NAHUM 1 à 3 + intro
INTRODUCTION
Le livre du prophète Nahum
Titre
Le titre du livre correspond au nom du prophète appelé par Dieu à transmettre son jugement contre Ninive, la capitale de l’Assyrie. Nahum est un diminutif de Néhémie (« l’Eternel a consolé ») et signifie « compassion » ou « consolation ». Son texte n’est pas cité dans le N.T., même si une allusion à 2:1 est possible en #Ro 10:15 (cf. #Esa 52:7).
Auteur et date
Dans le cas des prophètes écrivains, ce n’est pas leur vie qui est importante, mais leur message. C’est pourquoi les données biographiques sont plutôt rares dans les documents qu’ils ont laissés. Les livres historiques offrent parfois des éclairages supplémentaires. En ce qui concerne Nahum, rien ne transparaît, si ce n’est le fait qu’il était d’Elkosch (#Na 1:1), ce qui peut désigner son lieu de naissance ou de ministère. Il n’a pas été possible d’identifier cette localité de façon certaine. Plusieurs suggestions ont été émises, notamment: Al-Qosh, au nord de l’Irak (Nahum serait alors un descendant des Israélites déportés en Assyrie en 722 av. J.-C.), Capernaüm (« ville de Nahum ») ou une ville du sud de Juda (cf. #Na 2:1). Quoi qu’il en soit, cette question n’affecte pas l’interprétation du livre.
Puisque l’introduction du livre ne mentionne aucun roi, la date de la prophétie de Nahum doit être établie sur la base d’autres indications. Le message de jugement contre Ninive la dépeint comme une nation puissante, ce qui implique une date de rédaction antérieure à la chute de cette ville, survenue en 612 av. J.-C., et probablement à la mort d’Assurbanipal, en 626 av. J.-C., puisque celle-ci marqua le début du déclin de la puissance assyrienne. La chute de No-Amon, ou Thèbes (#Na 3:8-10), semblait encore vive dans les esprits. Or, Assurbanipal s’empara de cette ville en 663 av. J.-C., et le texte ne mentionne pas son relèvement dix ans plus tard. Cela suggère une date de rédaction au milieu du VIIe siècle av. J.-C., pendant le règne de Manassé (av. J.-C.; cf. #2R 21:1-18).
Contexte et arrière-plan
Un siècle après la prédication de Jonas et la repentance que celle-ci avait suscitée, Ninive avait de nouveau sombré dans l’idolâtrie, la violence et l’arrogance (#Na 3:1-4). L’Assyrie était au sommet de sa puissance, s’étant rétablie de la défaite subie par Sanchérib (en 701 av. J.-C.) à Jérusalem (cf. #Esa 37:36-38). Ses frontières s’étendaient jusqu’à l’Egypte. Esar-Haddon venait, en 670 av. J.-C., d’installer des peuples conquis en Samarie et en Galilée (cf. #2R 17:24 ; #Esd 4:2), laissant la Syrie et Israël dans un état de grande faiblesse. Mais Dieu abaisserait Ninive à travers la montée en puissance du roi babylonien Nabopolassar et de son fils Nebucadnetsar (vers 612 av. J.-C.). La chute de l’Assyrie survint comme Dieu l’avait annoncé.
Thèmes historiques et théologiques
Nahum prend en quelque sorte la suite de Jonas, qui avait prophétisé un siècle auparavant. Jonas évoquait le report du jugement promis par Dieu à Ninive, alors que Nahum en annonce l’exécution. La capitale assyrienne était fière de son statut de ville imprenable, avec des murs hauts de plus de 30 m, des fossés profonds de près de 20 m et larges de près de 50 m. Nahum montre cependant que le Dieu souverain (#Na 1:2-5) tire vengeance de ceux qui violent sa loi (#Na 1:8, #Na 1:14 ; #Na 3:5-7). Ce Dieu qui punit le péché manifeste aussi une bienveillance rédemptrice envers les fidèles (cf. #Na 1:7, #Na 1:12-13 ; #Na 2:1, #Na 2:3). Cette prophétie était de nature à réconforter Juda et tous ceux qui avaient peur des Assyriens. Nahum annonça que la fin de Ninive surviendrait « avec des flots qui déborderont » (#Na 1:8); effectivement le Tigre sortirait de son lit et détruirait partiellement les murailles, permettant le passage des Babyloniens. Il prédit aussi que la ville se cacherait (#Na 3:11); or, suite à sa destruction en 612 av. J.-C., le site n’a été redécouvert qu’en 1842 apr. J.-C.
