NOUVEAU TESTAMENT
Matthieu 1 à 3 + intro
LES PAROLES DE JÉSUS SONT EN JAUNES
INTRODUCTION
Titre Matthieu qui signifie « cadeau du Seigneur » - était l’autre nom de Lévi, le publicain qui laissa tout pour suivre Christ (#Mt 9:9 ; #Lu 5:27-28). Il était l’un des douze apôtres (#Mt 10:3 ; #Mr 3:18 ; #Lu 6:15 ; #Ac 1:13) et se donne explicitement le titre de « publicain » (collecteur d’impôts) lorsqu’il dresse la liste des douze (#Mt 10:3). Nulle part ailleurs dans l’Ecriture, le nom de Matthieu n’est associé à ce titre infamant; les autres évangélistes emploient toujours son nom d’origine, Lévi, quand ils évoquent son passé d’homme pécheur. Que Matthieu s’identifie ainsi révèle son humilité. A l’instar des trois autres, cet Evangile porte le nom de son auteur. Auteur et date Ni la canonicité ni la paternité de cet Evangile n’ont été remises en question par l’Eglise primitive. Eusèbe (environ 265-339 apr. J.-C.) cite Origène (environ 185-254 apr. J.-C.) ainsi: Comme je l’ai appris par la tradition à propos des quatre Evangiles les seuls aussi à être incontestés dans l’Eglise de Dieu qui est sous le ciel -, d’abord a été écrit celui selon Matthieu, qui fut un moment publicain avant d’être apôtre de Jésus-Christ: il l’a édité pour les croyants d’origine judaïque, et composé en langue hébraïque. (Histoire ecclésiastique, 6:25) Il est clair que l’Evangile de Matthieu a été écrit à une date relativement ancienne, avant la destruction du temple en l’an 70 apr. J.-C. Certains commentateurs ont même suggéré la date de l’an 50 apr. J.-C. Pour un exposé plus complet des questions liées à l’origine et à la date de cet Evangile, voir « le problème synoptique {==> "Mr 1:1"} » dans l’introduction à Marc, questions d’interprétation. Contexte et arrière-plan
Titre
Matthieu qui signifie « cadeau du Seigneur » - était l’autre nom de Lévi, le publicain qui laissa tout pour suivre Christ (#Mt 9:9 ; #Lu 5:27-28). Il était l’un des douze apôtres (#Mt 10:3 ; #Mr 3:18 ; #Lu 6:15 ; #Ac 1:13) et se donne explicitement le titre de « publicain » (collecteur d’impôts) lorsqu’il dresse la liste des douze (#Mt 10:3). Nulle part ailleurs dans l’Ecriture, le nom de Matthieu n’est associé à ce titre infamant; les autres évangélistes emploient toujours son nom d’origine, Lévi, quand ils évoquent son passé d’homme pécheur. Que Matthieu s’identifie ainsi révèle son humilité. A l’instar des trois autres, cet Evangile porte le nom de son auteur.
Auteur et date
Ni la canonicité ni la paternité de cet Evangile n’ont été remises en question par l’Eglise primitive. Eusèbe (environ 265-339 apr. J.-C.) cite Origène (environ 185-254 apr. J.-C.) ainsi:
Comme je l’ai appris par la tradition à propos des quatre Evangiles les seuls aussi à être incontestés dans l’Eglise de Dieu qui est sous le ciel -, d’abord a été écrit celui selon Matthieu, qui fut un moment publicain avant d’être apôtre de Jésus-Christ: il l’a édité pour les croyants d’origine judaïque, et composé en langue hébraïque. (Histoire ecclésiastique, 6:25)
Il est clair que l’Evangile de Matthieu a été écrit à une date relativement ancienne, avant la destruction du temple en l’an 70 apr. J.-C. Certains commentateurs ont même suggéré la date de l’an 50 apr. J.-C. Pour un exposé plus complet des questions liées à l’origine et à la date de cet Evangile, voir « le problème synoptique {==> "Mr 1:1"} » dans l’introduction à Marc, questions d’interprétation.
Contexte et arrière-plan
La tonalité juive de l’Evangile de Matthieu est frappante. Cela apparaît dès la généalogie qui débute l’ouvrage et dans laquelle Matthieu remonte seulement jusqu’à Abraham. Par contraste, voulant montrer que Christ est le rédempteur de l’humanité tout entière, Luc remonte jusqu’à Adam. Matthieu a un objectif plus limité: démontrer que Christ est le roi et le Messie d’Israël. Il cite plus de soixante passages prophétiques de l’A.T., mettant l’accent sur l’accomplissement de toutes ces promesses en Christ.
