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NOUVEAU TESTAMENT

JEAN  1 partiel + INTRO

 LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES

INTRODUCTION

 

Titre

       Le quatrième Evangile suit le modèle des autres: son titre original se limite à l’expression « selon Jean ». Comme pour les autres, « Evangile » a été ajouté plus tard.

 

Auteur et date

       Bien que le nom de l’auteur n’apparaisse pas dans l’Evangile, une tradition de l’Eglise primitive l’attribuait de manière ferme et uniforme à l’apôtre Jean. Un des Pères de l’Eglise, Irénée (environ 130-200 apr. J.-C.), était disciple de Polycarpe (environ 70-160 apr. J.-C.), lui-même disciple de l’apôtre Jean. Irénée a assuré, en s’appuyant sur l’autorité de Polycarpe, que Jean avait écrit son Evangile pendant un séjour à Ephèse en Asie Mineure, alors qu’il était d’un âge avancé (Contre les hérésies 2.22.5; 3.1.1). A la suite d’Irénée, tous les Pères de l’Eglise ont admis qu’il était bien l’auteur de ce texte. Clément d’Alexandrie (environ 150-215 apr. J.-C.) a rapporté que Jean, connaissant les faits relatés par les autres Evangiles et poussé par le Saint-Esprit, avait composé un « Evangile spirituel » (voir Eusèbe, Histoire ecclésiastique 6.14.7).

Des particularités internes significatives confirment la tradition de l’Eglise. Alors que l’apôtre Jean est désigné par son nom au moins 20 fois (parallèles inclus) dans les Evangiles synoptiques (Matthieu, Marc, Luc), il n’est pas mentionné directement dans l’Evangile de Jean. Au lieu de cela, l’auteur préfère s’identifier comme le disciple « que Jésus aimait » (#Jn 13:23 ; #Jn 19:26 ; #Jn 20:2 ; #Jn 21:7, #Jn 21:20). Dans cet Evangile, plusieurs disciples occupent une place importante, ce qui rend l’absence du nom de Jean encore plus remarquable. La répétition de l’expression « le disciple que Jésus aimait » pour éviter d’utiliser son nom propre reflète à la fois son humilité et l’intimité de sa relation avec le Seigneur Jésus. Il n’était d’ailleurs pas nécessaire qu’il se nomme, puisque ses lecteurs savaient pertinemment qu’il était l’auteur du texte. En procédant par élimination à partir du récit des chapitres 20 et 21, on est conduit à identifier Jean au disciple « que Jésus aimait » (p. ex. #Jn 21:24 ; cf. #Jn 21:2). Puisque l’auteur de l’Evangile mentionne avec soin le nom des autres personnages du livre, il n’aurait pas omis le nom de l’apôtre, s’il avait été quelqu’un d’autre que Jean lui-même.

       L’anonymat de cet Evangile favorise les arguments qui établissent Jean comme auteur. Seul quelqu’un d’aussi connu et possédant son autorité prééminente d’apôtre pouvait en effet écrire un Evangile se démarquant autant des autres, tant dans la forme que dans le fond, tout en recevant l’accueil unanime de l’Eglise primitive. A l’inverse, les évangiles apocryphes, produits dès le milieu du IIe siècle apr. J.-C. et se réclamant faussement des apôtres ou de personnages célèbres plus ou moins proches de Jésus, ont été universellement rejetés par l’Eglise.

       Jean et Jacques (son frère plus âgé, #Ac 12:12) étaient les « fils de Zébédée » (#Mt 10:2-4). Jésus leur a donné le surnom de « fils du tonnerre » (#Mr 3:17). Jean était apôtre et l’un des trois disciples les plus proches de Jésus (avec Pierre et Jacques, cf. #Mt 17:1 ; #Mt 26:37). Il fut un témoin direct de son ministère terrestre, auquel il collabora personnellement (#1Jn 1:1-4). Après l’ascension de Christ, il devint une « colonne » de l’Eglise de Jérusalem (#Ga 2:9) dans laquelle il servit avec Pierre (#Ac 3:1 ; #Ac 4:13 ; #Ac 8:14) avant de se rendre à Ephèse (avant la destruction de Jérusalem, selon la tradition). C’est de là qu’il écrivit son Evangile avant que les Romains ne l’exilent à Patmos (#Ap 1:9). En plus de l’Evangile qui porte son nom, Jean a rédigé trois épîtres (Jean), ainsi que le livre de l’Apocalypse (#Ap 1:1).

       Du fait que quelques Pères de l’Eglise ont indiqué que Jean avait écrit à un âge avancé et qu’il connaissait les Evangiles synoptiques, plusieurs placent la rédaction de cet Evangile peu de temps après la composition des autres mais avant que Jean n’écrive ses lettres et l’Apocalypse, c’est-à-dire entre 80 et 90 apr. J.-C., à peu près cinquante ans après qu’il eut été témoin du ministère terrestre de Jésus.

 

Contexte et arrière-plan

La tradition affirmant que Jean connaissait les Evangiles synoptiques offre la clé de l’arrière-plan et du contexte: il a apparemment écrit afin d’offrir une perspective unique sur la vie du Seigneur (« un Evangile spirituel ») et afin de fournir des éléments supplémentaires et complémentaires aux Evangiles de Matthieu, Marc et Luc.