Questions d’interprétation
A part la localisation incertaine d’Elkosch, la prophétie ne présente aucune difficulté d’interprétation importante. Le livre est une annonce prophétique claire du jugement infligé à l’Assyrie et à Ninive, sa capitale, en raison des atrocités et des pratiques idolâtriques dont elles s’étaient rendues coupables.
Plan
I. Titre (1:1)
II. Annonce de la destruction de Ninive (1:2-2:1)
A. Illustration de la puissance de Dieu (1:2-8)
B. Enoncé du châtiment divin (1:9-2:1)
III. Description de la destruction de Ninive (2:2-14)
A. L’attaque contre la ville (2:2-11)
B. Le déshonneur de la ville (2:12-14)
IV. Nécessité de la destruction de Ninive (3:1-19)
A. Premier chef d’accusation (3:1-3)
B. Deuxième chef d’accusation (3:4-7)
C. Troisième chef d’accusation (3:8-19)
Nahum 1 : 1 à 15
1 ¶ Oracle sur Ninive. Livre de la prophétie de Nahum, d’Elkosch.
Oracle. Littéralement « fardeau ». Le terme était particulièrement approprié pour cette prophétie, puisqu’elle consistait en une condamnation pure et simple. Nahum n’était que le messager de l’oracle divin annonçant le jugement de Ninive.
2 ¶ L’Eternel est un Dieu jaloux, il se venge ; L’Eternel se venge, il est plein de fureur ; L’Eternel se venge de ses adversaires, Il garde rancune à ses ennemis.
jaloux. Cet attribut souvent mentionné à propos du zèle ardent de Dieu pour son épouse, Israël - souligne sa réaction passionnée contre toute personne coupable d’adultère spirituel. Il y a peut-être une allusion à la déportation des dix tribus du nord (en 722 av. J.-C.) ou à l’invasion de Sanchérib (en 701 av. J.-C.).
1:2-8
En décrivant le pouvoir de Dieu en général, Nahum établit son omnipotence et le présenta comme le Dieu jaloux et saint qui punirait les méchants et vengerait son peuple.
1:2-15
Annonce de la destruction de Ninive.
3 L’Eternel est lent à la colère, il est grand par sa force ; Il ne laisse pas impuni. L’Eternel marche dans la tempête, dans le tourbillon ; Les nuées sont la poussière de ses pieds.
lent à la colère. La mention de la jalousie au v. 2 ne doit pas laisser croire que Dieu serait prompt à s’emporter; il est au contraire lent à la colère (cf. #Ex 34:6 ; #No 14:18). Dieu avait fait preuve de patience envers Ninive, au moins un siècle plus tôt, en réponse à sa repentance (suite à la prédication de Jonas, cf. #Jon 3:10 ; #Jon 4:2).
tempête … tourbillon … nuées. Eléments fréquemment utilisés pour décrire les apparitions du Seigneur (théophanies), en particulier dans le cadre d’un jugement (cf. #Ex 19:9, #Ex 19:16 ; #Ps 83:16 ; #Esa 29:6 ; #Joe 2:2 ; #1Th 4:17). La nature est le théâtre qui sert de décor à la majesté et à la puissance divines.
4 Il menace la mer et la dessèche, Il fait tarir tous les fleuves ; Le Basan et le Carmel languissent, La fleur du Liban se flétrit.
La majestueuse puissance de l’Eternel se révèle lorsqu’il prend le contrôle de la mer, comme lors de la traversée de la mer Rouge (#Ex 14:15-25), ou qu’il empêche la pluie de tomber sur les vallées fertiles et les montagnes côtières.
le Basan et le Carmel … Liban. Le Basan, situé sous le mont Hermon, à l’est du Jourdain, était renommé pour ses riches pâturages (#Mi 7:14). Le Carmel, qui longe la côte de Canaan, était devenu synonyme de fertilité (cf. #Ca 7:6). Le Liban était célèbre pour ses cèdres majestueux (#1R 5:8-10). Eux aussi, néanmoins, pâliraient devant la force infinie du Juge omnipotent.
