NOUVEAU TESTAMENT
Matthieu 22 suite à 24 partiel
11 Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de noces.
un habit de noces. Puisque tous sans exception ont été invités au banquet, cet homme ne doit pas être considéré comme un simple trouble-fête. En réalité, tous les invités ayant été rassemblés à la hâte sur « les chemins », aucun d’entre eux ne pouvait se présenter en habits décents. Cela signifie que les vêtements sont fournis par le roi lui-même. Ainsi, le fait que cet homme ne s’est pas vêtu correctement dénote son rejet volontaire de l’offre généreuse du roi. Il insulte le roi plus gravement encore que ceux qui ont tout simplement refusé de venir, parce qu’il ose commettre cet affront en sa présence. L’ensemble de cette image peut représenter l’attitude de gens qui s’identifient de manière extérieure au royaume, professent être chrétiens et appartiennent à l’Eglise au sens visible du terme, mais qui rejettent cependant l’habit de justice offert par Christ (cf. #Esa 61:10) et cherchent à établir leur justice par eux-mêmes (cf. #Ro 10:3 ; #Ph 3:8-9). Honteux d’admettre leur propre pauvreté spirituelle, ils refusent un habit meilleur que le Roi leur offre généreusement. Ils se rendent ainsi coupables d’un péché abominable contre sa bonté.
12 Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Cet homme eut la bouche fermée.
13 Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
14 Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.
il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. L’appel dont il est question ici est parfois qualifié d’appel « général » ou « externe ». Il correspond à une sommation à la repentance et à la foi, qui est inhérente au message de l’Evangile. Il s’étend à tous ceux qui entendent l’Evangile. « Beaucoup » l’entendent, mais « peu » y répondent (voir la comparaison entre peu et beaucoup en #Mt 7:13-14). Ceux qui répondent à l’appel constituent les « élus », ceux qui sont choisis. Dans les écrits pauliniens, le mot « appel » se réfère habituellement à l’appel irrésistible de Dieu, adressé aux seuls élus (#Ro 8:30); il est connu sous le nom d’appel « efficace » (ou « interne »). Jésus le mentionne en #Jn 6:44, où il dit que Dieu attire les élus à lui d’une manière surnaturelle. Dans ce v., il est question d’un appel général qui s’adresse à « quiconque » entend l’Evangile (cf. #Ap 22:17). Le texte fait part de l’équilibre entre la responsabilité humaine et la souveraineté divine : les « appelés » qui rejettent l’invitation le font de leur propre chef, de sorte que leur exclusion du royaume est parfaitement juste. Les « élus » ont part au royaume uniquement parce que Dieu leur fait la grâce de les choisir et de les attirer à lui.
Questions captieuses proposées à Jésus sur :
Le tribut à César
La résurrection
Le plus grand commandement
De qui le fils est-il le fils ?
15 ¶ Alors les pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de surprendre Jésus par ses propres paroles.
16 Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les hérodiens, qui dirent : Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes.
les hérodiens. Un parti constitué de Juifs qui soutenaient la dynastie hérodienne, elle-même soutenue par les Romains. Les hérodiens ne formaient pas un parti religieux comme les pharisiens, mais bel et bien un parti politique, dominé probablement par les sadducéens (y compris les chefs du temple). A l’opposé, les pharisiens haïssaient l’occupation romaine et rejetaient l’influence des hérodiens. Le fait que les deux groupes allaient conspirer ensemble pour prendre Jésus au piège révèle à quel point ils se sentaient menacés. Hérode lui-même voulait la mort de Jésus (#Lu 13:31); les pharisiens, de leur côté, étaient déjà en train de comploter pour le tuer (#Jn 11:53). Ils unirent leurs efforts afin d’atteindre leur but commun.
17 Dis-nous donc ce qu’il t’en semble : est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ?
est-il permis, ou non, de payer le tribut à César? Il est ici question d’une des multiples charges imposées par Rome, une taxe levée par individu, qui s’élevait à un denier par an. Le peuple avait en horreur tous les impôts parce qu’ils servaient à financer l’armée de l’occupant, mais celui qu’il exécrait le plus était le tribut, à cause de sa valeur symbolique. Il suggérait implicitement que Rome possédait le peuple lui-même, alors que celui-ci se déclarait la propriété de Dieu, en tant qu’individu et en tant que nation. Une question sur cet impôt en particulier révèle dès lors toute sa signification. Si Jésus leur répondait par la négative, les hérodiens l’accuseraient de trahison contre Rome. S’il répondait par l’affirmative, ce seraient les pharisiens qui l’accuseraient de déloyauté à l’égard de la nation juive, et il perdrait le soutien des masses.