       Les caractéristiques uniques de cet Evangile remplissent cet objectif: premièrement, Jean rapporte une quantité importante d’enseignements et d’événements absents des autres Evangiles; deuxièmement, il fournit des explications aux événements relatés dans les synoptiques. Par exemple, quand les synoptiques débutent avec le ministère de Jésus en Galilée, ils sous-entendent un ministère antérieur de Jésus (p. ex. #Mt 4:12 ; #Mr 1:14); Jean, lui, fait le récit de ce ministère de Jésus en Judée (ch. #Jn 3) et en Samarie (ch. #Jn 4). En #Mr 6:45, après avoir nourri les 5000 hommes, Jésus demande à ses disciples de traverser la mer de Galilée jusqu’à Bethsaïda; Jean nous en donne la raison: la population allait introniser Jésus à cause de cette multiplication miraculeuse de nourriture, et il rejetait leurs efforts bien mal inspirés (#Jn 6:26). Troisièmement, l’Evangile de Jean est le plus théologique des quatre; il contient par exemple un prologue théologiquement profond (#Jn 1:1-18), des discours et des enseignements proportionnellement plus nombreux par rapport à la part narrative (p. ex. #Jn 3:13-17), et une doctrine plus approfondie sur le Saint-Esprit (p. ex. #Jn 14:16-17,26 ; #Jn 16:7-14). Jean a rédigé son Evangile en connaissant les synoptiques, mais sans s’appuyer sur eux pour construire le sien. Au lieu de cela, il a utilisé, sous l’inspiration du Saint-Esprit, ses propres souvenirs de témoin oculaire pour écrire (#Jn 1:14 ; #Jn 19:35 ; #Jn 21:24).

       L’Evangile de Jean est le second (cf. #Lu 1:1-4) à contenir une affirmation précise concernant le but de l’auteur (#Jn 20:30-31). Il déclare « ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (#Jn 20:31). C’est ainsi que se discernent deux objectifs fondamentaux: l’évangélisation et la défense de la foi. Le premier se voit dans l’utilisation fréquente du verbe « croire », que l’on retrouve une centaine de fois (les synoptiques l’utilisent deux fois moins). Jean a écrit son Evangile afin de fortifier la foi salvatrice de ses lecteurs et de leur assurer par là même qu’ils recevraient le don divin de la vie éternelle (#Jn 1:12).

       Le second objectif, l’objectif apologétique, est fortement lié à celui de l’évangélisation. Jean a écrit pour convaincre ses lecteurs de la véritable identité de Jésus: Dieu-homme incarné dont les natures divine et humaine étaient parfaitement unies en une seule personne, qui était le Christ (« Messie ») et le Sauveur du monde annoncé par les prophètes (p. ex. #Jn 1:41 ; #Jn 3:16 ; #Jn 4:25-26 ; #Jn 8:58). Son Evangile s’organise autour de huit « signes » ou preuves qui confirment la véritable identité de Jésus et qui conduisent à la foi. La première partie se tisse autour de sept signes miraculeux choisis pour révéler la personne de Christ et pour faire naître la foi:

1° l’eau transformée en vin (#Jn 2:1-11);

2° la guérison du fils de l’officier du roi (#Jn 4:46-54);

3° la guérison du paralytique (#Jn 5:1-18);

4° la multiplication des pains (#Jn 6:1-15);

5° la marche sur l’eau (#Jn 6:16-21);

6° la guérison de l’aveugle (#Jn 9:1-41);

7° la résurrection de Lazare (#Jn 11:1-57).

Le huitième signe est la pêche miraculeuse (#Jn 21:6-11) après la résurrection de Jésus.

 

Thèmes historiques et théologiques

       Conformément aux objectifs que Jean s’était donnés en matière d’évangélisation et de défense de la foi, le message général de son Evangile est résumé en #Jn 20:31: « Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. » Le livre se concentre donc sur la personne et l’œuvre de Christ. En #Jn 20:30-31, trois mots ressortent (« miracles », « croire » et « vie »). Ces mots sont utilisés fréquemment tout au long de l’Evangile pour souligner le thème du salut en Christ, tout d’abord exprimé dans le prologue (#Jn 1:1-18 ; cf. #Jn 1:1-4) et développé de différentes manières (p. ex. #Jn 6:35,48 ; #Jn 8:12 ; #Jn 10:7,9 ; #Jn 10:11-14 ; #Jn 11:25 ; #Jn 14:6 ; #Jn 17:3). Jean rapporte aussi comment les hommes ont répondu à Jésus-Christ et à son offre de salut. En résumé, l’Evangile présente trois grandes vérités:

1° Jésus est la Parole de Dieu, le Messie et le Fils de Dieu;

2° il apporte le don du salut à l’humanité;

3° celui qui accepte cette offre de salut et celui qui la rejette connaîtront un sort différent.

       Jean présente en outre plusieurs thèmes secondaires qui renforcent son propos principal. Il recourt à des dualismes marqués (vie et mort, lumière et ténèbres, amour et haine, d’en haut et d’en bas) pour présenter des informations vitales sur la personne et l’œuvre de Christ et sur la nécessité de croire en lui (p. ex. #Jn 1:4-5,12-13 ; #Jn 3:16-21 ; #Jn 12:44-46 ; #Jn 15:17-20).

       L’expression « Je suis » apparaît à sept reprises pour souligner avec force que Jésus est Dieu et Messie (#Jn 6:35 ; #Jn 8:12 ; #Jn 10:7, #Jn 10:9 ; #Jn 10:11, #Jn 10:14 ; #Jn 11:25 ; #Jn 14:6 ; #Jn 15:1, #Jn 15:5).