5 Les montagnes s’ébranlent devant lui, Et les collines se fondent ; La terre se soulève devant sa face, Le monde et tous ses habitants.
La violence de ce tremblement de terre fournissait une preuve de plus de l’incroyable puissance du Seigneur: même ce qui semblait le plus solidement établi pouvait trembler sur ses bases.
6 Qui résistera devant sa fureur ? Qui tiendra contre son ardente colère ? Sa fureur se répand comme le feu, Et les rochers se brisent devant lui.
Cette série de questions rhétoriques résume les vv. #Na 1:2-5: la puissance de Dieu et sa détermination à déchaîner sa colère sur Ninive étaient irrésistibles; toute opposition fondrait devant elles.
7 L’Eternel est bon, Il est un refuge au jour de la détresse ; Il connaît ceux qui se confient en lui.
Dans un évident contraste avec le v. 6, Nahum tempéra son évocation de la fureur divine en ajoutant que l’Eternel était compatissant, pareil à une puissante forteresse (cf. #Ps 46:2) pour ceux qui mettaient leur espoir en lui (cf. #Esa 33:2-4 ; #Esa 37:3-7, #Esa 37:29-38). Il anticipait ainsi la justification de Juda aux vv. 12b-13; 2:1, 3.
8 Mais avec des flots qui déborderont Il détruira la ville, Et il poursuivra ses ennemis jusque dans les ténèbres.
des flots … les ténèbres. Nahum décrivit le jugement sur Ninive, de façon métaphorique, comme un raz-de-marée irrésistible, dont les ténèbres engloutiraient chacun sans exception.
9 ¶ Que méditez-vous contre l’Eternel ? C’est lui qui détruit. La détresse ne paraîtra pas deux fois.
Que méditez-vous. Toutes les tentatives des Assyriens d’échapper au jugement de Dieu se révéleraient vaines (cf. #Ps 2). Les souffrances qu’ils infligeaient au peuple élu ne pourraient plus se répéter (cf. v. #Na 1:12). Leur fin était décidée.
1:9-15
Après avoir affirmé la puissance de Dieu et, plus généralement, son droit souverain de juger, Nahum annonça spécifiquement son jugement contre Ninive, en mêlant aux oracles de condamnation sur la nation impie des promesses de bénédiction et d’espoir pour Israël. Le juge souverain ne se contente pas de punir (vv. #Na 1:9-12a, 14), il s’applique surtout à sauver les hommes (vv. #Na 1:12b-13; 2:1).
10 Car entrelacés comme des épines, Et comme ivres de leur vin, Ils seront consumés Comme la paille sèche, entièrement.
11 De toi est sorti Celui qui méditait le mal contre l’Eternel, Celui qui avait de méchants desseins.
celui qui avait de méchants desseins. Littéralement « le conseiller de Bélial », ce qui pourrait évoquer l’influence exercée par Satan sur les chefs de l’Assyrie, en particulier le roi (cf. #Na 3:18). Il s’agissait d’Osnappar (Assurbanipal, 669-633 av. J.-C.) ou, plus probablement, de Sanchérib (av. J.-C.), qui envahit Juda en 701 av. J.-C. Esaïe parla en effet de lui de façon similaire (#Esa 10:7).
12 Ainsi parle l’Eternel : Quoique intacts et nombreux, Ils seront moissonnés et disparaîtront. Je veux t’humilier, Pour ne plus avoir à t’humilier …
Ainsi parle l’Eternel. Cette formule prophétique, courante pour introduire un message venant sans équivoque de Dieu, apparaît seulement ici dans ce livre. Au v. 12a, la troisième personne désigne les ennemis, alors qu’au v. 12b le peuple élu de Dieu est évoqué à la deuxième personne. La sécurité d’une ville fortifiée et un grand nombre de soldats ne constitueraient pas une défense suffisante.
1:12b-13
pour ne plus avoir à t’humilier. Juda ne serait plus affligé par l’Assyrie.