18 Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit : Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ?
19 Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier.
denier. Une pièce d’argent, de la valeur d’un jour de salaire pour un soldat romain. Les pièces étaient fabriquées sous l’autorité de l’empereur, car lui seul pouvait autoriser l’émission de pièces d’or ou d’argent. Le denier du temps de Jésus était frappé par Tibère. L’une des faces portait son effigie, tandis que l’autre le représentait assis sur son trône, vêtu d’une tenue de sacrificateur. Les Juifs considéraient de telles images comme de l’idolâtrie, interdite par le deuxième commandement (#Ex 20:4); le tribut payé avec cette pièce était ainsi une double insulte.
20 Il leur demanda : De qui sont cette effigie et cette inscription ?
21 De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
à César … à Dieu. L’image de l’empereur était gravée sur la pièce; l’image de Dieu est gravée dans la personne (#Ge 1:26-27). Le chrétien doit « rendre » obéissance à César dans les limites de son règne (#Ro 13:1-7 ; #1Pi 2:13-17), mais « ce qui est à Dieu » n’appartient pas à César et doit être rendu à Dieu seul. Christ reconnaissait à l’empereur le droit de prélever des impôts, et il invitait ses disciples à les payer. Cependant, il ne suggérait pas quoi qu’en disent certains - que cet homme détenait l’autorité unique ou suprême en matière sociale ou politique. En fin de compte, tout appartient à Dieu (#Ro 11:36 ; #2Co 5:18 ; #Ap 4:11), y compris le domaine sur lequel César ou tout autre dirigeant terrestre exerce son autorité.
22 Etonnés de ce qu’ils entendaient, ils le quittèrent, et s’en allèrent.
23 ¶ Le même jour, les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent auprès de Jésus, et lui firent cette question:
point de résurrection. Les sadducéens étaient connus pour leur rejet du surnaturel. Ils ne croyaient pas à la résurrection des morts (#Mt 22:23) ni à l’existence des anges (#Ac 23:8). Contrairement aux pharisiens, ils ne faisaient aucun cas de la tradition humaine et dédaignaient le légalisme. Dans toute l’Ecriture, ils reconnaissaient l’autorité du seul Pentateuque. Ils étaient pour la plupart de riches membres de l’aristocratie au sein de la tribu des sacrificateurs ; au temps du roi Hérode, leur secte dirigeait le temple, malgré leur nombre plus restreint que celui des pharisiens. Les deux groupes avaient peu de choses en commun. Les sadducéens étaient des rationalistes libéraux, les pharisiens, des inconditionnels de la loi et des rituels ; les uns étaient des opportunistes politiques enclins au compromis, les autres, des séparatistes. Ils s’unirent pourtant dans leur opposition à Christ (#Mt 22:15-16, #Mt 22:23, #Mt 22:34-35), et Jean les traita publiquement de vipères.
24 Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera une postérité à son frère.
son frère épousera sa veuve. C’est une allusion à la loi du lévirat, énoncée en #De 25:5-10. Cette disposition visait à assurer la continuation de la lignée familiale et le soutien des veuves.
25 Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier se maria, et mourut ; et, comme il n’avait pas d’enfants, il laissa sa femme à son frère.
26 Il en fut de même du second, puis du troisième, jusqu’au septième.
27 Après eux tous, la femme mourut aussi.
28 A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme ? Car tous l’ont eue.
29 Jésus leur répondit : Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu.
30 Car, à la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.
comme les anges de Dieu dans le ciel. Comme les sadducéens ne croyaient pas aux anges, ces paroles mettaient en lumière encore une de leurs fausses croyances. Les anges sont des créatures qui ne peuvent mourir, qui ne se reproduisent pas et qui n’ont donc aucun besoin de se marier. « A la résurrection », les croyants seront dotés d’une nature similaire.
31 Pour ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit:
32 Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ? Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants.
pas le Dieu des morts. L’argument de Jésus (tiré du Pentateuque, car les sadducéens ne reconnaissaient que l’autorité de Moïse, se basait sur le présent emphatique de « Je suis » d’#Ex 3:6. Cet argument subtile mais efficace fit définitivement taire les sadducéens (v. #Mt 22:34).