 

Questions d’interprétation

       Puisque Jean a rédigé son Evangile dans un style et un langage clairs et simples, on pourrait en sous-estimer la profondeur. Comme c’est un Evangile « spirituel », les vérités qu’il évoque sont profondes. Le lecteur doit explorer ce livre avec attention et dans un esprit de prière, afin de découvrir les vastes richesses et les trésors spirituels que l’apôtre, sous la direction du Saint-Esprit (#Jn 14:26 ; #Jn 16:13), y a consignés avec amour.

       La comparaison chronologique entre l’Evangile de Jean et les synoptiques présente un défi, particulièrement en ce qui concerne le repas de la cène (#Jn 13:2): les synoptiques datent le repas de la Pâque le jeudi soir (le 14 du mois de Nisan) et la crucifixion de Jésus le vendredi, alors que Jean rapporte que les Juifs ne sont pas entrés dans le prétoire « afin de ne pas se souiller, et de pouvoir manger la Pâque » (#Jn 18:28). Ainsi les disciples auraient mangé la Pâque le jeudi, mais pas les Juifs. En fait, Jean (#Jn 19:14) affirme que le procès et la crucifixion de Jésus ont eu lieu le jour des préparatifs de la Pâque et non après la consommation du repas pascal, de sorte qu’avec le procès et la crucifixion vendredi, Christ a été sacrifié au moment même où les agneaux de la Pâque étaient égorgés (#Jn 19:14). Cela incite à se demander pourquoi les disciples ont mangé le repas de la Pâque le jeudi.

       La réponse se trouve dans les différents calendriers que les Juifs utilisaient pour compter le début et la fin d’une journée. Selon Flavius Josèphe, la Mishna et d’autres sources juives antiques, les Juifs du nord d’Israël comptaient les jours à partir du lever du soleil. C’est dans cette région de la Galilée que Jésus et ses disciples ont grandi, à l’exception de Judas. Apparemment la plupart des pharisiens, si ce n’est pas la totalité d’entre eux, utilisaient ce système de décompte. Mais les Juifs du sud d’Israël, région qui avait pour centre la ville de Jérusalem, calculaient les jours à partir du coucher du soleil. Puisque tous les sacrificateurs vivaient nécessairement à Jérusalem ou aux alentours, comme la plupart des sadducéens, ils suivaient cette manière de compter.

       Cette différence a dû être source de bien des confusions, mais elle avait aussi plusieurs avantages. Elle permettait par exemple de célébrer légitimement la Pâque sur deux jours consécutifs, allouant aux sacrifices du temple une fenêtre d’exécution de quatre heures plutôt que deux. Cette façon de définir les journées a dû aussi réduire les conflits régionaux et religieux entre ces deux groupes.

C’est ainsi que les contradictions apparentes dans les récits des Evangiles s’expliquent aisément. Etant galiléens, Jésus et les disciples considéraient que la Pâque avait débuté au lever du soleil le jeudi pour se terminer au lever du soleil le vendredi. Les dirigeants juifs qui ont arrêté Jésus pour le mener à son procès, étant pour la plupart des sacrificateurs et des sadducéens, considéraient que le jour de la Pâque ne commençait qu’au coucher du soleil le jeudi pour se terminer au coucher du soleil le vendredi. Avec cette différence prédéterminée par la providence souveraine de Dieu, Jésus pouvait légitimement célébrer le dernier repas pascal avec ses disciples tout en étant sacrifié le jour de la Pâque.

       Une nouvelle fois, nous pouvons admirer la façon dont Dieu a souverainement et merveilleusement pourvu à l’accomplissement précis de son plan rédempteur. Jésus n’était en rien la victime impuissante d’hommes au projet maléfique et encore moins le jouet de circonstances aveugles. Chaque mot prononcé et chaque action entreprise étaient divinement dirigés et orchestrés. Même les propos et les agissements des autres à son encontre étaient sous le contrôle divin. Voir p. ex. #Jn 11:49-52 ; #Jn 19:11.

  

JEAN 01 : 1 à 37
  
La parole fait chair

1 ¶  Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.

Au commencement. Au contraire de #1Jn 1:1 (où Jean utilise une tournure similaire, « dès le commencement », pour désigner le point de départ du ministère de Jésus et de la prédication de l’Évangile), cette expression fait pendant à #Ge 1:1. Jean l’utilise dans un sens absolu, pour évoquer le commencement de l’univers matériel spatio-temporel.

était. Ce verbe souligne la préexistence éternelle de la Parole, c’est-à-dire Jésus-Christ. Avant que l’univers soit créé, la deuxième personne de la Trinité existait déjà : elle était de toute éternité (cf. #Jn 8:58). Ce verbe est utilisé en opposition avec le verbe « faire » du v. 3 qui, lui, signale un commencement temporel. Puisque le thème de Jean consiste à montrer que Jésus-Christ est le Dieu éternel, la deuxième personne de la Trinité, il n’a pas jugé bon d’inclure une généalogie, au contraire de Matthieu et Luc. Si l’on considère l’homme Jésus, il a évidemment une généalogie, mais si l’on considère le Dieu Jésus, il ne peut, par définition, en avoir.

