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JONAS 1 à 4 + intro

 

 INTRODUCTION 

Le livre du prophète Jonas

 

Titre

       Suivant la voie tracée par le texte hébreu (texte massorétique), le livre porte en français le nom de son protagoniste, Jonas (littéralement « colombe »), fils d’Amitthaï (#Jon 1:1). La version des Septante (LXX) et la Vulgate lui attribuent le même nom.

 

Auteur et date

       L’auteur du livre n’est pas explicitement mentionné. Le fait que, tout au long du récit, il est fait allusion à Jonas à la troisième personne a poussé certains à attribuer sa rédaction à un autre que le prophète. Cependant, un tel procédé n’est pas rare dans l’A.T. (p. ex. #Ex 11:3 ; #1S 12:11). En outre, les détails biographiques mentionnés au fil du texte indiquent clairement que Jonas en est l’auteur: des événements et expériences aussi étranges ne pouvaient être relatés que par lui. La formulation du verset introductif plaide dans le même sens, puisque Osée, Joël, Michée, Sophonie, Aggée et Zacharie offrent une introduction similaire.

       D’après #2R 14:25, Jonas était originaire de Gath-Hépher, près de Nazareth. Il fut le porte-parole de l’Eternel pour les dix tribus du nord juste avant Amos, au cours de la première moitié du VIIIe siècle, vers 760 av. J.-C., durant le règne long et prospère de Jéroboam II (av. J.-C.). Les pharisiens affirmèrent à tort: « De la Galilée il ne sort point de prophète » (#Jn 7:52), puisque Jonas était galiléen. Une tradition juive, invérifiable, fait de lui le fils de la veuve de Sarepta, celui qui fut ressuscité par Elie (#1R 17:8-24).

 

Contexte et arrière-plan

En tant que prophète des dix tribus du nord d’Israël, Jonas exerça son ministère dans les mêmes conditions qu’Amos. Le royaume connaissait alors une période de prospérité et de paix. La Syrie et l’Assyrie étaient affaiblies, ce qui avait permis à Jéroboam II d’élargir ses frontières, au nord, en récupérant des territoires qui avaient appartenu à David et à Salomon (#2R 14:23-27). C’était, toutefois, une époque de pauvreté spirituelle: la religion était ritualiste, de plus en plus empreinte d’idolâtrie, et la justice corrompue. La richesse et la paix avaient mené le pays à une faillite spirituelle, morale et éthique (cf. #2R 14:24 ; #Am 4:1ss; #Am 5:10-13). C’est pourquoi Dieu avait décidé de punir Israël par l’intermédiaire des Assyriens, qui lui infligeraient destruction et captivité en 722 av. J.-C. La repentance de Ninive fut peut-être favorisée par deux fléaux (en 765 et 759 av. J.-C.) et par une éclipse solaire (en 763 av. J.-C.), phénomènes qui la préparèrent à l’annonce du jugement par Jonas.

 

Thèmes historiques et théologiques

       Même s’il était prophète en Israël, ce n’est pas pour le ministère exercé dans son pays que l’on se souvient de Jonas. Cela pourrait expliquer pourquoi les pharisiens affirmèrent, à l’époque de Jésus, qu’aucun prophète n’était sorti de Galilée (cf. #Jn 7:52). Le livre relate l’appel que Jonas reçut d’aller prêcher la repentance aux habitants de Ninive, ainsi que son refus de s’y conformer. Ninive, capitale de l’Assyrie, était tristement célèbre pour sa cruauté et représentait, dans l’histoire d’Israël et de Juda, un véritable fléau. Le récit est néanmoins centré sur cette capitale païenne fondée par Nimrod, l’arrière-petit-fils de Noé (#Ge 10:6-12), qui fut peut-être la plus grande ville de l’Antiquité (#Jon 1:2 ; #Jon 3:2, #Jon 3:3 ; #Jon 4:11). Elle serait détruite environ 150 ans après la repentance de la génération contemporaine de Jonas (en 612 av. J.-C.), comme prophétisé par Nahum (#Na 1:1ss). Le dégoût qu’il éprouvait d’un point de vue politique, en tant qu’israélite, envers l’Assyrie se combina au sentiment de supériorité spirituelle du peuple élu pour engendrer l’attitude récalcitrante de Jonas face à la mission que Dieu lui confiait. Celle-ci visait en partie à faire honte aux Israélites en leur montrant qu’une ville païenne était capable de se repentir suite à la prédication d’un étranger, alors qu’ils refusaient, eux, de réagir aux injonctions des nombreux prophètes qui leur avaient été envoyés. Le prophète allait découvrir que l’amour et la grâce de l’Eternel s’étendent à toute l’humanité (#Jon 4:2, #Jon 4:10, #Jon 4:11) et ne se limitent pas au peuple élu (cf. #Ge 9:27 ; #Ge 12:3 ; #Lé 19:33, #Lé 19:34 ; #1S 2:10 ; #Esa 2:2 ; #Joe 2:28-32).

