NOUVEAU TESTAMENT
Luc 1 + intro
LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES
Comme pour les trois autres Evangiles, ce livre porte le nom de son auteur. La tradition rapporte que Luc n’était pas juif. L’apôtre Paul semble le confirmer en le distinguant de ceux issus « de la circoncision » (#Col 4:11, #Col 4:14). Luc serait ainsi le seul non-Juif auteur d’un livre de l’Ecriture sainte. On lui doit une partie conséquente du N.T., car il a signé à la fois cet Evangile et le livre des Actes.
Les renseignements sur cet homme sont peu nombreux. Luc ne livre quasiment jamais de détails personnels, et il ne subsiste aucune information précise sur son passé ni sur sa conversion. Eusèbe et Jérôme affirment tous deux qu’il était originaire d’Antioche (ce qui expliquerait la fréquence des allusions à cette ville dans le livre des Actes; cf. #Ac 11:19-27 ; #Ac 13:1-3 ; #Ac 14:26 ; #Ac 15:22-23, #Ac 15:30-35 ; #Ac 18:22-23). Il accompagna souvent l’apôtre Paul dans ses voyages, du moins dès l’appel que ce dernier reçut pour se rendre en Macédoine (#Ac 16:9-10) et jusqu’au martyre de l’apôtre (#2Ti 4:11).
Selon Paul, Luc était médecin (#Col 4:14). Son intérêt pour le domaine médical transparaît de manière évidente dans l’importance qu’il accorde aux guérisons accomplies par Jésus (p. ex. 4:38-40; 5:15-25; 6:17-19; 7:11-15; 8:43-47, 49-56; 9:2, 6, 11; 13:11-13; 14:2-4; 17:12-14; 22:50-51). A son époque, les docteurs n’avaient pas de vocabulaire spécifique ni de terminologie technique; il évoque ainsi les guérisons et les questions médicales sans que son langage ne se distingue particulièrement de celui des autres Evangiles.
Auteur et date
Il est indéniable que l’Evangile de Luc et le livre des Actes ont été écrits par le même individu (cf. #Lu 1:1-4 ; #Ac 1:1). Si Luc ne dévoile pas clairement son identité, l’utilisation du pronom « nous » dans plusieurs sections des Actes révèle qu’il était un proche compagnon de Paul (#Ac 16:10-17 ; #Ac 20:5-15 ; #Ac 21:1-18 ; #Ac 27:1-28:16). Parmi les collègues que l’apôtre mentionne dans ses épîtres (#Col 4:14 ; #2Ti 4:11 ; #Phm 24), Luc est le seul qui réponde au profil et à la description de l’auteur de ces livres. Cela s’accorde parfaitement avec les traditions les plus anciennes de l’Eglise qui lui attribuent unanimement cet Evangile.
Luc et Actes semblent avoir été rédigés à peu près au même moment, Luc en premier, puis Actes. Dédié à Théophile (#Lu 1:3 ; #Ac 1:1), cet ouvrage en deux volumes retrace l’histoire de l’établissement du christianisme, de la naissance de Christ au séjour de Paul en résidence surveillée à Rome (#Ac 28:30-31).
Le livre des Actes se termine alors que l’apôtre est toujours à Rome, ce qui amène à conclure que c’est là que Luc a écrit son texte, pendant cette détention (vers 60-62 apr. J.-C.). Il rapporte la prophétie de Jésus sur la destruction de Jérusalem en 70 apr. J.-C. (#Lu 19:42-44 ; #Lu 21:20-24), mais il ne fait pas mention de son accomplissement, ni dans l’Evangile ni dans les Actes. Il est donc extrêmement peu probable qu’il ait écrit après l’invasion romaine de Jérusalem, car il a coutume de rapporter les accomplissements prophétiques similaires (cf. #Ac 11:28). Actes ne mentionne pas non plus la grande persécution de Néron en 64 apr. J.-C. De plus, de nombreux commentateurs situent le martyre de Jacques en l’an 62; s’il s’était produit avant que Luc n’ait terminé son ouvrage, il l’aurait certainement mentionné. La période de 60 à 61 apr. J.-C. est donc la plus probable pour la rédaction de cet Evangile.
Contexte et arrière-plan
Luc a dédié ses écrits à l’« excellent Théophile » (littéralement « ami de Dieu », 1:3; cf. #Ac 1:1). Ce titre, qui pourrait être un pseudonyme ou un surnom, s’accompagne d’une dédicace formelle (« excellent ») signifiant peut-être que ledit Théophile était un dignitaire romain bien connu, peut-être l’un des convertis de « la maison de César » (#Ph 4:22).
Cependant, il est presque certain que Luc envisageait de toucher un public plus large que ce seul homme. Les dédicaces du début de son Evangile et des Actes sont semblables aux dédicaces modernes. Elles se distinguent de celles des épîtres.
