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HABAKUK  1 à 3 + intro

 

 INTRODUCTION 

Le livre du prophète Habakuk

Titre

       Ce livre prophétique tire son nom de son auteur, qui pourrait signifier « celui qui embrasse » (#Ha 1:1 ; #Ha 3:1). C’est à la fin de la prophétie que ce nom se révèle particulièrement approprié, puisque Habakuk y affirme son attachement à l’Eternel malgré la confusion que suscitent en lui les plans divins pour son peuple.

Auteur et date

       Comme c’est le cas pour beaucoup de petits prophètes, nous ne savons rien d’Habakuk, si ce n’est ce que l’on peut déduire du livre. Or, dans son cas, ces renseignements sont quasi inexistants. Toute conclusion à propos de son identité ou de sa vie est incertaine. Puisqu’il se présente simplement comme « Habakuk, le prophète », tout semble indiquer qu’il était reconnu en tant que tel à son époque. Ce qui est certain, c’est qu’il fut contemporain de Jérémie, Ezéchiel, Daniel et Sophonie.

       La mention des Chaldéens (#Ha 1:6, c’est-à-dire les Babyloniens) permet de situer cette prophétie à la fin du VIIe siècle av. J.-C., peu de temps avant que Nebucadnetsar ne lance sa campagne militaire contre Ninive (612 av. J.-C.), Charan (609 av. J.-C.) et Carkemisch (605 av. J.-C.), campagne qui devait le conduire jusqu’à Jérusalem (605 av. J.-C.). Les amères lamentations d’Habakuk (#Ha 1:2-4) semblent correspondre à une période de peu postérieure à la mort de Josias (609 av. J.-C.), dont les réformes religieuses (cf. #2R 23) furent rapidement abandonnées par son successeur Jojakim (#Jér 22:13-19).

Contexte et arrière-plan

       Habakuk prophétisa dans les derniers jours de l’Empire assyrien, qui étaient aussi les premiers de la domination babylonienne, sous l’autorité de Nabopolassar et de son fils Nebucadnetsar. Lorsque Nabopolassar monta sur le trône en 626 av. J.-C., il étendit immédiatement son influence au nord et à l’ouest. Sous le commandement de son fils, l’armée babylonienne détruisit Ninive en 612 av. J.-C., obligeant la noblesse assyrienne à se réfugier d’abord à Charan, puis à Carkemisch. Nebucadnetsar la poursuivit jusque dans ces villes, s’emparant de la première en 609 av. J.-C. et de la seconde en 605 av. J.-C

Le roi d’Egypte Neco, traversant Juda en 609 av. J.-C. pour porter assistance au roi d’Assyrie dans sa fuite, dut affronter le roi Josias à Meguiddo (#2Ch 35:20-24). Celui-ci fut tué lors de la bataille, laissant le trône vacant. Trois de ses fils et un de ses petit-fils lui succéderaient. Auparavant, la découverte du livre de la loi dans le temple (622 av. J.-C.) avait poussé Josias à instituer des réformes significatives en Juda (#2R 22:1-23:2). Il supprima notamment un grand nombre de pratiques idolâtriques introduites par son père Amon (#2R 21:20-22) et par son grand-père Manassé (#2R 21:11-13). A sa mort, cependant, Juda retourna bien vite à sa mauvaise conduite (#Jér 22:13-19), ce qui amena Habakuk à s’interroger sur le silence de Dieu et sur l’apparente absence d’une punition (#Ha 1:2-4) apte à purifier le peuple.

Thèmes historiques et théologiques

       Les versets introductifs révèlent une situation historique similaire à celle de l’époque d’Amos et de Michée: la justice avait pratiquement disparu du pays; la violence et la méchanceté se développaient en toute impunité. Au milieu des ténèbres qui l’environnaient, le prophète pria Dieu d’intervenir (#Ha 1:2-4). Dieu répondit qu’il enverrait les Chaldéens pour châtier Juda (#Ha 1:5-11), mais cette réponse provoqua un dilemme théologique bien plus grand chez Habakuk: pourquoi Dieu ne purifiait-il pas son peuple en restaurant sa justice? Comment Dieu pouvait-il se servir des Chaldéens pour juger un peuple plus vertueux qu’eux (#Ha 1:12-2:1)? Dieu répondit alors qu’il jugerait aussi les Chaldéens (#Ha 2:2-20), réponse qui ne mit pas fin au dilemme du prophète mais ne fit, au contraire, qu’augmenter son embarras. Ce qui posait problème à Habakuk, ce n’était plus la justesse de la réaction (ou de l’absence de réaction) de Dieu face au mal, mais la justification de ses attributs et de son alliance avec son peuple (#Ha 1:13). Comme Job, le prophète débattit avec Dieu. Comme lui, au travers de cette expérience, il parvint à une meilleure compréhension de la souveraineté de Dieu et affermit ainsi sa foi en lui (cf. #Job 42:5-6 ; #Esa 55:8-9). Habakuk comprit finalement que l’Eternel ne devait pas être adoré seulement pour les bénédictions matérielles qu’il accordait, mais simplement parce qu’il en était digne (#Ha 3:17-19).