       Le livre de Jonas révèle l’autorité souveraine de Dieu sur l’homme et sur la création dans sa totalité: tout ce qui a été créé lui doit l’existence (#Jon 1:9) et obéit à chacun de ses ordres (cf. #Jon 1:4 ; #Jon 2:1, #Jon 2:10 ; #Jon 4:6, #Jon 4:7 ; cf. #Mr 4:41). Jésus utilisa l’exemple des Ninivites pour reprocher aux pharisiens leur dureté de cœur et leur refus de se repentir (#Mt 12:38-41 ; #Lu 11:29-32): une population païenne s’était repentie à la prédication d’un prophète pourtant peu enthousiaste; les pharisiens, eux, refusaient de le faire alors qu’ils se trouvaient face au plus grand des prophètes, qui était de toute évidence leur Seigneur et leur Messie. L’attitude de Jonas illustre celle d’Israël qui, choisi et envoyé par Dieu pour être son témoin (#Esa 43:10-12 ; #Esa 44:8), s’est rebellé contre la volonté divine (#Ex 32:1-4 ; #Jug 2:11-19 ; #Ez 6:1-5 ; #Mr 7:6-9). Mais Dieu l’a miraculeusement préservé, pendant des siècles d’exil et de dispersion, pour qu’il proclame finalement la vérité (#Jér 30:11 ; #Jér 31:35-37 ; #Os 3:3-5 ; #Ap 7:1-8 ; #Ap 14:1-3).

 

Questions d’interprétation

       La difficulté essentielle, en matière d’interprétation, est en rapport avec la nature du livre: s’agit-il d’un récit historique ou d’une allégorie/parabole? L’ampleur des miracles, notamment la survie pendant trois jours et trois nuits dans un grand poisson, a poussé des commentateurs sceptiques et critiques à nier la réalité historique du récit pour n’y voir qu’un enseignement spirituel: ses divers éléments constitutifs auraient une simple valeur allégorique, ou le texte dans son ensemble correspondrait à une parabole. Mais aussi étonnants et miraculeux que puissent être les événements relatés, le récit doit être considéré comme historique. En effet, il rapporte sous forme narrative la vie d’un prophète historiquement identifiable de l’A.T., qui a vécu au VIIIe siècle av. J.-C. De plus, dans son enseignement, Jésus-Christ n’a pas présenté l’histoire de Jonas comme une parabole, mais comme un récit réel et historiquement fiable (#Mt 12:38-41 ; #Mt 16:4 ; #Lu 11:29-32).

 

Plan

I. Fuite loin de la volonté de Dieu (1:1-2:1)

    A. Jonas chargé d’une mission (1:1-2)

    B. Jonas en fuite (1:3)

    C. Jonas poursuivi (1:4-16)

    D. Jonas sauvé (2:1)

II. Soumission à la volonté de Dieu (2:2-11)

    A. Détresse de Jonas (2:2-4)

    B. Prière de Jonas (2:5-8)

    C. Repentance de Jonas (2:9-10)

    D. Délivrance de Jonas (2:11)

III. Respect de la volonté de Dieu (3:1-10)

    A. Rappel de la mission (3:1-2)

    B. Obéissance du prophète (3:3-4)

    C. Repentance de la ville (3:5-9)

    D. Décision de grâce de Dieu (3:10)

IV. Remise en question de la volonté de Dieu (4:1-11)

    A. Le prophète irrité (4:1-5)

    B. Le prophète blâmé (4:6-11)

 

Jonas 1 : 1 à 17

 

    1 ¶  La parole de l’Eternel fut adressée à Jonas, fils d’Amitthaï, en ces mots:

 Jonas, fils d’Amitthaï. Le nom de Jonas signifie « colombe » en hébreu, tandis que celui de son père signifie « fidèle », « loyal ».