la Parole. Jean a emprunté le terme « Parole » non seulement à l’A.T. mais aussi à la philosophie grecque, pour laquelle ce terme, totalement impersonnel, désignait le principe rationnel de la raison divine, l’esprit ou même la sagesse. Jean, quant à lui, lui donne le sens qu’il a dans l’A.T. et pour les chrétiens (p. ex. #Ge 1:3, où la parole de Dieu engendre l’univers; #Ps 33:6 ; #Ps 107:20 ; #Pr 8:27, où elle constitue l’expression toute-puissante de Dieu dans la création, sa sagesse, sa révélation et son salut), en désignant par lui une personne, c’est-à-dire Jésus-Christ. Il serait donc faux de prétendre que le seul arrière-plan culturel connu de Jean soit la philosophie grecque. L’utilisation par Jean de ce terme fait partie de sa stratégie pour atteindre non seulement les Juifs mais aussi les Grecs non sauvés : ce concept était familier aux deux groupes.

la Parole était avec Dieu. La Parole, la deuxième personne de la Trinité, était en intime communion avec Dieu le Père de toute éternité. Or, bien que jouissant des splendeurs du paradis et de l’éternité avec le Père (#Esa 6:1-13 ; cf. #Jn 12: 41 ; #Jn 17: 5), Jésus abandonna volontairement ses privilèges célestes pour prendre la forme d’un homme et se soumettre à la mort sur une croix.

était Dieu. La construction grecque souligne que la Parole possédait l’essence et les attributs de la divinité, c’est-à-dire que Jésus le Messie était, lui aussi, Dieu (cf. #Col 2:9). Même pendant son incarnation où il se dépouilla lui-même, il ne cessa jamais d’être Dieu mais prit sur lui la vraie nature humaine et donc un corps matériel ; il s’abstint volontairement de se servir de façon indépendante de ses attributs divins.

1:1-18 Ces vv. constituent un prologue qui introduit bien des thèmes majeurs que Jean va traiter, surtout le thème principal: « Jésus est le Christ, le Fils de Dieu » (vv. #Jn 1:12-14, #Jn 1:18 ; cf. #Jn 20: 31). Plusieurs mots clés récurrents dans tout l’Évangile (p. ex. vie, lumière, témoignage et gloire) apparaissent ici. Le reste de cet Évangile développe le thème du prologue : comment Jésus, le Messie et le Fils de Dieu, la « Parole » éternelle de Dieu, s’est fait chair et a accompli son ministère parmi les hommes pour que tous ceux qui croient en lui soient sauvés. Bien que Jean ait écrit ce texte en employant le vocabulaire le plus simple du N.T., les vérités qui y sont contenues font partie des plus profondes. Dans ce prologue figurent six vérités de base sur Christ en tant que Fils de Dieu :

1° le Christ éternel (vv. #Jn 1:1-3);

2° le Christ incarné (vv. #Jn 1:4-5);

3° le précurseur de Christ (vv. #Jn 1:6-8);

4° le Christ ignoré (vv. #Jn 1:9-11);

5° le Christ tout-puissant (vv. #Jn 1:12-13);

6° le Christ glorieux (vv. #Jn 1:14-18).

 

2  Elle était au commencement avec Dieu.

 3  Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.

Toutes choses ont été faites par elle. Jésus-Christ fut l’agent de Dieu le Père, et il participa autant que ce dernier à la création de l’univers (#Col 1:16-17 ; #Hé 1:2).

 

4  En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

 5 ¶  La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.

reçue. Une meilleure traduction de ce terme dans ce contexte est « surmontée ». Les ténèbres ne peuvent vaincre ni conquérir la lumière. Tout comme il suffit d’un petit lumignon pour éclairer toute une pièce, les puissances de ténèbres peuvent être vaincues par le Fils, au moyen de sa mort sur la croix (cf. #Jn 19: 11a).

 

6  Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean.

envoyé de Dieu. Jean était le précurseur de Christ, et il devait donc témoigner de lui comme Messie et Fils de Dieu. Avec le ministère de Jean prirent fin les « 400 années de silence » entre la fin de l’A.T. et le début du N.T., au cours desquelles Dieu n’avait donné aucune révélation.

Jean. Le nom de « Jean », dans cet Évangile, désigne toujours Jean-Baptiste, jamais l’apôtre Jean. L’auteur le nomme « Jean » sans préciser « Baptiste », contrairement aux autres (#Mt 3:1 ; #Mr 6:14 ; #Lu 7:20). En outre, l’apôtre Jean (fils de Zébédée) n’est jamais directement désigné dans cet Évangile, même s’il était l’un des trois intimes de Jésus (#Mt 17: 1). Une telle discrétion tend fortement à prouver que l’apôtre Jean est bien l’auteur de l’Évangile qui porte son nom, et que ses lecteurs le savaient eux aussi. Pour plus de détails sur Jean-Baptiste, cf. #Mt 3:1-6 ; #Mr 1:2-6 ; #Lu 1:5-25, #Lu 1:57-80.

 

7  Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

témoin …  rendre témoignage. Ces termes reçoivent une attention particulière dans cet Évangile; cela reflète le langage juridique de l’A.T., où la vérité apparaissait sur la base du témoignage de plusieurs (#Jn 8:17-18 ; cf. #De 17: 6 ; #De 19: 15); Jean-Baptiste ne fut pas le seul à témoigner de Jésus comme Messie et comme Fils de Dieu (vv. #Jn 1:19 ; #Jn 3:27-30 ; #Jn 5:33-35), car il y eut aussi d’autres témoins:

1° la femme samaritaine (#Jn 4:29);

2° les œuvres de Jésus (#Jn 10:25);

3° le Père (#Jn 5:32-37);

4° l’A.T. (#Jn 5:39-40);

5° les foules (#Jn 12:17);

6° le Saint-Esprit (#Jn 15:26-27).

afin que tous croient par lui. « Lui » désigne non pas Christ mais Jean en tant que porteur du témoignage de Christ. Le but de son témoignage était de produire la foi en Jésus-Christ le Sauveur du monde.