33 La foule, qui écoutait, fut frappée de l’enseignement de Jésus.
34 ¶ Les pharisiens, ayant appris qu’il avait réduit au silence les sadducéens, se rassemblèrent,
35 et l’un d’eux, docteur de la loi, lui fit cette question, pour l’éprouver:
docteur de la loi. Un scribe spécialisé dans l’interprétation de la loi.
36 Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ?
37 Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.
cœur … âme … Pensée. #Mr 12:30 ajoute « force ». Il s’agit ici d’une citation de #De 6:5, qui fait partie du shema (« écoute », en hébreu, #De 6:4) et qui dit « cœur … âme … force ». Certains manuscrits de la LXX ajoutent « pensée ». L’emploi des divers termes n’a pas pour but de délimiter des facultés humaines spécifiques mais de souligner que l’amour tel qu’il est requis englobe tout.
38 C’est le premier et le plus grand commandement.
39 Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Citation de #Lé 19:18. Contrairement à certaines interprétations actuelles, ce passage n’invite nullement à un amour de soi-même. Il véhicule la même idée, formulée en des termes différents, que la règle. Il incite les croyants à mesurer leur amour pour les autres à l’aune de ce qu’ils souhaitent pour eux-mêmes.
40 De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.
toute la loi et les prophètes. C’est-à-dire l’A.T. dans son ensemble. Jésus résume le devoir moral de l’homme en deux catégories : l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain. Ces deux catégories distinguent les quatre premiers commandements du décalogue des six autres.
41 ¶ Comme les pharisiens étaient assemblés, Jésus les interrogea,
42 en disant : Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il fils ? Ils lui répondirent : De David.
Que pensez-vous. Une expression souvent employée par Christ pour introduire une question destinée à mettre son interlocuteur à l’épreuve (v. #Mt 22:17 ; #Mt 17:25 ; #Mt 18:12 ; #Mt 21:28 ; #Mt 26:65). Les pharisiens, les hérodiens, les sadducéens et les scribes venaient tous de l’éprouver. Il avait aussi un test pour eux.
De David. Fils de David » était le titre messianique le plus en usage à l’époque de Jésus. Leur réponse reflète leur conviction que le Messie ne serait qu’un homme. Jésus profita de leur réponse pour affirmer une fois de plus sa divinité.
43 Et Jésus leur dit : Comment donc David, animé par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur, lorsqu’il dit:
animé par l’Esprit. Littéralement « dans l’Esprit », c’est-à-dire sous l’inspiration du Saint-Esprit (cf. #Mr 12:36).
44 Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied ?
Citation de #Ps 110:1.
45 Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ?
David l’appelle Seigneur. David n’aurait jamais appelé « Seigneur » un homme ordinaire. Jésus n’était pas en train de débattre pour déterminer s’il était approprié de qualifier le Messie de « fils de David ». Après tout, ce titre est fondé sur la révélation relative au Messie qu’apporte l’A.T. (#Esa 11:1 ; #Jér 23:5), et il est employé avec une signification messianique en #Mt 1:1. Cependant, Jésus mit l’accent sur le fait que le titre « fils de David » n’avait pas pour prétention de résumer toute la vérité sur le Messie, qui est aussi « Fils de Dieu » (#Lu 22:70). On ne pouvait se tromper sur la portée de ses paroles : Jésus déclarait clairement sa divinité.
46 Nul ne put lui répondre un mot. Et, depuis ce jour, personne n’osa plus lui proposer des questions.
MATTHIEU 23 : 1 à 39 +
Les scribes et les pharisiens censurés par Jésus
1 ¶ Alors Jésus, parlant à la foule et à ses disciples,
2 dit : Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse.
la chaire de Moïse. Equivaudrait à la « chaire de philosophie » d’une université. Etre « assis dans la chaire de Moïse » signifiait détenir l’autorité suprême pour instruire le peuple dans la loi. Une autre traduction possible de ce passage « [ ils] se sont assis dans la chaire de Moïse » - souligne qu’il s’agissait d’une autorité imaginaire, qu’ils revendiquaient. Les Lévites et les sacrificateurs étaient légitimement investis d’une certaine autorité de décision pour ce qui concernait la loi (#De 17:9), mais les scribes et les pharisiens étaient allés bien au-delà de toute autorité légitime, au point d’ajouter des traditions humaines à la Parole de Dieu (#Mt 15:3-9). Jésus condamna leurs agissements (vv. #Mt 23:8-36).