Luc atteste expressément qu’il a puisé dans les rapports et les récits de témoins oculaires pour composer son Evangile (#Lu 1:1-2). Cela implique qu’il n’était pas lui-même un témoin direct. Son prologue montre qu’il avait pour objectif de rapporter de façon ordonnée les événements de la vie de Jésus, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il se soit imposé une chronologie stricte et constante.
En admettant avoir compilé plusieurs sources existantes, Luc ne nie aucunement l’inspiration divine. Le processus d’inspiration ne court-circuite pas et n’efface pas la personnalité, le vocabulaire et le style des auteurs humains de l’Ecriture. Les traits uniques des auteurs sont à jamais imprimés dans chacun de ses livres. Les recherches de Luc ne font pas exception à cette règle: ses investigations étaient orchestrées par la providence divine. Luc a été poussé par l’Esprit de Dieu (#2P 1:21) dans la phase de rédaction. Son récit est donc vrai et infaillible.
Thèmes historiques et théologiques
Le style de Luc est celui d’un homme instruit et bien documenté. Il écrit avec la précision d’un historien méticuleux, insérant souvent des détails qui facilitent la compréhension du contexte historique (#Lu 1:5 ; #Lu 2:1-2 ; #Lu 3:1-2 ; #Lu 13:1-4).
Son récit de la nativité est le plus complet de tous les Evangiles, et il est écrit dans un style littéraire beaucoup plus travaillé (ce qui est le cas de l’ensemble de son livre). Il y introduit une série de psaumes de louange (#Lu 1:46-55, #Lu 1:68-79 ; #Lu 2:14, #Lu 2:29-32, #Lu 2:34-35). Il est le seul à rapporter les circonstances inhabituelles de la naissance de Jean-Baptiste, l’annonciation à Marie, le détail de la crèche, la visite des bergers, la rencontre avec Siméon et Anne (#Lu 2:25-38).
Un thème fréquent de l’Evangile de Luc est la compassion de Jésus pour les païens, les Samaritains, les femmes, les enfants, les publicains, les pécheurs et tous ceux qui étaient considérés comme des parias dans la société israélite. Il dépeint toujours les collecteurs d’impôts d’une manière positive (#Lu 3:12 ; #Lu 5:27 ; #Lu 7:29 ; #Lu 15:1 ; #Lu 18:10-13 ; #Lu 19:2). Il n’ignore pas pour autant le salut des riches et des nobles; voir p. ex. 23:50-53. Dès le début du ministère public de Jésus (#Lu 4:18) et jusqu’aux dernières paroles du Seigneur sur la croix (#Lu 23:40-43), Luc souligne le souci de Christ pour les exclus de la société. Encore et encore, il montre comment le divin médecin tendait la main à ceux qui étaient le plus conscients de leurs besoins (cf. #Lu 5:31-32 ; #Lu 15:4-7, #Lu 1:31 ; #Lu 19:10).
La part significative que Luc accorde aux femmes doit être soulignée. De la nativité, où Marie, Elisabeth et Anne jouent un rôle prépondérant (ch. #Lu 1-2), jusqu’au matin de la résurrection, où ce sont des femmes qui sont les personnages principaux (#Lu 24:1, #Lu 24:10), il met en avant la place importante des femmes dans la vie et dans le ministère de notre Seigneur (p. ex. 7:12-15, 37-50; 8:2-3, 43-48; 10:38-42; 13:11-13; 21:2-4; 23:27-29, 49, 55-56).
Plusieurs autres fils conducteurs tissent les pages de l’Evangile de Luc, notamment la peur ressentie dans la présence de Dieu, le pardon (#Lu 3:3 ; #Lu 5:20-25 ; #Lu 6:37 ; #Lu 7:41-50 ; #Lu 11:4 ; #Lu 12:10 ; #Lu 17:3-4 ; #Lu 23:34 ; #Lu 24:47), la joie, l’émerveillement devant les mystères de la vérité divine, le rôle du Saint-Esprit (#Lu 1:15, #Lu 1:35, #Lu 1:41, #Lu 1:67 ; #Lu 2:25-27 ; #Lu 3:16, #Lu 3:22 ; #Lu 4:1, #Lu 4:14, #Lu 4:18 ; #Lu 10:21 ; #Lu 11:13 ; #Lu 12:10, #Lu 12:12), le temple de Jérusalem (#Lu 1:9-22 ; #Lu 2:27-38, #Lu 2:46-49 ; #Lu 4:9-13 ; #Lu 18:10-14 ; #Lu 19:45-48 ; #Lu 20:1-21:6 ; #Lu 21:37-38 ; #Lu 24:53) et les prières de Jésus.
Avec #Lu 9:51, Luc ouvre 10 chapitres consacrés au dernier parcours de Jésus vers Jérusalem. L’essentiel de cette section est unique et forme le cœur de l’Evangile. On y retrouve un thème fondamental que Luc ne cesse de souligner: la marche déterminée de Jésus vers la croix. C’était la raison principale de la venue de Christ sur la terre (cf. #Lu 9:22, #Lu 9:23 ; #Lu 17:25 ; #Lu 18:31-33 ; #Lu 24:25, #Lu 24:26, #Lu 24:46), et rien ne devait l’en détourner. Sauver les pécheurs était sa mission suprême (#Lu 19:10).