Plusieurs éléments plaident en faveur d’un lectorat essentiellement juif de Matthieu. Tout d’abord, en général, Matthieu cite les coutumes juives sans les expliquer, contrairement aux autres Evangiles (cf. #Mr 7:3 ; #Jn 19:40). Ensuite, il désigne continuellement le Christ comme « le Fils de David » (#Mt 1:1 ; #Mt 9:27 ; #Mt 12:23 ; #Mt 15:22 ; #Mt 20:30 ; #Mt 21:9, #Mt 21:15 ; #Mt 22:42, #Mt 22:45). Par ailleurs, il se montre sensible à la tradition juive relative au nom de Dieu, puisqu’il préfère parler du « royaume des cieux » alors que les autres évangélistes utilisent l’expression « le royaume de Dieu ». Enfin, les thèmes majeurs du livre sont enracinés dans l’A.T. et placés sous l’éclairage des attentes messianiques d’Israël.
Que Matthieu emploie le grec peut suggérer qu’il écrivait en tant que Juif d’Israël à des Juifs hellénistes qui habitaient ailleurs. Il écrit en témoin oculaire de la plupart des événements qu’il relate, livrant un témoignage direct des paroles et des actes de Jésus de Nazareth.
Son objectif est clair: démontrer que Jésus est le Messie tant attendu de la nation juive. Ses citations abondantes de l’A.T. sont là pour établir un lien entre le Messie de la promesse et le Christ de l’histoire. Matthieu n’écarte jamais cet objectif de sa pensée, et il invoque fréquemment des détails tirés des prophéties de l’A.T. comme preuves des prétentions messianiques de Jésus #Mt 2:17-18 ; #Mt 4:13-15 ; #Mt 13:35 ; #Mt 21:4-5 ; #Mt 27:9-10).
Thèmes historiques et théologiques
Puisque Matthieu se soucie de dépeindre Jésus comme le Messie, le roi des Juifs, nous trouvons tout au long de son Evangile un intérêt prononcé pour les promesses de l’A.T. sur le royaume. L’expression « royaume des cieux » (propre à Matthieu) se retrouve trente-deux fois dans ce livre, et nulle part ailleurs dans l’ensemble de l’Ecriture.
La généalogie qui ouvre l’Evangile veut attester les droits de Christ à la royauté, et le reste de l’ouvrage développe ce thème. Matthieu montre que Christ est l’héritier de la lignée royale. Il démontre qu’il est l’accomplissement de douzaines de prophéties de l’A.T. concernant le roi qui devait venir. Il offre preuve après preuve pour appuyer les prétentions royales de Christ. Toutes les autres considérations historiques et théologiques du livre tournent autour de ce thème central.
Matthieu rapporte cinq discours principaux: le sermon sur la montagne (ch. #Mt 5:1-7:@); la mission des apôtres (ch. #Mt 10); les paraboles du royaume (ch. #Mt 13); un exposé sur la ressemblance du croyant avec un enfant (ch. #Mt 18) et le discours sur le retour de Christ (ch. #Mt 24:1-25:@). Chacun se termine avec une variation de la formule « lorsque Jésus eut achevé ces discours » (#Mt 7:28 ; #Mt 11:1 ; #Mt 13:53 ; #Mt 19:1 ; #Mt 26:1). Cette phrase devient l’indice qui signale une transition dans le récit. L’Evangile, qui se divise naturellement en cinq sections comportant chacune une allocution et un récit, est encadré par une longue introduction (ch. #Mt 1-4) et une courte conclusion (#Mt 28:16-20). Plusieurs ont établi un parallèle entre ces cinq parties et les cinq livres de Moïse dans l’A.T.
Le conflit entre Christ et le pharisaïsme est un autre thème récurrent de l’Evangile de Matthieu. Mais s’il cherche à montrer l’erreur des pharisiens, c’est dans l’intérêt de ses lecteurs juifs, et non pour des raisons personnelles ou d’autoexaltation (il omet, par exemple, la parabole du pharisien et du publicain, alors qu’elle l’aurait placé sous un éclairage favorable).
Matthieu mentionne en outre les sadducéens plus que les autres évangélistes. Les pharisiens et les sadducéens sont souvent décrits de façon négative et nous sont présentés à titre de mise en garde. Leur doctrine est un levain qui doit être évité (#Mt 16:11-12). Leurs différences doctrinales n’ont pas empêché que ces deux groupes s’unissent dans leur haine vis-à-vis de Christ. Pour Matthieu, ils étaient l’exemple même de tous ceux qui, en Israël, rejetaient la royauté de Christ.
Enfin, le rejet du Messie d’Israël est un autre thème constamment présent. Les attaques contre Jésus y sont plus fortement dépeintes que dans les autres Evangiles: de la fuite en Egypte à la scène de la croix, Matthieu brosse un tableau particulièrement vif du rejet dont Christ a été l’objet. Dans le récit de la crucifixion qu’il nous rapporte, aucun brigand ne se repent, et on ne trouve aucun ami ni bien-aimé au pied de la croix. Dans sa mort, Jésus est abandonné même par Dieu (#Mt 27:46). L’ombre du rejet n’est jamais absente du récit.