 

8  Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.

Il n’était pas la lumière. Alors que Jean-Baptiste était l’agent de la foi, Jésus-Christ en est l’objet. La personne et le ministère de Jean furent d’une importance cruciale (#Mt 11:11); il ne fut cependant que le prédécesseur qui annonça la venue du Messie. Bien des années après le ministère et la mort de Jean, certains n’avaient toujours pas compris que son ministère n’était que subordonné à celui de Jésus (#Ac 19:1-3).

 

9  Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.

la véritable lumière …  venant dans le monde. Souligne l’incarnation de Jésus-Christ (v. #Jn 1:14 ; #Jn 3:16). Les mots « venant dans le monde » peuvent être, mais c’est moins probable, rattachés grammaticalement à « tout homme » au lieu de « lumière », ce qui se traduirait « la véritable lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde ».

éclaire tout homme. A travers la puissance souveraine de Dieu, tout homme reçoit assez de lumière pour être tenu pour responsable. Dieu a planté sa connaissance en tout homme, au travers d’une révélation générale dans la création et dans chaque conscience. Cette révélation offerte à tous ne produit cependant pas le salut : soit elle conduit à recevoir toute la lumière de Jésus-Christ, soit elle a pour conséquence la condamnation de ceux qui rejettent une telle « lumière ». La venue de Jésus-Christ était l’accomplissement et l’incarnation de la lumière que Dieu avait placée dans le cœur de chaque homme.

le monde. Le sens de base du mot grec est « ornement », « parure » (cf. #1Pi 3:3). Le N.T. l’utilise au total 185 fois, et Jean avait une prédilection pour ce mot puisqu’il l’utilise à lui seul 78 fois dans son Évangile, 24 fois dans ses épîtres et 3 fois dans l’Apocalypse. Il lui donne plusieurs nuances :

1° l’univers physique créé par Dieu (v. #Jn 1:9 ; cf. #Jn 21:24-25);

2° l’humanité en général (#Jn 3:16 ; #Jn 6:33, #Jn 6:51 ; #Jn 12: 19);

3° le système invisible du mal dominé par Satan et tout ce qu’il offre pour s’opposer à Dieu, sa Parole et son peuple (#Jn 3:19 ; #Jn 4:42 ; #Jn 7:7 ; #Jn 14: 17, #Jn 14: 22, #Jn 14: 27, #Jn 14: 30 ; #Jn 15:18-19 ; #Jn 16: 8, #Jn 16: 20, #Jn 16: 33 ; #Jn 17: 6, #Jn 17: 9, #Jn 17: 14 ; cf. #1Co 1:21 ; #2P 1:4 ; #1Jn 5:19).

Ce dernier concept est le nouvel emploi qui est, de façon significative, fait de ce mot dans le N.T. et qui prédomine chez Jean. Ainsi, la plupart des fois où Jean utilise ce terme, c’est dans un sens résolument négatif.

 

10  Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue.

 11  Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue.

les siens …  les siens. La première acception de « les siens » renvoie probablement au monde de l’humanité en général, alors que la deuxième suggère la nation juive. Le monde appartient à la Parole puisqu’elle en est créatrice, mais il ne l’a pas reconnue, du fait de son aveuglement spirituel (cf. aussi le v. 10). Jean utilisa la deuxième occurrence de ce mot dans son sens plus étroit pour désigner la filiation biologique de Jésus, donc les Juifs. Alors qu’ils possédaient les Écritures qui attestaient de son existence et de sa venue, ils se sont obstinés à le rejeter (#Esa 65:2-3 ; #Jér 7:25-26). Ce thème du rejet par les Juifs du Messie promis reçoit une attention toute particulière de la part de Jean dans son Évangile (#Jn 12:37-41).

 

12  Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu,

à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient. La seconde expression précise le sens de la première. Recevoir celui qui est la Parole de Dieu signifie accepter pour vrai ce qu’il affirme sur lui-même, croire en lui et donc lui prêter allégeance.

son nom. Dénote le caractère de la personne elle-même.

donné. Ce terme souligne que le don du salut est exclusivement un effet de la grâce de Dieu (cf. #Ep 2:8-10).

le pouvoir. Ceux qui reçoivent Jésus, la Parole, reçoivent l’autorité pleine et entière pour se prétendre les « enfants de Dieu ».

1:12-13 Ces vv. font contraste avec les vv. #Jn 1:10-11. Jean adoucit l’amertume que provoque la notion de rejet du Messie en mentionnant un reste de croyants. Cela annonce la structure du reste du livre, puisque les douze premiers ch. focalisent sur le rejet de Christ, tandis que les ch. #Jn 13:1-21:2 se concentrent sur ceux qui l’ont reçu.

 

13  (1-12) lesquels sont nés, (1-13) non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.

de Dieu. Le côté divin du salut : au final, ce n’est pas la volonté de l’homme qui produit le salut, mais celle de Dieu (cf. #Jn 3:6-8 ; #Tit 3:5 ; #1Jn 2:29).

