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MALACHIE 1 à 4 + intro 

 

 

Introduction 

Le livre du prophète Malachie

 

Titre

       Le livre porte le nom de son auteur. Avec ce dernier ouvrage de la série des petits prophètes, Dieu mit un point final au canon de l’A.T., aussi bien du point de vue historique que prophétique.

 

Auteur et date

       Certaines personnes ont suggéré que l’auteur de ce livre était un anonyme, puisque Malachie signifie « mon messager » ou « le messager de l’Eternel » et pourrait, par conséquent, correspondre à un titre plutôt qu’à un nom propre. Elles soulignent aussi qu’aucun autre personnage de l’A.T. n’est appelé ainsi et qu’aucun renseignement n’est fourni sur l’arrière-plan de l’auteur. Cependant, puisque tous les autres livres prophétiques présentent leur auteur dans les versets introductifs, il est fort probable que le dernier des prophètes écrivains de l’A.T. ait effectivement porté le nom de Malachie. D’après la tradition juive, il était membre de la « grande synagogue », le conseil qui rassembla et préserva les Ecritures saintes.

       Les indices internes permettent de conclure que le texte fut rédigé à la fin du Ve siècle av. J.-C., probablement pendant l’absence de Néhémie, reparti quelques années en Perse (vers 433-424 av. J.-C.; cf. #Né 5:14 ; #Né 13:6). Des sacrifices étaient offerts dans le second temple (#Mal 1:7-10 ; #Mal 3:8), achevé en 516 av. J.-C. (cf. #Esd 6:13-15). Plusieurs années s’étaient écoulées depuis la fin des travaux, puisque les sacrificateurs étaient devenus corrompus et arrogants (#Mal 1:6-2:9). La mention du « gouverneur » (#Mal 1:8) situe le texte à l’époque de la domination perse sur Juda et de l’absence de Néhémie (#Né 13:6), alors que l’insistance de Malachie sur le respect de la loi (#Mal 4:4) correspond bien au centre d’intérêt de Néhémie et d’Esdras (#Esd 7:14, #Esd 7:25-26 ; #Né 8:18). Les trois hommes adoptèrent la même attitude réprobatrice face aux mariages avec des femmes païennes (#Mal 2:11-15 ; cf. #Esd 9:1-10:2 ; #Né 13:23-27), au non-versement de la dîme (#Mal 3:8-10 ; cf. #Né 13:10-14) et à l’injustice sociale (#Mal 3:5 ; cf. #Né 5:1-13). Venu à Jérusalem en 445 av. J.-C. pour reconstruire la muraille, Néhémie retourna en Perse en 433 av. J.-C. Il revint ensuite en Israël (vers 424 av. J.-C.) pour réprimer les péchés décrits par Malachie (#Né 13:6). Le livre de Malachie fut donc

probablement écrit pendant l’absence de Néhémie, près d’un siècle après le début du ministère prophétique d’Aggée et de Zacharie. De même qu’#Ap 2:1-3:2 révèle ce que Christ pense de l’état des Eglises, Dieu dévoile ici à son peuple, par l’intermédiaire de Malachie, ce qu’il pense de sa condition.

 

Contexte et arrière-plan

       Seuls 50 000 exilés étaient revenus de l’exil babylonien pour s’installer en Juda (en 538-536 av. J.-C.). Le temple avait été reconstruit sous la conduite de Zorobabel (en 516 av. J.-C), et le système sacrificiel avait été rétabli. Esdras était revenu dans le pays promis en 458 av. J.-C., suivi par Néhémie en 445 av. J.-C. Moins d’un siècle après les premiers retours, le peuple et les sacrificateurs s’étaient déjà détournés de la loi de Dieu, pratiquant un rituel religieux superficiel et laissant leur cœur s’endurcir face au grand amour de l’Eternel. Malachie réprimanda et condamna ces mauvais agissements, en montrant clairement au peuple sa culpabilité et en l’appelant à la repentance. Quand Néhémie revint pour la seconde fois de Perse (vers 424 av. J.-C.), lui aussi reprocha vivement à ses compatriotes leurs mauvais agissements dans le temple et dans l’exercice du sacerdoce, la violation du sabbat et les divorces illégitimes d’avec une épouse juive pour pouvoir s’unir à une femme païenne (cf. #Né 13).

       Au cours des deux mille ans d’histoire postérieurs à Abraham, aucune des glorieuses promesses des alliances abrahamique et davidique, ni de la nouvelle alliance, ne s’était accomplie totalement. Certes, il y avait eu des moments forts dans l’histoire d’Israël, notamment avec Josué, David ou Josias, mais les Juifs avaient apparemment perdu toute occasion de jouir à nouveau des faveurs divines. En effet, moins d’un siècle après être revenus d’exil, ils avaient déjà sombré dans les profondeurs du péché, à tel point que leurs fautes dépassaient celles qui avaient entraîné leur déportation en Assyrie et à Babylone. De plus, le Messie qu’ils attendaient depuis si longtemps n’était pas apparu, et son avènement ne semblait pas être à l’ordre du jour.

       C’est ainsi que, dans cette ultime prophétie de l’A.T., Malachie écrivit un message de jugement sur Israël à cause de son péché chronique, mais avec une promesse: un jour à venir, quand les Juifs se repentiraient, le Messie se révélerait et les promesses faites par Dieu dans le cadre de l’alliance seraient accomplies. Après les paroles de condamnation de Malachie, il y aurait plus de quatre siècles de silence divin, jusqu’au jour où un autre prophète parlerait de la part de Dieu: il s’appelait Jean-Baptiste et prêchait: « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (#Mt 3:2). Le Messie était arrivé.