Questions d’interprétation

       Les interrogations du prophète correspondent à quelques-unes des questions les plus fondamentales de la vie; les réponses qu’il fournit apportent les éléments nécessaires pour une juste compréhension de la personne de Dieu et de sa souveraineté dans l’histoire. Le cœur du message réside dans l’appel du prophète à faire confiance à Dieu: « Le juste vivra par sa foi » (#Ha 2:4). Les auteurs du N.T. attribuent une importance théologique peu commune à Habakuk. L’auteur de l’épître aux Hébreux cite 2:4 pour souligner aux croyants la nécessité de rester fermes et confiants dans les souffrances et les épreuves (#Hé 10:38). L’apôtre Paul, quant à lui, utilise deux fois ce même verset (#Ro 1:17 ; #Ga 3:11) pour appuyer la doctrine de la justification par la foi. Il ne faut pas y voir un conflit d’interprétation, car Habakuk et les auteurs du N.T. dépassent la notion du simple acte de foi pour inclure la continuité de la foi dans le temps. La foi n’est pas un acte ponctuel, mais un mode de vie. Le vrai croyant, déclaré juste devant Dieu, doit normalement persévérer dans la foi tout au long de sa vie (cf. #Col 1:22-23 ; #Hé 3:12-14). Il aura confiance dans le Dieu souverain qui, seul, fait ce qui est juste.

Plan

I. Titre (1:1)

II. Perplexité du prophète (1:2-2:20)

    A. Première plainte du prophète (1:2-4)

    B. Première réponse de Dieu (1:5-11)

    C. Deuxième plainte du prophète (1:12-2:1)

    D. Deuxième réponse de Dieu (2:2-20)

III. Prière du prophète (3:1-19)

    A. Appel à la compassion de Dieu (3:1-2)

    B. Louange à Dieu pour sa puissance (3:3-15)

    C. Promesse de la toute-suffisance de Dieu (3:16-19)

 

Habakuk 1 : 1 à 17

 

    1 ¶  Oracle révélé à Habakuk, le prophète.

 Oracle. Littéralement « fardeau », terme souvent utilisé par les prophètes pour désigner un message accablant de jugement (cf. #Ha 1:5-11 ; #Ha 2:2-20), annonçant la colère de Dieu contre le péché (p. ex. #Esa 13:1 ; #Esa 15:1 ; #Esa 17:1 ; #Esa 19:1 ; #Na 1:1 ; #Za 9:1 ; #Za 12:1 ; #Mal 1:1).

révélé. Littéralement « vu ». Le message transmis par Dieu à Habakuk prit la forme d’une vision.

 

2  Jusqu’à quand, ô Eternel ? …  J’ai crié, Et tu n’écoutes pas ! J’ai crié vers toi à la violence, Et tu ne secours pas !

 Jusqu’à quand. Cette expression, qui reflétait l’impatience du prophète, était fréquemment utilisée par les psalmistes pour exprimer leurs sentiments de perplexité (cf. #Ps 13:2-3 ; #Ps 62:4 ; #Jér 14:9 ; #Mt 27:46).

tu ne secours pas. Le prophète désirait que ses compatriotes retrouvent le chemin de la justice par un réveil qui les purgerait et les nettoierait en les disciplinant.

1:2-3

violence …  iniquité …  injustice. La société de Juda est décrite en des termes qui dénotent une méchanceté pleine de duplicité, celle qui pousse à exercer une oppression morale et éthique sur les autres et ne peut déboucher que sur les divisions et les conflits.

1:2-4

Dans sa première plainte, Habakuk présenta Dieu comme indifférent au péché de Juda. Plein de zèle pour la justice divine et pleinement conscient que toute violation de l’alliance ne pouvait qu’entraîner un châtiment (cf. #De 28), il mit en doute la sagesse divine, exprimant son étonnement devant le manque de réaction apparent de l’Eternel face aux violations flagrantes de sa loi. Les Judéens s’étaient rendus coupables de violence et d’injustice, et ils auraient donc dû en subir le châtiment.

 

3  Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité, Et contemples-tu l’injustice ? Pourquoi l’oppression et la violence sont-elles devant moi ? Il y a des querelles, et la discorde s’élève.

 4  Aussi la loi n’a point de vie, La justice n’a point de force ; Car le méchant triomphe du juste, Et l’on rend des jugements iniques.

 la loi n’a-t-elle point de vie. Littéralement la « loi est froide » (cf. #Ge 45:26 ; #Ps 77:3). La loi mosaïque avait perdu toute autorité, elle n’était plus respectée. A l’image de mains engourdies par le froid, la loi avait perdu son impact et son efficacité, paralysée qu’elle était par la corruption des chefs de Juda (cf. #Ec 8:11).

 

5 ¶  Jetez les yeux parmi les nations, regardez, Et soyez saisis d’étonnement, d’épouvante ! Car je vais faire en vos jours une œuvre, Que vous ne croiriez pas si on la racontait.

 Jetez les yeux …  regardez …  soyez saisis d’étonnement. Cette série d’impératifs pluriels indique que Juda et Jérusalem devaient prendre collectivement note de l’invasion imminente. Paul cita ce texte en #Ac 13:41.

