NOUVEAU TESTAMENT
Luc 12 à 14 partiel
LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES
1 ¶ Sur ces entrefaites, les gens s’étant rassemblés par milliers, au point de se fouler les uns les autres, Jésus se mit à dire à ses disciples : Avant tout, gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie.
par milliers. Le mot « myriades » est dérivé de ce terme grec.
2 Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu.
3 C’est pourquoi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu dans la lumière, et ce que vous aurez dit à l’oreille dans les chambres sera prêché sur les toits.
4 Je vous dis, à vous qui êtes mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus.
5 Je vous montrerai qui vous devez craindre. Craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, c’est lui que vous devez craindre.
6 Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux sous ? Cependant, aucun d’eux n’est oublié devant Dieu.
deux sous. En grec assarion ou as, une pièce romaine qui valait un seizième de denier, soit moins d’une heure de travail.
aucun d’eux n’est oublié devant Dieu. La providence divine s’exerce même sur les détails les plus insignifiants de la création. Dieu prend soin de tout ce qu’il a créé, même des choses les moins importantes.
7 Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point : vous valez plus que beaucoup de passereaux.
8 Je vous le dis, quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu ;
devant les anges de Dieu. Au jour du jugement. Cf. #Mt 25:31-34 ; #Jude 24
9 mais celui qui me reniera devant les hommes sera renié devant les anges de Dieu.
celui qui me reniera devant les hommes. Ce passage parle d’un reniement qui conduit à la damnation de l’âme. Il ne vise pas une faiblesse passagère semblable à celle dont Pierre se rendit coupable (#Lu 22:56-62), mais le péché de ceux qui rejettent la vérité révélée et ferment les yeux aux preuves, par crainte, honte, négligence, tendance à temporiser ou amour du monde, ceux qui refusent de confesser Christ comme leur Sauveur et leur Roi jusqu’au moment où il sera trop tard.
10 Et quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais à celui qui blasphémera contre le Saint-Esprit il ne sera point pardonné.
blasphémera contre le Saint-Esprit. Il ne s’agit pas ici d’un péché dû à l’ignorance, mais d’une hostilité délibérée, volontaire et affirmée à l’égard de Christ, telle que les pharisiens la manifestèrent en #Mt 12, lorsqu’ils attribuèrent les œuvres de Christ à Satan (cf. #Lu 11:15).
Le péché auquel Jésus s’opposait était le rejet délibéré, de la part des pharisiens, de celui qu’ils savaient venir de Dieu (cf. #Jn 11:48 ; #Ac 4:16). Ils ne pouvaient nier la réalité de ce que le Saint-Esprit avait accompli par son intermédiaire, c’est pourquoi ils attribuèrent à Satan l’œuvre qu’ils savaient pertinemment provenir de Dieu (v. #Mt 12:24 ; #Mr 3:22).
11 Quand on vous mènera devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz ;
ne vous inquiétez pas. Cela ne signifie pas que les enseignants et les serviteurs de Dieu puissent se passer de préparation à leurs tâches spirituelles courantes. Citer ce passage et d’autres semblables (#Lu 21:12-15 ; #Mt 10:19) pour justifier une attitude négligente en matière d’étude et de méditation revient à tordre le sens évident de l’Ecriture. Ce v., qui a pour but de réconforter les victimes de la persécution en danger de mort, ne fournit aucune excuse à la paresse dans le ministère. La même expression est employée au v. 22 pour parler de l’attention portée aux besoins matériels. Dans aucun de ces passages Jésus ne condamna un labeur et une préparation légitimes. Il promit le secours du Saint-Esprit au temps de la persécution, lors duquel aucune préparation n’est possible.
12 car le Saint-Esprit vous enseignera à l’heure même ce qu’il faudra dire.
13 ¶ Quelqu’un dit à Jésus, du milieu de la foule : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage.
dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. « Le droit d’aînesse » consistait en une double part de l’héritage (#De 21:17). Cet homme désirait peut-être un partage égal. Quoi qu’il en soit, Jésus ne semble pas interpellé par une éventuelle injustice et refuse d’arbitrer une dispute de famille.
