Les 4 cavaliers de l’apocalypse
La guerre, la famine, la maladie et la mort ne sont plus les seuls dangers qui guettent l'humanité.
Si le livre de l'Apocalypse du Nouveau Testament symbolisait par quatre cavaliers les grands maux annonciateurs de la fin des temps, des scientifiques singapouriens ont revu le concept pour les temps actuels.
Les fléaux qui menacent maintenant l’humanité sont, selon eux, la surpopulation, la mondialisation, l’hyperconnectivité et la diminution du nombre de chaînes d'approvisionnement.
Il existe actuellement quatre conditions systémiques générales, et facilement observables, qui forment un réseau pathologique qui pousse la civilisation vers une autodestruction potentielle
, affirment les scientifiques Kang Hao Cheong et Michael Jones de l’Université de technologie et de design de Singapour dans leurs travaux publiés dans la revue BioEssays(Nouvelle fenêtre) (en anglais).
Ces travaux sont basés sur des observations empiriques, c’est-à-dire des données issues de l’observation. Ils ont fait l'objet d'un examen complet par des pairs.
« La pandémie actuelle dévoile de graves problèmes dans la dynamique mondiale du commerce, de la gouvernance et de la santé publique. »
— Une citation de Kang Hao Cheong, SUTD
1. La surpopulation
La planète compte presque 8 milliards d’humains, et leur nombre augmente particulièrement vite depuis la révolution industrielle. La population mondiale a atteint un premier milliard d’humains autour de 1800, un deuxième milliard en seulement 130 ans vers 1930, puis un troisième milliard en 30 ans, vers 1960. Le quatrième milliard en 15 ans, en 1974, et le cinquième milliard en seulement 13 ans, en 1987.
Au cours du siècle dernier, la population est ainsi passée de 1,7 milliard à 6 milliards. Des humains qui vivent de plus en plus dans des villes. De nos jours, plus de 55 % de la population mondiale vit dans les zones urbaines. Un pourcentage qui devrait passer à 66 % en 2050, estiment les Nations unies.
2. L’hyperconnectivité
L’explosion démographique a mené à une urbanisation importante et à l’apparition de mégapoles partout sur la planète. Ces villes où vivent des millions de personnes sont desservies par des systèmes de transport très connectés : bus, métro, avions et voitures.
Les chercheurs expliquent que l'hyperconnectivité au sein des villes, mais aussi entre elles, facilite la transmission des maladies contagieuses et favorise l’émergence de crises sanitaires majeures.
3. La mondialisation
Les activités humaines, qu’elles soient économiques, sociales, sanitaires ou politiques, se déroulent de plus en plus à l’échelle planétaire. Elles sont liées et interdépendantes. Cette réalité découle de l'évolution technologique des transports, des communications et du commerce, et a mené à la création d’organisations telles que l’ONU et le Fonds monétaire international (FMI).
Le duo de chercheurs estime que la crise de la COVID-19 est fondée en grande partie sur la mondialisation. Selon eux, la pandémie met en évidence un manque important de préparation à l’échelle internationale.
4. Des chaînes d'approvisionnement fragiles
La mondialisation a favorisé l’apparition d’entreprises multinationales. De nos jours, les grands ensembles démographiques sont alimentés par des chaînes d'approvisionnement concentrées et moins nombreuses, dont les produits se trouvent rarement en quantités excédentaires. Si la survie d’une partie de la population nécessite une ressource en particulier pour sa survie, comme des respirateurs, la situation peut rapidement entraîner une catastrophe.
L’apocalypse 2.0
La pandémie ne serait, selon les chercheurs, qu'un exemple des catastrophes qui pourraient potentiellement frapper l’humanité en raison de la dynamique des quatre nouveaux cavaliers de l’apocalypse qui poussent la civilisation vers l’autodestruction
.
Dans l'avenir, ces quatre facteurs pourraient se propager à d'autres domaines vitaux, en déstabilisant davantage l’économie et la géopolitique, mais aussi en entraînant d'autres effets multiplicateurs de deuxième et troisième ordres, et provoquer une catastrophe sans précédent.
Les chercheurs singapouriens comparent même le mode de vie d’une majorité d’humains à celui de poulets dans les mégafermes d’élevage.
La douloureuse vérité est que les grandes villes ressemblent aux gigantesques élevages en milieu confiné
, expliquent les auteurs.
« Comme les poulets de l’industrie agroalimentaire, les humains sont entassés dans des cages climatisées (des tours d'habitation) et nourris avec des aliments transformés et des antibiotiques. »
— Une citation de Extrait de leurs travaux
Selon eux, comme dans le cas de ce type d’élevage industriel, des maladies épidémiques peuvent survenir du jour au lendemain et frapper l’humanité.
La pointe de l’iceberg
La présente crise, expliquent les chercheurs, devrait mener à une prise de conscience collective et à une remise en question du système afin d’empêcher que des catastrophes encore plus graves ne se produisent.
« Ces quatre conditions peuvent être inversées par une action collective pour commencer à créer un monde post-COVID-19 durable et prospère. »
— Une citation de Extrait de leurs travaux
Le principe de précaution
Les actions recommandées par les deux chercheurs sont basées sur l’application du principe de précaution.
Ce principe, avancent les chercheurs, exige que les décisions prises donnent la priorité à la prévention proactive d’une catastrophe, même si la probabilité de sa survenue ne peut être établie avec précision.
Ils estiment qu’il n’est possible de prévoir ni le moment ni les déclencheurs d’une catastrophe fatale pour l’humanité, mais pensent que pour assurer sa survie celle-ci doit s’y préparer.
»
— Une citation de Extrait de leurs travaux
Il faut comprendre pourquoi ces conditions doivent être modifiées afin de prévenir des événements semblables encore plus graves, plus complexes et qui pourrait menacer la survie même de l’humanité
, concluent les chercheurs.