 

2  Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle ! car sa méchanceté est montée jusqu’à moi.

 Lève-toi, va à Ninive. Même si d’autres prophètes furent chargés de prophétiser contre des nations païennes, Jonas fut le seul à être réellement envoyé vers une nation étrangère pour lui transmettre un message accusateur de la part de l’Eternel. Cette mission avait pour objectif le salut des Ninivites, mais elle visait aussi à provoquer la honte et la jalousie d’Israël, tout en le blâmant pour sa réticence à amener les païens au seul vrai Dieu. Bâtie à l’époque de Nimrod (#Ge 10:11), Ninive se trouvait sur la rive du Tigre, à environ 800 km au nord-est d’Israël. C’était depuis toujours l’une des cités royales de l’Assyrie, et elle lui servit même de capitale pendant des années. Son nom semble dériver de « ninus », c’est-à-dire Nimrod, et signifier qu’elle était la résidence de Nimrod, ou de « nunu » (mot akkadien pour « poisson »). Sa population adorait Nanshe, la déesse poisson, déesse des sources et fille d’Ea, et Dagon, le dieu poisson, représenté moitié homme et moitié poisson.

la grande ville. Ninive était grande autant par sa taille que par sa puissance. Elle joua un rôle important au Moyen-Orient jusqu’à sa destruction par Nebucadnetsar, en 612 av. J.-C. C’était peut-être la ville la plus vaste du monde antique. D’après les historiens, la cité intérieure était entourée de murailles imposantes d’environ 12 km de long. Le reste de la ville couvrait une zone d’une circonférence de quelque 100 km. Sa population approchait peut-être les 600 000 habitants (cf. #Jon 4:11).

sa méchanceté est montée jusqu’à moi. Ninive était le centre des cultes idolâtriques rendus à Assur et à Ishtar. Un siècle plus tard, Nahum prononcerait la condamnation de l’Assyrie à cause de ses pratiques immorales et de sa cruauté légendaire (#Na 3). Il reviendrait à Nebucadnetsar de la mettre à exécution, en 612 av. J.-C.

 

3  Et Jonas se leva pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face de l’Eternel. Il descendit à Japho, et il trouva un navire qui allait à Tarsis ; il paya le prix du transport, et s’embarqua pour aller avec les passagers à Tarsis, loin de la face de l’Eternel.

 Jonas …  à Tarsis. C’est le seul cas qui nous soit rapporté où un prophète refusa la mission que Dieu lui avait confiée (cf. #Jér 20:7-9). La localisation de « Tarsis », célèbre pour sa richesse (#Ps 72:10 ; #Jér 10:9 ; #Ez 27:12, #Ez 27:25), demeure incertaine. L’historien grec Hérodote l’identifiait à Tartessus, ville commerçante au sud de l’Espagne. Le prophète partit aussi loin qu’il le put à l’ouest, démontrant ainsi sa réticence à voir les païens profiter des bénédictions du salut.

loin de la face de l’Eternel. Personne ne saurait échapper à l’omniprésence de Dieu (#Ps 139:7-12), mais le prophète tentait de fuir sa présence manifeste dans le temple de Jérusalem (cf. #Jon 2:5 ; #Ge 4:16).

Japho. Appelée aujourd’hui Jaffa, cette ville se situait sur la côte méditerranéenne, près de la frontière entre Juda et la Samarie. C’est aussi là que Pierre reçut la vision qui le prépara à se rendre chez Corneille, un païen (« Joppé », #Ac 10).