1:5-11

En réponse à la perplexité et aux supplications d’Habakuk, Dieu sortit de son mutisme pour l’informer que le péché de Juda ne l’avait jamais laissé indifférent; cependant, plutôt qu’un réveil, il allait envoyer un jugement « terrible et formidable » (v. #Ha 1:7).

 

6  Voici, je vais susciter les Chaldéens, Peuple furibond et impétueux, Qui traverse de vastes étendues de pays, Pour s’emparer de demeures qui ne sont pas à lui.

 1:6-8

Les « Chaldéens » (c’est-à-dire les Babyloniens) allaient opérer sur ordre divin. L’Eternel était souverain, et c’était lui qui pousserait ce peuple d’une violence impitoyable à envahir Juda. Les Chaldéens sont décrits comme si confiants en eux-mêmes et en leur autonomie qu’ils se prenaient pour des dieux et lançaient des assauts mortels (cf. #Jér 51:20).

 

7  Il est terrible et formidable ; De lui seul viennent son droit et sa grandeur.

 8  Ses chevaux sont plus rapides que les léopards, Plus agiles que les loups du soir, Et ses cavaliers s’avancent avec orgueil ; Ses cavaliers arrivent de loin, Ils volent comme l’aigle qui fond sur sa proie.

 les loups du soir. C’est-à-dire des loups qui n’avaient rien trouvé à manger de toute la journée et étaient contraints de rôder, la nuit, à la recherche de nourriture. Comme eux, l’armée de Babylone démontrait une extraordinaire résistance et une impatience audacieuse dans ses attaques, appâtée qu’elle était par la perspective du butin à retirer de la victoire.

 

9  Tout ce peuple vient pour se livrer au pillage ; Ses regards avides se portent en avant, Et il assemble des prisonniers comme du sable.

 10  Il se moque des rois, Et les princes font l’objet de ses railleries ; Il se rit de toutes les forteresses, Il amoncelle de la terre, et il les prend.

 L’armée babylonienne progressait sans que rien ne semble pouvoir l’arrêter, car elle ne ressentait que mépris pour les velléités de résistance des autorités royales ou pour les obstacles physiques qui se trouvaient en travers de son chemin.

il amoncelle de la terre. Pour forcer une ville ou une forteresse, on amoncelait de la terre et des pierres contre ses remparts.

 

11  Alors son ardeur redouble, Il poursuit sa marche, et il se rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu !

 voilà son dieu. Les Chaldéens étaient certes les instruments de Dieu pour exécuter ses jugements, mais leur orgueil et leur autosatisfaction ne pouvaient qu’entraîner leur propre destruction (décrite en #Ha 2:2-20), car ils se rendaient ainsi coupables d’idolâtrie et de blasphème envers le Dieu souverain.

 

12 ¶  N’es-tu pas de toute éternité, Eternel, mon Dieu, mon Saint ? Nous ne mourrons pas ! O Eternel, tu as établi ce peuple pour exercer tes jugements ; O mon rocher, tu l’as suscité pour infliger tes châtiments.

 Eternel, mon Dieu, mon Saint. Le prophète ne parvenait pas à comprendre pleinement les méthodes souveraines de son Dieu juste, mais il persistait à lui accorder totalement sa foi et sa confiance. Il se rappelait les attributs immuables de Dieu, son éternité, sa souveraineté et sa sainteté, et cela le confortait dans la conviction que Juda ne serait pas anéanti de façon irrémédiable (cf. #Jér 31:35-40 ; #Jér 33:23-26). Il comprenait que, grâce à la fidélité de Dieu, les Chaldéens viendraient pour infliger une correction au peuple, sans toutefois l’annihiler.

mon rocher. Ce titre de Dieu exprimait son caractère immuable et inébranlable (cf. #Ps 18:3, #Ps 18:32, #Ps 18:47 ; #Ps 31:3-4 ; #Ps 62:3, #Ps 62:7-8 ; #Ps 78:16, #Ps 78:20, #Ps 78:35).

1:12-2:1

Habakuk réagit à la surprenante révélation des vv. 5-11 en assurant l’Eternel de sa confiance (v. #Ha 1:12), pour ensuite présenter son deuxième grief: comment Dieu pouvait-il se servir d’une nation mauvaise (les Chaldéens) pour juger une nation (Juda) plus vertueuse qu’elle (vv. #Ha 1:13-17)? Le prophète conclut en exprimant sa détermination à attendre la réponse (#Ha 2:1).

 

13  Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, Et tu ne peux pas regarder l’iniquité. Pourquoi regarderais-tu les perfides, et te tairais-tu, Quand le méchant dévore celui qui est plus juste que lui ?

 Tes yeux sont trop purs. En dépit de ses professions de foi et de confiance, le prophète se trouvait plongé dans une croissante perplexité. Ce v. livre l’essence du dilemme d’Habakuk: si Dieu, dans sa pureté, ne saurait jouer le rôle de témoin passif du mal, comment pouvait-il se servir d’hommes mauvais pour anéantir des hommes plus justes qu’eux? En utilisant les Chaldéens dans ce sens, Dieu ne porterait-il pas plus gravement encore atteinte à sa réputation de justice?