Cependant, Matthieu présente Christ comme un roi victorieux qui, un jour, reviendra « sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire » (#Mt 24:30).
Questions d’interprétation
Comme mentionné ci-dessus, Matthieu organise les éléments de son récit autour de cinq grands discours. Il ne cherche pas à suivre une chronologie stricte, et une comparaison des Evangiles révèle qu’il distribue les événements librement. Il traite de thèmes et de concepts larges, sans développer un recueil suivi.
Les passages prophétiques présentent un défi particulier. Le discours de Jésus sur le mont des Oliviers, par exemple, contient certains détails qui évoquent des images de la destruction violente de Jérusalem en l’an 70 apr. J.-C. Les propos de Jésus en #Mt 24:34 ont conduit quelques-uns à conclure que toutes ces prophéties s’étaient accomplies non littéralement toutefois - lors de la conquête romaine de cette époque. Ce point de vue est connu sous le terme de « prétérisme ». Mais il représente une sérieuse erreur d’interprétation: il force à introduire dans ces passages des significations spiritualisées, allégoriques, que l’on ne peut découvrir par les méthodes ordinaires de l’exégèse. En abordant ce passage du point de vue de l’herméneutique historico-grammaticale, selon l’approche qu’il convient d’adopter, on obtient une interprétation futuriste cohérente de prophéties cruciales.
MATTHIEU 1 : 1 à 25 +
Généalogie de Jésus-Christ
1 ¶ Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.
Généalogie de Jésus-Christ. Certains considèrent cette expression comme le titre de tout l’Evangile de Matthieu. « Généalogie », littéralement « livre de généalogie », est l’expression exacte utilisée dans le texte grec de la LXX en #Ge 5:1.
Jésus-Christ. L’hébreu Yeshua signifie « l’Eternel est salut ». Christos, qui signifie « oint », est l’équivalent de l’hébreux rendu par « Messie » (#Da 9:25).
fils de David. Un titre messianique utilisé en tant que tel uniquement dans les Evangiles synoptiques.
fils d’Abraham. Fait remonter la lignée de Christ jusqu’à l’aube de la nation née de l’alliance avec Abraham (#Ge 12:1-3).
2 Abraham engendra Isaac ; Isaac engendra Jacob ; Jacob engendra Juda et ses frères ;
Pour une comparaison entre cette généalogie et celle donnée par Luc, voir {==> "Luc 3:23" }.
3 Juda engendra de Thamar Pharès et Zara ; Pharès engendra Esrom ; Esrom engendra Aram ;
Thamar. Il est rare que les femmes soient nommées dans les généalogies. Matthieu en cite cinq. « Thamar » était une femme cananéenne qui feignit d’être une prostituée dans le but de séduire Juda (#Ge 38:13-30). « Rahab » (v. #Mt 1:5) était une prostituée non juive (#Jos 2:1). « Ruth » (v. #Mt 1:5) était une Moabite (#Ru 1:4) et donc une adoratrice des idoles. Bath-Schéba, « la femme d’Urie » (v. #Mt 1:6), commit un adultère avec David (#2S 11). Quant à « Marie » (v. #Mt 1:16), elle dut porter le déshonneur d’une grossesse hors mariage. La vie de chacune de ces femmes illustre concrètement l’œuvre de la grâce divine.
4 Aram engendra Aminadab ; Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ;
5 Salmon engendra Boaz de Rahab ; Boaz engendra Obed de Ruth ; (1-6) Obed engendra Isaï ;
6 Isaï engendra David. Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie ;
1:5-6
Salmon engendra Boaz de Rahab … Isaï engendra David. Il ne s’agit pas ici d’une généalogie exhaustive. Plusieurs autres générations devaient s’insérer entre Rahab (époque de Josué) et David (v. #Mt 1:6), qui vécut près de quatre siècles plus tard. La généalogie de Matthieu (comme la plupart des généalogies bibliques) omet quelquefois plusieurs générations situées entre des personnages bibliques célèbres afin d’abréger la liste.
7 Salomon engendra Roboam ; Roboam engendra Abia ; Abia engendra Asa ;
8 Asa engendra Josaphat ; Josaphat engendra Joram ; Joram engendra Ozias ;
Joram engendra Ozias. Cf. #1Ch 3:10-12. Matthieu omet Achazia, Joas et Amatsia, passant directement de Joram à Ozias (Azaria) dans une sorte d’abrégé généalogique. Il s’agit sans doute d’un procédé délibéré, qui favorisait la division en trois parties symétriques au v. 17.
9 Ozias engendra Joatham ; Joatham engendra Achaz ; Achaz engendra Ezéchias ;
10 Ezéchias engendra Manassé ; Manassé engendra Amon ; Amon engendra Josias ;
11 Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.