 

4 ¶  Mais l’Eternel fit souffler sur la mer un vent impétueux, et il s’éleva sur la mer une grande tempête. Le navire menaçait de faire naufrage.

 un vent impétueux. Ce n’était pas une tempête ordinaire, car elle avait été envoyée par Dieu. Les marins, pourtant aguerris, éprouvèrent de la crainte (v. #Jon 1:5), crainte qui servirait les objectifs divins (cf. #Ps 104:4).

 

5  Les mariniers eurent peur, ils implorèrent chacun leur dieu, et ils jetèrent dans la mer les objets qui étaient sur le navire, afin de le rendre plus léger. Jonas descendit au fond du navire, se coucha, et s’endormit profondément.

 6  Le pilote s’approcha de lui, et lui dit : Pourquoi dors-tu ? Lève-toi, invoque ton Dieu ! peut-être voudra-t-il penser à nous, et nous ne périrons pas.

 7  Et ils se dirent l’un à l’autre : Venez, et tirons au sort, pour savoir qui nous attire ce malheur. Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Jonas.

 tirons au sort. En dernier recours, l’équipage décida de chercher qui avait pu provoquer la colère de Dieu. L’Eternel pouvait révéler sa volonté en contrôlant un tirage au sort, et c’est ce qu’il fit. Cette méthode de discernement, dont on ignore la forme exacte, n’était pas interdite en Israël (cf. #Pr 16:33 ; #Jos 7:14ss; #Jos 15:1 ; #1S 14:36-45 ; #Ac 1:26).

  Dix miracles dans Jonas

1. 1:4 « L’Eternel fit souffler sur la mer un vent impétueux »

2. 1:7 « Le sort tomba sur Jonas »

3. 1:15 « La mer s’apaisa »

4. 2:1 « L’Eternel fit venir un grand poisson »

5. 2:1 « … pour engloutir Jonas »

6. 2:11 « L’Eternel parla au poisson, et le poisson vomit Jonas sur la terre »

7. 3:10 « Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise voie »

8. 4:6 « L’Eternel Dieu fit croître un ricin »

9. 4:7 « Dieu fit venir un ver »

10. 4:8 « Dieu fit souffler un vent chaud d’orient »

 

8  Alors ils lui dirent : Dis-nous qui nous attire ce malheur. Quelles sont tes affaires, et d’où viens-tu ? Quel est ton pays, et de quel peuple es-tu ?

 9  Il leur répondit : Je suis Hébreu, et je crains l’Eternel, le Dieu des cieux, qui a fait la mer et la terre.

 Je suis Hébreu. Jonas s’identifia selon le terme employé par les Israélites lorsqu’ils s’adressaient à des païens (cf. #1S 4:6, #1S 4:9 ; #1S 14:11).

l’Eternel, le Dieu des cieux. Ce titre, employé depuis les temps les plus anciens (cf. #Ge 24:3, #Ge 24:7), fut sans doute choisi à dessein par Jonas: il voulait exprimer la souveraineté de l’Eternel, par opposition à Baal (cf. #1R 18:24), puisqu’il s’adressait probablement à des marins originaires de Phénicie, le centre du culte rendu à ce dieu. Le titre avait d’autant plus de poids lorsqu’il était associé à l’expression « qui a fait la mer et la terre ». Cette description du Dieu vivant et vrai convenait tout particulièrement pour des païens, qui ne disposaient pas des Ecritures; leur raison les amenait à postuler l’existence d’un créateur (cf. #Ro 1:18-23). L’évocation de la création, comme en #Ac 14:14-17 ; #Ac 17:23b-29, était un point de départ approprié. Pour annoncer l’Evangile aux Juifs, on peut, en revanche, s’appuyer sur l’A.T.

 

10  Ces hommes eurent une grande frayeur, et ils lui dirent : Pourquoi as-tu fait cela ? Car ces hommes savaient qu’il fuyait loin de la face de l’Eternel, parce qu’il le leur avait déclaré.

 11 ¶  Ils lui dirent : Que te ferons-nous, pour que la mer se calme envers nous ? Car la mer était de plus en plus orageuse.