3 Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent, et ne font pas.
Faites donc et observez. Pour autant que cela soit conforme à la Parole de Dieu. Les pharisiens étaient prompts à imposer des « fardeaux pesants » (v. #Mt 23:4), c’est-à-dire des traditions non bibliques qu’ils imposaient aux fidèles. Jésus condamna ouvertement cette forme de légalisme.
4 Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt.
5 Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements ;
phylactères. De petites boîtes en cuir, qui contenaient un morceau de parchemin portant #Ex 13:1-10, #Ex 13:11-16 et #De 6:4-9 ; #De 11:13-21 sur quatre colonnes. Elles sont portées par les hommes au moment de la prière, l’une au milieu du front et l’autre sur le bras gauche, juste au-dessus du coude. L’emploi de phylactères trouve son origine dans une interprétation littérale de passages comme #Ex 13:9-10 ; #De 6:8. Les pharisiens n’hésitaient pas à élargir les dimensions des lanières attachées aux phylactères afin de rendre celles-ci plus visibles.
franges. Jésus lui-même en avait, cousues au bord de son vêtement. Ce qu’il condamnait, ce n’était donc pas le port des franges lui-même, mais l’état d’esprit qui poussait à les rallonger pour les rendre plus visibles et ainsi faire croire à la haute spiritualité de la personne qui les portait.
6 ils aiment la première place dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues ;
7 ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi.
8 Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères.
9 Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux.
10 Ne vous faites pas appeler directeurs ; car un seul est votre Directeur, le Christ.
23:8-10
Rabbi père directeurs. Dans ce passage, Jésus condamne l’orgueil et la prétention, et non les titres en tant que tels. Paul se présentait comme le père des Corinthiens (#1Co 4:15). Il est évident aussi que ce passage n’interdit pas l’expression du respect (cf. #1Th 5:11-12 ; #1Ti 5:1). Christ proscrit seulement l’emploi de ces noms comme des titres spirituels ou des appellations débouchant sur la reconnaissance d’une autorité excessive à des hommes, comme si la vérité venait de ces derniers et non de Dieu.
11 Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
12 Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé.
13 ¶ Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer.
vous n’y laissez pas entrer. Les pharisiens, qui avaient tourné le dos à la justice de Dieu, cherchaient à établir leur propre justice (#Ro 10:3) et enseignaient aux autres à faire de même. Leur légalisme et leur propre justice obscurcissaient la porte d’entrée dans le royaume
14 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières ; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.
dévorent les maisons des veuves. Ce v. n’apparaît pas dans les manuscrits de Matthieu les plus anciens, mais il apparaît dans Marc. Jésus dénonçait les pratiques des scribes, hommes cupides dépourvus de scrupules. Ils servaient souvent de gestionnaires des biens des veuves. Cela leur offrait l’occasion de persuader ces femmes éplorées qu’elles serviraient Dieu en apportant leur soutien financier au temple ou à leurs propres œuvres. Dans l’un et l’autre cas, le scribe en retirait un bénéfice personnel temporaire, ce qui revenait à dépouiller la veuve de l’héritage de son mari.
longues prières. Les pharisiens essayaient de faire étalage de leur piété en priant longuement. Leur motivation n’était pas la dévotion, mais le désir d’être admirés par les autres.
15 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous.
prosélyte. Un non-Juif converti au judaïsme. Voir #Ac 6:5.
un fils de la géhenne. C’est-à-dire quelqu’un dont la destination éternelle est l’enfer à la fin des temps.
16 Malheur à vous, conducteurs aveugles ! qui dites : Si quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien ; mais, si quelqu’un jure par l’or du temple, il est engagé.
ce n’est rien. Il s’agissait d’une distinction arbitraire opérée par les pharisiens et habillée de propos moralisateurs qui permettait en réalité de mentir impunément. Si quelqu’un jurait « par le temple » (ou l’autel, v. 18, ou le ciel, v. 22), son vœu n’était pas considéré comme contraignant, mais s’il jurait « par l’or du temple », il devait tenir parole sous peine de sanctions prévues par la loi juive. Jésus affirma clairement que le fait de jurer par ces choses revenait à jurer par Dieu lui-même.