13 Je briserai maintenant son joug de dessus toi, Et je romprai tes liens …
14 Voici ce qu’a ordonné sur toi l’Eternel : Tu n’auras plus de descendants qui portent ton nom ; J’enlèverai de la maison de ton dieu les images taillées ou en fonte ; Je préparerai ton sépulcre, car tu es trop léger.
Nahum prononça trois jugements:
1° le roi d’Assyrie, le représentant de la nation, serait privé de descendance;
2° les dieux dont il tirait sa légitimité seraient détruits;
3° le roi serait mis à mort. La chute de Ninive survint en 612 av. J.-C.
15 (2-1) Voici sur les montagnes Les pieds du messager qui annonce la paix ! Célèbre tes fêtes, Juda, accomplis tes vœux ! Car le méchant ne passera plus au milieu de toi, Il est entièrement exterminé …
montagnes … pieds. La formulation fait écho à #Esa 52:7, qui renvoyait aux messagers chargés d’annoncer la libération de l’exil babylonien. Le lien entre la bonne nouvelle et la paix parcourt tout le N.T. (cf. #Lu 2:10 ; #Esa 61:1 avec #Lu 4:16-21 ; #Ro 10:15 ; #Ep 2:14-18).
Célèbre tes fêtes. Pendant un siège, les habitants d’une ville étaient dans l’impossibilité de se rendre à Jérusalem pour y célébrer les fêtes annuelles (cf. #No 28:1-29:2). Avec la destruction de l’Assyrie, Juda fut appelé à célébrer ses fêtes et à accomplir les vœux prononcés durant le siège (cf. #Ps 116:14, #Ps 116:17-18).
Nahum 2 : 1 à 13
1 ¶ (2-2) Le destructeur marche contre toi. Garde la forteresse ! Veille sur la route ! affermis tes reins ! Recueille toute ta force ! …
Le destructeur. Littéralement « celui qui disperse ». L’Assyrie avait pour habitude de disperser ses prisonniers dans de nombreuses nations; c’était le sort qui l’attendait désormais.
Garde … Veille … Affermis. Le prophète, sur un ton d’ironie et de sarcasme, conseilla aux Assyriens de se préparer pour l’invasion babylonienne imminente.
2:2-14
La chute de Ninive devant Nebucadnetsar, le roi de Babylone, est présentée comme un événement actuel (voir le temps des verbes) alors qu’elle ne surviendrait qu’après la mort de Nahum, en 612 av. J.-C.
2 (2-3) Car l’Eternel rétablit la gloire de Jacob Et la gloire d’Israël, Parce que les pillards les ont pillés Et ont détruit leurs ceps .
la gloire de Jacob … d’Israël. Il ne s’agit pas d’une allusion aux royaumes du nord et du sud, puisque les tribus du nord avaient été vaincues par l’Assyrie presque un siècle plus tôt, mais de deux titres honorifiques désignant Juda. Ils rappelaient le jour où Jacob avait reçu la bénédiction de Dieu et un nouveau nom à Peniel (#Ge 32:27-28). Ensemble, ils exprimaient la restauration de la nation, son retour à la situation qui lui a été promise.
les pillards les ont pillés. L’Assyrie avait « pillé » de façon répétée la région d’Israël, détruisant ses vignes et la privant de ses ressources économiques.
3 (2-4) Les boucliers de ses héros sont rouges, Les guerriers sont vêtus de pourpre ; Avec le fer qui étincelle apparaissent les chars, Au jour qu’il a fixé pour la bataille, Et les lances sont agitées.
Les boucliers … sont rouges. Soit les boucliers sont recouverts de cuivre et les reflets font croire à l’ennemi qu’il est confronté à une armée plus grande qu’elle ne l’est en réalité, ce qui le terrorise, soit ils sont recouverts de cuir teint en rouge, ce qui éteint les flèches enflammées et permet de moins voir le sang. Des vêtements couleur « pourpre » auraient les mêmes effets.
les lances sont agitées. Les guerriers agitaient leurs armes pour démontrer leur détermination au combat.
4 (2-5) Les chars s’élancent dans la campagne, Se précipitent sur les places ; A les voir, on dirait des flambeaux, Ils courent comme des éclairs …
La confusion régnerait dans Ninive, car on devrait procéder dans l’urgence aux préparatifs du combat.