14 Jésus lui répondit : O homme, qui m’a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages ?
qui m’a établi pour être votre juge? L’une des attributions de Christ est celle de juge de toute la terre (#Jn 5:22), mais il n’est pas venu pour arbitrer les menues disputes terrestres. Il revenait aux autorités civiles de juger une question d’héritage.
15 Puis il leur dit : Gardez-vous avec soin de toute avarice ; car la vie d’un homme ne dépend pas de ses biens, fût-il dans l’abondance.
16 Et il leur dit cette parabole : Les terres d’un homme riche avaient beaucoup rapporté.
17 Et il raisonnait en lui-même, disant : Que ferai-je ? car je n’ai pas de place pour serrer ma récolte.
18 Voici, dit-il, ce que je ferai: j’abattrai mes greniers, j’en bâtirai de plus grands, j’y amasserai toute ma récolte et tous mes biens ;
19 et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi.
20 Mais Dieu lui dit : Insensé ! cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ?
21 Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche pour Dieu.
22 ¶ Jésus dit ensuite à ses disciples : C’est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus.
23 La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.
24 Considérez les corbeaux : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cellier ni grenier ; et Dieu les nourrit. Combien ne valez-vous pas plus que les oiseaux !
25 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ?
26 Si donc vous ne pouvez pas même la moindre chose, pourquoi vous inquiétez-vous du reste ?
27 Considérez comment croissent les lis : ils ne travaillent ni ne filent ; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux.
28 Si Dieu revêt ainsi l’herbe qui est aujourd’hui dans les champs et qui demain sera jetée au four, à combien plus forte raison ne vous vêtira-t-il pas, gens de peu de foi ?
29 Et vous, ne cherchez pas ce que vous mangerez et ce que vous boirez, et ne soyez pas inquiets.
30 Car toutes ces choses, ce sont les païens du monde qui les recherchent. Votre Père sait que vous en avez besoin.
31 Cherchez plutôt le royaume de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.
32 Ne crains point, petit troupeau ; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume.
trouvé bon. (verbe de la même racine que « agrée »). Christ met en exergue le tendre soin que le Père accorde à son petit troupeau comme un antidote à l’angoisse et à l’inquiétude (vv. #Lu 12:22-30).
33 Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n’approche point, et où la teigne ne détruit point.
Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. Ceux qui amassent des possessions terrestres et qui nourrissent l’illusion que les biens matériels leur offriront la sécurité (vv. #Lu 12:16-20) doivent plutôt amasser un trésor dans le ciel. Les croyants de l’Eglise primitive vendirent effectivement leurs biens pour répondre aux besoins vitaux de frères moins fortunés (#Ac 2:44-45 ; #Ac 4:32-37). Cependant, il faut veiller à ne pas déformer le sens de ce commandement et ne pas le considérer comme une interdiction absolue de posséder tout bien terrestre. En réalité, les paroles que Pierre adressa à Ananias en #Ac 5:4 indiquent clairement que la vente des biens était optionnelle.
des bourses qui ne s’usent point. Ces porte-monnaie qui ne s’abîment pas (et qui conservent l’argent) sont définis comme « un trésor inépuisable dans les cieux ». Placer votre argent dans une telle bourse le ciel - représente l’investissement le plus sûr, car il y est hors d’atteinte des voleurs et à l’abri de la détérioration.
34 Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
là aussi sera votre cœur. La manière d’utiliser votre argent révèle les priorités de votre cœur. Cf. #Lu 16:1-13 ; #Mt 6:21.
35 Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées.
ceints. C’est un appel à se tenir prêts. Les vêtements longs et flottants étaient maintenus par une ceinture pour permettre une plus grande liberté de mouvement lors du travail. Cf. #Ex 12:11 ; #1Pi 1:13.
36 Et vous, soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera.
dès qu’il arrivera. Les serviteurs avaient pour tâche de sortir à la rencontre de leur maître avec des torches allumées.
37 Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ! Je vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera mettre à table, et s’approchera pour les servir.
veillant. L’idée centrale de ce passage est la nécessité de nous tenir prêts en tout temps pour le retour de Christ.
il se ceindra. Il prendra le rôle du serviteur et les servira. Ces paroles remarquables dépeignent Christ, lors de son retour, dans un ministère de serviteur à l’égard des croyants.