Josias engendra Jéconias. Une fois de plus, Matthieu omet une génération, ici entre Josias et Jéconias (cf. #1Ch 3:14-16). Jéconias est aussi connu sous le nom de Jojakin (#2R 24:6 ; #2Ch 36:8) ou Jéconia (#Jér 22:24). La présence de Jéconias dans cette généalogie met en avant un dilemme intéressant : une malédiction sur sa personne interdisait à toujours l’accession au trône de David à ses descendants (#Jér 22:30); Jésus était héritier de la descendance royale par Joseph, sans être réellement son fils ni, par conséquent, son descendant biologique, de sorte que cette malédiction ne le concernait pas.
12 Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ; Salathiel engendra Zorobabel ;
Salathiel engendra Zorobabel. Selon #1Ch 3:17-19, Zorobabel était le descendant de Pedaja, le frère de Salathiel. Dans les autres passages de l’A.T., Zorobabel est toujours appelé le fils de Salathiel (p. ex. #Ag 1:1 ; #Esd 3:2 ; #Né 12:1). Il est possible que Salathiel ait adopté son neveu. Zorobabel est le dernier personnage de la liste de Matthieu à apparaître dans l’une des généalogies de l’A.T.
13 Zorobabel engendra Abiud ; Abiud engendra Eliakim ; Eliakim engendra Azor ;
14 Azor engendra Sadok ; Sadok engendra Achim ; Achim engendra Eliud ;
15 Eliud engendra Eléazar ; Eléazar engendra Matthan ; Matthan engendra Jacob ;
16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus. C’est le seul passage de toute la généalogie où le mot « engendra » n’apparaît pas, y compris lorsqu’on considère ceux où des générations entières furent omises. La structure inhabituelle de cette phrase, avec le pronom (« de laquelle ») se rapportant uniquement à Marie, souligne le fait que Jésus n’était pas le descendant direct de Joseph. La généalogie établit cependant son droit au trône de David en tant qu’héritier légal de Joseph.
17 Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, et quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.
quatorze générations. La signification du nombre 14 n’est pas claire, mais l’intérêt de Matthieu pour les nombres un trait typiquement hébraïque - se manifeste tout au long de l’Evangile. Une structure ordonnée peut servir d’aide mnémotechnique. A noter la présence de Jéconias dans le troisième aussi bien que dans le quatrième groupe, en tant que représentant de la dernière génération précédant la déportation à Babylone et de la première qui la suivit.
Naissance de Jésus-Christ
18 ¶ Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils eussent habité ensemble.
19 Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.
Joseph … un homme de bien … se proposa de rompre secrètement. Ce genre d’adultère était puni par la lapidation (#De 22:23-24). L’expression « un homme de bien », littéralement « ce juste », est un hébraïsme qui le désigne comme un croyant authentique, déclaré juste en vertu de sa foi et obéissant avec soin à la loi (voir #Ge 6:9). La justice de Joseph impliquait qu’il était aussi plein de compassion. C’est pourquoi il n’avait aucune intention d’exposer Marie au déshonneur. « Rompre » signifiait obtenir le divorce d’un point de vue légal (#Mt 19:8-9 ; #De 24:1), divorce qui, selon la coutume juive, était requis pour annuler les fiançailles.
20 Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit ;
un ange du Seigneur. C’est l’une des rares apparitions angéliques du N.T. La plupart sont associées à la naissance de Christ. Pour des exemples d’autres apparitions, voir #Mt 28:2 ; #Ac 5:19 ; #Ac 8:26 ; #Ac 10:3 ; #Ac 12:7-10 ; #Ac 27:23 ; #Ap 1:1.
en songe. Le récit de la naissance de Christ rapporté par Matthieu comprend cinq rêves qui donnèrent chacun lieu à une révélation, comme pour souligner le caractère surnaturel de cet événement : v. 20; 2:12-13, 19, 22. Dans ce passage, l’ange ordonne à Joseph de prendre Marie chez lui.
21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
22 Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète:
afin que s’accomplisse. Une douzaine de fois, Matthieu attire l’attention sur l’accomplissement de prophéties de l’A.T. (cf. #Mt 2:15, #Mt 2:17, #Mt 2:23 ; #Mt 4:14 ; #Mt 8:17 ; #Mt 12:17 ; #Mt 13:14, #Mt 13:35 ; #Mt 21:4 ; #Mt 26:54-56 ; #Mt 27:9, #Mt 27:35). Il cite l’A.T. plus de 60 fois, plus fréquemment que n’importe quel autre auteur du N.T., excepté Paul dans Romains.