5 (2-6) Il se souvient de ses vaillants hommes, Mais ils chancellent dans leur marche ; On se hâte vers les murs, Et l’on se prépare à la défense … .
on se hâte vers les murs. Ce v. prolonge probablement la pensée du v. 4 et décrit les princes et chefs militaires en train de se précipiter vers l’une de leurs nombreuses tours de défense. Selon l’historien grec Diodore de Sicile, elles étaient au nombre de 1500 et s’élevaient jusqu’à une hauteur de 60 m. La dernière partie de ce v. peut aussi décrire les préparatifs des assaillants: ils allaient construire un abri de la taille d’une petite forteresse, dans lequel les soldats s’installeraient pour être protégés tout en avançant vers les remparts.
6 (2-7) Les portes des fleuves sont ouvertes, Et le palais s’écroule ! …
Les portes des fleuves. Ninive se trouvait à la jonction de trois fleuves (le Tigre et deux fleuves de moindre importance) et avait construit des barrages pour diminuer les dégâts causés aux remparts par les crues saisonnières. La fin du v. suggère que les vannes des barrages seraient ouvertes et que, l’eau ayant emporté les remparts, la ville pourrait être prise.
7 (2-8) C’en est fait : elle est mise à nu, elle est emmenée ; Ses servantes gémissent comme des colombes, Et se frappent la poitrine.
elle est emmenée. La déesse de Ninive, probablement Ishtar, serait emmenée par les assaillants, désireux de démontrer la supériorité de leurs propres dieux (cf. #1S 4:1-11). Les prostituées attachées au temple (« ses servantes ») ne pourraient que se lamenter face au sort réservé à leur déesse.
Le jugement de Dieu contre l’Assyrie / Ninive
Accompli
1. Jé 50:17-18
2. Ez 32:22-23
Prophétisé
1. Es 10:5
2. Es 10:24-27
3. Es 14:24-25
4. Es 30:31-33
5. Es 31:8-9
6. Mi 5:4-5
7. Na 1:1
8. Na 2:9
9. Na 3:7, 18
10. So 2:13-15
8 (2-9) Ninive était jadis comme un réservoir plein d’eau . Les voilà qui fuient . Arrêtez ! arrêtez ! Mais nul ne se retourne .
un réservoir plein d’eau. Pareille à une oasis dans le désert, Ninive attirait de nombreux voyageurs, mais ils prendraient tous la fuite devant le désastre qui la frapperait.
9 (2-10) Pillez l’argent ! pillez l’or ! Il y a des trésors sans fin, Des richesses en objets précieux de toute espèce.
Pillez l’argent! Ninive était remplie du butin de ses victoires passées; c’était désormais à son tour d’être pillée.
10 (2-11) On pille, on dévaste, on ravage ! Et les cœurs sont abattus, Les genoux chancellent, Tous les reins souffrent, Tous les visages pâlissent.
les cœurs sont abattus. Ninive, l’orgueilleuse cité, serait en ruine, et cela susciterait la crainte et la terreur chez ceux qui contempleraient le désastre (cf. #Da 5:6).
11 ¶ (2-12) Qu’est devenu ce repaire de lions, Ce pâturage des lionceaux, Où se retiraient le lion, la lionne, le petit du lion, Sans qu’il y eût personne pour les troubler ?
2:12-14
Qu’est devenu. Les fouilles archéologiques ont permis d’exhumer le bas-relief d’un palais représentant un roi assyrien à la chasse au lion. Nahum posait une question rhétorique lorsqu’il demandait ce qu’était devenue Ninive. Cessant de décrire sa prise, il commença à se moquer d’elle et de sa chute, particulièrement impressionnante après la gloire et la puissance qui avaient été les siennes. Ninive s’était comportée comme une famille de lions, vivant dans l’abondance et sans crainte d’aucun ennemi, et elle avait déchiré ses proies. A son tour, elle deviendrait la proie d’une autre nation, conformément à la volonté souveraine de Dieu. Les mots « j’en veux à toi » sont les plus terrifiants qu’une nation puisse entendre de la part de Dieu.
12 (2-13) Le lion déchirait pour ses petits, Etranglait pour ses lionnes ; Il remplissait de proie ses antres, De dépouilles ses repaires.