 1:11-12

Toujours réticent à l’idée de se rendre à Ninive mais se sentant responsable de la situation, Jonas se montra prêt à se sacrifier pour sauver la vie de ses compagnons. Apparemment, il préférait mourir que devoir se rendre à Ninive.

 

12  Il leur répondit : Prenez-moi, et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera envers vous ; car je sais que c’est moi qui attire sur vous cette grande tempête.

 13  Ces hommes ramaient pour gagner la terre, mais ils ne le purent, parce que la mer s’agitait toujours plus contre eux.

 1:13-14

Les marins  des païens - éprouvaient plus de compassion pour un seul homme que Jonas, un prophète, n’en avait pour les dizaines de milliers d’habitants que comptait Ninive. La tempête, les propos de Jonas, le tirage au sort: tout indiquait aux marins qu’ils étaient témoins d’une intervention de l’Eternel; c’est pourquoi ils lui offrirent des sacrifices et firent des vœux (v. #Jon 1:16). Leur comportement suggère qu’ils avaient bénéficié d’un enseignement plus développé, de la part de Jonas, que celui qui est explicitement rapporté dans le texte.

 

14  Alors ils invoquèrent l’Eternel, et dirent : O Eternel, ne nous fais pas périr à cause de la vie de cet homme, et ne nous charge pas du sang innocent ! Car toi, Eternel, tu fais ce que tu veux.

 15  Puis ils prirent Jonas, et le jetèrent dans la mer. Et la fureur de la mer s’apaisa.

 la mer s’apaisa. Miracle similaire à celui qu’accomplirait Jésus lorsqu’il apaiserait la tempête sur la mer de Galilée (cf. #Mt 8:23-27).

 

16  Ces hommes furent saisis d’une grande crainte de l’Eternel, et ils offrirent un sacrifice à l’Eternel, et firent des vœux.

 17  (2-1) L’Eternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas, et Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits.

 

Jonas 2 : 1 à 10

 

    1 ¶  (2-2) Jonas, dans le ventre du poisson, pria l’Eternel, son Dieu.

 2:2-10

Jonas reconnut la souveraineté de Dieu (vv. #Jon 2:2-4) et accepta de s’y soumettre (vv. #Jon 2:5-10).

 

2  (2-3) Il dit : Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Eternel, Et il m’a exaucé ; Du sein du séjour des morts j’ai crié, Et tu as entendu ma voix.

 du sein du séjour des morts. Cela ne signifie pas nécessairement que Jonas soit passé par la mort physique. L’expression « séjour des morts » était souvent employée, de façon hyperbolique, pour évoquer des circonstances catastrophiques, presque fatales (#Ps 30:4). Plus loin (v. #Jon 2:7), Jonas remercierait Dieu de l’avoir délivré « de la fosse », indiquant qu’il venait d’échapper à une mort certaine.

 

3  (2-4) Tu m’as jeté dans l’abîme, dans le cœur de la mer, Et les courants d’eau m’ont environné ; Toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi.

 Jonas reconnut dans son expérience au fond de l’océan un jugement exercé contre lui par l’Eternel.

 

4  (2-5) Je disais : Je suis chassé loin de ton regard ! Mais je verrai encore ton saint temple.

 Je suis chassé loin de ton regard! en #Jon 1:3, Jonas fuyait la présence de Dieu; dans sa nouvelle situation, il se rendait compte que Dieu l’avait temporairement banni.

 

5  (2-6) Les eaux m’ont couvert jusqu’à m’ôter la vie, L’abîme m’a enveloppé, Les roseaux ont entouré ma tête.

 la vie. Littéralement « l’âme », terme qui désignait toute la personne de Jonas, aussi bien physique que spirituelle (cf. v. #Jon 2:8).

 

6  (2-7) Je suis descendu jusqu’aux racines des montagnes, Les barres de la terre m’enfermaient pour toujours ; Mais tu m’as fait remonter vivant de la fosse, Eternel, mon Dieu !

 7  (2-8) Quand mon âme était abattue au dedans de moi, Je me suis souvenu de l’Eternel, Et ma prière est parvenue jusqu’à toi, Dans ton saint temple.

 8  (2-9) Ceux qui s’attachent à de vaines idoles Eloignent d’eux la miséricorde.