 

14  Traiterais-tu l’homme comme les poissons de la mer, Comme le reptile qui n’a point de maître ?

 1:14-17

Habakuk craignait que Dieu n’ait oublié la légendaire cruauté des Chaldéens; c’est pourquoi il rappela la méchanceté de leur caractère et de leur comportement: la vie n’avait pas beaucoup de valeur à leurs yeux; face à leurs impitoyables tactiques de guerre, les autres nations étaient semblables aux « poissons de la mer ». A la lumière de leur réputation si déplorable (vv. #Ha 1:6-10), il était incompréhensible que Dieu ait pu envisager de déchaîner leur violence contre un peuple sans défense.

 

15  Il les fait tous monter avec l’hameçon, Il les attire dans son filet, Il les assemble dans ses rets : Aussi est-il dans la joie et dans l’allégresse.

 16  C’est pourquoi il sacrifie à son filet, Il offre de l’encens à ses rets ; Car par eux sa portion est grasse, Et sa nourriture succulente.

 sacrifie …  offre de l’encens à ses rets. Le prophète ajouta un nouvel argument contre les Chaldéens: ils attribuaient leur victoire à leur propre puissance militaire plutôt qu’au vrai Dieu.

 

17  Videra-t-il pour cela son filet, Et toujours égorgera-t-il sans pitié les nations ?

 Videra-t-il pour cela son filet. Combien de temps encore leurs agresseurs, les Chaldéens, allaient-ils être autorisés à pratiquer l’injustice et à se livrer à tant de méchancetés? Dieu allait-il tolérer cela indéfiniment?

 

Habakuk 2 : 1 à 20

 

    1 ¶  J’étais à mon poste, Et je me tenais sur la tour ; Je veillais, pour voir ce que l’Eternel me dirait, Et ce que je répliquerais après ma plainte.

 J’étais à mon poste. Habakuk se compara à une sentinelle (cf. #Ez 3 ; #Ez 33) en faction sur les remparts de la ville pour montrer qu’il était prêt à attendre la réponse de Dieu et à la méditer.

 

2  L’Eternel m’adressa la parole, et il dit : Ecris la prophétie : Grave-la sur des tables, Afin qu’on la lise couramment.

 afin qu’on la lise couramment. Littéralement « qu’il coure, celui qui la lit ». Cela peut renvoyer à:

1° la clarté de la forme (même un passant pressé pourrait en comprendre le sens immédiatement) ou

2° la clarté du fond (le messager n’aurait aucune difficulté à faire connaître son contenu à autrui).

Ecris la prophétie. Habakuk reçut l’ordre de consigner sa vision par écrit, afin de la transmettre à la postérité. Ainsi, tous ceux qui en prendraient connaissance seraient assurés de son accomplissement (cf. un langage similaire en #Da 12:4-9). Comme elle ne se réaliserait pas immédiatement, il fallait en conserver la trace. Malgré le délai ainsi annoncé, tous devaient acquérir la certitude qu’elle s’accomplirait au « temps déjà fixé » par Dieu (cf. #Esa 13 ; #Jér 50:1-51:2). Babylone tomberait devant Cyrus, le souverain de l’Empire médo-perse, vers 539 av. J.-C. (cf. #Da 5).

2:2-20

Pour répondre à la deuxième plainte d’Habakuk (#Ha 1:12-2:1), Dieu annonça qu’il châtierait aussi les Chaldéens à cause de leur méchanceté. Sa réponse contenait:

1° l’ordre de mettre cette prophétie par écrit, pour rappeler qu’elle se réaliserait sans faute (vv. #Ha 2:2-3);

2° une description de la personnalité des méchants par opposition à celle des justes (vv. #Ha 2:4-5);

3° la formulation de cinq malédictions qui signaient la perte des Chaldéens (vv. #Ha 2:6-20).

 

3  Car c’est une prophétie dont le temps est déjà fixé, Elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas ; Si elle tarde, attends-la, Car elle s’accomplira, elle s’accomplira certainement.

 4  Voici, son âme s’est enflée, elle n’est pas droite en lui ; Mais le juste vivra par sa foi.

 s’est enflée. Même si, dans le contexte, ce passage renvoie aux Chaldéens, il présente les traits qui distinguent les justes des méchants, quelle que soit leur origine. Le contraste est ici le suivant: le méchant a confiance en lui-même, tandis que le juste vit par sa foi.

le juste vivra par sa foi. Au contraire des orgueilleux, les justes seront effectivement préservés par leur foi en Dieu. C’était l’essentiel du message que Dieu transmit à Habakuk et par son intermédiaire. La justification par la foi (telle que Paul la présente en #Ro 1:17 et #Ga 3:11) et la sanctification par la foi (dans le sens de l’épître aux Hébreux, #Hé 10:38) reflètent toutes deux fidèlement l’essence du message d’Habakuk. Chez Habakuk autant que dans le N.T., il y a un dépassement du simple acte de foi et l’inclusion de la continuité de la foi. La foi n’est pas un acte ponctuel, mais un mode de vie. Le croyant authentique, déclaré juste par Dieu, persévérera dans la foi (cf. #Col 1:22-23 ; #Hé 3:12-14).

 

5 ¶  Pareil à celui qui est ivre et arrogant, L’orgueilleux ne demeure pas tranquille ; Il élargit sa bouche comme le séjour des morts, Il est insatiable comme la mort ; Il attire à lui toutes les nations, Il assemble auprès de lui tous les peuples.