 

Thèmes historiques et théologiques

L’Eternel fit constamment allusion à son alliance avec Israël (cf. #Mal 2:4-5, #Mal 2:8, #Mal 2:10, #Mal 2:14 ; #Mal 3:1), en rappelant aux Juifs, dès les premiers versets, leur infidélité envers lui, malgré la relation d’amour /de mariage qu’il avait instaurée avec eux (cf. #Mal 1:2-5). Chaque page du livre reflète l’amour de Dieu pour son peuple. C’était comme si les promesses des premiers prophètes (qui avaient annoncé la venue du Messie pour apporter la délivrance et de nouvelles bénédictions) et les encouragements, plus récents (vers 500 av. J.-C.), d’Aggée et de Zacharie n’avaient réussi qu’à conforter le peuple et ses chefs dans leur apathie. Ils croyaient en effet que cette relation d’amour pouvait être entretenue par de simples rituels, indépendamment de leur manière de vivre. En réprimandant à la fois les sacrificateurs (#Mal 1:6-2:9) et les Juifs dans leur ensemble (#Mal 2:10-16), le prophète rappela que la venue du Seigneur (#Mal 3:1) serait accompagnée de jugement, car il viendrait fondre, purifier et épurer (#Mal 3:2-3) son peuple. L’Eternel ne se contentait pas d’une soumission extérieure à sa loi, il voulait aussi l’engagement intérieur correspondant (cf. #Mt 23:23). Le prophète s’attaqua à la corruption, la méchanceté et la fausse assurance qui prévalaient en prononçant des jugements contre l’hypocrisie, l’infidélité, les compromis, les divorces, la fausse adoration et l’arrogance.

       Malachie présenta sa prophétie sous la forme d’une discussion, en recourant à la méthode des questions-réponses. Aux accusations du Seigneur, le peuple répond fréquemment par des questions cyniques (#Mal 1:2, #Mal 1:6-7 ; #Mal 2:17 ; #Mal 3:7-8, #Mal 3:13). Parfois, le prophète se présente lui-même comme l’avocat du Seigneur dans un procès, répondant aux critiques du peuple par des questions rhétoriques (#Mal 1:6, #Mal 1:8-9 ; #Mal 2:10, #Mal 2:15 ; #Mal 3:2).

       Malachie répertoria au moins six péchés délibérés dont les sacrificateurs et le peuple se rendaient coupables:

1° repousser l’amour de Dieu (#Mal 1:2-5);

2° refuser d’accorder à Dieu l’honneur qui lui était dû (#Mal 1:6-2:9);

3° rejeter la fidélité envers Dieu (#Mal 2:10-16);

4° contester la justice de Dieu (#Mal 2:17-3:6);

5° voler à Dieu ce qui lui revenait (#Mal 3:7-12);

6° mépriser la grâce de Dieu (#Mal 3:13-15).

 

Le verdict divin est exprimé dans trois intermèdes, adressés:

1° aux sacrificateurs (#Mal 2:1-9),

2° à la nation (#Mal 3:1-6);

3° au reste fidèle (#Mal 3:16-4:6).

 

Questions d’interprétation

       Le sens à donner à l’avènement d’Elie « avant que le jour de l’Eternel arrive, ce jour grand et redoutable » (#Mal 4:5) a fait l’objet de nombreuses discussions. Jean-Baptiste a-t-il accompli cette prophétie ou doit-elle encore s’accomplir? Faut-il attendre une nouvelle incarnation d’Elie? Il est préférable de considérer que cette prophétie visait Jean-Baptiste et n’annonçait pas un retour littéral d’Elie, en chair et en os. En effet, l’ange a annoncé que Jean-Baptiste marcherait « devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Elie » (#Lu 1:17), et Jean-Baptiste lui-même a déclaré qu’il n’était pas Elie (#Jn 1:21). Il était donc semblable à Elie par son état d’esprit et sa force intérieure ainsi que par son comportement, caractérisé par l’indépendance et le non-conformisme. Si les Juifs avaient accueilli le Messie, il aurait été l’Elie annoncé (cf. #Mt 11:14 ; #Mt 17:9-13); puisqu’ils le repoussèrent, un autre prophète semblable à Elie sera envoyé dans l’avenir, peut-être l’un des deux témoins de l’Apocalypse (cf. #Ap 11:1-19).

 

Plan

I. Dénonciation des péchés d’Israël (1:1-2:16)

    A. Rappel de l’amour de Dieu pour Israël (1:1-5)

    B. Reproches aux sacrificateurs (1:6-2:9)

        1. Mépris envers l’autel de Dieu (1:6-14)

        2. Mépris envers la gloire de Dieu (2:1-3)

        3. Mépris envers la loi de Dieu (2:4-9)

    C. Reproches au peuple (2:10-16)

II. Promesse de jugement et de bénédiction sur Israël (2:17-4:6)

    A. Venue d’un messager (2:17-3:6)

    B. Appel à la repentance (3:7-12)

    C. Critiques d’Israël contre l’Eternel (3:13-15)

    D. Consolation pour le reste fidèle (3:16-4:6)



Malachie 1 : 1 à 14

  1 ¶  Oracle, parole de l’Eternel à Israël par Malachie.

 Oracle. Littéralement « fardeau », terme qui souligne la sévérité du verdict prononcé par le prophète.

1:1-2:16

Dans la première des deux sections de son ouvrage (cf. #Mal 2:17-4:6), Malachie transmit des messages divins qui dénonçaient le péché présent au sein du peuple d’Israël.

 

2  Je vous ai aimés, dit l’Eternel. Et vous dites : En quoi nous as-tu aimés ? Esaü n’est-il pas frère de Jacob ? dit l’Eternel. Cependant j’ai aimé Jacob,

3  Et j’ai eu de la haine pour Esaü, J’ai fait de ses montagnes une solitude, J’ai livré son héritage aux chacals du désert.

 de la haine pour Esaü. La Genèse ne mentionne nulle part une quelconque haine divine à l’encontre d’Esaü, et la prophétie d’Abdias, plus de mille ans plus tard (voir #Ab 1-21), indiqua que la haine de Dieu était dirigée contre les descendants idolâtres d’Esaü. De même, l’amour manifesté par l’Eternel à Jacob concernait ici ses descendants, le peuple qu’il avait souverainement élu et d’où serait issu le rédempteur du monde. En outre, le langage de l’amour et de la haine ne signifie pas qu’il y ait eu un amour de Dieu plus fort envers l’un qu’envers l’autre: d’après le contexte, aimer, c’est choisir pour entretenir une relation intime, et haïr, c’est ne pas choisir la personne pour une telle relation. On se situe dans la sphère de la rédemption.