 

14  Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.

la Parole a été faite chair. Alors que Christ, en tant que Dieu, n’a pas été créé et demeure éternel, le verbe « a été faite » souligne le processus par lequel il a endossé la nature humaine (cf. #Hé 1:1-3 ; #Hé 2:14-18). Cette vérité est très clairement la plus importante, car elle indique que l’infini a accepté de devenir fini ; l’Éternel s’est conformé au temps ; l’invisible est devenu visible ; celui qui est surnaturel s’est abaissé au naturel. Dans son incarnation, en revanche, la Parole n’a jamais cessé d’être Dieu mais elle a été faite Dieu dans une chair humaine, c’est-à-dire que sa divinité n’a pas été amoindrie en prenant forme humaine (#1Ti 3:16).

a habité. Signifie « édifier un temple » ou « habiter dans une tente ». Ce terme renvoie au tabernacle de l’A.T. où Dieu rencontra Israël avant la construction du temple (#Ex 25:8). On l’appelait « tente d’assignation » (#Ex 33:7 ; « tente du témoignage » LXX), et le Seigneur y parla à Moïse face à face, comme un homme à un ami » (#Ex 33:11). Dans le N.T., par contre, Dieu choisit d’habiter parmi les hommes de façon beaucoup plus personnelle, en devenant l’un d’eux. Dans l’A.T., une fois le tabernacle terminé, la présence de Dieu remplit toute la structure (#Ex 40:34 ; cf. #1R 8:10). Quand la Parole devint chair, la glorieuse présence de la divinité fut incarnée en elle (cf. #Col 2:9).

pleine de grâce et de vérité. Jean avait probablement #Ex 33:1-34:2 à l’esprit. A cette occasion, Moïse demanda à Dieu de lui manifester sa gloire. Le Seigneur répondit à Moïse qu’il ferait passer devant ses yeux toute sa « bonté », et quand il passa devant lui, il se présenta comme un Dieu plein de compassion, de miséricorde, de patience, de bonté et de fidélité (#Ex 33:18-19 ; #Ex 34:5-7). Ces attributs de la gloire de Dieu soulignent sa bonté, en particulier en rapport avec le salut. Jésus, en tant que « l’Éternel » de l’A.T. (#Jn 8:58: je suis), manifesta les mêmes attributs divins quand il établit son tabernacle parmi les hommes à l’époque du N.T. (#Col 2:9).

et nous avons contemplé sa gloire. Sa divinité fut certes voilée en prenant forme humaine, mais les Évangiles révèlent, comme par des éclairs, des aperçus de sa divine majesté. Les disciples eurent un aperçu de sa divinité sur la montagne de la transfiguration (#Mt 17:1-8). La référence à la gloire de Christ, cependant, n’était pas seulement visible mais aussi spirituelle : ils le virent faire la preuve de ses attributs divins ou des caractéristiques de Dieu (grâce, bonté, miséricorde, sagesse, vérité, etc.; cf. #Ex 33:18-23).

gloire comme …  du Père. Jésus était le Fils unique de Dieu, et il démontra la même gloire que son Père. Par essence, ils ont la même nature (cf. #Jn 5:17-30 ; #Jn 8:19 ; #Jn 10:30). L’expression « Fils unique » est une traduction peu exacte, car ce mot ne dérive pas du verbe « engendrer » mais évoque plutôt l’idée qu’il était « le seul bien-aimé du Père ». Cela signifie, par conséquent, que sa particularité consistait dans le fait qu’il était aimé comme nul autre. Par ces paroles, Jean souligne le caractère privilégié de la relation entre le Père et le Fils au sein de la Trinité (cf. #Jn 3:16, #Jn 3:18 ; #1Jn 4:9). Cela n’a rien à voir avec son origine mais avec son unique prééminence ; ce terme fut p. ex. utilisé à propos d’Isaac (#Hé 11:17), qui était le second fils d’Abraham (Ismaël étant l’aîné; cf. #Ge 16: 15 avec #Ge 21:2-3).

 

15 ¶  Jean lui a rendu témoignage, et s’est écrié : C’est celui dont j’ai dit : Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi.

Le témoignage de Jean-Baptiste corrobore la déclaration de l’apôtre Jean qui affirme que la Parole incarnée est éternelle (cf. v. #Jn 1:14).

 

16  Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ;

grâce pour grâce. Expression qui souligne la surabondance de la grâce qui fut démontrée par Dieu envers les hommes, surtout au bénéfice des croyants (#Ep 1:5-8 ; #Ep 2:7).

 

17  car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

 18  Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître.

qui est dans le sein du Père. Terme qui dénote l’intimité mutuelle, l’amour et la connaissance qui existent dans la Trinité (voir #Jn 13: 23 ; #Lu 16:22-23).

a fait connaître. Les théologiens utilisent le terme « exégèse », dérivé de ce verbe grec, pour désigner une explication. Jean voulait dire que tout ce que Jésus est et fait explique ce que Dieu est et ce qu’il fait (#Jn 14:8-10).

 Témoignage de Jean-Baptiste

19 ¶  Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ?

Jean. Jean, issu d’une famille de sacrificateurs, appartenait à la tribu des Lévites (#Lu 1:5). Il commença son ministère dans la vallée du Jourdain quand il eut environ 29 ou 30 ans et proclama avec courage qu’il était indispensable de se repentir pour préparer la venue du Messie. C’était le cousin de Jésus, et il lui servit de précurseur prophétique (#Mt 3:3 ; #Lu 1:5-25, #Lu 1:36).

les Juifs …  de Jérusalem. Allusion probable au sanhédrin, l’institution la plus importante qui gouvernait les Juifs. Cette autorité était contrôlée par la famille du souverain sacrificateur, et ses envoyés étaient naturellement des sacrificateurs et des Lévites, plus intéressés par le ministère de Jean, aussi bien par son message que par le baptême qu’il proposait.