 9  (2-10) Pour moi, je t’offrirai des sacrifices avec un cri d’actions de grâces, J’accomplirai les vœux que j’ai faits : Le salut vient de l’Eternel.

 j’accomplirai les vœux. Jonas se retrouvait dans la même situation que les marins: à offrir des sacrifices et faire des vœux (cf. #Jon 1:16). A la lumière de 3:1-4, il est possible de penser qu’il fit le vœu d’accomplir la mission que Dieu lui avait confiée: aller prêcher à Ninive (#Ps 50:14 ; #Ps 66:13-14).

 

10 ¶  (2-11) L’Eternel parla au poisson, et le poisson vomit Jonas sur la terre.

 L’Eternel parla. Tout comme il connaît chaque étoile par son nom (#Esa 40:26 ; cf. #Ps 147:4), Dieu peut s’adresser à ses créatures animales (cf. #No 22:28-30). Jonas fut probablement vomi par le poisson à proximité de Japho.

 

Jonas 3 : 1 à 10

 

    1 ¶  La parole de l’Eternel fut adressée à Jonas une seconde fois, en ces mots:

 3:1-2

L’Eternel fit preuve de grâce en accordant une seconde chance à Jonas et en lui redemandant d’aller à Ninive. Jonas fut le seul prophète chargé de prêcher la repentance en terre étrangère.

 

2  Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et proclames-y la publication que je t’ordonne !

 3  Et Jonas se leva, et alla à Ninive, selon la parole de l’Eternel. Or Ninive était une très grande ville, de trois jours de marche.

 une très grande ville. Littéralement « une grande ville pour Dieu ». Le texte souligne non seulement sa taille (cf. #Jon 1:2), mais aussi son importance (cf. #Jon 4:11). Il fallait bien « trois jours » pour faire le tour d’une capitale de cette taille. Ninive avait en effet une circonférence de près de 100 km, d’après des dimensions confirmées par les historiens. Les haltes que Jonas devait faire pour prêcher allongeaient en outre la durée de sa mission.

 

4  Jonas fit d’abord dans la ville une journée de marche ; il criait et disait : Encore quarante jours, et Ninive est détruite !

 Encore quarante jours. Ce délai faisait peut-être écho à la durée de l’intercession de Moïse sur le mont Sinaï (#De 9:18, #De 9:25). Bien que bref, le message de Jonas allait servir les objectifs divins.

 

5 ¶  Les gens de Ninive crurent à Dieu, ils publièrent un jeûne, et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits.

 Les gens …  crurent à Dieu. Etant donné les croyances des habitants de Ninive, l’expérience vécue par Jonas dans le ventre du poisson (#Jon 1:17-2:10) contribua sans doute à lui gagner immédiatement leur attention. Dans une perspective divine, cette repentance massive ne pouvait être due qu’à l’œuvre miraculeuse de l’Eternel. Des marins païens et une ville impie qui réagissaient favorablement au message d’un prophète pourtant peu enthousiaste: c’était une démonstration de la puissance de Dieu, qui se manifeste en dépit de la faiblesse de ses serviteurs.

 

6  La chose parvint au roi de Ninive ; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac, et s’assit sur la cendre.

 Le « roi de Ninive », que les historiens identifient soit à Adad-Nirari III (av. J.-C.), soit à Assurdan III (av. J.-C.), troqua ses vêtements royaux pour le « sac » et la « cendre » (cf. #Job 42:6 ; #Esa 58:5). Le récit de son expérience miraculeuse dans le poisson avait sans doute précédé Jonas à Ninive, ce qui pourrait expliquer la rapidité avec laquelle son message se répandit et fut accepté (cf. #Jon 1:2). L’acide présent dans l’estomac du poisson avait probablement blanchi son teint, ce qui attestait la réalité de son expérience.

 

7  Et il fit faire dans Ninive cette publication, par ordre du roi et de ses grands ; Que les hommes et les bêtes, les bœufs et les brebis, ne goûtent de rien, ne paissent point, et ne boivent point d’eau !

 3:7-9

bêtes. L’emploi d’animaux dans les cérémonies de deuil correspondait à une coutume perse.