 

4  Si Edom dit : Nous sommes détruits, Nous relèverons les ruines ! Ainsi parle l’Eternel des armées : Qu’ils bâtissent, je renverserai, Et on les appellera pays de la méchanceté, Peuple contre lequel l’Eternel est irrité pour toujours.

 1:4-5

Même si les Edomites essayaient de reconstruire les ruines, Dieu réduirait leurs efforts à néant. Israël, en revanche, serait restauré; et même si la restauration complète tardait à venir, elle était assurée. Le peuple rendrait alors témoignage à la bienveillante action de Dieu, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières (cf. v. #Mal 1:11 ; #Ge 12:3).

 

5  Vos yeux le verront, Et vous direz: Grand est l’Eternel Par delà les frontières d’Israël 

6 ¶  Un fils honore son père, et un serviteur son maître. Si je suis père, où est l’honneur qui m’est dû ? Si je suis maître, où est la crainte qu’on a de moi ? Dit l’Eternel des armées à vous, sacrificateurs, Qui méprisez mon nom, Et qui dites : En quoi avons-nous méprisé ton nom ?

 sacrificateurs. Les sacrificateurs furent visés d’abord, car ils auraient dû montrer l’exemple en matière d’attachement à Dieu. Au lieu de cela, ils étaient les premiers à mépriser son nom, même s’ils le niaient (comme le montre leur question; cf. #Lu 6:46).

 Les noms de Dieu dans l’Ancien Testament

1. Elohim, Dieu, qui souligne sa force et sa puissance #Ge 1:1 ; #Ps 19:2

2. El-Elyon, le Dieu Très-Haut #Ge 14:17-20 ; #Esa 14:13-14

3. El-Olam, le Dieu d’éternité #Esa 40:28-31

4. El-Roï, le Dieu qui voit #Ge 16:13

5. El-Schaddaï, le Dieu Tout-Puissant #Ge 17:1 ; #Ps 91:1

6. Adonaï, Seigneur ou Maître, qui souligne la seigneurie de Dieu #Mal 1:6

7. Yahvé, l’Eternel, qui souligne la nature éternelle de Dieu #Ge 2:5

8. Yahvé-Jiré, l’Eternel pourvoira #Ge 22:13-14

9. Yahvé-Maccadeschem, l’Eternel qui vous sanctifie #Ex 31:13

10. Yahvé-Nissi, l’Eternel ma bannière #Ex 17:15

11. Yahvé-Rapha, l’Eternel qui guérit #Ex 15:26

12. Yahvé-Roï, l’Eternel mon berger #Ps 23:1

13. Yahvé-Tsebaoth, l’Eternel des armées #Esa 6:1-3

14. Yahvé-Schalom, l’Eternel paix #Jug 6:24

15. Yahvé-Schammah, l’Eternel est ici #Ez 48:35

16. Yahvé-Tsidkenou, l’Eternel notre justice #Jér 23:6

1:6-2:9

 

7  Vous offrez sur mon autel des aliments impurs, Et vous dites : En quoi t’avons-nous profané ? C’est en disant : La table de l’Eternel est méprisable !

 La table de l’Eternel. C’est-à-dire l’autel des sacrifices (cf. #Ez 41:22).

 

8  Quand vous offrez en sacrifice une bête aveugle, n’est-ce pas mal ? Quand vous en offrez une boiteuse ou infirme, n’est-ce pas mal ? Offre-la donc à ton gouverneur ! Te recevra-t-il bien, te fera-t-il bon accueil ? Dit l’Eternel des armées.

 9  Priez Dieu maintenant, pour qu’il ait pitié de nous ! C’est de vous que cela vient : Vous recevra-t-il favorablement ? Dit l’Eternel des armées.

 Cette invitation à la repentance était probablement ironique: comment pouvaient-ils avoir le front de s’attendre à une manifestation de grâce de la part de Dieu, alors qu’ils l’insultaient chaque fois qu’ils lui offraient des sacrifices inacceptables?

 

10  Lequel de vous fermera les portes, Pour que vous n’allumiez pas en vain le feu sur mon autel ? Je ne prends aucun plaisir en vous, dit l’Eternel des armées, Et les offrandes de votre main ne me sont point agréables.

 fermera les portes. Parlant à la première personne, Dieu exprima son désir que les portes du temple soient verrouillées pour mettre un terme à la vanité des offrandes qui lui étaient présentées (cf. #Esa 1:11-15). Il valait mieux cesser tout sacrifice plutôt que d’en offrir en faisant preuve d’hypocrisie.

 

11  Car depuis le lever du soleil jusqu’à son couchant, Mon nom est grand parmi les nations, Et en tout lieu on brûle de l’encens en l’honneur de mon nom Et l’on présente des offrandes pures ; Car grand est mon nom parmi les nations, Dit l’Eternel des armées.

 depuis le lever du soleil jusqu’à son couchant. Expression qui désignait la terre tout entière (cf. #Ps 50:1 ; #Ps 103:12 ; #Esa 45:6 ; #Esa 59:19 ; #Za 8:7), comme l’indique « en tout lieu » (cf. v. #Mal 1:5). Aucune indication temporelle n’est donnée quant au jour où le culte de l’Eternel couvrira toute la terre, mais il ne peut s’agir d’une allusion à un quelconque culte juif rendu en dehors des frontières d’Israël dans l’histoire. Le zèle de Malachie au sujet des sacrifices d’Israël, combiné à son opinion négative des étrangers et de leurs dieux (vv. #Mal 1:2 ; #Mal 2:11), oriente les regards vers le millénium, où les Juifs adoreront dans le temple reconstruit en offrant des parfums et des offrandes (cf. #Ez 40:1-48:2). C’est à ce moment-là, et pas avant, que l’Eternel sera l’objet d’une adoration pure dans le monde entier et que son nom sera honoré partout (cf. #Esa 19:19-21 ; #Esa 24:14-16 ; #Esa 45:22-24 ; #Esa 66:18-21 ; #Mi 4:1-3 ; #Za 8:20-23 ; #Za 14:16-19).