Questions d’interprétation
Comme Marc et à la différence de Matthieu, Luc semble viser des lecteurs païens (pour une discussion du problème synoptique. Il décrit des lieux familiers aux Juifs de l’époque (p. ex. 4:31; 23:51; 24:13), suggérant que ses lecteurs étaient parfois éloignés de ceux qui connaissaient bien la géographie du Proche-Orient. Il préfère souvent la terminologie grecque aux hébraïsmes que l’on rencontre ailleurs (p. ex. « Calvaire » plutôt que « Golgotha » en #Lu 23:33). Les autres Evangiles utilisent des termes sémitiques à différentes occasions comme « abba » (#Mr 14:36), « rabbi » (#Mt 23:7-8 ; #Jn 1:38, #Jn 1:49) et « hosanna » (#Mt 21:9 ; #Mr 11:9-10 ; #Jn 12:13) - mais Luc les a soit omis, soit remplacés par des équivalents grecs.
Luc cite l’A.T. moins fréquemment que Matthieu, et lorsqu’il l’évoque, il emploie quasiment toujours la version des Septante (LXX), traduction grecque des Ecritures saintes. La plupart des citations de l’A.T. sont des allusions plutôt que des citations directes, et elles apparaissent dans la bouche de Jésus plutôt que dans le récit de Luc (#Lu 2:23-24 ; #Lu 3:4-6 ; #Lu 4:4, #Lu 4:8, #Lu 4:10-12, #Lu 4:18-19 ; #Lu 7:27 ; #Lu 10:27 ; #Lu 18:20 ; #Lu 19:46 ; #Lu 20:17-18, #Lu 20:37, #Lu 20:42-43 ; #Lu 22:37).
Plus que les autres évangélistes, Luc souligne le caractère universel de l’invitation de l’Evangile. Il décrit Jésus comme le Fils de l’homme rejeté par Israël puis offert au monde. Comme déjà mentionné, il rapporte à plusieurs reprises des épisodes mettant en scène des païens, des Samaritains et d’autres exclus qui avaient trouvé grâce aux yeux de Jésus. Un tel accent correspond précisément à ce que l’on pourrait attendre d’un proche de l’« apôtre des païens » (#Ro 11:13).
Pourtant, certains critiques ont cru déceler l’existence d’un fossé profond entre la théologie de Luc et celle de Paul. Il est vrai que l’Evangile de Luc ne contient quasiment pas de terminologie paulinienne. De fait, il a écrit avec son propre style. Cependant, la théologie sous-jacente est en parfaite harmonie avec celle de l’apôtre: l’élément central de la doctrine paulinienne était la justification par la foi; Luc souligne et illustre lui aussi cette justification par la foi dans de nombreux incidents et discours qu’il rapporte, notamment la parabole du pharisien et du publicain (#Lu 18:9-14), celle du fils prodigue (#Lu 15:11-32), le récit de la visite impromptue dans la maison de Simon (#Lu 7:36-50) et du salut de Zachée (#Lu 19:1-10).
1:1-4
Ces 4 vv. forment une phrase unique, écrite dans le style relevé d’un auteur grec de l’époque classique. Les grands travaux historiques grecs commençaient habituellement par un prologue de ce genre. Après cette introduction plutôt formelle, Luc opte cependant pour un style narratif plus simple, qui s’inspire sans doute de celui, plutôt populaire, de la LXX.
Plusieurs. Bien que son livre soit le fruit de la révélation divine, directement inspiré par le Saint-Esprit, Luc reconnaît l’œuvre d’autres auteurs qui avaient mis par écrit les événements de la vie de Christ. Toutes ces sources sont perdues depuis longtemps, hormis les Evangiles inspirés. Comme il est fort probable que Matthieu et Marc soient antérieurs à Luc, des commentateurs ont suggéré que celui-ci avait pu utiliser l’un ou l’autre texte, ou même les deux, comme matériau au cours de ses recherches. Par ailleurs, il est maintenant avéré qu’il connaissait personnellement plusieurs des témoins oculaires des événements de la vie de Christ. Il est aussi possible que certaines de ses sources aient été des récits rapportés de vive voix. Près de 60% du matériel documentaire contenu dans Marc est inclus dans Luc, qui semble suivre étroitement l’ordre des événements établi par le deuxième évangéliste.
composer. Luc se propose de présenter le récit du ministère de Christ avec autorité, d’une manière factuelle et logique (mais pas nécessairement en respectant l’ordre chronologique exact, v. 3).
des événements qui se sont accomplis. Les promesses messianiques de l’A.T. accomplies en Christ.
parmi nous. C’est-à-dire dans notre génération. Cette expression n’implique pas que Luc ait été un témoin direct de la vie de Christ.