23 Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.
vierge. Les spécialistes ne s’accordent pas tous sur la signification exacte du terme hébreu dans #Esa 7:14: s’agit-il d’une « vierge » ou d’une « jeune fille »? Matthieu cite ici la LXX, où le mot grec signifie sans aucun doute possible « vierge » Ainsi, inspiré par le Saint-Esprit, il met fin à tout doute dans l’interprétation d’#Esa 7:14.
Emmanuel. Cf. #Esa 8:8, #Esa 8:10.
24 Joseph s’étant réveillé fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.
prit sa femme. indique que, lorsque l’ange apprit à Joseph que Marie était enceinte, celui-ci « prit sa femme avec lui », pour qu’elle habite désormais dans sa maison. Cependant, leur mariage ne fut pas consommé avant la naissance de Jésus. Par conséquent, en ce qui concerne leur relation physique, ils étaient toujours fiancés.
25 Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
la connut. Euphémisme pour la relation sexuelle. Voir #Ge 4:1, #Ge 4:17, #Ge 4:25 ; #Ge 38:26 ; #Jug 11:39.
MATTHIEU 2 : 1 à 23 +
Enfance de Jésus-Christ
Les mages à Bethléhem
Hérode
1 ¶ Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem,
Bethléhem. Un petit village dans la banlieue sud de Jérusalem. Les spécialistes juifs du temps de Jésus s’attendaient manifestement à ce que Bethléhem soit le lieu de la naissance du Messie (cf. #Mi 5:1 ; #Jn 7:42).
au temps du roi Hérode. Il s’agit d’Hérode le Grand, qui régna de 37 à 4 av. J.-C. et qui fut le fondateur de la fameuse dynastie hérodienne dont les principaux souverains sont cités dans la Bible. Il était probablement originaire de l’Idumée, descendant d’Esaü et de la tribu des Edomites. Hérode fut un roi rusé et sans pitié. Il aimait l’opulence et les grands projets de construction ; on lui doit une bonne partie des bâtiments les plus imposants dont on peut admirer aujourd’hui les ruines en Israël. Son projet le plus grandiose fut la reconstruction du temple à Jérusalem. Il fallut plusieurs décennies avant que ce projet ne soit achevé, bien après la mort d’Hérode (cf. #Jn 2:20).
des mages d’Orient. Le nombre exact de ces sages n’est pas précisé. La représentation traditionnelle de trois personnages s’inspire du nombre de cadeaux qu’ils apportèrent. Ils n’étaient pas rois, mais mages, c’est-à-dire magiciens ou astrologues, peut-être des sages zoroastriens venant de Perse. La connaissance des Ecritures hébraïques dans cette région remontait au temps de Daniel (cf. #Da 5:11).
2 et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.
dirent. Le participe présent utilisé en grec véhicule l’idée d’une action continue. Il suggère qu’ils parcoururent la ville tout en se renseignant auprès de tous ceux qu’ils rencontraient.
étoile. Il ne peut en aucun cas s’agir d’une supernova ou d’une conjonction de planètes, comme certaines théories modernes l’avancent, en raison de la manière dont l’étoile se déplaçait avant de s’immobiliser au-dessus d’un lieu précis (cf. v. #Mt 2:9). Il s’agissait plus probablement d’un phénomène surnaturel semblable à la colonne de nuée qui guida les Israélites à l’époque de Moïse (#Ex 13:21).
3 Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
4 Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ.
les principaux sacrificateurs. Personnages placés au sommet de la hiérarchie du temple. La plupart d’entre eux étaient sadducéens
les scribes. Principalement des pharisiens, qui faisaient autorité dans les questions relatives à la loi juive. Parfois appelés « docteurs de la loi », ils étaient des professionnels spécialisés dans l’explication de la loi et son application. Ils connaissaient exactement le lieu de naissance du Messie (v. #Mt 2:5), mais ils manquaient de foi pour accompagner les mages.
5 Ils lui dirent : A Bethléhem en Judée ; car voici ce qui a été écrit par le prophète:
6 Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui paîtra Israël, mon peuple.
Cette ancienne prophétie de #Mi 5:1 fut écrite au VIIIe siècle av. J.-C. Le texte original, qui n’est pas cité dans sa totalité par Matthieu, affirmait la divinité du Messie d’Israël: « De toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont les activités remontent aux temps anciens, aux jours de l’éternité. »
un chef qui paîtra Israël, mon peuple. Cet extrait de la citation semble se référer plutôt aux paroles de Dieu à David, dans les débuts du royaume d’Israël (#2S 5:2 ; #1Ch 11:2). Le mot grec pour « chef » évoque l’image d’une direction forte et même sévère. « Paîtra » évoque une attention personnelle, pareille à celle d’un berger pour son troupeau. Le règne de Christ aura ces deux aspects (cf. #Ap 12:5).
7 Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait.
8 Puis il les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.
afin que j’aille aussi moi-même l’adorer. Hérode désirait en réalité tuer l’enfant (vv. #Mt 2:13-18), qu’il considérait comme une menace possible pour son trône.