 

12  Mais vous, vous le profanez, En disant : La table de l’Eternel est souillée, Et ce qu’elle rapporte est un aliment méprisable.

 13  Vous dites : Quelle fatigue ! et vous le dédaignez, Dit l’Eternel des armées ; Et cependant vous amenez ce qui est dérobé, boiteux ou infirme, Et ce sont les offrandes que vous faites ! Puis-je les agréer de vos mains ? dit l’Eternel.

 14  Maudit soit le trompeur qui a dans son troupeau un mâle, Et qui voue et sacrifie au Seigneur une bête chétive ! Car je suis un grand roi, dit l’Eternel des armées, Et mon nom est redoutable parmi les nations.

 une bête chétive. L’offrant substituait au dernier moment à l’animal mâle et sans défaut (cf. #Lé 22:19)  de plus grande valeur et qu’il avait fait vœu de de sacrifier - une femelle avec des défauts. C’était un acte délibéré, ce qui le rendait d’autant plus incongru (cf. #Ac 5:1-5).

un grand roi. S’il était inconcevable de faire de telles offrandes au gouverneur (v. #Mal 1:8), cela l’était d’autant plus quand le bénéficiaire était le Seigneur de l’univers (cf. #Ps 48:3 ; #Mt 5:35)!




Malachie 2 : 1 à 17

 

    1 ¶  Maintenant, à vous cet ordre, sacrificateurs !

 2  Si vous n’écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur De donner gloire à mon nom, dit l’Eternel des armées, J’enverrai parmi vous la malédiction, et je maudirai vos bénédictions ; Oui, je les maudirai, parce que vous ne l’avez pas à cœur.

 j’enverrai …  la malédiction. Comme ils négligeaient de rendre gloire à Dieu, la malédiction frapperait les Juifs. C’est un thème fondamental de l’A.T.: la bénédiction suit l’obéissance, et la malédiction la désobéissance (cf. #Mal 1:14 ; #De 27:15-26 ; #De 28:15-68).

vos bénédictions. Le terme ne désignait pas seulement les bénédictions matérielles (cf. #No 18:21), mais tous les bienfaits divins (cf. v. #Mal 2:5), y compris les paroles de bénédiction prononcées par les sacrificateurs sur le peuple (cf. #No 6:23-27).

 

3  Voici, je détruirai vos semences, Et je vous jetterai des excréments au visage, Les excréments des victimes que vous sacrifiez, Et on vous emportera avec eux.

 excréments. Ce langage très fleuri révèle quelle disgrâce les sacrificateurs infidèles méritaient, du point de vue divin. Les viscères des animaux étaient proscrits à l’intérieur du camp, et ils étaient donc jetés à l’extérieur pour être brûlés (cf. #Ex 29:14 ; #Lé 4:11-12 ; #Lé 8:17 ; #Lé 16:27); de même, les sacrificateurs seraient rejetés et subiraient l’humiliation d’être destitués de leurs fonctions. Dieu cherchait, par cet avertissement, à les secouer pour les faire sortir de leur autosatisfaction.

 

4  Vous saurez alors que je vous ai adressé cet ordre, Afin que mon alliance avec Lévi subsiste, Dit l’Eternel des armées.

 2:4-5

 mon alliance avec Lévi. Les relations entre Dieu et les sacrificateurs étaient définies avec toute la précision nécessaire dans l’alliance lévitique (#No 3:44-48 ; #No 18:8-24 ; #De 33:8-11). Celle-ci définissait les responsabilités de chacun: en échange de leur révérence, l’Eternel garantissait la vie et la paix à ses serviteurs. Similaire, dans la formulation, à celle faite avec Phinées concernant la lignée du souverain sacrificateur (cf. #No 25:10-13), elle avait été conclue avec Aaron, membre de la tribu de Lévi, et ses descendants. Les sacrificateurs juifs de l’époque de Malachie se trompaient eux-mêmes en revendiquant les privilèges inclus dans l’alliance tout en négligeant les conditions qu’elle posait. Ils demandaient à Dieu de continuer à les bénir, alors qu’eux-mêmes ne remplissaient pas leurs obligations de service envers lui.

 

5  Mon alliance avec lui était une alliance de vie et de paix, Ce que je lui accordai pour qu’il me craignît ; Et il a eu pour moi de la crainte, Il a tremblé devant mon nom.

 6  La loi de la vérité était dans sa bouche, Et l’iniquité ne s’est point trouvée sur ses lèvres ; Il a marché avec moi dans la paix et dans la droiture, Et il a détourné du mal beaucoup d’hommes.

 7  Car les lèvres du sacrificateur doivent garder la science, Et c’est à sa bouche qu’on demande la loi, Parce qu’il est un envoyé de l’Eternel des armées.

 Les sacrificateurs étaient les messagers de Dieu en Israël. Ils devaient non seulement représenter le peuple devant l’Eternel, mais ils étaient aussi responsables de représenter l’Eternel auprès du peuple en lui enseignant la loi de Moïse (cf. #Lé 10:9-11 ; #De 33:10 ; #Esd 7:10 ; #Os 4:6).

 

8  Mais vous, vous vous êtes écartés de la voie, Vous avez fait de la loi une occasion de chute pour plusieurs, Vous avez violé l’alliance de Lévi, Dit l’Eternel des armées.

 2:8-9

Les sacrificateurs de l’époque de Malachie s’étaient éloignés de la norme établie par Dieu et donnée à l’origine à Lévi, et ils avaient entraîné des concitoyens dans leur chute, par leur mauvais exemple et leur interprétation erronée de la loi. Cela leur vaudrait la pire honte et le pire déshonneur (cf. v. #Mal 2:3 ; #Né 13:29).

 

9  Et moi, je vous rendrai méprisables et vils Aux yeux de tout le peuple, Parce que vous n’avez pas gardé mes voies, Et que vous avez égard à l’apparence des personnes Quand vous interprétez la loi.

 10 ¶  N’avons-nous pas tous un seul père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourquoi donc sommes-nous infidèles l’un envers l’autre, En profanant l’alliance de nos pères ?