2 suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole,
témoins oculaires ministres de la parole. Les sources premières de Luc étaient les apôtres eux-mêmes. Ils divulguèrent un certain nombre de faits concernant la vie et l’enseignement de Jésus, soit oralement, soit par le biais de témoignages conservés dans des documents écrits à la disposition de l’évangéliste. Quoi qu’il en soit, sans prétendre à la qualité d’un témoin oculaire, Luc souligne qu’il rapporte des faits étayés par une recherche rigoureuse
3 il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile,
après avoir fait des recherches exactes. L’Evangile de Luc est le résultat d’une investigation minutieuse. Plus que quiconque dans l’Eglise primitive, Luc eut de nombreuses occasions d’interroger des témoins du ministère de Jésus et de réunir leurs récits en un seul, tâche pour laquelle il disposait de capacités particulières. Il passa plus de deux ans à Césarée, à l’époque de la détention de Paul (#Ac 24:27); durant cette période, il put facilement rencontrer et interroger plusieurs apôtres ainsi que d’autres témoins oculaires du ministère de Jésus. Nous savons p. ex. qu’il rencontra Philippe (#Ac 21:8), qui fut sans aucun doute l’une de ses sources. Lors de ses voyages, il entra peut-être en contact avec l’apôtre Jean. Jeanne, la femme de l’intendant d’Hérode, faisait certainement partie des relations personnelles de Luc, car elle n’est mentionnée que dans son Evangile (cf. #Lu 24:10). Certains détails des échanges entre Hérode et Christ qui ne se retrouvent pas dans d’autres Evangiles (#Lu 13:31-33 ; #Lu 23:7-12) furent sans doute transmis par Jeanne ou une personne jouissant d’une position similaire. Cependant, Luc doit sa compréhension parfaite des événements à l’inspiration divine reçue du Saint-Esprit (#2Ti 3:16-17 ; #2P 1:19-21).
depuis leur origine. Cela peut signifier dès le début de la vie terrestre de Christ. Cependant, cette expression peut aussi signifier « d’en haut » (#Jn 3:31 ; #Jn 19:11 ; #Ja 3:15). Au v. 2, c’est un autre mot grec (archê) qui est employé pour parler du « commencement ». Il vaut donc mieux comprendre que Luc affirme avoir certes utilisé des sources terrestres en guise de matériau, mais avoir été guidé par le ciel lors de ses recherches et de sa rédaction. Il est clair qu’il considérait son écrit comme faisant autorité.
exposer … d’une manière suivie. Le récit de Luc est doté d’une structure chronologique qui n’est cependant pas contraignante.
excellent. Titre utilisé à propos d’un gouverneur (#Ac 23:26 ; #Ac 24:3 ; #Ac 26:25). On peut en déduire que Théophile était un dignitaire de haut rang.
4 afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.
la certitude. Le terme sous-entend que le texte est empreint d’autorité. Bien que Luc ait puisé dans d’autres sources (v. #Lu 1:3), il considérait son Evangile comme plus fiable que des écrits non inspirés, et il réclamait pour lui une autorité supérieure.
reçus. Théophile avait été enseigné dans la tradition apostolique, peut-être même par l’apôtre Paul en personne. Cependant, la Parole sous forme écrite l’Evangile - avait la valeur d’un sceau qui confirmait la certitude de ce qu’il avait entendu.
Prédiction de la naissance de Jean Baptiste et celle de Jésus-Christ
5 ¶ Du temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un sacrificateur, nommé Zacharie, de la classe d’Abia ; sa femme était d’entre les filles d’Aaron, et s’appelait Elisabeth.
Hérode. Hérode le Grand.
Zacharie. Littéralement « l’Eternel s’est souvenu ».
la classe d’Abia. Les sacrificateurs du temple étaient répartis en 24 classes, dont chacune accomplissait le service deux fois l’an pendant une semaine (#1Ch 24:4-19); celle d’Abia était la 8e (#1Ch 24:10).
filles d’Aaron. La femme de Zacharie appartenait aussi à la tribu de sacrificateurs, celle de Lévi.
6 Tous deux étaient justes devant Dieu, observant d’une manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur.
Tous deux étaient justes devant Dieu. C’est-à-dire que c’étaient des croyants, justifiés du point de vue de Dieu. Cette expression présente un parallèle évident avec la théologie paulinienne.
7 Ils n’avaient point d’enfants, parce qu’Elisabeth était stérile ; et ils étaient l’un et l’autre avancés en âge.
stérile … avancés en âge. La stérilité était fréquemment considérée comme un signe de désapprobation divine.
8 Or, pendant qu’il s’acquittait de ses fonctions devant Dieu, selon le tour de sa classe,
selon le tour de sa classe. C’était l’un des deux services annuels que devait accomplir sa classe.