 Cette diatribe contre les Chaldéens servit de base aux dénonciations des vv. 6-20. Cupides et orgueilleux, ils étaient aussi insatiables que le séjour des morts et la mort (cf. #Pr 1:12 ; #Pr 27:20 ; #Pr 30:15-16). Ils en voulaient toujours plus.

 

6  Ne sera-t-il pas pour tous un sujet de sarcasme, De railleries et d’énigmes ? On dira: Malheur à celui qui accumule ce qui n’est pas à lui ! Jusques à quand ? …  Malheur à celui qui augmente le fardeau de ses dettes !

 pour tous. Allusion à toutes les nations qui avaient eu à pâtir des Babyloniens.

Malheur. Interjection courante dans la littérature prophétique pour introduire une accusation de type judiciaire ou un verdict (#Esa 5:8, #Esa 5:11, #Esa 5:18, #Esa 5:20-22 ; #Jér 22:13 ; #Jér 23:1 ; #Am 5:18 ; #Am 6:1).

le fardeau de ses dettes. Les Babyloniens imposaient de lourds tributs aux nations qui étaient leurs vassales. Ces exactions s’accompagnaient, en outre, de prêts octroyés aux pauvres avec des intérêts excessifs (#De 24:10-13 ; #2R 4:1-7 ; #Né 5:1-13).

2:6-8

La première malédiction vise l’extorsion de fonds, c’est-à-dire le fait que les Chaldéens pillaient les nations en les menaçant de graves dommages, dans le but de s’enrichir. Par conséquent, ils seraient pillés à leur tour par les nations qui auraient survécu à leurs exactions.

2:6-20

Cinq malédictions sont prononcées contre les Chaldéens, sous la forme d’une ode sarcastique, en anticipation de leur jugement final. Présentées en cinq strophes de trois vv. chacune, ces cinq malédictions sont dirigées contre cinq catégories de malfaiteurs.

 

7  Tes créanciers ne se lèveront-ils pas soudain ? Tes oppresseurs ne se réveilleront-ils pas ? Et tu deviendras leur proie.

 Tes créanciers. Allusion aux nations qui avaient survécu mais avaient été contraintes de verser un tribut (cf. v. #Ha 2:8).

 

8  Parce que tu as pillé beaucoup de nations, Tout le reste des peuples te pillera ; Car tu as répandu le sang des hommes, Tu as commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses habitants.

 9  Malheur à celui qui amasse pour sa maison des gains iniques, Afin de placer son nid dans un lieu élevé, Pour se garantir de la main du malheur !

 placer son nid dans un lieu élevé. Pour se protéger de toutes représailles de la part de leurs ennemis, les Chaldéens s’étaient efforcés de rendre leurs villes imprenables, inaccessibles à d’éventuels assaillants (cf. #Esa 14:13-14).

2:9-11

La deuxième accusation, celle d’exploitation préméditée dans le but de satisfaire la cupidité, prend la suite des vv. 6-8. Les maisons babyloniennes, faites de pierres et de poutres arrachées aux bâtiments des vaincus, témoignaient de facto contre eux (v. #Ha 2:11).

 

10  C’est l’opprobre de ta maison que tu as résolu, En détruisant des peuples nombreux, Et c’est contre toi-même que tu as péché.

 C’est l’opprobre de ta maison que tu as résolu. Les dirigeants babyloniens incitaient leurs sujets au meurtre et se couvraient ainsi de honte, sans parler du tort qu’ils faisaient à leur âme.

 

11  Car la pierre crie du milieu de la muraille, Et le bois qui lie la charpente lui répond.

 12  Malheur à celui qui bâtit une ville avec le sang, Qui fonde une ville avec l’iniquité !

 2:12-14

La troisième accusation reproche aux Babyloniens de faire preuve d’un despotisme impitoyable: ils avaient recours aux carnages et aux travaux forcés pour se faire ériger de luxueux palais. De même que le feu consume tout ce qu’il touche, de même leurs œuvres se révéleraient futiles, sans aucune valeur durable (v. #Ha 2:13 ; cf. #Mi 3:10).

 

13  Voici, quand l’Eternel des armées l’a résolu, Les peuples travaillent pour le feu, Les nations se fatiguent en vain.

 14  Car la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l’Eternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.

 remplie. Par contraste avec l’auto-exaltation des Chaldéens, qui déboucherait sur leur anéantissement, Dieu promit que la terre entière reconnaîtrait sa gloire lors de l’établissement de son royaume millénaire (cf. #No 14:21 ; #Ps 72:19 ; #Esa 6:3 ; #Esa 11:9).

 

15 ¶  Malheur à celui qui fait boire son prochain, A toi qui verses ton outre et qui l’enivres, Afin de voir sa nudité !

 2:15-17

La quatrième accusation est en rapport avec la débauche: les Babyloniens avaient intoxiqué les autres peuples avec leur immoralité, de sorte qu’ils s’étaient conduits de façon honteuse et étaient devenus des proies faciles. Par conséquent, ils devraient à leur tour boire la coupe de la colère de Dieu et se donner en spectacle, pour leur plus grande honte (cf. #Jér 49:12).