 11  Juda s’est montré infidèle, Et une abomination a été commise en Israël et à Jérusalem ; Car Juda a profané ce qui est consacré à l’Eternel, ce qu’aime l’Eternel, Il s’est uni à la fille d’un dieu étranger.

 uni à la fille d’un dieu étranger. On considérait l’adorateur d’une idole comme son enfant (#Jér 2:27). Les prophètes mêlaient souvent les notions d’adultère et d’idolâtrie ou d’adultère physique et spirituel. Si elles ne se convertissaient pas sincèrement au judaïsme, les femmes païennes entraînaient leur mari dans l’idolâtrie et contaminaient de ce fait le culte israélite (cf. #Jug 3:5-7). Les Juifs qui les épousaient profanaient le temple de Dieu et le peuple de l’alliance. La violation de cette règle par Salomon avait déjà ouvert la porte à la pénétration de l’idolâtrie (#1R 11:1-6). Esdras (#Esd 9:2-15) et Néhémie (#Né 13:23-29) eurent tous deux à affronter ce péché.

 

12  L’Eternel retranchera l’homme qui fait cela, celui qui veille et qui répond, Il le retranchera des tentes de Jacob,

Et il retranchera celui qui présente une offrande A l’Eternel des armées.

 retranchera. Terme communément utilisé pour désigner la mort. L’adultère que représentaient le divorce et le mariage interreligieux disqualifiait ceux qui s’en rendaient coupables: ils ne pouvaient plus avoir part aux droits et aux privilèges de la communauté d’Israël, ce qui rendait leurs sacrifices inacceptables aux yeux de Dieu.

celui qui veille et qui répond. Expression proverbiale désignant deux catégories de personnes: la sentinelle active qui est consciente de la réalité, et l’auditeur passif qu’elle en rend conscient. Cette expression prenait apparemment sa source dans les populations nomades qui postaient des gardes autour de leurs tentes pour qu’ils veillent et alertent les autres en cas de danger. Le v. annonçait le jugement, l’élimination de toute personne qui se rendait coupable d’une idolâtrie aussi grossière.

 

13  Voici encore ce que vous faites : Vous couvrez de larmes l’autel de l’Eternel, De pleurs et de gémissements, En sorte qu’il n’a plus égard aux offrandes Et qu’il ne peut rien agréer de vos mains.

 couvrez de larmes l’autel. Il ne servait à rien de gémir et de pleurer, car le péché avait fermé la porte donnant accès à Dieu. Les sacrificateurs avaient violé leurs vœux de mariage et ne restaient pas à distance des idoles, comme il l’exigeait. Cette double infidélité faisait de leurs offrandes et de leurs cultes une mystification hypocrite. Puisque le commun du peuple n’avait pas accès aux autels, c’était la culpabilité des sacrificateurs qui était particulièrement visée ici, et leur hypocrisie était d’autant plus inacceptable aux yeux de Dieu.

 

14  Et vous dites : Pourquoi ? …  Parce que l’Eternel a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, A laquelle tu es infidèle, Bien qu’elle soit ta compagne et la femme de ton alliance.

 la femme de ton alliance. Le prophète souligna la gravité de la faute en mentionnant la nature contraignante, d’un point de vue légal, du contrat de mariage. C’était une alliance dont Dieu était témoin (cf. #Ge 31:50 ; #Pr 2:17). Les femmes se mariaient jeunes, parfois avant d’avoir quinze ans (cf. #Pr 5:18 ; #Esa 54:6).

 

15  Nul n’a fait cela, avec un reste de bon sens. Un seul l’a fait, et pourquoi ? Parce qu’il cherchait la postérité que Dieu lui avait promise. Prenez donc garde en votre esprit, Et qu’aucun ne soit infidèle à la femme de sa jeunesse !

 16  Car je hais la répudiation, Dit l’Eternel, le Dieu d’Israël, Et celui qui couvre de violence son vêtement, Dit l’Eternel des armées. Prenez donc garde en votre esprit, Et ne soyez pas infidèles !

 je hais la répudiation. Le Seigneur insista sur ce qu’il venait d’affirmer par cette déclaration emphatique. Dieu considère le divorce injustifié comme un péché grossier qui, tel le sang de la victime éclaboussant son meurtrier, laisse une trace du forfait. Même si Dieu hait le divorce, il y a des circonstances où il constitue un moindre mal et empêche de plus graves catastrophes spirituelles.

 

17  Vous fatiguez l’Eternel par vos paroles, Et vous dites : En quoi l’avons-nous fatigué ? C’est en disant : Quiconque fait le mal est bon aux yeux de l’Eternel, Et c’est en lui qu’il prend plaisir ! Ou bien : Où est le Dieu de la justice ?

 2:17-4:6

La dénonciation des péchés d’Israël fut suivie d’une annonce de jugement contre les Juifs non repentants et de bénédiction pour le reste fidèle. Le v. 17 sert d’introduction au reste du livre. Les sacrificateurs et les membres du peuple infidèles et désobéissants avait épuisé la patience de Dieu par leur scepticisme et leurs autojustifications; le jugement allait surgir.

 

Malachie 3 : 1 à 18

 

    1 ¶  Voici, j’enverrai mon messager ; Il préparera le chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez ; Et le messager de l’alliance que vous désirez, voici, il vient, Dit l’Eternel des armées.

 mon messager. Les monarques du Proche-Orient avaient coutume d’envoyer des messagers devant eux, afin qu’ils puissent faire disparaître tous les obstacles éventuels à leur visite. Avec un jeu de mots sur le sens du nom Malachie (littéralement « le messager de l’Eternel »), le Seigneur annonça qu’il allait envoyer quelqu’un pour « préparer le chemin » devant lui. C’est la « voix qui crie …  au désert » (#Esa 40:3), l’« Elie » de 4:5 chargé de préparer la venue du Seigneur. Le N.T. l’identifie clairement comme étant Jean-Baptiste (cf. #Mt 3:3 ; #Mt 11:10, #Mt 11:14 ; #Mt 17:12ss; #Mr 1:2 ; #Lu 1:17 ; #Lu 7:26-27 ; #Jn 1:23).