9 (1-8) il fut appelé par le sort, (1-9) d’après la règle du sacerdoce, à entrer dans le temple du Seigneur pour offrir le parfum.
offrir le parfum. C’était un honneur et un privilège (#Ex 30:7-8 ; #2Ch 29:11). Les sacrificateurs étant nombreux, la plupart d’entre eux ne seraient jamais choisis pour ce service. De plus, personne ne pouvait accomplir cette tâche à deux reprises. Nul doute que Zacharie considérait ce moment comme l’apogée de sa vie de sacrificateur. Le parfum devait brûler à perpétuité, directement devant le voile qui séparait le lieu saint du lieu très saint. Le sacrificateur, seul en ce lieu, devait offrir le parfum matin et soir, pendant que les adorateurs et les autres sacrificateurs se tenaient en prière à l’extérieur du lieu saint (v. #Lu 1:10).
10 Toute la multitude du peuple était dehors en prière, à l’heure du parfum.
11 Alors un ange du Seigneur apparut à Zacharie, et se tint debout à droite de l’autel des parfums.
12 Zacharie fut troublé en le voyant, et la frayeur s’empara de lui.
frayeur. L’attitude normale et appropriée (#Lu 12:5) - lors d’une visitation divine ou devant un acte puissant de Dieu (#Jug 6:22 ; #Jug 13:2 ; #Mr 16:5). Luc semble insister particulièrement sur ce point ; il mentionne souvent la crainte ressentie dans la présence de Dieu et devant son œuvre (cf. vv. #Lu 1:30, #Lu 1:65 ; #Lu 2:9-10 ; #Lu 5:10, #Lu 5:26 ; #Lu 7:16 ; #Lu 8:25, #Lu 8:37, #Lu 8:50 ; #Lu 9:34, #Lu 9:45 ; #Lu 23:40).
13 Mais l’ange lui dit : Ne crains point, Zacharie ; car ta prière a été exaucée. Ta femme Elisabeth t’enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean.
ta prière. Il priait certainement pour avoir des enfants (#Lu 1:25).
Jean. Littéralement « l’Eternel a fait grâce ».
14 Il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance.
de joie et d’allégresse. Les traits caractéristiques du royaume messianique (#Esa 25:9 ; #Ps 14:7 ; #Ps 48:12). Le thème de la joie revient tout au long de l’Evangile de Luc (cf. vv. #Lu 1:44, #Lu 1:47, #Lu 1:58 ; #Lu 2:10 ; #Lu 6:23 ; #Lu 8:13 ; #Lu 10:17-21 ; #Lu 13:17 ; #Lu 15:5-10, #Lu 1:22 ; #Lu 19:6, #Lu 19:37 ; #Lu 24:52).
15 Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère ;
ni vin, ni liqueur enivrante. C’est l’élément central du vœu de naziréat (#No 6:1-21), et il fut certainement compris ainsi par Zacharie. Un tel vœu revêtait généralement un caractère temporaire, mais Samson (#Jug 16:17) et Samuel (#1S 1:11) y furent soumis toute leur vie, dès l’enfance. Les termes employés dans ce passage font penser aux instructions de l’ange adressées aux parents de Samson (#Jug 13:4-7). Cependant, aucune restriction n’est donnée ici quant au fait de couper les cheveux de Jean. Il est possible que Luc ait simplement omis ce détail afin de ne pas accabler son public non juif de détails de la loi juive.
dès le sein de sa mère. Cette expression rappelle l’histoire de Jérémie (#Jér 1:5) et illustre la souveraineté salvatrice de Dieu.
16 il ramènera plusieurs des fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu ;
17 il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Elie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé.
avec l’esprit et la puissance d’Elie. Comme Jean-Baptiste le ferait après lui, Elie était connu pour ses prises de position constantes, fermes et sans compromis en faveur de la Parole de Dieu, et ce même en présence d’un monarque cruel (cf. #1R 18:17-24 ; #Mr 6:15). Les deux derniers vv. de l’A.T. (#Mal 4:5-6) contiennent la promesse d’un retour d’Elie avant le jour de l’Eternel.
ramener les cœurs. Une reprise de #Mal 4:6 rappelant que Jean-Baptiste a accompli cette prophétie.
préparer. Certainement une allusion à #Esa 40:3-5
18 Zacharie dit à l’ange : A quoi reconnaîtrai-je cela ? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.
A quoi reconnaîtrai-je cela? Abraham aussi demanda un signe dans des circonstances similaires (#Ge 15:8). Le signe donné à Zacharie constituait aussi un léger reproche pour ses doutes (v. #Lu 1:20).
19 L’ange lui répondit : Je suis Gabriel, je me tiens devant Dieu ; j’ai été envoyé pour te parler, et pour t’annoncer cette bonne nouvelle.
Gabriel. Littéralement « homme fort de Dieu ». Cet ange apparaît aussi en #Da 8:16 ; #Da 9:21. Michel (ou Micaël) et lui sont les seuls anges dont le nom soit précisé dans les Ecritures (#Da 10:13, #Da 10:21 ; #Jude 9 ; #Ap 12:7).
20 Et voici, tu seras muet, et tu ne pourras parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps.
21 Cependant, le peuple attendait Zacharie, s’étonnant de ce qu’il restait si longtemps dans le temple.
s’étonnant de ce qu’il restait si longtemps. Zacharie devait seulement offrir le parfum, avant de sortir pour prononcer la bénédiction habituelle de #No 6:23-27 sur ceux qui attendaient dans le parvis du temple. La conversation avec l’ange lui fit prendre du temps supplémentaire.