13 (2-14) Voici, j’en veux à toi, dit l’Eternel des armées ; Je réduirai tes chars en fumée, L’épée dévorera tes lionceaux, J’arracherai du pays ta proie, Et l’on n’entendra plus la voix de tes messagers.
réduirai tes chars en fumée. Connue pour incendier les villes dont elle s’emparait, Ninive allait connaître le même sort.
messagers. Ceux qui transmettaient aux nations vassales les édits du puissant roi d’Assyrie seraient désormais muets.
Nahum 3 : 1 à 19
1 ¶ Malheur à la ville sanguinaire, Pleine de mensonge, pleine de violence, Et qui ne cesse de se livrer à la rapine ! …
ville sanguinaire. Le premier chef d’accusation correspond à une réalité historique largement documentée: l’Assyrie faisait preuve d’une cruauté peu commune et ne se privait jamais de verser le sang.
mensonge. L’Assyrie usait de fourberie et de traîtrise pour soumettre ses ennemis (cf. #2R 18:28-35).
rapine. Voir #Na 2:12-13. L’Assyrie pillait ses victimes, de sorte que ses villes étaient remplies des biens pris à d’autres nations.
3:1-19
Nahum souligna que la destruction de Ninive était méritée en signalant trois chefs d’accusation (vv. #Na 3:1, #Na 3:4, #Na 3:8-10), avec leurs conséquences (vv. #Na 3:2-3, #Na 3:5-7, #Na 3:11-19).
2 On entend le bruit du fouet, Le bruit des roues, Le galop des chevaux, Le roulement des chars.
3:2-3
Ces vv. renvoient à la scène décrite en #Na 2:4-6. Ninive subirait une telle dévastation que ses rues seraient jonchées de cadavres, contre lesquels les envahisseurs trébucheraient pendant leur progression.
3 Les cavaliers s’élancent, l’épée étincelle, la lance brille. Une multitude de blessés ! Une foule de cadavres ! Des morts à l’infini ! On tombe sur les morts ! …
4 C’est à cause des nombreuses prostitutions de la prostituée, Pleine d’attraits, habile enchanteresse, Qui vendait les nations par ses prostitutions Et les peuples par ses enchantements.
Le deuxième chef d’accusation contre l’Assyrie a trait à sa prostitution morale et spirituelle. Elle était pareille à une belle prostituée et séduisait les nations par ses sollicitations illicites.
5 Voici, j’en veux à toi, dit l’Eternel des armées, Je relèverai tes pans jusque sur ton visage, Je montrerai ta nudité aux nations, Et ta honte aux royaumes.
3:5-6
La honte de Ninive serait publique, pour sa plus grande humiliation.
6 Je jetterai sur toi des impuretés, je t’avilirai, Et je te donnerai en spectacle.
7 Tous ceux qui te verront fuiront loin de toi, Et l’on dira : Ninive est détruite ! Qui la plaindra ? Où te chercherai-je des consolateurs ?
Ninive est détruite! Loin de déplorer la chute de l’Assyrie, les autres nations s’en feraient une fête. Personne ne viendrait la consoler, de sorte qu’elle devrait endurer son malheur dans l’isolement.
8 ¶ Es-tu meilleure que No-Amon, Qui était assise au milieu des fleuves, Entourée par les eaux, Ayant la mer pour rempart, La mer pour murailles ?
3:8-10
Troisième et dernier chef d’accusation contre Ninive: elle n’avait pas su tirer les leçons de ce qui était arrivé à « No-Amon », connue aussi sous le nom de Thèbes. Grande capitale du sud de l’Egypte, à près de 650 km du Caire, celle-ci était l’une des plus impressionnantes civilisations de l’Antiquité. Elle était renommée pour ses 100 portes, son temple de 100 m de long pour 50 m de large et son magnifique réseau de canaux. Elle était tombée devant le roi d’Assyrie Assurbanipal, en 663 av. J.-C. Comme No-Amon, qui était située sur le bord du Nil, Ninive se trouvait sur la rive d’un fleuve (le Tigre). Elle jouissait de la sécurité que lui valait sa conquête des nations voisines, mais sa fin n’en serait pas moins la même que celle de No-Amon.