9 ¶ Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta.
10 Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie.
11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
dans la maison. Lorsque les mages arrivèrent, Marie et Joseph ne se trouvaient plus dans une étable, mais dans une maison (cf. #Lu 2:7).
le petit enfant avec Marie, sa mère. Chaque fois que Matthieu mentionne Marie en rapport avec son enfant, Christ figure en première position (cf. vv. #Mt 2:13-14, #Mt 2:20-21).
de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Des dons dignes d’un roi (cf. #Esa 60:6). Une telle adoration de la part de non-Juifs revêtait aussi une signification prophétique (#Ps 72:10).
12 Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Fuite de Joseph en Égypte
Massacre des enfants de Bethléhem
13 ¶ Lorsqu’ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte, et restes-y jusqu’à ce que je te parle ; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr.
en songe. Le récit de la naissance de Christ rapporté par Matthieu comprend cinq rêves qui donnèrent chacun lieu à une révélation, comme pour souligner le caractère surnaturel de cet événement : v. 20; 2:12-13, 19, 22. Dans ce passage, l’ange ordonne à Joseph de prendre Marie chez lui.
14 Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Egypte.
15 Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : J’ai appelé mon fils hors d’Egypte.
la mort d’Hérode. Les recherches modernes la placent en 4 av. J.-C. Le séjour en Egypte fut certainement assez bref, peut-être quelques semaines.
hors d’Egypte. Citation tirée d’#Os 11:1, qui parle de la libération d’Israël par Dieu lors de la sortie d’Egypte. Matthieu suggère que le séjour d’Israël en Egypte était une prophétie en images, plutôt qu’en mots comme au v. #Mt 2:6 ; cf. #Mt 1:23. De telles prophéties sont appelées des « types »; ceux-ci, clairement identifiés par les auteurs du N.T., sont toujours accomplis en Christ. Un autre exemple de type se trouve en #Jn 3:14.
16 ¶ Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans tout son territoire, selon la date dont il s’était soigneusement enquis auprès des mages.
envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous. Cet acte est d’autant plus odieux qu’Hérode avait pleinement conscience de faire de l’Oint du Seigneur la cible de son complot meurtrier.
17 Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie, le prophète:
s’accomplit. Nouvelle prophétie sous forme de type. Le v. 18 cite #Jér 31:15, qui parle du deuil d’Israël à l’époque de l’exil à Babylone (environ 586 av. J.-C.). Cette lamentation préfigurait celle du massacre perpétré sur l’ordre d’Hérode.
18 On a entendu des cris à Rama, Des pleurs et de grandes lamentations : Rachel pleure ses enfants, Et n’a pas voulu être consolée, Parce qu’ils ne sont plus.
19 ¶ Quand Hérode fut mort, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte,
20 et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts.
21 Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans le pays d’Israël.
22 Mais, ayant appris qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode, son père, il craignit de s’y rendre ; et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée,
Archélaüs. Le royaume d’Hérode fut divisé en trois et donné en héritage à ses fils : Archélaüs gouverna la Judée, la Samarie et l’Idumée; Hérode Philippe II régna sur les régions situées au nord de la Galilée (#Lu 3:1); Hérode Antipas était souverain de la Galilée et de la Pérée (#Lu 3:1). L’histoire témoigne qu’Archélaüs fut tellement brutal et inefficace que Rome le déposa après un court règne et le remplaça par un gouverneur désigné par ses soins. Ponce Pilate fut le cinquième gouverneur de Judée. Le roi Hérode dont il est question dans les Evangiles est principalement Hérode Antipas. Ce fut lui qui fit exécuter Jean-Baptiste (#Mt 14:1-12) et qui interrogea Christ la veille de sa crucifixion (#Lu 23:7-12).
23 et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Il sera appelé Nazaréen. Petit village à environ 110 km au nord de Jérusalem, Nazareth n’est jamais mentionné dans l’A.T. Certains ont suggéré que le terme « Nazaréen » renvoyait au mot hébreu signifiant « rameau » en #Esa 11:1. D’autres soulignent que l’expression de Matthieu, qui attribue cette prédiction à des « prophètes » (plur.), peut faire allusion à des prophéties orales dont l’A.T. ne témoigne pas. Il est plus probable que Matthieu ait employé le terme « Nazaréen » en tant que synonyme d’une personne détestable et méprisée. En effet, Nazareth et ses habitants avaient mauvaise réputation auprès des Israélites (cf. #Jn 1:46). Si l’on retient cette dernière interprétation, les prophéties auxquelles Matthieu se réfère incluraient #Ps 22:7-9 ; #Esa 49:7 ; #Esa 53:3
MATTHIEU 3 : 1 à 17 +
Prédication de Jean-Baptiste
1 ¶ En ce temps-là parut Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de Judée.