38 Qu’il arrive à la deuxième ou à la troisième veille, heureux ces serviteurs, s’il les trouve veillant !
La première veille était de 6 ( 18 hre ) heures à 9 ( 21 hre ) heures
deuxième … veille. De 9 ( 21 hre ) heures du soir jusqu’à minuit ( 00 hre ).
troisième veille. De minuit ( 00 hre ) jusqu’à 3 heures du matin.
La quatrième veille était de 3 heures à 6 heures.
39 Sachez-le bien, si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.
40 Vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas.
à l’heure où vous n’y penserez pas. Cf. #Lu 21:34 ; #Mt 24:36, #Mt 24:42-44 ; #1Th 5:2-4 ; #2P 3:10 ; #Ap 3:3 ; #Ap 16:15.
41 ¶ Pierre lui dit : Seigneur, est-ce à nous, ou à tous, que tu adresses cette parabole ?
42 Et le Seigneur dit : Quel est donc l’économe fidèle et prudent que le maître établira sur ses gens, pour leur donner la nourriture au temps convenable ?
Christ ne répond pas directement à la question de Pierre (v. #Lu 12:41), mais suggère implicitement que ces vérités s’appliquent en particulier aux non-croyants qui ont beaucoup reçu (v. #Lu 12:48).
43 Heureux ce serviteur, que son maître, à son arrivée, trouvera faisant ainsi !
Heureux ce serviteur. Le serviteur fidèle représente le croyant véritable, celui qui prend soin des richesses que Dieu lui a confiées pour le bienfait des autres et pour la gestion méticuleuse des biens du maître. La fidélité dans l’accomplissement de ses devoirs spirituels apportera honneur et récompense (v. #Lu 12:44).
44 Je vous le dis en vérité, il l’établira sur tous ses biens.
45 Mais, si ce serviteur dit en lui-même : Mon maître tarde à venir ; s’il se met à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer,
il se met à battre les serviteurs. L’infidélité et la cruauté de ce mauvais serviteur illustrent le mal qui règne dans un cœur incroyant.
46 le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il le mettra en pièces, et lui donnera sa part avec les infidèles.
il le mettra en pièces. Ou le détruira complètement. Ce passage suggère la sévérité du jugement final à l’égard des non-croyants.
47 Le serviteur qui, ayant connu la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas agi selon sa volonté, sera battu d’un grand nombre de coups.
12:47-48
L’ampleur de la punition est à la mesure de l’infidélité volontaire des serviteurs. Il faut remarquer que l’ignorance ne peut être invoquée comme excuse (v. #Lu 12:48). #Mt 10:15 ; #Mt 11:22, #Mt 11:24 ; #Mr 6:11 ; #Hé 10:29 enseignent clairement qu’il y aura divers degrés de châtiment en enfer
48 Mais celui qui, ne l’ayant pas connue, a fait des choses dignes de châtiment, sera battu de peu de coups. On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié.
49 Je suis venu jeter un feu sur la terre, et qu’ai-je à désirer, s’il est déjà allumé ?
un feu. C’est-à-dire le jugement. Pour une mise en rapport du feu avec le jugement, voir #Esa 66:15 ; #Joe 2:30 ; #Am 1:7, #Am 1:10-14 ; #Am 2:2, #Am 2:5 ; #Mal 3:2, #Mal 3:5 ; #1Co 3:13 ; #2Th 1:7-8.
50 Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu’il soit accompli !
un baptême. Un baptême de souffrance, c’est-à-dire sa mort. Le baptême chrétien symbolise l’identification à Jésus dans sa mort, son ensevelissement et sa résurrection.
qu’il soit accompli. Venu pour accomplir cette œuvre précise, Jésus était entièrement déterminé à l’achever.
51 Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division.
52 Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux, et deux contre trois ;
53 le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère.
54 ¶ Il dit encore aux foules : Quand vous voyez un nuage se lever à l’occident, vous dites aussitôt : La pluie vient. Et il arrive ainsi.
55 Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites : Il fera chaud. Et cela arrive.
56 Hypocrites ! vous savez discerner l’aspect de la terre et du ciel ; comment ne discernez-vous pas ce temps-ci ?
57 Et pourquoi ne discernez-vous pas de vous-mêmes ce qui est juste ?
58 Lorsque tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, tâche en chemin de te dégager de lui, de peur qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice, et que celui-ci ne te mette en prison.