22 Quand il sortit, il ne put leur parler, et ils comprirent qu’il avait eu une vision dans le temple ; il leur faisait des signes, et il resta muet.
23 Lorsque ses jours de service furent écoulés, il s’en alla chez lui.
ses jours de service. Ce service durait une semaine.
chez lui. Dans la campagne vallonnée de Judée (v. #Lu 1:39).
24 Quelque temps après, Elisabeth, sa femme, devint enceinte. Elle se cacha pendant cinq mois, disant:
se cacha. Probablement un acte de dévotion motivé par sa profonde gratitude envers le Seigneur.
25 C’est la grâce que le Seigneur m’a faite, quand il a jeté les yeux sur moi pour ôter mon opprobre parmi les hommes.
mon opprobre. Dans une société où les bénédictions dépendaient étroitement du droit d’aînesse et de la lignée familiale, l’absence d’enfant était mal perçue. La stérilité pouvait être le signe d’une disgrâce divine (#Lé 20:20-21); mais, même si ce n’était pas le cas (cf. #Ge 30:23 ; #1S 1:5-10), elle était source d’humiliation à cause de son caractère stigmatisant du point de vue social.
26 ¶ Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
Au sixième mois. Le sixième mois de la grossesse d’Elisabeth.
27 auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.
une vierge. On ne saurait trop insister sur l’importance de la naissance virginale. Jésus est né d’une femme vierge : cette vérité conditionne la bonne compréhension de l’incarnation. Luc et Matthieu affirment explicitement que Marie était vierge lorsque Jésus a été conçu. Le Saint-Esprit a opéré la conception d’une manière surnaturelle. La nature de la conception de Christ garantit sa divinité ainsi que sa pureté à l’égard du péché.
28 L’ange entra chez elle, et dit : Je te salue, toi à qui une grâce a été faite ; le Seigneur est avec toi.
à qui une grâce a été faite. Le même verbe est employé à propos de tous les croyants en #Ep 1:6, où il est traduit par « favorisés ». Marie est ici présentée comme la bénéficiaire, et non la dispensatrice, de la grâce divine.
29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.
Ne crains point. Gabriel s’était adressé de la même manière à Zacharie (v. #Lu 1:13).
30 L’ange lui dit : Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu.
31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.
32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
Il sera grand. La même promesse avait été faite à propos de Jean-Baptiste (v. #Lu 1:15). Cependant, le titre qui suit est spécifique à Jésus.
Fils du Très-Haut .#Lu 1:76, où Jean-Baptiste est appelé « prophète du Très-Haut ». Le mot grec utilisé par Luc pour ce titre est celui par lequel la LXX traduit l’expression hébraïque « le Dieu Très-Haut ». Appeler quelqu’un « fils » de telle personne équivalait à établir une égalité entre les deux, puisque le fils est porteur des caractéristiques de son père. Ainsi, l’ange dit à Marie que son fils sera l’égal du Dieu Très-Haut.
David, son père. Jésus était le descendant de David au sens physique du terme par l’intermédiaire de Marie. Le trône de David est l’emblème du royaume messianique (cf. #2S 7:13-16 ; #Ps 89:27-30).
33 Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin.
sur la maison de Jacob éternellement. Cette expression met en valeur la dimension juive du royaume de mille ans, aussi bien que le caractère permanent de la souveraineté de Christ sur toute créature.
34 Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ?
je ne connais point d’homme. « Connaître » doit être compris au sens conjugal du terme. Marie comprit que l’ange parlait d’une conception immédiate, alors qu’elle était seulement fiancée à Joseph, avant que le mariage ait lieu et soit consommé. Sa question était le fruit de l’étonnement et non du doute ou de l’incrédulité, c’est pourquoi l’ange ne la reprit pas sur ce point, comme il l’avait fait pour Zacharie (v. #Lu 1:20).
35 L’ange lui répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.
Le Saint-Esprit viendra sur toi. Ce fut un acte de création de la part du Saint-Esprit, et non une sorte de cohabitation entre l’humain et le divin, présente dans bon nombre de mythologies païennes.
36 Voici, Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.
Elisabeth, ta parente. Nous avons toutes les raisons de croire que la généalogie de 3:23-38 est celle de Marie. Celle-ci serait donc une descendante directe de David. Elisabeth, quant à elle, descendait d’Aaron. Comment les deux femmes pouvaient-elles être parentes ? Par la mère de Marie, qui devait appartenir à la lignée d’Aaron ; c’était son père qui était un descendant de David.
37 Car rien n’est impossible à Dieu.
38 Marie dit : Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! Et l’ange la quitta.
qu’il me soit fait selon ta parole. Marie se trouverait dans une position difficile et extrêmement embarrassante : fiancée à Joseph, elle devrait faire face à la stigmatisation sociale des mères non mariées. Joseph saurait évidemment que l’enfant ne venait pas de lui. Elle savait qu’elle serait accusée d’adultère, un acte puni par la lapidation (#De 22:13-21 ; cf. #Jn 8:3-5). Cela ne l’empêcha pas de se soumettre de bon gré à la volonté de Dieu.