17 Insensés et aveugles ! lequel est le plus grand, l’or, ou le temple qui sanctifie l’or ?
18 Si quelqu’un, dites-vous encore, jure par l’autel, ce n’est rien ; mais, si quelqu’un jure par l’offrande qui est sur l’autel, il est engagé.
19 Aveugles ! lequel est le plus grand, l’offrande, ou l’autel qui sanctifie l’offrande ?
20 Celui qui jure par l’autel jure par l’autel et par tout ce qui est dessus ;
21 celui qui jure par le temple jure par le temple et par celui qui l’habite ;
22 et celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis.
23 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c’est là ce qu’il fallait \ pratiquer, sans négliger les autres choses.
la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin. Des herbes aromatiques, qui n’étaient pas tout à fait le genre de produits agricoles sur lesquels la dîme devait être levée (#Lé 27:30). Les pharisiens s‘appliquaient pourtant à peser le dixième de chaque plante et allaient peut-être jusqu’à compter les graines d’aneth, une par une. Ce n’était pas ce respect des menus détails de la loi que Jésus visait. Le problème résidait ailleurs : en réalité, ils négligeaient « ce qui est plus important », à savoir la justice, la miséricorde et la fidélité, qui sont les principes moraux sous-jacents à toutes les lois. Ils se contentaient de soigner des aspects secondaires et externes et résistaient volontairement à la signification spirituelle de la loi. Jésus leur dit qu’ils auraient dû porter leur attention sur les questions majeures « sans négliger les autres ».
24 Conducteurs aveugles ! qui coulez le moucheron, et qui avalez le chameau.
éliminez le moucheron … avalez le chameau. Certains pharisiens avaient pour habitude de filtrer leurs boissons à travers un tissu fin pour ne pas risquer d’avaler un moucheron, le plus petit des animaux impurs (#Lé 11:23). Le chameau était le plus grand de tous les animaux impurs (#Lé 11:4).
25 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu’au dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance.
vous nettoyez le dehors. Le fait que les pharisiens portaient leur attention quasi exclusivement sur les aspects extérieurs se trouvait à la base de leur erreur. Qui voudrait boire d’une coupe lavée à l’extérieur, mais qui serait restée sale à l’intérieur ? Les pharisiens vivaient cependant comme si l’apparence extérieure était plus importante que la réalité intérieure. C’était précisément sur cette attitude que se fondait toute leur hypocrisie. Elle leur valut de nombreuses critiques de la part de Jésus.
26 Pharisien aveugle ! nettoie premièrement l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne net.
27 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au dehors, et qui, au dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impuretés.
des sépulcres blanchis. Les tombeaux étaient régulièrement blanchis à la chaux afin d’être bien visibles. Celui qui touchait une tombe ou marchait dessus par inadvertance se rendait rituellement impur (#No 19:16). Une tombe fraîchement repeinte était d’un blanc éclatant et d’un aspect très propre; elle pouvait même être ornée d’une manière remarquable. Cependant, son intérieur était en putréfaction. Comparer avec #Lu 11:44.
28 Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais, au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.
29 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les sépulcres des justes,
30 et que vous dites : Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes.
nous ne nous serions pas joints à eux. Une affirmation tout à fait ridicule de leur propre justice alors qu’ils complotaient déjà le meurtre du Messie (cf. #Jn 11:47-53).
31 Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes.
32 Comblez donc la mesure de vos pères.
33 Serpents, race de vipères ! comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ?
34 ¶ C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville,
des prophètes, des sages et des scribes. Les disciples, aussi bien que les prophètes, les évangélistes et les pasteurs qui ont suivi leurs traces (cf. #Ep 4:11).
35 afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel.
Abel … Zacharie. Respectivement le premier et le dernier martyr de l’A.T.
fils de Barachie. #Za 1:1. L’A.T. ne précise pas les circonstances de sa mort. Cependant, la mort d’un autre Zacharie, fils de Jehojada, est mentionnée en #2Ch 24:20-21. Il fut lapidé dans la cour du temple, conformément à la description que Jésus fait ici. Seul un manuscrit ancien de Matthieu omet l’expression « fils de Barachie » (omise aussi en #Lu 11:51). Certains ont émis l’hypothèse que le Zacharie dont il est question en #2Ch 24 était en réalité le petit-fils de Jehojada et que son père s’appelait Barachie. Mais toutes les difficultés relatives à son identité s’évanouissent si nous acceptons la validité des paroles de Jésus et son témoignage infaillible selon lequel le prophète Zacharie subit le martyre entre le temple et l’autel, tout comme le premier Zacharie.