59 Je te le dis, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies payé jusqu’à la dernière pite.
LUC 13 : 1 à 35
des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices. Cet incident correspond bien au caractère de Pilate tel que nous le connaissons par ailleurs. De toute évidence, certains adorateurs galiléens qui tombèrent sous la condamnation de Rome-peut-être appartenaient-ils à un groupe de zélotes séditieux - furent recherchés et tués dans le temple par les autorités romaines alors qu’ils offraient un sacrifice. Un tel assassinat constituait un blasphème particulièrement choquant. De tels incidents ne faisaient qu’enflammer la haine des Juifs à l’égard de Rome et menèrent finalement à une rébellion qui déboucha sur la destruction du temple de Jérusalem en l’an 70 apr. J.-C.
2 Il leur répondit : Croyez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert de la sorte ?
de plus grands pécheurs. Beaucoup croyaient que toutes les catastrophes et toutes les morts soudaines étaient l’expression de la colère divine provoquée par des péchés précis (cf. #Job 4:7). A leurs yeux, ceux qui souffraient de manière inhabituelle devaient forcément être coupables d’une immoralité particulièrement grave (cf. #Jn 9:2).
3 Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également.
si vous ne vous repentez. Jésus ne nie pas l’existence d’un lien entre les catastrophes et le mal commis par les hommes. En effet, la cause originelle de toutes les afflictions est bien la malédiction de l’humanité déchue (#Ge 3:17-19). De plus, des calamités particulières peuvent être le fruit de certaines mauvaises actions spécifiques (#Pr 24:16). Cependant, Christ remet en cause l’idée, assez répandue, qui voudrait que les personnes épargnées par un désastre le soient à cause de leur supériorité morale sur les victimes. Il appelle chacun à la repentance, car personne n’est à l’abri d’une mort soudaine. Personne ne peut être sûr de disposer d’un temps de préparation avant de mourir, c’est pourquoi tous doivent se repentir aujourd’hui (cf. #2Co 6:2).
vous périrez tous également. C’était un avertissement prophétique du jugement à venir sur Israël, qui culminerait en 70 avec la destruction catastrophique du temple de Jérusalem et le massacre de milliers d’habitants de la ville par les Romains.
4 Ou bien, ces dix-huit personnes sur qui est tombée la tour de Siloé et qu’elle a tuées, croyez-vous qu’elles fussent plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Siloé. Un espace à l’extrémité sud de la ville basse de Jérusalem, où se trouvait une piscine célèbre (cf. #Jn 9:7, #Jn 9:11). De toute évidence, l’une des tours surplombant l’aqueduc s’était effondrée, alors qu’elle était peut-être encore en construction, et avait causé la mort de plusieurs personnes. A nouveau, la question qui occupait l’esprit des gens, c’était celle de la relation entre la catastrophe et les fautes commises (« plus coupables »). Jésus répond qu’un tel désastre ne représente pas un moyen divin de condamner à mort un groupe de personnes particulièrement mauvaises, mais qu’il sert d’avertissement à tous les pécheurs. Le jugement par des catastrophes surviendra finalement sur tous, s’ils ne se repentent pas.
5 Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également.
Parabole du figuier stérile
6 ¶ Il dit aussi cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher du fruit, et il n’en trouva point.
figuier. Cet arbre est fréquemment employé comme symbole d’Israël. Cependant, la leçon de cette parabole sur l’absence de fruit s’applique autant à la nation dans son ensemble qu’à chacun considéré individuellement.
7 Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve point. Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ?
8 Le vigneron lui répondit : Seigneur, laisse-le encore cette année ; je creuserai tout autour, et j’y mettrai du fumier.
laisse-le encore cette année. Ce passage illustre aussi bien l’intercession de Christ que la miséricorde et la patience extrêmes du Père.
9 Peut-être à l’avenir donnera-t-il du fruit ; sinon, tu le couperas.
Guérison d'une femme le jour du sabbat
10 ¶ Jésus enseignait dans une des synagogues, le jour du sabbat.
le jour du sabbat. Les traditions pharisaïques attachées au sabbat représentaient le thème le plus fréquent de conflits dans le ministère de Jésus. Cf. #Lu 6:5-11 ; #Lu 14:1-5 ; #Mt 12:2-10 ; #Mr 2:23-3:4.