Visite de Marie à Élisabeth
Cantique de Marie
39 ¶ Dans ce même temps, Marie se leva, et s’en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda.
40 Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Elisabeth.
41 Dès qu’Elisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit.
remplie du Saint-Esprit. Conduite par le Saint-Esprit, qui la guida certainement dans son acte d’adoration remarquable.
42 Elle s’écria d’une voix forte : Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni.
43 Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi ?
la mère de mon Seigneur. Ces paroles ne furent pas prononcées à la louange de Marie, mais comme un acte d’adoration envers l’enfant qu’elle portait. Elisabeth manifesta ainsi sa pleine assurance que l’enfant de Marie serait le Messie tant attendu, celui que David appela « Seigneur » (cf. #Lu 20:44). Elisabeth avait une conscience de la situation tout à fait extraordinaire, étant donné le mystère qui entourait tous ces événements (cf. #Lu 2:19). Elle n’accueillit pas Marie avec scepticisme, mais avec joie. Elle comprit la réaction de l’enfant en son sein. Elle sembla aussi saisir toute l’importance de l’enfant que Marie allait avoir. Sans nul doute, cette compréhension approfondie doit être attribuée à l’œuvre de l’Esprit qui illumina Elisabeth (v. #Lu 1:41).
44 Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein.
l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein. Comme sa mère, l’enfant fut rempli de l’Esprit (cf. vv. #Lu 1:15, #Lu 1:41). Les deux agirent sous l’effet de l’action surnaturelle de l’Esprit de Dieu.
45 Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.
46 Et Marie dit : Mon âme exalte le Seigneur,
1:46-55
Le Magnificat de Marie (d’après le premier mot de la traduction latine regorge de renvois à l’A.T., sous forme de citations directes ou d’allusions. Il témoigne du fait que le cœur et l’esprit de Marie étaient imprégnés de la Parole de Dieu. Plus d’une fois, on retrouve dans ces vv. l’écho des prières d’Anne, p. ex. #1S 1:11 ; #1S 2:1-10. Ils évoquent aussi, à plusieurs reprises, des passages de la loi, des psaumes et des prophètes. Le cantique dans son ensemble reprend, point par point, les promesses de l’alliance de Dieu.
47 Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur,
mon Sauveur. En appelant Dieu son « Sauveur », Marie montrait à la fois qu’elle reconnaissait son besoin d’être sauvée et qu’elle connaissait le vrai Dieu comme étant celui qui lui accordait le salut. Rien dans ce passage, ni nulle part ailleurs dans l’Ecriture, ne suggère que Marie se considérait comme « immaculée » (pure à l’égard du péché originel). C’est plutôt le contraire qui est vrai, puisqu’elle employa le langage caractéristique d’une personne qui voit sa seule espérance de salut dans la grâce divine. De même, il n’y a dans ce passage rien qui présenterait Marie comme digne de recevoir l’adoration.
48 Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
la bassesse. Dans tout ce passage, la qualité qui transparaît le plus chez Marie, c’est son sens profond de l’humilité.
49 Parce que le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Son nom est saint,
50 Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge Sur ceux qui le craignent.
51 Il a déployé la force de son bras ; Il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses.
52 Il a renversé les puissants de leurs trônes, Et il a élevé les humbles.
53 Il a rassasié de biens les affamés, Et il a renvoyé les riches à vide.
54 Il a secouru Israël, son serviteur, Et il s’est souvenu de sa miséricorde, —
55 Comme il l’avait dit à nos pères, — Envers Abraham et sa postérité pour toujours.
56 Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez elle.
environ trois mois. Marie arriva chez Elisabeth alors que celle-ci était dans son sixième mois de grossesse (v. #Lu 1:26). Il semble donc qu’elle y resta jusqu’à la naissance de Jean-Baptiste.
chez elle. A cette époque, Marie était seulement fiancée à Joseph et ne vivait pas encore dans sa maison (cf. #Mt 1:24).
Naissance de Jean Baptiste
57 ¶ Le temps où Elisabeth devait accoucher arriva, et elle enfanta un fils.
58 Ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur avait fait éclater envers elle sa miséricorde, et ils se réjouirent avec elle.
59 Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l’enfant, et ils l’appelaient Zacharie, du nom de son père.
Le huitième jour. Conformément au commandement de Dieu (#Ge 17:12 ; #Lé 12:1-3 ; cf. #Ph 3:5). Selon une coutume bien établie, l’enfant recevait son nom au moment de la circoncision. Ce rituel offrait l’occasion d’une rencontre entre amis et membres de la famille. Ici, tous les invités font pression pour que les parents donnent à l’enfant le prénom du père, certainement en signe de respect à l’égard de Zacharie.