soudain entrera. L’adverbe « soudain » n’est pas nécessairement synonyme d’immédiatement, mais signifie ici de façon instantanée, sans préavis. Le mot hébreu est souvent associé à un événement calamiteux (cf. #Esa 47:11 ; #Esa 48:3 ; #Jér 4:20, etc.). Lorsque tous les préparatifs seront achevés, le Seigneur viendra, non dans le temple de Zorobabel ni dans celui d’Hérode (l’épisode de la purification du temple par Jésus ne correspond qu’à un accomplissement partiel de cette prophétie, mais dans le temple final, celui du millénium, décrit par Ezéchiel en #Ez 40:1-48:2. La venue inattendue de Christ, partiellement réalisée lors de sa première venue, s’accomplira totalement lors de son retour (cf. #Mt 24:40-42).

le messager de l’alliance. A distinguer sans doute du messager mentionné précédemment. Puisque ce messager viendra « dans son temple », il s’agit probablement du Seigneur lui-même. C’est lui qui a l’autorité indispensable pour récompenser ou châtier son peuple, sur la base de sa fidélité à l’alliance. Cette appellation de « messager » renvoie peut-être aux textes de l’A.T. qui évoquent l’« ange » de l’Eternel, le mot hébreu étant identique (cf. #Ex 23:20-23 ; #Ex 32:34 ; #Esa 63:9).

que vous désirez. Sans doute une remarque sarcastique. Plongé dans le péché, le peuple ne trouvait aucun plaisir en Dieu à l’époque de Malachie, et ce n’était pas le cas non plus lorsque le Seigneur vint juger l’hypocrisie du culte et purifier le temple (cf. #Jn 2:13-25). A son retour, tous les impies seront anéantis (cf. #Ap 19:11ss).

 

2  Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui restera debout quand il paraîtra ? Car il sera comme le feu du fondeur, Comme la potasse des foulons.

 le feu du fondeur …  la potasse des foulons. Le Seigneur ne viendra pas pour décerner des récompenses. Il est comparé à deux agents purificateurs, le feu qui brûle les impuretés de l’injustice et la potasse qui blanchit les taches du péché - ce qui en dit long sur l’état réel des cœurs. Lors de sa venue, le Seigneur enlèvera toute impureté. Personne ne pourra se soustraire à cette grande purification, qui n’est pas nécessairement synonyme de destruction (cf. #Esa 1:25 ; #Esa 48:10 ; #Jér 6:29-30 ; #Ez 22:17-22).

 

3  Il s’assiéra, fondra et purifiera l’argent ; Il purifiera les fils de Lévi, Il les épurera comme on épure l’or et l’argent, Et ils présenteront à l’Eternel des offrandes avec justice.

 4  Alors l’offrande de Juda et de Jérusalem sera agréable à l’Eternel, Comme aux anciens jours, comme aux années d’autrefois.

 5  Je m’approcherai de vous pour le jugement, Et je me hâterai de témoigner contre les enchanteurs et les adultères, Contre ceux qui jurent faussement, Contre ceux qui retiennent le salaire du mercenaire, Qui oppriment la veuve et l’orphelin, Qui font tort à l’étranger, et ne me craignent pas, Dit l’Eternel des armées.

 

Ce qui représentera un processus de raffinage pour les Juifs repentis, ceux qui auront accepté le Seigneur comme Messie (cf. #Za 12:1-14:2 ; #Ro 11:25-27) et seront, par cette purification, préparés à entrer dans le royaume et à adorer dans le temple du millénium - signifiera la destruction pour les autres. Les divers comportements mentionnés dans ce v. sont ceux de personnes qui « ne craignent pas » Dieu. La question posée en #Mal 2:17 reçoit ici une réponse: « Je m’approcherai de vous pour le jugement. » Les pratiques occultes étaient clairement interdites (cf. #Ex 22:18 ; #De 18:10-12), mais elles n’en continuèrent pas moins, y compris à l’époque du N.T. (cf. #Ac 8:9). L’adultère se pratiquait aussi, en violation de la loi divine (#Mal 2:16), tout comme le parjure (cf. #Ex 20:16 ; #Lé 19:12 ; #De 19:16-20), l’extorsion de fonds et l’oppression.

 

6  Car je suis l’Eternel, je ne change pas ; Et vous, enfants de Jacob, vous n’avez pas été consumés.

 3:6-7

Israël pensait que Dieu était devenu injuste et n’agissait plus en sa faveur. Bien au contraire, quand on considère son histoire faite de rébellions constantes - on comprend que l’existence de ce peuple n’a tenu qu’au caractère immuable du Seigneur et à son engagement indéfectible envers l’alliance conclue avec les patriarches (cf. #No 23:19 ; #1S 15:29 ; #Ja 1:17 en général; #Jér 31:35-37 ; #Jér 33:14-22 en particulier). Ils pouvaient de nouveau faire l’expérience de la bonté de Dieu et jouir de nouvelles bénédictions, à condition de se repentir. C’était parce que le Seigneur allait venir raffiner et purifier les cœurs que Malachie exhortait expressément le peuple à la repentance (cf. #Za 1:3). Or, comme ses auditeurs étaient visiblement peu disposés à reconnaître qu’ils avaient commis des péchés et devaient se repentir (cf. aussi v. 8b), cette invitation à revenir vers Dieu se heurta à nouveau à une question pleine de cynisme: comment pourraient-ils revenir puisqu’ils n’avaient jamais abandonné Dieu? D’après eux, c’était lui qui les avait laissés tomber. En réalité, Dieu n’avait pas changé, et eux non plus: il était toujours aussi juste, et eux toujours aussi injustes.

 

7 ¶  Depuis le temps de vos pères, vous vous êtes écartés de mes ordonnances, Vous ne les avez point observées. Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l’Eternel des armées. Et vous dites : En quoi devons-nous revenir ?