11 Et voici, il y avait là une femme possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était courbée, et ne pouvait pas du tout se redresser.
un esprit qui la rendait infirme. Ce passage suggère que l’infirmité physique de cette femme, qui l’empêchait de se tenir debout, était causée par un esprit mauvais. Cependant, Christ n’eut pas à s’opposer à un démon et à le chasser, mais il déclara simplement que la femme était délivrée (v. #Lu 13:12). Son cas n’était pas de la même nature que les autres cas de possession démoniaque qu’il avait traités (cf. #Lu 11:14 ).
12 Lorsqu’il la vit, Jésus lui adressa la parole, et lui dit : Femme, tu es délivrée de ton infirmité.
lui adressa la parole. La femme n’avait pas sollicité la guérison, Jésus lui-même en prit l’initiative (cf. #Lu 7:12-14). Par ailleurs, ni elle ni personne d’autre n’eut à faire preuve d’une foi particulière. Jésus demandait parfois de s’engager dans une démarche de foi, mais cet appel n’intervenait pas toujours (cf. #Lu 8:48 ; #Mr 5:34).
13 Et il lui imposa les mains. A l’instant elle se redressa, et glorifia Dieu.
14 Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat, dit à la foule : Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat.
le chef de la synagogue. Un éminent personnage dont la tâche consistait notamment à présider aux réunions, à s’occuper du bâtiment et à diriger l’enseignement dans la synagogue (cf. #Lu 8:41 ; #Mt 9:18 ; #Mr 5:38).
15 Hypocrites ! lui répondit le Seigneur, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la crèche son bœuf ou son âne, pour le mener boire ?
détache … son bœuf. Rien dans l’Ecriture n’interdisait de donner à boire à un bœuf ou de guérir les malades le jour du sabbat. Les traditions pharisaïques relatives au sabbat accordaient en réalité une plus grande valeur aux animaux qu’aux personnes dans le besoin. Elles aboutissaient à une corruption de l’objectif initial de ce jour (#Mr 2:27).
16 Et cette femme, qui est une fille d’Abraham, et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat ?
une fille d’Abraham. C’est-à-dire une Juive.
que Satan tenait liée. Les maux physiques et les autres calamités dont Job souffrit étaient aussi infligés par Satan, avec la permission divine. Il semblerait que la souffrance de cette femme n’était pas due à un quelconque mal qu’elle aurait commis, mais qu’elle souffrait afin que la gloire de Dieu puisse se manifester (cf. #Jn 9:3).
17 Tandis qu’il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient confus, et la foule se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu’il faisait.
Parabole du grain de sénevé et du levain
18 ¶ Il dit encore : A quoi le royaume de Dieu est-il semblable, et à quoi le comparerai-je ?
19 Il est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et jeté dans son jardin ; il pousse, devient un arbre, et les oiseaux du ciel habitent dans ses branches.
20 Il dit encore : A quoi comparerai-je le royaume de Dieu ?
21 Il est semblable à du levain qu’une femme a pris et mis dans trois mesures de farine, pour faire lever toute la pâte.
La porte étroite
22 Jésus traversait les villes et les villages, enseignant, et faisant route vers Jérusalem.
les villes et les villages. Les indications géographiques de Luc demeurent souvent vagues; de toute façon, la plupart des lecteurs auxquels il s’adressait ignoraient certainement la géographie de la Terre sainte. #Mt 19:1 ; #Mr 10:1 et #Jn 10:40 confirment tous que Christ déplaça son ministère dans la région située à l’est du Jourdain et connue sous le nom de Pérée. Ce changement s’opéra vraisemblablement à cet endroit du récit de Luc. Ainsi, les localités que Jésus traversait pouvaient se situer aussi bien en Judée qu’en Pérée.
faisant route vers Jérusalem. Durant son ministère en Judée et en Pérée, Christ se rendit à Jérusalem à plus d’une occasion : au moins une fois lors de la fête des Tabernacles (#Jn 7:11-8:59), une autre fois pour la fête de la Dédicace (#Jn 9:1-10:39), enfin lorsqu’il ressuscita Lazare. Luc tenait à mettre en évidence la progression constante de Christ vers Jérusalem, lieu où il devait mourir afin d’accomplir sa mission. C’est la raison pour laquelle il présente ses différents déplacements comme des étapes de ce long voyage.