 

16  Tu seras rassasié de honte plus que de gloire ; Bois aussi toi-même, et découvre-toi ! La coupe de la droite de l’Eternel se tournera vers toi, Et l’ignominie souillera ta gloire.

 découvre-toi. Littéralement « laisse voir ton prépuce », impératif synonyme du plus grand mépris dans la pensée hébraïque, car l’incirconcision était le signe qu’on était éloigné du vrai Dieu.

La coupe de la droite de l’Eternel. Métaphore qui désigne la rétribution divine, accomplie par la toute-puissance de sa main droite (cf. #Ps 21:9). Ce que les Chaldéens avaient imposé aux autres, ils allaient le subir à leur tour (vv. #Ha 2:7-8).

l’ignominie. Ou « un vomissement honteux », puisque l’auteur poursuit avec la métaphore de l’ivrognerie. Ce dont les Babyloniens s’étaient glorifiés deviendrait précisément l’objet de leur honte. Tandis que la gloire de Dieu couvrirait « le fond de la mer » (v. #Ha 2:14), la gloire de Babylone serait recouverte de honte.

 

17  Car les violences contre le Liban retomberont sur toi, Et les ravages des bêtes t’effraieront, Parce que tu as répandu le sang des hommes, Et commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses habitants.

 violences. Probable allusion à l’exploitation abusive de la faune et de la flore qui caractérisait les campagnes militaires, puisqu’il fallait se fournir en matériaux de construction, en bois de chauffage et en nourriture. Les magnifiques cèdres du Liban étaient exploités à des fins égoïstes (cf. #Esa 14:7-8 ; #Esa 37:24). Ces violences incluaient aussi le massacre des autochtones. Le v. 17b suggère que le « Liban » pourrait symboliser Juda et ses habitants, conquis par Nebucadnetsar (cf. #2R 14:9 ; #Jér 22:6, #Jér 22:23 ; #Ez 17:3).

 

18  A quoi sert une image taillée, pour qu’un ouvrier la taille ? A quoi sert une image en fonte et qui enseigne le mensonge, Pour que l’ouvrier qui l’a faite place en elle sa confiance, Tandis qu’il fabrique des idoles muettes ?

 2:18-20

La cinquième accusation concerne l’idolâtrie des Chaldéens et dénonce la folie d’adorer d’autres dieux (cf. #Esa 41:24 ; #Esa 44:9). La destruction des Babyloniens démontrerait la supériorité du vrai Dieu sur toutes les prétendues divinités.

 

19  Malheur à celui qui dit au bois : Lève-toi ! A une pierre muette : Réveille-toi ! Donnera-t-elle instruction ? Voici, elle est garnie d’or et d’argent, Mais il n’y a point en elle un esprit qui l’anime.

 Lève-toi! …  Réveille-toi! Ces sarcasmes ne sont pas sans rappeler ceux d’Elie envers les prophètes de Baal au mont Carmel (#1R 18:27 ; cf. #Jér 2:27).

 

20  L’Eternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui !

 saint temple. Allusion au ciel, d’où le Seigneur exerce son autorité (#Ps 11:4) et d’où il répond aux prières de ceux qui le cherchent (#1R 8:28-30 ; #Ps 73:17).

fasse silence. Par contraste avec les idoles qui ne peuvent que rester silencieuses (v. #Ha 2:19), le Seigneur souverain de l’univers appelle toute la terre à faire silence devant lui. Personne ne peut prétendre à l’indépendance vis-à-vis de lui; toute la terre doit l’adorer dans une attitude d’humble soumission (cf. #Ps 46:11 ; #Esa 52:15).

 

Habakuk 3 : 1 à 19

 

    1 ¶  Prière d’Habakuk, le prophète. Sur le mode des complaintes.

 mode des complaintes. Le sens précis du mot hébreu reste inconnu (il apparaît au singulier au #Ps 7:1). A la fin du ch. #Ha 3 figurent des notations musicales, ce qui permet de penser que ce ch. devait être chanté et que le terme était porteur de significations liturgiques et musicales.

 Les cantiques de la Bible

1. Cantique de délivrance #Ex 15:1-19

2. Cantique de Moïse #De 32:1-43

3. Cantique de Débora #Jug 5:1-31

4. Cantique d’Anne #1S 2:1-10

5. Cantique des femmes #1S 18:6-7

6. Cantique de David #2S 22:1-51

7. Cantique d’Ezéchias #Esa 38:9-20

8. Cantique de Jonas #Jon 2:2-10

9. Cantique d’Habakuk #Ha 3:1-19

10. Cantique de Marie #Lu 1:46-55

3:1-19

La mention « Habakuk, le prophète » (cf. #Ha 1:1) forme une transition: le ton argumentatif des ch. précédents, dans lesquels le prophète suppliait Dieu d’intervenir, se transforme en une prière réclamant la compassion divine (v. #Ha 3:2), suivie d’un rappel de sa puissance (vv. #Ha 3:3-15) et d’une louange pour sa grâce et sa pleine suffisance (vv. #Ha 3:16-19). Ce changement de ton n’exclut pas un lien fort, du point de vue thématique: ayant été informé des divins plans de jugement, Habakuk revient au sujet du châtiment de Juda et demande grâce.