 3:7-12

Ces vv. forment une parenthèse entre les deux messages relatifs à la justice et au jugement de Dieu. Ce que les Juifs considéraient comme une injustice de la part de Dieu révélait plutôt sa grâce et sa patience. Un appel authentique à la repentance est lancé (v. #Mal 3:7), suivi de la description des fruits qui doivent en découler (v. #Mal 3:10).

 

8  Un homme trompe-t-il Dieu ? Car vous me trompez, Et vous dites : En quoi t’avons-nous trompé ? Dans les dîmes et les offrandes.

 3:8-9

vous me trompez. C’était là un péché aussi criant que répandu; ils avaient volé à Dieu ce qui lui revenait de droit, selon la loi.

3:8-12

A la question demandant en quoi ils s’étaient éloignés de Dieu et avaient besoin de revenir à lui, le prophète choisit de répondre par une illustration criante et incontestable de leur égarement spirituel: ils ne s’étaient pas acquittés de leurs dîmes et offrandes, pourtant indispensables dans le cadre d’une théocratie pour rémunérer les Lévites (cf. #Lé 27:30-33 ; #No 18:8-28 ; #De 12:18 ; #Né 13:10), célébrer les fêtes religieuses liées à la nature (#De 12:6-17 ; #De 14:22-27) et soutenir les pauvres (#De 14:28-29). En volant ainsi Dieu, c’étaient eux-mêmes qu’ils avaient volé, car ils s’étaient privés des bénédictions divines. A propos de la libéralité dans le N.T., voir #1Co 16:1-2 ; #2Co 8:1-9:2.

 

9  Vous êtes frappés par la malédiction, Et vous me trompez, La nation tout entière !

 10  Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, Afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison ; Mettez-moi de la sorte à l’épreuve, Dit l’Eternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, Si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance.

 

toutes les dîmes. Quand les dîmes n’étaient pas payées, les sacrificateurs se retrouvaient dans l’indigence et étaient contraints d’abandonner leur service pour travailler la terre. Toute la vie spirituelle de la nation s’en trouvait perturbée, et les pauvres comme les étrangers en subissaient particulièrement les conséquences (cf. #Né 13:10-11). Cependant, le véritable péché, c’était qu’une telle désobéissance revenait à voler Dieu, le roi d’Israël dans ce régime théocratique.

trésor. Salle du temple destinée à entreposer les dîmes, en céréales et en bétail, apportées par le peuple (cf. #2Ch 31:11 ; #Né 10:38-39 ; #Né 12:44 ; #Né 13:12). L’une des tâches de Néhémie consisterait à veiller à ce que le temple ne se retrouve plus à court de ressources, comme cela arriva pendant son absence (cf. #Né 13:10-13).

3:10-12

mettez-moi …  à l’épreuve. Contrairement au principe général présenté par ailleurs dans la Bible, le peuple était invité à mettre Dieu à l’épreuve (cf. #1R 18:20-46 ; #Esa 7:11-12): ils devaient l’honorer en mettant un terme à leurs détournements permanents et apporter ce qui lui était dû en signe d’authentique repentance; ils verraient alors Dieu déverser sur eux son extrême abondance (cf. #Pr 11:24-25) et les protéger des invasions de sauterelles (« celui qui dévore »), et ils seraient un sujet de joie pour toutes les autres nations (cf. #Esa 62:4).

 

11  Pour vous je menacerai celui qui dévore, Et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, Et la vigne ne sera pas stérile dans vos campagnes, Dit l’Eternel des armées.

 12  Toutes les nations vous diront heureux, Car vous serez un pays de délices, Dit l’Eternel des armées.

 13 ¶  Vos paroles sont rudes contre moi, dit l’Eternel. Et vous dites : Qu’avons-nous dit contre toi ?

 

Le peuple et les sacrificateurs avaient non seulement remis Dieu en question (#Mal 2:17), violé son alliance (#Mal 2:11), désobéi à ses lois (#Mal 2:9), profané ses autels (#Mal 1:7, #Mal 1:12) et méprisé son nom (#Mal 1:6), mais ils avaient aussi ouvertement murmuré contre lui. Ils se plaignaient de ce que, contrairement aux promesses (vv. #Mal 3:10-12), ils ne tiraient aucun avantage de l’obéissance à Dieu (v. #Mal 3:14). D’après eux, seuls les orgueilleux et les méchants prospéraient (v. #Mal 3:15).

 

14  Vous avez dit : C’est en vain que l’on sert Dieu ; Qu’avons-nous gagné à observer ses préceptes, Et à marcher avec tristesse A cause de l’Eternel des armées ?

 marcher avec tristesse. Le peuple feignait de pleurer sur ses péchés. Il s’affichait vêtu d’un sac ou le visage assombri afin de manifester un chagrin qui n’était qu’apparent (cf. #Esa 58:5 ; #Joe 2:13 ; #Mt 6:16-18), pour ensuite se plaindre de l’inefficacité de ces pratiques religieuses.

 

15  Maintenant nous estimons heureux les hautains ; Oui, les méchants prospèrent ; Oui, ils tentent Dieu, et ils échappent !

 16  Alors ceux qui craignent l’Eternel se parlèrent l’un à l’autre ; L’Eternel fut attentif, et il écouta ; Et un livre de souvenir fut écrit devant lui Pour ceux qui craignent l’Eternel Et qui honorent son nom.

 un livre de souvenir. Toutes ces paroles de jugement semaient le doute dans le cœur des adorateurs authentiques et justes, qui aimaient et servaient Dieu en Israël, car ils redoutaient d’être eux aussi anéantis au jour de la colère divine. Pour les rassurer, Malachie rappela que Dieu n’avait pas oublié ceux « qui craignent l’Eternel et qui honorent son nom ». Le « livre » dont il est question ici est sans doute le livre de vie, sur lequel est inscrit le nom de chaque enfant de Dieu (p. ex. #Ex 32:32-34 ; #Né 13:14 ; #Ps 69:29 ; #Da 12:1). Les Perses avaient coutume de tenir un registre de tous les actes susceptibles d’être récompensés (p. ex. #Est 6:1-2). Le psalmiste avait lui aussi connaissance d’un tel livre (#Ps 56:9).

3:16-4:6

Malachie conclut avec des paroles d’encouragement à l’adresse du reste fidèle.