23 ¶ Quelqu’un lui dit : Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? Il leur répondit :
n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés? Plusieurs facteurs ont pu provoquer cette question. Les multitudes qui suivaient Jésus naguère avaient en effet fondu pour ne laisser qu’un reste fidèle (cf. #Jn 6:66). De grandes foules venaient toujours l’écouter (#Lu 14:25), mais les disciples décidés à le suivre se faisaient de plus en plus rares. Par ailleurs, les messages de Christ semblaient faits pour décourager les personnes à la foi tiède. Il avait lui-même affirmé que la porte est si étroite que peu la trouvent (#Mt 7:14). Cet enseignement contredisait d’une manière flagrante la conviction des Juifs selon laquelle ils seraient tous sauvés, exception faite des publicains et d’autres pécheurs notoires. La réponse de Christ souligne une fois de plus la difficulté d’entrer par la porte étroite. Après la résurrection, pas plus de 120 disciples se réunirent dans la chambre haute à Jérusalem (#Ac 1:15), et seulement 500 environ en Galilée (#1Co 15:6).
24 Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas.
Efforcez-vous. Ce terme renvoie à une grande lutte face à un conflit. Christ ne suggère pas que l’on pourrait mériter le ciel en faisant des efforts pour y parvenir. Quelle que soit la peine que les pécheurs se donnent pour atteindre cet objectif, ils ne pourront jamais se sauver eux-mêmes. Le salut est uniquement par grâce, non par les œuvres (#Ep 2:8-9). Il est toutefois difficile d’entrer par la porte étroite à cause du coût en termes d’orgueil humain, d’amour naturel du pécheur pour le péché, ainsi qu’en raison de l’opposition conjointe de Satan et du monde à la vérité.
beaucoup chercheront à entrer. Lors du jugement, lorsque de nombreuses personnes protesteront et prétendront mériter d’aller au ciel (cf. #Mt 7:21-23).
25 Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes.
Je ne sais d’où vous êtes. Cf. #Mt 7:23 ; #Mt 25:12. Il sera clair qu’il n’y a jamais eu de relation entre eux, même si certains ont nourri l’illusion de connaître le propriétaire de la maison (v. #Lu 13:26). En dépit de leurs protestations, il réitérera son refus catégorique (v. #Lu 13:27).
26 Alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos rues.
27 Et il répondra : Je vous le dis, je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité.
28 C’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes, dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors.
29 Il en viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi ; et ils se mettront à table dans le royaume de Dieu.
Il en viendra. En incluant des personnes venant des quatre coins de la terre, Jésus affirmait clairement que les non-Juifs seraient aussi invités à la table du festin céleste. Cet enseignement était certes contraire à la pensée rabbinique qui prédominait à l’époque, mais il était néanmoins parfaitement conforme à l’A.T. (#Ps 107:3 ; #Esa 66:18-19 ; #Mal 1:11).
30 Et voici, il y en a des derniers qui seront les premiers, et des premiers qui seront les derniers.
derniers … premiers … premiers … derniers. D’après le contexte, cette parole semble opposer les Juifs (« les premiers ») aux non-Juifs (« les derniers »).
Hostilité d'Hérode
Crimes et châtiments de Jérusalem
31 ¶ Ce même jour, quelques pharisiens vinrent lui dire : Va-t’en, pars d’ici, car Hérode veut te tuer.
pars d’ici. Hérode Antipas régnait sur la Galilée et la Pérée. Christ approchait de la Pérée, ou bien il était déjà en train d’y exercer son ministère. Il est fort probable que les pharisiens qui n’étaient pas des amis d’Hérode - avertirent Christ dans leur propre intérêt. Ils espéraient que la menace de violences de la part d’Hérode le réduirait au silence ou, du moins, le ferait retourner en Judée, où le sanhédrin pourrait exercer sa juridiction sur lui.