 

2  Eternel, j’ai entendu ce que tu as annoncé, je suis saisi de crainte. Accomplis ton œuvre dans le cours des années, ô Eternel ! Dans le cours des années manifeste-la ! Mais dans ta colère souviens-toi de tes compassions !

 ce que tu as annoncé. Allusion à #Ha 1:5-11 et #Ha 2:2-20, où le Seigneur avait informé Habakuk de ses plans de jugement à l’égard de Juda et des Chaldéens.

Accomplis ton œuvre. Littéralement « fais vivre ton œuvre ». La connaissance qu’il avait de la sévérité du jugement divin remplissait le prophète d’une grande crainte. Il demanda au Seigneur de ranimer, de réitérer ses œuvres puissantes en faveur de son peuple, comme s’il était resté inactif pendant longtemps.

Dans le cours des années. Même si Juda devait endurer un violent châtiment par l’intermédiaire des Chaldéens, le prophète supplia le Seigneur de se souvenir qu’il était un Dieu de compassion.

 

3 ¶  Dieu vient de Théman, Le Saint vient de la montagne de Paran …  Pause. Sa majesté couvre les cieux, Et sa gloire remplit la terre.

 Théman …  montagne de Paran. « Théman » était une ville édomite qui portait le nom d’un petit-fils d’Esaü (#Am 1:12 ; #Ab 9). La « montagne de Paran » se situait dans la péninsule du Sinaï. Ces deux mentions renvoient au contexte dans lequel Dieu manifesta son immense puissance, lorsqu’il amena Israël jusqu’au pays promis, jusqu’en Canaan (cf. #De 33:2 ; #Jug 5:4).

3:3-4

La glorieuse nuée qui protégea et conduisit Israël à travers le désert (cf. #Ex 40:34-38) était une manifestation physique de la présence divine. Pareil au soleil, Dieu illumine le ciel et la terre de son éclat.

3:3-15

Habakuk fit le portrait de la rédemption à venir en utilisant des images tirées des interventions passées de Dieu, notamment de la délivrance qu’il avait accordée à son peuple en le faisant sortir d’Egypte et de la conquête de Canaan. La sortie d’Egypte est souvent utilisée de façon analogique pour décrire le salut futur d’Israël, au début du millénium (cf. #Esa 11:16).

 

4  C’est comme l’éclat de la lumière ; Des rayons partent de sa main ; Là réside sa force.

 5  Devant lui marche la peste, Et la peste est sur ses traces.

 la peste. En rappelant les châtiments qu’Israël avait subis en raison de sa désobéissance à l’alliance conclue au mont Sinaï (#Ex 5:3 ; #No 14:12 ; #De 28:21-22 ; #De 32:24), Habakuk mettait l’accent sur la souveraineté de Dieu dans l’exercice de ses jugements. Les fléaux sont à sa disposition.

 

6  Il s’arrête, et de l’œil il mesure la terre ; Il regarde, et il fait trembler les nations ; Les montagnes éternelles se brisent, Les collines antiques s’abaissent ; Les sentiers d’autrefois s’ouvrent devant lui.

 3:6-7

L’univers entier réagit par la crainte à l’approche du Tout-Puissant (cf. #Ex 15:14). Comme lors de la création (#Esa 40:12), Dieu dispose à son gré de la terre et de tout ce qui s’y trouve.

 

7  Je vois dans la détresse les tentes de l’Ethiopie, Et les tentes du pays de Madian sont dans l’épouvante.

 l’Ethiopie …  Madian. Allusion probable à l’un des peuples occupant la péninsule du Sinaï (cf. #Ex 2:16-22 ; #Ex 18:1-5 ; #No 12:1, où l’épouse de Moïse était présentée comme à la fois madianite et éthiopienne ou cuschite).

 

8  L’Eternel est-il irrité contre les fleuves ? Est-ce contre les fleuves que s’enflamme ta colère, Contre la mer que se répand ta fureur, Pour que tu sois monté sur tes chevaux, Sur ton char de victoire ?

 tes chevaux, sur ton char. Description symbolique de la victoire de Dieu sur ses ennemis (cf. vv. #Ha 3:11, #Ha 3:15).

3:8-15

Dans une belle envolée rhétorique, Habakuk s’adressa directement à Dieu, rappelant ses jugements contre tout ce qui osait s’opposer à sa volonté.

 

9  Ton arc est mis à nu ; Les malédictions sont les traits de ta parole …  Pause. Tu fends la terre pour donner cours aux fleuves.

 les malédictions sont les traits de ta parole. Les flèches de Dieu étaient lancées suite à une malédiction prononcée par lui (cf. #Jér 47:6-7).

 

10  A ton aspect, les montagnes tremblent ; Des torrents d’eau se précipitent ; L’abîme fait entendre sa voix, Il lève ses mains en haut.

 11  Le soleil et la lune s’arrêtent dans leur demeure, A la lumière de tes flèches qui partent, A la clarté de ta lance qui brille.

 Le soleil et la lune s’arrêtent. Ces deux astres, symboles majeurs de l’ordre créé, sont à l’entière disposition de Dieu, soumis à ses ordres. Cette description évoque la victoire remportée par Israël contre les Amoréens près de Gabaon (#Jos 10:12-14).

