Prépare-moi à souper, ceins-toi, et sers-moi, jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; après cela, toi, tu mangeras et boiras ?
9 Doit-il de la reconnaissance à ce serviteur parce qu’il a fait ce qui lui était ordonné ?
10 Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.
serviteurs inutiles. Ils ne méritent aucun honneur particulier.
11 ¶ Jésus, se rendant à Jérusalem, passait entre la Samarie et la Galilée.
se rendant à Jérusalem, passait entre la Samarie et la Galilée. Luc n’explique pas pourquoi Jésus effectua ce détour, mais une comparaison des Evangiles fournit quelques indications ; on peut en déduire que du temps s’était écoulé entre le v. 10 et le v. 11. La résurrection de Lazare à Béthanie, près de Jérusalem (#Jn 11), semble s’insérer dans cette période. #Jn 11:54 affirme qu’après la résurrection de Lazare, et dans le but d’échapper aux autorités qui cherchaient à le tuer, Christ se retira dans « une ville appelée Ephraïm », située au nord de Jérusalem et près de la frontière avec la Samarie. De là, il voyagea apparemment une fois de plus vers le nord, à travers la Samarie et la Galilée, peut-être dans le but de retrouver des amis et des membres de sa famille, venus de Galilée, qui faisaient un pèlerinage à Jérusalem pour la Pâque. Il serait ensuite allé vers le sud en empruntant la route habituelle, qui le conduirait à Jérusalem en passant par Jéricho (#Lu 18:35).
12 Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant à distance,
lépreux. Ces hommes rituellement impurs étaient condamnés à vivre en dehors du village (#Lé 13:46 ; #No 5:2-3). Selon la loi, ils devaient se tenir à distance, c’est pourquoi ils s’adressent à Christ en criant. Pour une description de la lèpre,
13 (17-12) ils élevèrent la voix, et dirent : (17-13) Jésus, maître, aie pitié de nous !
aie pitié de nous. Cf. #Lu 16:24 ; #Lu 18:38-39 ; #Mt 9:27 ; #Mt 15:22 ; #Mt 17:15 ; #Mt 20:31 ; #Mr 10:47-48. C’était la requête habituelle émanant de ceux qui désiraient être guéris.
14 Dès qu’il les eut vus, il leur dit : Allez-vous montrer aux sacrificateurs. Et, pendant qu’ils y allaient, il arriva, qu’ils furent guéris.
vous montrer aux sacrificateurs. Pour que ceux-ci les déclarent purs (#Lé 13:2-3 ; #Lé 14:2-32).
pendant qu’ils y allaient. La guérison est soudaine et immédiatement visible, mais elle ne se produit qu’une fois qu’ils ont obéi à son ordre.
15 L’un d’eux, se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix.
L’un d’eux … revint. Sa réaction rappelle celle de Naaman (#2R 5:15). Les autres, dans leur hâte d’être déclarés purs et de reprendre leur vie et leur place normale dans la société, continuent certainement leur route vers les sacrificateurs et oublient d’exprimer leur reconnaissance.
16 Il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, et lui rendit grâces. C’était un Samaritain.
C’était un Samaritain. Le fait que Jésus envoya les lépreux vers les sacrificateurs permet de supposer qu’ils étaient juifs. Ce Samaritain avait été autorisé à se joindre à eux lorsqu’ils étaient tous rituellement impurs, mais une fois guéris, ils ne manifestèrent pas la même gratitude que lui.
17 Jésus, prenant la parole, dit: Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Et les neuf autres, où sont-ils ?
18 Ne s’est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu ?
cet étranger. De toute évidence, Jésus considérait les Samaritains à l’égal des autres non-Juifs.