32 Il leur répondit : Allez, et dites à ce renard : Voici, je chasse les démons et je fais des guérisons aujourd’hui et demain, et le troisième jour j’aurai fini.
ce renard. Certains ont suggéré que l’emploi de cette expression par Jésus serait difficilement conciliable avec #Ex 22:28 ; #Ec 10:20 et #Ac 23:5. Cependant, ces vv. s’appliquent à un discours de la vie quotidienne. Les prophètes, qui agissaient en tant que porte-parole de Dieu et sous couvert de son autorité, eurent souvent à reprendre publiquement des gouvernants (cf. #Esa 1:23 ; #Ez 22:27 ; #Os 7:3-7 ; #Sop 3:3). Comme Jésus parlait avec une pleine autorité divine, il avait tout à fait le droit de parler d’Hérode en ces termes. Les écrits rabbiniques faisaient souvent usage du mot « renard » pour désigner une personne qui était en même temps habile et sans valeur. Les pharisiens, qui tremblaient devant le pouvoir d’Hérode, durent certainement s’étonner de la hardiesse manifestée par Christ.
aujourd’hui et demain, et le troisième jour. Cela signifie seulement que Christ agissait selon son plan divin préétabli ; il n’est pas ici question de trois jours au sens littéral. Courantes dans les langues sémitiques, les formules comme celle-ci étaient rarement prises dans un sens littéral pour préciser une période de temps spécifique.
j’aurai fini. Lorsqu’il aurait accompli son œuvre en mourant à la croix. Cf. #Jn 17:4-5 ; #Jn 19:30 ; #Hé 2:10. Hérode menaçait de le tuer, mais personne ne pouvait le tuer avant que son heure ne soit venue (#Jn 10:17-18).
33 Mais il faut que je marche aujourd’hui, demain, et le jour suivant ; car il ne convient pas qu’un prophète périsse hors de Jérusalem.
il ne convient pas. Les prophètes qui vécurent le martyre ne furent évidemment pas tous exécutés à Jérusalem. Jean-Baptiste, p. ex., fut probablement décapité dans le palais d’Hérode à Machéronte. Cette expression était certainement un proverbe familier, comme l’adage de #Lu 4:24 et #Mt 13:57. L’affirmation empreinte d’ironie fait remarquer que la plupart des prophètes de l’A.T. souffrirent entre les mains des Juifs, et non de leurs ennemis. En incluant cette parole dans son récit, Luc souligne le thème de cette partie de son Evangile : le voyage inexorable de Jésus vers Jérusalem pour y mourir.
34 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu !
Jérusalem, Jérusalem. Ces paroles expriment une grande tendresse, comme l’image d’une poule et de ses poussins le suggère. Cette effusion de compassion divine préfigure la lamentation de Jésus sur Jérusalem, au moment où il s’en approcherait pour la dernière fois (#Lu 19:41). Elle traduit, à n’en pas douter, des émotions sincères et profondes.
ai-je voulu … vous ne l’avez pas voulu. A plus d’une reprise, Jésus fit part de son affliction à cause de l’état de ruine spirituelle dans lequel se trouvait Jérusalem. Le fait qu’il se désolait de cette situation ne diminue en rien sa souveraineté absolue sur tout ce qui arrive. Inversement, la réalité de la souveraineté divine ne peut être invoquée pour mettre en doute la sincérité de sa compassion.
35 Voici, votre maison vous sera laissée ; mais, je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Chez Luc, ce passage est situé bien plus tôt dans le ministère de Christ que le passage parallèle de #Mt 23:37-39 qui relate les paroles de Jésus dans le temple au cours de ses derniers jours à Jérusalem. Les mots employés dans les deux passages sont pourtant quasiment identiques. Ici, Christ délivre prophétiquement le message qu’il prononcera ultérieurement en tant que jugement final.
Béni. Citation du #Ps 118:26.
1 ¶ Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l’un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l’observaient.
sabbat. Les guérisons accomplies par Jésus le jour du sabbat sont rapportées plus fréquemment chez Luc que dans n’importe lequel des autres Evangiles. Christ semble avoir délibérément choisi ce jour-là pour accomplir des actes de compassion.
l’observaient. Il est clair que les pharisiens invitèrent Jésus à prendre un repas pour des motifs qui n’avaient rien de louable.
2 Et voici, un homme hydropique était devant lui.
hydropique. L’homme souffrait d’une rétention de liquide dans les tissus et les cavités du corps. Celle-ci est souvent causée par une affection du rein ou du foie, y compris par le cancer.
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