Jean-Baptiste. Cf. #Mr 1:2-14 ; #Lu 1:5-25, #Lu 1:57-80 ; #Lu 3:3-20 ; #Jn 1:6-8, #Jn 1:19-39.
le désert de Judée. La région située immédiatement à l’ouest de la mer Morte, un désert totalement dépourvu de vie. Il existait d’importantes communautés de la secte juive des Esséniens dans la région. Cependant, rien dans le texte biblique ne permet de supposer que Jean fut en relation avec elles. Apparemment, il avait prêché à l’extrémité nord de cette région, près de l’endroit où le Jourdain se jette dans la mer Morte (v. #Mt 3:6). Il peut sembler étrange d’avoir choisi ce lieu, situé à une bonne journée de marche de Jérusalem, pour annoncer l’arrivée d’un roi. Cela est pourtant en accord parfait avec la manière divine d’agir (#1Co 1:26-29).
2 Il disait : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
Repentez-vous. Il ne s’agit pas d’un changement de point de vue purement intellectuel, ni de l’expression d’un regret ou d’un remords. Jean-Baptiste parla de la repentance comme d’une séparation radicale d’avec le péché, laquelle produit nécessairement le fruit de la justice (v. #Mt 3:8). Le premier sermon de Jésus commença par le même impératif (#Mt 4:17).
le royaume des cieux. Cette expression est particulière à l’Evangile de Matthieu. Il emploie le mot « ciel » en tant qu’euphémisme pour parler de Dieu, dans le but de s’adapter à la sensibilité de ses lecteurs juifs (cf. #Mt 23:22). Dans la suite de l’Ecriture, il est toujours question du « royaume de Dieu ». Les deux expressions renvoient à l’étendue du pouvoir de Dieu sur ceux qui lui appartiennent. Le royaume est maintenant manifeste dans le règne spirituel de Dieu dans le cœur des croyants (#Lu 17:21); il sera un jour établi en tant que royaume terrestre dans une réalité physique (#Ap 20:4-6).
est proche. Dans une certaine mesure, le royaume est déjà présent, bien que sa plénitude sa réalisation complète - soit encore à venir.
3 Jean est celui qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète, lorsqu’il dit : C’est ici la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers.
celui qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète. La mission de Jean fut décrite longtemps avant sa venue en #Esa 40:3-5 (voir les notes sur ces vv.). Les 4 Evangiles citent ce passage comme une prophétie parlant de Jean-Baptiste.
4 Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Jean fait penser à Elie, dont les Israélites attendaient le retour avant le jour du Seigneur (#Mal 4:5).
sauterelles. Elles faisaient partie des aliments autorisés par la loi (#Lé 11:22).
5 Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui ;
6 et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain.
baptiser. Le symbolisme du baptême de Jean puisait probablement dans les rituels de purification de l’A.T. (cf. #Lé 15:13). Par ailleurs, le baptême avait été longtemps administré aux prosélytes (non-Juifs qui se convertissaient au judaïsme). Le baptême de Jean était ainsi doté d’un symbolisme particulièrement fort et marquant en tant que signe de la repentance. Les Juifs qui s’y soumettaient admettaient avoir été comme des non-Juifs et reconnaissaient leur besoin de devenir le peuple de Dieu d’une manière authentique, dans leur cœur. (C’était une confession étonnante, compte tenu de leur aversion pour les non-Juifs.) Le peuple se repentait dans l’attente de l’arrivée du Messie. La signification du baptême johannique diffère quelque peu de sa signification chrétienne (cf. #Ac 18:25). En réalité, le baptême chrétien a modifié la signification du rituel, qui symbolise l’identification du croyant avec Christ dans sa mort, son ensevelissement et sa résurrection (#Ro 6:3-5 ; #Col 2:12).
7 ¶ Mais, voyant venir à son baptême beaucoup de pharisiens et de sadducéens, il leur dit : Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?
de pharisiens et de sadducéens. Les pharisiens étaient peu nombreux (environ 6000) et formaient une secte juive légaliste réputée pour son attachement rigide aux menus détails de la loi cérémonielle. Leur nom signifie « séparés ». Les rapports de Jésus avec les pharisiens furent généralement conflictuels. Il leur reprocha leur usage de la tradition humaine pour annuler l’Ecriture (#Mt 15:3-9) et, par-dessus tout, leur hypocrisie flagrante (#Mt 15:7-8 ; #Mt 22:18 ; #Mt 23:13, #Mt 23:23, #Mt 23:25, #Mt 23:29 ; #Lu 12:1). Les sadducéens étaient connus pour leur rejet du surnaturel. Ils ne croyaient pas à la résurrection des morts (#Mt 22:23) ni à l’existence des anges (#Ac 23:8). Contrairement aux pharisiens, ils ne faisaient aucun cas de la tradition humaine et dédaignaient le légalisme. Dans toute l’Ecriture, ils reconnaissaient l’autorité du seul Pentateuque. Ils étaient pour la plupart de riches membres de l’aristocratie au sein de la tribu des sacrificateurs ; au temps du roi Hérode, leur secte dirigeait le temple, malgré leur nombre plus restreint que celui des pharisiens. Les deux groupes avaient peu de choses en commun. Les sadducéens étaient des rationalistes libéraux, les pharisiens, des inconditionnels de la loi et des rituels ; les uns étaient des opportunistes politiques enclins au compromis, les autres, des séparatistes. Ils s’unirent pourtant dans leur opposition à Christ (#Mt 22:15-16, #Mt 22:23, #Mt 22:34-35), et Jean les traita publiquement de vipères.