 

12  Tu parcours la terre dans ta fureur, Tu écrases les nations dans ta colère.

 écrases. Verbe souvent utilisé lorsqu’il s’agit d’évoquer les invasions militaires et l’exécution des jugements divins (cf. #Jug 8:7 ; #2R 13:7 ; #Esa 21:10 ; #Esa 25:10 ; #Da 7:23 ; #Am 1:3).

 

13  Tu sors pour délivrer ton peuple, Pour délivrer ton oint ; Tu brises le faîte de la maison du méchant, Tu la détruis de fond en comble. Pause.

 ton oint. Le parallèle avec le v. 13a (« ton peuple ») et les nombreuses allusions, dans le contexte, à la sortie d’Egypte permettent de penser qu’il s’agit ici de Moïse et du peuple élu, Israël, qui remportèrent la victoire sur le Pharaon et les armées égyptiennes (cf. #Ps 105:15). Il y a aussi, d’un point de vue eschatologique, une allusion à la délivrance future apportée par le Messie (cf. #Ps 132:10-12), conformément à l’alliance davidique (cf. #2S 7:11-16).

la maison du méchant. Possible allusion soit au Pharaon de l’exode, dont le premier-né fut tué, soit au roi des Chaldéens, dont les maisons avaient été construites grâce à des biens injustement acquis (#Ha 2:9-11).

 

14  Tu perces de tes traits la tête de ses chefs, Qui se précipitent comme la tempête pour me disperser, Poussant des cris de joie, Comme s’ils dévoraient déjà le malheureux dans leur repaire.

 se précipitent …  pour me disperser. Allusion possible à l’armée du Pharaon, qui poursuivit Israël jusque vers la mer Rouge (#Ex 14:5-9). Le peuple paraissait aussi vulnérable que des pauvres sans défense, face aux attaques des Egyptiens lancés à sa poursuite.

 

15  Avec tes chevaux tu foules la mer, La boue des grandes eaux.

 tu foules la mer. Autre allusion à l’intervention miraculeuse de Dieu pour protéger Israël dans l’épisode de la mer Rouge. Cet événement historique démontrait la totale souveraineté de l’Eternel sur l’univers et garantissait au prophète troublé qu’il pourrait compter sur lui pour sauver une nouvelle fois son peuple.

 

16 ¶  J’ai entendu …  Et mes entrailles sont émues. A cette voix, mes lèvres frémissent, Mes os se consument, Et mes genoux chancellent : En silence je dois attendre le jour de la détresse, Le jour où l’oppresseur marchera contre le peuple.

 attendre. Ou « me reposer ». Le Seigneur avait répondu à la prière du prophète (v. #Ha 3:1): il confirmerait sa justice et restaurerait finalement son peuple repentant (cf. #Ha 2:4). Malgré le réconfort apporté par cette réponse, la pensée de l’invasion babylonienne plongeait Habakuk dans un état d’épuisement physique et de bouleversement (cf. #Jér 4:19). Néanmoins, il pouvait se reposer sur la certitude que le jugement de l’Eternel serait juste.

3:16-19

Habakuk termina sa prophétie en réaffirmant son propre engagement et sa foi, exprimant ainsi le caractère inébranlable de sa confiance en Dieu.

 

17  Car le figuier ne fleurira pas, La vigne ne produira rien, Le fruit de l’olivier manquera, Les champs ne donneront pas de nourriture ; Les brebis disparaîtront du pâturage, Et il n’y aura plus de bœufs dans les étables.

 3:17-18

je veux me réjouir en l’Eternel. Même si tout ce qui était normal et prévisible devait s’effondrer, cela n’empêcherait pas le prophète de se réjouir. L’obéissance à l’alliance était indispensable pour qu’Israël puisse profiter de la prospérité agricole et pastorale (#De 28:1-14). Malgré les malédictions entraînées par la désobéissance (#De 28:31-34, #De 28:49-51), le prophète continuait d’affirmer son engagement envers l’Eternel: c’était en Dieu lui-même qu’il plaçait ses aspirations et sa joie.

 

18  Toutefois, je veux me réjouir en l’Eternel, Je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut.

19  L’Eternel, le Seigneur, est ma force ; Il rend mes pieds semblables à ceux des biches, Et il me fait marcher sur mes lieux élevés. Au chef des chantres. Avec instruments à cordes.

 L’Eternel, le Seigneur, est ma force. Dans sa réponse aux interrogations d’Habakuk, Dieu n’avait pas seulement promis le déchaînement de sa colère, il avait aussi fourni l’assurance de sa faveur et de la légitimité de l’espérance placée en lui. La sécurité et l’espoir ne reposaient pas sur les bénédictions terrestres, mais sur le Seigneur lui-même. C’était le message essentiel de 2:4: « Le juste vivra par sa foi. »

mes pieds semblables à ceux des biches. De même que les biches ont le pied suffisamment sûr pour gambader sans perdre l’équilibre dans les montagnes, de même la foi d’Habakuk en Dieu lui permettait d’endurer les difficultés entraînées par l’invasion imminente et d’attendre la réponse aux questions qui le troublaient.

Au chef des chantres. Ce ch. #Ha 3 d’Habakuk servit peut-être d’hymne lors des cérémonies au temple (cf. v. #Ha 3:1).