9 L’Ethiopie et les Egyptiens innombrables faisaient sa force, Puth et les Libyens étaient ses auxiliaires.
L’Ethiopie … Egyptiens … Puth … Libyens. No-Amon était bien protégée de tous côtés, nichée qu’elle était entre la Basse-Egypte au nord et l’Ethiopie au sud. Puth se situait probablement quelque part en Afrique du nord. Du reste, d’après Flavius Josèphe, Puth, le troisième fils de Cham (#Ge 10:6), fonda la Libye.
10 Et cependant elle est partie pour l’exil, elle s’en est allée captive ; Ses enfants ont été écrasés au coin de toutes les rues ; On a jeté le sort sur ses nobles, Et tous ses grands ont été chargés de chaînes.
11 Toi aussi, tu seras enivrée, tu te cacheras ; Toi aussi, tu chercheras un refuge contre l’ennemi.
enivrée. Comme annoncé (cf. #Na 1:10), Ninive serait contrainte de boire la coupe de la colère de Dieu; elle se retrouverait ivre et sans défense devant son jugement.
12 Toutes tes forteresses Sont des figuiers avec les primeurs ; Quand on les secoue, Elles tombent dans la bouche de qui veut les manger.
3:12-13
Par une série de métaphores, Nahum insista sur le fait que les solides moyens de défense de Ninive seraient facilement réduits à néant. Ses forteresses tomberaient comme des fruits mûrs que la moindre secousse fait tomber de l’arbre, et ses troupes se comporteraient comme des femmes dépourvues de force.
13 Voici, ton peuple, ce sont des femmes au milieu de toi ; Les portes de ton pays s’ouvrent à tes ennemis ; Le feu consume tes verrous.
14 Puise de l’eau pour le siège ! Répare tes forteresses ! Entre dans la boue, foule l’argile ! Rétablis le four à briques !
3:14-15
Sarcasmes visant à narguer le peuple en l’incitant à se préparer au combat et à fortifier les défenses: tout cela serait vain, puisque la ville serait détruite de toute façon. De même que les sauterelles dévorent toute la végétation sans rien laisser, de même il ne resterait rien de Ninive (cf. #Am 7:1).
15 Là, le feu te dévorera, L’épée t’exterminera, Te dévorera comme des sauterelles. Entasse-toi comme les sauterelles ! Entasse-toi comme les sauterelles !
16 Tes marchands, plus nombreux Que les étoiles du ciel, Sont comme la sauterelle qui ouvre les ailes et s’envole.
Tes marchands, plus nombreux. Ninive avait multiplié les contacts commerciaux, ce qui lui avait valu d’immenses richesses, mais tout cela serait détruit.
17 Tes princes sont comme les sauterelles, Tes chefs comme une multitude de sauterelles, Qui se posent sur les haies au temps de la froidure : Le soleil paraît, elles s’envolent, Et l’on ne connaît plus le lieu où elles étaient.
sauterelles. Non seulement la force commerciale de Ninive serait détruite (v. #Na 3:16), mais son élite disparaîtrait aussi. Après s’être posées pour la nuit à l’intérieur des remparts imposants de l’orgueilleuse cité, les sauterelles s’envolaient aux premiers rayons du soleil, à la recherche de nourriture. Elles représentaient les chefs assyriens.
18 Tes bergers sommeillent, roi d’Assyrie, Tes vaillants hommes reposent ; Ton peuple est dispersé sur les montagnes, Et nul ne le rassemble.
sommeillent … reposent. Les chefs et les forces armées de l’Assyrie seraient mis à mort (image du sommeil et du repos), et sa population serait dispersée. Personne, en son sein, ne serait apte à résister aux Babyloniens. Ninive tomba effectivement entre leurs mains en 612 av. J.-C.
3:18-19
Le sort de Ninive était fixé: elle allait recevoir le coup de grâce et ne s’en remettrait jamais, à la plus grande joie de tous ceux qui l’apprendraient. L’Assyrie ayant dévasté les autres nations par ses atrocités et sa cruauté, l’annonce de sa chute procurerait partout bonheur et réjouissances.
19 Il n’y a point de remède à ta blessure, Ta plaie est mortelle. Tous ceux qui entendront parler de toi Battront des mains sur toi ; Car quel est celui que ta méchanceté n’a pas atteint ?