la colère à venir. La prédication de Jean faisait écho à un thème connu de l’A.T., celui de la colère qui éclaterait au jour du Seigneur (p. ex. #Ez 7:19 ; #Sop 1:18. Pour les chefs spirituels juifs, son évocation représentait une critique particulièrement mordante, puisqu’ils pensaient que la colère divine était réservée aux non-Juifs.
8 Produisez donc du fruit digne de la repentance,
du fruit digne de la repentance. La repentance en elle-même ne représente pas une œuvre, mais les œuvres en sont le fruit nécessaire. La foi et la repentance sont indissolubles dans l’Ecriture. Dans un acte de repentance, l’homme se détourne du péché ; par la foi, il se rapproche de Dieu (cf. #1Th 1:9). Ce sont les deux faces d’une même pièce, toutes deux en rapport étroit avec la conversion (#Mr 1:15 ; #Ac 3:19 ; #Ac 20:21). Il faut noter que les œuvres dont parle Jean constituent le « fruit » de la repentance. Cependant, la repentance en elle-même n’est pas une « œuvre », pas plus que la foi.
9 et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham.
Abraham pour père. Voir #Jn 8:39-44. Ils croyaient que le simple fait d’être des descendants d’Abraham, et donc membres de la race élue de Dieu, leur assurait une sécurité spirituelle. Mais les descendants réels d’Abraham sont ceux qui partagent sa foi (cf. #Ro 4:16). Et « ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham » (#Ga 3:7, #Ga 3:29).
10 Déjà la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu.
la cognée est mise à la racine. Un jugement irréversible était imminent.
11 Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.
Trois types de baptême sont ici mentionnés :
1° d’eau, pour … amener à la repentance. Le baptême de Jean symbolisait la purification;
2° du Saint-Esprit. Tous ceux qui croient en Christ sont automatiquement baptisés du Saint-Esprit (#1Co 12:13); 3° de feu. Dans l’ensemble de ce passage, le feu a la valeur de l’instrument du jugement (vv. #Mt 3:10, #Mt 3:12). Le baptême de feu signifie nécessairement un jugement sur ceux qui refusent de se repentir.
12 Il a son van à la main ; il nettoiera son aire, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point.
van. Un outil qui servait à lancer le grain en l’air, de sorte que le vent le sépare de la bale.
Baptême de Jésus-Christ
13 ¶ Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui.
14 Mais Jean s’y opposait, en disant : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi !
Jean s’y opposait. Aux yeux de Jean, son baptême symbole de la repentance - ne convenait pas pour celui qu’il savait être l’Agneau de Dieu parfait et sans tache (cf. #Jn 1:29).
15 Jésus lui répondit : Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste. Et Jean ne lui résista plus.
convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste. Christ s’identifia aux pécheurs. Il finirait même par porter leurs péchés et sa justice parfaite leur serait imputée (#2Co 5:21). Ce baptême était un élément nécessaire de la justice qu’il offrit aux pécheurs. Le premier événement public de son ministère est aussi riche de signification :
1° il était l’image de sa mort et de sa résurrection (cf. #Lu 12:50);
2° il préfigurait ainsi la signification du baptême chrétien
3° il marquait la première identification publique de Jésus avec ceux dont il allait porter les péchés (#Esa 53:11 ; #1Pi 3:18); et
4° il fut l’occasion de proclamer publiquement que Jésus était le Messie, auquel le ciel rendait un témoignage direct.
16 Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
17 Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.
3:16-17
Jésus … l’Esprit de Dieu … une voix … des cieux. Dans ce passage, les trois personnes de la Trinité sont clairement présentées. Le commandement du Père d’écouter le Fils ainsi que le témoignage et la puissance de l’Esprit inaugurèrent officiellement le ministère de Christ.
mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. Cette proclamation céleste combine les paroles de #Ps 2:7 et #Esa 42:1, des prophéties certainement bien connues de ceux qui attendaient la venue du Messie. Cf. #Mt 17:5 ; #Mr 1:11 ; #Mr 9:7 ; #Lu 3:22 ; #Lu 9:35.
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