19 Puis il lui dit : Lève-toi, va ; ta foi t’a sauvé.
t’a sauvé. Cf. #Mt 9:22
20 ¶ Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit : Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards.
quand viendrait le royaume de Dieu. Il est possible qu’ils aient posé cette question avec une intention moqueuse, car ils avaient déjà acquis la conviction qu’il n’était pas le Messie.
ne vient pas de manière à frapper les regards. Les pharisiens croyaient que le triomphe du Messie serait immédiat. Ils espéraient qu’il viendrait pour chasser l’occupant romain et établir un royaume millénaire. Mais les projets de Christ étaient bien différents : il inaugurait une ère durant laquelle le royaume serait rendu manifeste par le règne de Dieu dans le cœur des hommes, par le moyen de la foi en leur Sauveur (v. #Lu 17:21 ; cf. #Ro 14:17). Ce royaume ne serait ni confiné à une région géographique particulière ni visible aux yeux humains. Il viendrait tranquillement, de manière invisible, sans le faste et la splendeur habituellement associés à l’arrivée d’un roi. Jésus ne dit pas pour autant que les promesses de l’A.T. concernant un royaume terrestre sont annulées, mais que la manifestation terrestre et visible du royaume est encore à venir (#Ap 20:1-6).
21 On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous.
au milieu de vous. Dans le cœur des hommes. Le pronom peut difficilement renvoyer aux pharisiens en général.
22 Et il dit aux disciples : Des jours viendront où vous désirerez voir l’un des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez point.
Des jours viendront. Ce passage introduit un bref discours qui possède quelques similitudes avec le discours sur le mont des Oliviers de #Mt 24:1-25:2.
vous désirerez voir un des jours du Fils de l’homme. Ils voudront le voir physiquement présent. Cela suggère un espoir ardent de son retour pour qu’il fasse régner la justice (cf. #Ap 6:9-11 ; #Ap 22:20).
23 On vous dira : Il est ici, il est là. N’y allez pas, ne courez pas après.
24 Car, comme l’éclair resplendit et brille d’une extrémité du ciel à l’autre, ainsi sera le Fils de l’homme en son jour.
25 Mais il faut auparavant qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par cette génération.
il faut … qu’il souffre. La volonté souveraine de Dieu était que Christ meure à la place des pécheurs. Cf. #Lu 9:22 ; #Lu 18:31-33 ; #Lu 24:25-26 ; #Mt 16:21 ; #Mr 8:31.
26 Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même aux jours du Fils de l’homme.
27 Les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; le déluge vint, et les fit tous périr.
28 Ce qui arriva du temps de Lot arrivera pareillement. Les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, bâtissaient ;
du temps de Lot. Le jugement était venu soudainement et avait détruit les hommes au milieu de leurs occupations quotidiennes (#Ge 19:24-25). Aucune des activités citées par Jésus en rapport avec le temps de Noé ou de Lot ne constituait un péché en soi. Cependant, les hommes étaient alors si absorbés par les choses de cette vie qu’ils avaient été entièrement pris au dépourvu lorsque le temps du jugement était venu.
29 mais le jour où Lot sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel, et les fit tous périr.
30 Il en sera de même le jour où le Fils de l’homme paraîtra.
31 En ce jour-là, que celui qui sera sur le toit, et qui aura ses effets dans la maison, ne descende pas pour les prendre ; et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas non plus en arrière.
sur le toit. Une maison typique possédait un toit plat accessible par un escalier extérieur. Le danger serait tellement grand que ceux qui se trouveraient sur le toit devraient fuir sans même entrer dans la maison pour emporter quoi que ce soit.
32 Souvenez-vous de la femme de Lot.
La femme de Lot était morte au seuil même de la délivrance. Son attachement à Sodome était si fort qu’elle s’était attardée et avait regardé en arrière. A cet instant, le jugement l’avait atteinte, juste avant qu’elle ne se trouve en sécurité (#Ge 19:26).
33 Celui qui cherchera à sauver sa vie la perdra, et celui qui la perdra la retrouvera.
34 Je vous le dis, en cette nuit-là, de deux personnes qui seront dans un même lit, l’une sera prise et l’autre laissée ;
35 de deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise et l’autre laissée.
36 De deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé.
37 Les disciples lui dirent : Où sera-ce, Seigneur ? Et il répondit : Où sera le corps, là s’assembleront les aigles.