60 Mais sa mère prit la parole, et dit : Non, il sera appelé Jean.
Non. Zacharie avait fait connaître à Elisabeth par écrit (v. #Lu 1:63) tout ce que Gabriel lui avait dit.
61 Ils lui dirent : Il n’y a dans ta parenté personne qui soit appelé de ce nom.
62 Et ils firent des signes à son père pour savoir comment il voulait qu’on l’appelle.
firent des signes à son père. Apparemment, les sacrificateurs chargés de la cérémonie de la circoncision pensaient que Zacharie était sourd aussi bien que muet.
63 Zacharie demanda des tablettes, et il écrivit : Jean est son nom. Et tous furent dans l’étonnement.
64 Au même instant, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia, et il parlait, bénissant Dieu.
65 La crainte s’empara de tous les habitants d’alentour, et, dans toutes les montagnes de la Judée, on s’entretenait de toutes ces choses.
toutes les montagnes de la Judée. C’est-à-dire Jérusalem et ses environs. La réputation de Jean-Baptiste commença à se répandre dès sa naissance (v. #Lu 1:66).
66 Tous ceux qui les apprirent les gardèrent dans leur cœur, en disant : Que sera donc cet enfant ? Et la main du Seigneur était avec lui.
Cantique de Zacharie
67 ¶ Zacharie, son père, fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa, en ces mots:
rempli du Saint-Esprit. Toutes les personnes remplies de l’Esprit, dans le récit de Luc, sont amenées à une adoration dirigée par l’Esprit. Cf. #Ep 5:18-20.
68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, De ce qu’il a visité et racheté son peuple,
1:68-79
Ce passage est connu sous le nom de Benedictus (le premier mot du v. 68 dans la version latine. Comme le Magnificat de Marie, il abonde d’allusions et de renvois à l’A.T. Zacharie devait prononcer une bénédiction dans le temple au moment où il devint muet (v. #Lu 1:20). Il n’est donc pas surprenant que, lorsqu’il recouvrit l’usage de la parole, les premiers mots sortis de sa bouche aient été une bénédiction.
69 Et nous a suscité un puissant Sauveur Dans la maison de David, son serviteur,
un puissant Sauveur. Littéralement « une corne de salut », expression fréquente dans l’A.T. (#2S 22:3 ; #Ps 18:3 ; cf. #1S 2:1). La corne symbolise la force (#De 33:17). Ces paroles n’avaient certainement pas pour propos d’exalter Jean-Baptiste. Comme Zacharie et Elisabeth étaient tous deux des Lévites, celui qui fut suscité « dans la maison de David » ne pouvait pas être Jean, mais quelqu’un de plus grand que lui (#Jn 1:26-27). Les vv. 76-79 décrivent le rôle de Jean.
70 Comme il l’avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens, —
71 Un Sauveur qui nous délivre de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent !
72 C’est ainsi qu’il manifeste sa miséricorde envers nos pères, Et se souvient de sa sainte alliance,
sa sainte alliance. C’est-à-dire l’alliance abrahamique (v. #Lu 1:73), qui contenait la promesse du salut par grâce.
73 Selon le serment par lequel il avait juré à Abraham, notre père,
74 De nous permettre, après que nous serions délivrés de la main de nos ennemis, De le servir sans crainte,
75 En marchant devant lui dans la sainteté et dans la justice tous les jours de notre vie.
76 Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; Car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour préparer ses voies,
77 Afin de donner à son peuple la connaissance du salut Par le pardon de ses péchés,
le pardon de ses péchés. Le pardon des péchés représente le cœur même du salut. C’est parce que Dieu pourvoit au sacrifice pour les péchés et qu’il les pardonne que les pécheurs sont sauvés de la séparation d’avec lui et de l’enfer éternel.
78 Grâce aux entrailles de la miséricorde de notre Dieu, En vertu de laquelle le soleil levant nous a visités d’en haut,
le soleil levant. Un terme à signification messianique (cf. #Esa 9:1 ; #Esa 60:1-3 ; #Mal 4:2 ; #2P 1:19 ; #Ap 22:16).
79 Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, Pour diriger nos pas dans le chemin de la paix.
80 Or, l’enfant croissait, et se fortifiait en esprit. Et il demeura dans les déserts, jusqu’au jour où il se présenta devant Israël.
demeura dans les déserts. Plusieurs communautés d’ascètes demeuraient dans les régions désertiques à l’est de Jérusalem. La plus célèbre d’entre elles fut celle de Qumrân, à qui nous devons les célèbres manuscrits de la mer Morte. Il n’est pas impossible que les parents de Jean, très âgés au moment de sa naissance, l’aient confié aux soins d’une personne liée à l’une de ces communautés. D’une manière semblable, Anne avait consacré Samuel au Seigneur en le confiant à Elie (#1S 1:22-28). Cependant, l’Ecriture ne donne aucune indication formelle de l’appartenance de Jean à un tel groupe religieux. Bien au contraire, il est dépeint comme un personnage solitaire qui marchait dans les pas d’Elie.
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