 

17  Ils seront à moi, dit l’Eternel des armées, Ils m’appartiendront, au jour que je prépare ; J’aurai compassion d’eux, Comme un homme a compassion de son fils qui le sert.

 18  Et vous verrez de nouveau la différence Entre le juste et le méchant, Entre celui qui sert Dieu Et celui qui ne le sert pas.

 La différence entre les justes et les injustes éclatera aux yeux de tous, lorsque le Seigneur régnera depuis le trône de David à Jérusalem.

 

Malachie 4 : 1 à 6

 

1 ¶  Car voici, le jour vient, Ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume ; Le jour qui vient les embrasera, Dit l’Eternel des armées, Il ne leur laissera ni racine ni rameau.

 le jour vient. Les trois premiers vv. de ce ch. prennent la suite des derniers vv. du ch. précédent en développant le thème de la punition réservée aux méchants et de la délivrance qui attend les justes (cf. #Mal 3:1-5). Le jour de l’Eternel eschatologique (cf. #Esa 13:6 ; #Joe 2:11, #Joe 2:31 ; #Sop 1:14) est mentionné 4 fois dans les paroles de conclusion du prophète (#Mal 3:17 ; #Mal 4:1, #Mal 4:3, #Mal 4:5), qui annonçait le retour du Seigneur Jésus pour juger les hommes (cf. #Ap 19:11-21).

ardent comme une fournaise. Complétant l’image du feu purificateur (#Mal 3:2), Malachie compara le châtiment divin à un feu dévorant, capable de tout consumer sur son passage du fait de son extrême ardeur (cf. avec les hautains de 3:15). Les racines des arbres restent habituellement intactes, protégées qu’elles sont sous la surface de la terre. Ici, elles ne sont pas épargnées, ce qui souligne le caractère exhaustif de ce jugement: tous ceux qui auront refusé de se repentir seront jetés dans le feu de l’enfer (cf. #Ap 20:11-15).

 

2  Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera Le soleil de la justice, Et la guérison sera sous ses ailes ; Vous sortirez, et vous sauterez comme les veaux d’une étable,

 le soleil de la justice. Alors que les méchants seront calcinés par la chaleur de la colère divine, ceux qui craignent Dieu percevront l’aspect bienfaisant de cette chaleur (cf. #Esa 30:26 ; #Esa 60:1, #Esa 60:3). L’expression renvoie au Messie, qui est « l’Eternel notre justice » (#Ps 84:12 ; #Jér 23:5-6 ; #1Co 1:30).

la guérison. Il ne s’agit pas seulement de la guérison physique des blessures infligées par les méchants (cf. #Mal 3:5), mais aussi du péché, qui ne peut être guéri que par les meurtrissures du serviteur souffrant (cf. #Ps 103:3 ; #Esa 53:5 ; #Esa 57:18-19 ; #1Pi 2:24).

 

3  Et vous foulerez les méchants, Car ils seront comme de la cendre Sous la plante de vos pieds, Au jour que je prépare, Dit l’Eternel des armées.

 de la cendre …  vos pieds. La destruction des méchants réjouit ceux à qui ils ont infligé des souffrances. On répandait souvent des cendres sur les chemins pour les rendre plus durs par temps de pluie. Les méchants seront pareils à des cendres, foulés aux pieds par les justes lorsque le feu du jugement divin les aura consumés (cf. v. #Mal 4:1). Le prophète, comme devraient le faire tous les croyants, désirait qu’une repentance authentique survienne, car la destruction des impénitents était inévitable.

 

4 ¶  Souvenez-vous de la loi de Moïse, mon serviteur, Auquel j’ai prescrit en Horeb, pour tout Israël, Des préceptes et des ordonnances.

 Aussi bien la loi que les prophètes contribuent à préparer la venue du jour de l’Eternel. Le peuple devait commencer par se rappeler ce qui lui avait été donné au Sinaï (« Horeb »): la loi de Moïse, avec en particulier l’obéissance requise pour entrer dans l’alliance (#Ex 24:1ss; #Jos 8:32 ; #Jos 23:6 ; #1R 2:3).

 

5  Voici, je vous enverrai Elie, le prophète, Avant que le jour de l’Eternel arrive, Ce jour grand et redoutable.

 Elie. La mention d’Elie servait à annoncer la venue du Messie. Jean-Baptiste fut un type de cet « Elie » lors de la première venue de Christ (cf. #Lu 1:17). Moïse et Elie apparurent ensemble sur la montagne de la transfiguration (cf. #Mt 17:1-4), et ils seront probablement les « deux témoins » de la grande tribulation (cf. #Ap 11:1-3). Le plus probable, c’est que ce v. annonce l’apparition d’une personne de la même trempe qu’Elie, tout comme Jean-Baptiste. Elle aura pour mission de prêcher la réconciliation avec Dieu afin que les hommes puissent croire et échapper à la malédiction divine. Son ministère sera efficace (v. #Mal 4:6).

 

6  Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, Et le cœur des enfants à leurs pères, De peur que je ne vienne frapper le pays d’interdit.

 ramènera le cœur. Ce sera le contraire de ce qui se produisit lors de la première venue de Christ (cf. #Mt 10:34-36). Ce v. annonce une repentance collective (cf. #Mt 25:31-46 ; #Ap 7:9-17 ; #Ap 20:4-6) qui permettra d’éviter une destruction totale. La terre retrouvera sa beauté édénique, la malédiction sera renversée, le royaume sera établi sous l’autorité du Messie, et les justes  les Juifs comme les non-Juifs - pourront y pénétrer.

interdit. Le terme renvoie à la pratique de consacrer de façon irrévocable des choses ou des personnes à Dieu, souvent par l’intermédiaire d’une destruction totale. Les villes de Canaan furent ainsi vouées à l’interdit, ce qui signifiait que leurs habitants devaient être exterminés (cf. #De 13:12-18 ; #De 20:16ss). L’emploi de ce mot ici suggère que, en cas d’absence d’un reste repentant, Dieu ferait de la terre (traduction possible pour « pays ») entière un holocauste.