36 Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération.
cette génération. D’un point de vue historique, ce fut la génération qui vécut la destruction complète de Jérusalem lorsque le temple fut brûlé en l’an 70. La lamentation de Jésus sur Jérusalem et le fait qu’il retire la bénédiction de Dieu sur le temple (vv. #Mt 23:37-38) invite fortement à penser que la chute de Jérusalem en 70 fut le jugement dont il parlait.
Crimes et châtiments de Jérusalem
37 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu !
ai-je voulu … et vous ne l’avez pas voulu. Dieu est entièrement souverain et par conséquent parfaitement capable de faire survenir tous les événements qu’il désire (cf. #Esa 46:10). Il peut ainsi sauver qui il veut (#Ep 1:4-5). Cependant, il décide parfois de ne pas exercer son action sur un événement, tout en exprimant le désir que celui-ci se produise (cf. #Ge 6:6 ; #De 5:29 ; #Ps 81:14 ; #Esa 48:18). De telles expressions ne signifient nullement que la souveraineté de Dieu soit limitée ou que Dieu ait changé en quoi que ce soit (#No 23:19). Ces affirmations révèlent pourtant certains aspects essentiels du caractère divin : Dieu est rempli de compassions ; il désire sincèrement le bien de tous et non le mal, c’est pourquoi il ne se réjouit pas de la destruction des méchants (#Ez 18:32 ; #Ez 33:11). Tout en affirmant la souveraineté de Dieu, il faut comprendre ses appels à la repentance adressés aux perdus comme des appels authentiques, et sa bonté à l’égard des méchants comme une compassion réelle qui a pour but de les amener à la repentance (#Ro 2:4). Dans ce passage (ainsi que d’autres semblables, tels que #Lu 19:41), Jésus manifeste visiblement une passion profonde et sincère. Tous les sentiments de Christ devant être en parfait accord avec la volonté divine (cf. #Jn 8:29), on ne peut expliquer ces lamentations simplement comme une marque de son humanité.
38 Voici, votre maison vous sera laissée déserte ;
votre maison vous sera laissée déserte. Quelques jours auparavant, Christ avait parlé du temple comme de la « maison » de son Père (#Mt 21:13). Mais la gloire et la bénédiction de Dieu allaient se retirer d’Israël (voir #1S 4:21). Comme Christ « s’en allait » (#Mt 24:1), la gloire de Dieu partit avec lui. En #Ez 11:23, Ezéchiel décrivit la vision du départ de la gloire: la gloire de Dieu quitta le temple et s’arrêta sur le mont des Oliviers, ce qui correspond exactement au chemin emprunté par Christ (cf. #Mt 24:3).
39 car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
vous ne me verrez plus. C’était la fin du ministère public d’enseignement de Christ. Il se retirait de la nation d’Israël jusqu’au moment à situer dans l’avenir - où les Juifs le reconnaîtraient en tant que Messie (#Ro 11:23-26). Il cite #Ps 118:26.
La destruction de Jérusalem et l'avènement du fils de l'homme
MATTHIEU 24 : 1 à 19 partiel +
1 ¶ Comme Jésus s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions.
24:1-25:46
C’est le dernier des cinq discours présentés par Matthieu. Connu sous le nom de « discours sur le mont des Oliviers », il contient des éléments prophétiques parmi les plus importants de toute l’Ecriture.
les constructions. Entreprise par Hérode le Grand en l’an 20 av. J.-C., la rénovation du temple n’était pas encore achevée lorsque les Romains détruisirent le bâtiment en l’an 70. A l’époque du ministère de Jésus, le temple était l’un des bâtiments les plus impressionnants du monde, composé de grands blocs de pierre couverts d’ornements en or. Certaines des pierres du complexe du temple présentaient une face de 12 m sur 3½, avec 3½ m de profondeur ; elles étaient toutes habilement taillées de manière à s’ajuster parfaitement les unes aux autres. Les bâtiments du temple étaient faits de marbre blanc brillant, et l’ensemble du mur est de la structure principale était recouvert de plaques dorées qui reflétaient les rayons du soleil levant, offrant un spectacle visible de très loin. L’ensemble du mont du temple fut agrandi par les architectes d’Hérode à l’aide de grands murs de soutènement et de chambres voûtées sur le côté sud et dans l’angle sud-est. Grâce à cet aménagement, la surface de la grande esplanade au sommet du mont du temple fut doublée. Le complexe du temple était magnifique à tout point de vue. Il est possible que la conversation des disciples rapportée ici ait été déclenchée par les paroles de Jésus en #Mt 23:38. Ils devaient certainement se demander comment un site aussi majestueux et spectaculaire pouvait devenir « désert ».