1:19-37 Par ces vv., Jean présenta le premier des nombreux témoignages qui attestent que Jésus est bien le Messie et le Fils de Dieu, renforçant ainsi son thème principal (#Jn 20:30-31). Le témoignage de Jean-Baptiste fut donné à trois dates différentes à trois groupes distincts (cf. vv. #Jn 1:29, #Jn 1:35-36). Chaque fois, il parla de Christ de façon différente et souligna des aspects différents à son propos. Les événements cités dans ces vv. eurent lieu en 26 ou 27 apr. J.-C., quelques mois à peine après le baptême de Jésus par Jean (cf. #Mt 3:13-17 ; #Lu 3:21-22).

 

20  Il déclara, et ne le nia point, il déclara qu’il n’était pas le Christ.

qu’il n’était pas le Christ. Certains pensaient que Jean était le Messie (#Lu 3:15-17).

Christ. Ce terme est l’équivalent grec de l’hébreux qui signifie « Messie ».

 

21  Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Elie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.

Quoi donc? Es-tu Elie? #Mal 4:5 promettait le retour du prophète Elie avant que le Messie n’établisse son royaume sur terre. Si Jean était le précurseur du Messie, était-il, lui, Elie ? demandèrent-ils. L’ange qui annonça la naissance de Jean avait dit que Jean viendrait avant Jésus « avec l’esprit et la puissance d’Elie » (#Lu 1:17), indiquant ainsi qu’un autre qu’Elie, au sens littéralement, pourrait venir accomplir la prophétie. Dieu envoya Jean qui était comme Elie, c’est-à-dire qu’il avait le même type de ministère, la même puissance et une personnalité semblable à lui (#2R 1:8 ; cf. #Mt 3:4). S’ils avaient accepté de recevoir Jésus comme leur Messie, Jean aurait réalisé cette prophétie.

Es-tu le prophète? Renvoi à #De 18:15-18, qui annonçait la venue d’un grand prophète comme Moïse, qui lui ferait office de voix. Du temps de Jean, certains interprétaient cette prophétie comme faisant allusion à un autre prédécesseur du Messie, et le N.T. (#Ac 3:22-23 ; #Ac 7:37) applique ce passage à Jésus.

 

22  Ils lui dirent alors : Qui es-tu ? afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ?

 23  Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Esaïe, le prophète.

Jean cite et applique #Esa 40:3 à lui-même (cf. #Mt 3:3 ; #Mr 1:3 ; #Lu 3:4). Dans le contexte original d’#Esa 40:3, le prophète entend une voix qui l’appelle à préparer un sentier. Cet appel était une image prophétique qui annonçait le retour final en gloire d’Israël vers son Dieu. Israël quitterait ses ténèbres spirituelles et son aliénation au travers de la rédemption spirituelle accomplie par le Messie (cf. #Ro 11:25-27). En toute humilité, Jean se comparait à une voix plutôt qu’à une personne, forçant ainsi l’attention à se concentrer sur Christ seul (cf. #Lu 17: 10).

 

24  Ceux qui avaient été envoyés étaient des pharisiens.

 25  Ils lui firent encore cette question : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es pas le Christ, ni Elie, ni le prophète ?

baptises-tu. Puisque Jean ne se définissait que comme une simple voix (v. #Jn 1:23), cela soulevait la question de savoir par quelle autorité il se permettait de baptiser. L’A.T. associait la venue du Messie à la repentance et à la purification spirituelle (#Esa 36:1-37:2 ; #Za 13:1). Jean attirait l’attention sur son statut de précurseur du Messie et se servait du baptême traditionnel des prosélytes pour symboliser le besoin de reconnaître les Juifs qui, à l’instar des païens, se trouvaient en dehors de l’alliance salvatrice de Dieu. Ils avaient, eux aussi, besoin de purification spirituelle et de préparation (repentance #Mt 3:11 ; #Mr 1:4 ; #Lu 3:7-8) avant l’avènement du Messie

 

26  Jean leur répondit : Moi, je baptise d’eau, mais au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas,

 27  (1-26) qui vient après moi ; (1-27) je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers.

Ces mots de Jean-Baptiste prolongent le thème, présent dans le prologue, de la prééminence du Messie (vv. #Jn 1:6-8, #Jn 1:15) et démontrent sa propre humilité: chaque fois qu’il en avait la possibilité, il détournait l’attention de lui-même pour la tourner vers le Messie. Jean alla jusqu’à dire que, au contraire d’un esclave qui avait pour tâche de retirer les sandales de son maître, il n’était même pas digne de rendre ce service à son Messie.

 

28  Ces choses se passèrent à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.

Béthanie. Certains manuscrits portent « Bethabara », peut-être parce que des copistes ont cru que Jean s’était trompé en situant ces événements à Béthanie. On peut aussi supposer qu’il existait deux Béthanie : une près de Jérusalem, où vivaient Marie, Marthe et Lazare (#Jn 11:1), et une autre « au-delà du Jourdain » à proximité de la Galilée. Puisque Jean prit la peine de préciser la proximité de la première Béthanie par rapport à Jérusalem (#Jn 11:18), il faisait sans doute allusion ici à une autre ville qui portait le même nom.

 

29 ¶  Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.