 

8  Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs, qu’ils crient à Dieu avec force, et qu’ils reviennent tous de leur mauvaise voie et des actes de violence dont leurs mains sont coupables !

 9  Qui sait si Dieu ne reviendra pas et ne se repentira pas, et s’il ne renoncera pas à son ardente colère, en sorte que nous ne périssions point ?

 10  Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise voie. Alors Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas.

 Dieu vit  se repentit. (cf. #Jér 18:7-8). La repentance des habitants de Ninive était authentique.



Jonas 4 : 1 à 11

 

    1 ¶  Cela déplut fort à Jonas, et il fut irrité.

 4:1-2

Etant donné son attitude négative face aux païens et sa réticence à les voir accéder au salut, Jonas ne pouvait apprécier la démonstration de grâce de l’Eternel envers Ninive. Il révélait ainsi la véritable raison de sa fuite vers Tarsis: dès le début, il avait discerné le caractère miséricordieux de Dieu (cf. #1Ti 2:4 ; #2P 3:9) et, bien qu’ayant lui-même bénéficié de son pardon, il ne supportait pas de voir Ninive en jouir aussi (cf. une attitude similaire en #Lu 15:25ss).

 

2  Il implora l’Eternel, et il dit : Ah ! Eternel, n’est-ce pas ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays ? C’est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et qui te repens du mal.

 3  Maintenant, Eternel, prends-moi donc la vie, car la mort m’est préférable à la vie.

 la mort m’est préférable à la vie. Jonas exprimait peut-être ici une nouvelle rupture de son vœu envers Dieu (#Jon 2:10 ; cf. #No 30:3 ; #Ec 5:1-6).

 

4  L’Eternel répondit : Fais-tu bien de t’irriter ?

 5 ¶  Et Jonas sortit de la ville, et s’assit à l’orient de la ville, Là il se fit une cabane, et s’y tint à l’ombre, jusqu’à ce qu’il vît ce qui arriverait dans la ville.

 6  L’Eternel Dieu fit croître un ricin, qui s’éleva au-dessus de Jonas, pour donner de l’ombre sur sa tête et pour lui ôter son irritation. Jonas éprouva une grande joie à cause de ce ricin.

 un ricin. L’espèce de la plante est incertaine, mais il s’agissait probablement d’un ricin, puisqu’il pousse rapidement dans les climats très chauds et procure de l’ombre grâce à ses grandes feuilles.

 

7  Mais le lendemain, à l’aurore, Dieu fit venir un ver qui piqua le ricin, et le ricin sécha.

 8  Au lever du soleil, Dieu fit souffler un vent chaud d’orient, et le soleil frappa la tête de Jonas, au point qu’il tomba en défaillance. Il demanda la mort, et dit : La mort m’est préférable à la vie.

 vent chaud d’orient. Ce vent brûlant, appelé « sirocco », souffle du désert d’Arabie. L’abri que Jonas s’était confectionné (v. #Jon 4:5) ne pouvait rien contre cet instrument de la souveraineté divine.

 

9  Dieu dit à Jonas : Fais-tu bien de t’irriter à cause du ricin ? Il répondit : Je fais bien de m’irriter jusqu’à la mort.

 10  Et l’Eternel dit : Tu as pitié du ricin qui ne t’a coûté aucune peine et que tu n’as pas fait croître, qui est né dans une nuit et qui a péri dans une nuit.

 4:10-11

L’amour de Dieu pour les habitants de Ninive, qui étaient eux aussi ses créatures, était en totale opposition avec l’indifférence dont Jonas faisait preuve à la perspective de leur condamnation, et bien plus fort que l’attention excessive accordée par le prophète à une plante. Puisque Dieu s’était montré prêt à épargner Sodome si dix justes y résidaient (cf. #Ge 18:22-33), il était, a fortiori, désireux d’épargner une ville avec 120 000 enfants en bas âge (les « hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche »). Un tel nombre d’enfants entre 3 et 4 ans suggère que la population totale de la ville pouvait dépasser les 600 000 âmes.

 

11  Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des animaux en grand nombre !