2 Mais il leur dit : Voyez-vous tout cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.
il ne restera pas ici pierre sur pierre. Cette prédiction s’accomplit mot pour mot en l’an 70. Le général romain Titus fit entourer de grands échafaudages en bois les murs d’enceinte du complexe du temple, les combla de bois et autres matériaux inflammables, et y mit le feu. La chaleur qui s’en dégagea fut tellement intense que les pierres s’effondrèrent. Les ruines furent alors triées pour en extraire l’or fondu puis « renversées » dans la vallée du Cédron.
3 Il s’assit sur la montagne des oliviers. Et les disciples vinrent en particulier lui faire cette question : Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ?
la montagne des Oliviers. La colline qui fait face au temple, sur le côté est de la vallée du Cédron et qui offre la plus belle vue de Jérusalem. Au pied de cette colline se trouve le jardin de Gethsémané.
quel sera le signe de ton Avènement. #Lu 19:11 mentionne le fait qu’« on croyait qu’à l’instant le royaume de Dieu allait paraître ». La destruction du temple (v. #Mt 24:2) ne correspondait pas au plan eschatologique que les disciples avaient envisagé, c’est pourquoi ils demandèrent quelques précisions à ce sujet. Jésus répondit à leur question dans l’ordre inverse. Il décrivit d’abord le signe prophétique de sa venue (en réalité une série de signes) aux vv. #Mt 24:4-35, avant de répondre à leur question sur le moment où ces événements s’accompliraient (à partir du v. 36). Lorsqu’ils l’interrogèrent sur son avènement (grec parousia, littéralement « présence »), ils ne pensaient pas à une seconde venue dans un avenir lointain. Ils parlaient de sa venue en tant que Messie triomphant et s’attendaient sans doute à ce que cet événement ait lieu rapidement. Même s’ils étaient conscients de sa mort prochaine il l’avait clairement annoncée à plusieurs reprises - ils ne pouvaient en aucun cas prévoir son ascension au ciel et la longue durée du temps de l’Eglise. Cependant, le terme grec parousia employé par Jésus dans son discours renvoyait précisément à son retour.
4 ¶ Jésus leur répondit : Prenez garde que personne ne vous séduise
5 Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens.
6 Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres : gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin.
Mais ce ne sera pas encore la fin. Les faux prophètes, aussi bien que les guerres et les rumeurs de guerre, sont bien présents en notre temps, mais ils deviendront de plus en plus nombreux au fur et à mesure que la fin se rapprochera (cf. #2Ti 3:13).
7 Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre.
8 Tout cela ne sera que le commencement des douleurs.
douleurs. Le terme désigne les douleurs de l’accouchement. Les famines, les tremblements de terre et les conflits ont toujours été le lot d’un monde déchu, mais la désignation par Jésus de ces événements comme le « début » des douleurs nous indique que ces phénomènes atteindront une ampleur sans égale dans les temps de la fin. Cet accroissement de souffrances sera le signal de l’arrivée imminente du Messie, venu pour juger l’humanité pécheresse et pour établir son royaume de mille ans. Cf. #1Th 5:3 ; #Ap 6:1-17 ; #Ap 8:1-9:21 ; #Ap 16:1-21.
9 Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom.
on vous livrera. Dans ce contexte, ce verbe est un terme technique qui signifie livrer un prisonnier pour son châtiment. De nombreux gouvernements ont officiellement intégré la persécution des croyants à leur pratique politique. De telles persécutions fournissent l’occasion de témoigner de la vérité de l’Evangile. Cf. #Jn 16:1-4 ; #2Ti 4:16.
10 Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se haïront les uns les autres.
plusieurs succomberont. Littéralement « beaucoup trébucheront ». L’expression fait penser aux croyants qui se détacheront de la foi. Ils commettront même l’un contre l’autre des actes bouleversants de trahison spirituelle. Ceux qui chuteront ainsi prouveront clairement qu’ils n’ont jamais été de vrais croyants.