Le lendemain. Renvoie sans doute au jour qui suivit la réponse que donna Jean à la délégation envoyée par Jérusalem. C’est aussi le début d’une série de jours (v. #Jn 1:43 ; #Jn 2:1) dont le point culminant fut le miracle de Cana (#Jn 2:1-11).

l’Agneau de Dieu. Les Juifs utilisaient très couramment un agneau pour leurs sacrifices. C’est un agneau qu’on sacrifiait le jour de la Pâque (#Ex 12:1-28), un agneau qui est mentionné dans la prophétie d’Esaïe (#Esa 53:7), un agneau encore que l’on offrait à l’occasion des sacrifices quotidiens en Israël (#Ex 29:38-42 ; #No 28:1-8 ; cf. #Hé 10:5-7). Jean-Baptiste utilisa cette expression en rapport avec l’ultime sacrifice de Jésus sur la croix pour racheter les péchés du monde, thème que l’apôtre Jean évoque tout au long de ses écrits (#Jn 19: 36 ; cf. #Ap 5:1-6 ; #Ap 7:17 ; #Ap 17: 14) et qui apparaît dans d’autres écrits du N.T. (p. ex. #1Pi 1:19).

le péché du monde. cf. #Jn 3:16 ; #Jn 6:33, #Jn 6:51. Dans ce contexte, le « monde » désigne l’humanité en général, et non chaque personne en particulier. L’utilisation de « péché » au singulier, en lien avec « du monde », indique que le sacrifice de Jésus pour le péché atteint potentiellement tous les êtres humains, sans distinction (cf. #1Jn 2:2). Jean explique en revanche clairement qu’il n’est efficace que pour ceux qui reçoivent Christ dans leur cœur (vv. #Jn 1:11-12). Pour plus de détails au sujet de la relation entre la mort de Christ et le monde, voir la note 1 au bas du texte sur {==> "2Co 5:19"}.

1:29-34 Cette partie évoque le témoignage que rendit Jean de Jésus à un deuxième groupe de Juifs, le second jour (voir vv. 19-28 pour ce qui est du premier groupe et du premier jour). Cette partie fait office de transition. Elle continue sur le même thème du témoignage de Jean-Baptiste, mais introduit déjà une longue liste de titres applicables à Jésus : l’Agneau de Dieu (vv. #Jn 1:29, #Jn 1:36), Rabbi (vv. #Jn 1:38, #Jn 1:49), Messie / Christ (v. #Jn 1:41), Fils de Dieu (vv. #Jn 1:34, #Jn 1:49), roi d’Israël (v. #Jn 1:49), Fils de l’homme (v. #Jn 1:51) et « celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé » (v. #Jn 1:45).

 

30  C’est celui dont j’ai dit : Après moi vient un homme qui m’a précédé, car il était avant moi.

 31  Je ne le connaissais pas, mais c’est afin qu’il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser d’eau.

32  Jean rendit ce témoignage: J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui.

l’Esprit descendre. Dieu avait précédemment communiqué à Jean que c’était par ce signe que serait identifié le Messie promis (v. #Jn 1:33), si bien que lorsqu’il fut témoin de cet événement, il fut en mesure de reconnaître que Jésus était bien le Messie (cf. #Mt 3:16 ; #Mr 1:10 ; #Lu 3:22).

 

33  Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, celui-là m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptise du Saint-Esprit.

 34  Et j’ai vu, et j’ai rendu témoignage qu’il est le Fils de Dieu.

le Fils de Dieu. Dans un sens restreint, tous les croyants peuvent s’appeler « fils de Dieu » (p. ex. v. 12; #Mt 5:9 ; #Ro 8:14), mais Jean donne ici à cette expression toute sa force, en l’employant comme un titre qui souligne l’unicité et l’intimité particulières de Jésus avec son Père. Il souligne aussi la divinité de Jésus en tant que Messie (v. #Jn 1:49 ; #Jn 5:16-30 ; cf. #2S 7:14 ; #Ps 2:7 .

 Les premiers disciples

35  Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples ;

1:35-51 Cette partie décrit le témoignage que Jean donna de Jésus à un troisième groupe, c’est-à-dire à certains de ses disciples, le troisième jour (voir vv. 19-28, 29-34 pour le récit de la rencontre avec le premier et le deuxième groupe). Comme il fallait s’y attendre de la part d’un homme aussi humble que Jean, il oriente l’attention de ses propres disciples vers Jésus (v. #Jn 1:37).

 

36  et, ayant regardé Jésus qui passait, il dit : Voilà l’Agneau de Dieu.

 37 ¶  Les deux disciples l’entendirent prononcer ces paroles, et ils suivirent Jésus.

ils suivirent Jésus. Bien que le verbe « suivre » signifie d’habitude « suivre en tant que disciple » dans les écrits de l’apôtre (v. #Jn 1:43 ; #Jn 8:12 ; #Jn 12:26 ; #Jn 21:19-20, #Jn 21: 22), il peut aussi prendre un sens neutre (#Jn 11:31). Le sens du mot ne signifie pas nécessairement qu’ils devinrent ses disciples de façon définitive à ce moment-là. Il est plutôt suggéré ici qu’ils le suivirent afin de pouvoir l’observer de plus près, motivés comme ils l’étaient par le témoignage de Jean. Cet incident servit à mettre en contact les disciples de Jean avec Jésus (p. ex. André ; #Jn 1:40). Ils finirent par lui consacrer leur vie comme d’authentiques disciples et apôtres quand Jésus les appela définitivement à son service, quelque temps plus tard (#Mt 4:18-22 ; #Mt 9:9 ; #Mr 1:16-20). A ce point du récit, Jean-Baptiste se retire de la scène, et l’attention se porte désormais sur le ministère de Christ.

  

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