11 Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens.
12 Et, parce que l’iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira.
13 Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.
persévérera jusqu’à la fin … sauvé. Cf. #Mt 10:22. Ceux qui persévèrent sont ceux-là mêmes qui sont sauvés, par opposition à ceux dont l’amour se refroidit (v. #Mt 24:12). Cela ne signifie pas que la persévérance soit garante du salut. Dans maints passages, l’Ecriture enseigne précisément le contraire : c’est Dieu qui assure notre persévérance, et cela fait partie de son œuvre de salut. Les vrais croyants sont « gardés par la foi pour le salut » (#1Pi 1:5). La garantie de notre persévérance est gravée dans la promesse de la nouvelle alliance. Dieu dit : « Je mettrai ma crainte dans leur cœur, afin qu’ils ne s’éloignent pas de moi » (#Jér 32:40). Ceux qui chutent et s’éloignent de Christ prouvent de manière formelle qu’ils n’ont jamais été de vrais croyants (#1Jn 2:19). Cependant, le fait que Dieu est le garant de notre persévérance ne signifie pas pour autant que nous devions rester passifs dans ce processus. Il nous garde « par la foi » (#1Pi 1:5), par notre foi. L’Ecriture nous invite quelquefois à retenir fermement notre foi (#Hé 10:23 ; #Ap 3:11) ou nous met en garde contre la chute (#Hé 10:26-29). De tels avertissements n’annulent pas les nombreuses promesses qui parlent de la persévérance des vrais croyants (#Jn 10:28-29 ; #Ro 8:38-39 ; #1Co 1:8-9 ; #Ph 1:6). Les avertissements et les appels font au contraire partie des moyens que Dieu utilise pour préserver notre persévérance dans la foi. Il est intéressant de remarquer que les avertissements et les promesses vont souvent de pair. Ainsi, par exemple, lorsque Jude exhorte les croyants à se maintenir « dans l’amour de Dieu » (#Jude 21), il les oriente aussitôt vers Dieu, « qui peut vous préserver de toute chute » (#Jude 24).
14 Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin.
prêchée dans le monde entier. Malgré toutes les tribulations à venir le piège des faux docteurs, les guerres, les persécutions, les catastrophes naturelles, l’éloignement de Christ et tous les obstacles à la proclamation de l’Evangile - le message finira néanmoins par parvenir à toutes les parties de la planète. Dieu n’est jamais à court de témoins ; si besoin était, il proclamerait l’Evangile depuis le ciel (cf. #Ap 14:6).
Alors viendra la fin. « La fin » se réfère à la souffrance qui atteint son comble dans les moments qui précèdent la naissance. C’est ainsi que Christ qualifie la période de grande tribulation décrite dans les vv. suivants.
15 C’est pourquoi, lorsque vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établie en lieu saint, — que celui qui lit fasse attention ! —
l’abomination de la désolation.. Cette expression renvoyait initialement à la profanation du temple par Antiochus Epiphane, roi de Syrie au IIe siècle av. J.-C. Il envahit Jérusalem en 168 av. J.-C., transforma le lieu saint en un temple de Zeus et offrit même des cochons en sacrifice sur l’autel. Cependant, Jésus annonça clairement qu’une « abomination de la désolation » était encore à venir. Selon certains, cette prophétie se serait accomplie en l’an 70 lorsque Titus envahit Jérusalem et détruisit le temple. Cependant, l’apôtre Paul attendait un accomplissement futur (#2Th 2:3-4), tout comme Jean (#Ap 13:14-15), qui situe cet événement au moment où l’Antichrist installera une image dans le temple lors de la tribulation. Dans ce passage, les paroles de Christ annoncent donc des événements postérieurs à l’an 70, situés à une époque qui verra un cataclysme global sans commune mesure avec la destruction de Jérusalem et qui précédera immédiatement son retour (cf. vv. #Mt 24:29-31).
16 alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes ;
les montagnes. Le terme s’applique vraisemblablement à la région située au sud-est de Jérusalem, et particulièrement la région de la mer Morte, où abondent les grottes et les lieux de refuge. David s’y était réfugié lors de sa fuite devant Saül (#1S 24:1). Elle comprend aussi les collines de Moab et d’Edom.
17 que celui qui sera sur le toit ne descende pas pour prendre ce qui est dans sa maison ;
18 et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau.
19 Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là !