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NOUVEAU TESTAMENT

 Jean 18 suite à 19

  LES PAROLES DE JÉSUS SERONT EN JAUNES

JEAN 18 : 29 à 40 
 
29  Pilate sortit donc pour aller à eux, et il dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?

Quelle accusation. Par cette question s’ouvrait formellement la phase civile romaine de la procédure contre Jésus (par opposition à la phase juive religieuse au v. 24). Le fait que des troupes romaines avaient servi à l’arrestation prouve que les autorités juives avaient déjà eu des communications avec Pilate sur ce cas. Elles devaient s’attendre à ce qu’il s’empresse d’entériner leur jugement contre Jésus, mais eurent la surprise de le voir ordonner une nouvelle instruction en sa présence.

 

30  Ils lui répondirent : Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré.

31  Sur quoi Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi. Les Juifs lui dirent : Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort.

Il ne nous est pas permis. Quand Rome prit le pouvoir en Judée et y gouverna par l’intermédiaire d’un préfet dès l’an 6 apr. J.-C., la juridiction de la peine capitale (c’est-à-dire le droit de mettre un homme à mort) fut soustraite aux Juifs pour passer sous l’autorité du gouverneur romain. La peine de mort constituait la prérogative la plus jalousement gardée de toutes celles de l’administration provinciale romaine.

 

32  C’était afin que s’accomplît la parole que Jésus avait dite, lorsqu’il indiqua de quelle mort il devait mourir.

afin que s’accomplisse la parole que Jésus avait dite. Jésus avait annoncé qu’il mourrait en étant « élevé » (#Jn 3:14 ; #Jn 8:28 ; #Jn 12:32-33). S’il avait été exécuté selon les lois juives, il aurait été précipité à terre et lapidé. Mais Dieu contrôlait par sa providence le déroulement de toute la procédure, pour s’assurer que Jésus, une fois condamné, serait crucifié par les Romains plutôt que lapidé par les Juifs comme Etienne (#Ac 7:59). Les Juifs auraient sans doute préféré cette dernière forme d’exécution, sur la base de #De 21: 23.

 

33  Pilate rentra dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?

34  Jésus répondit : Est-ce de toi-même que tu dis cela, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?

d’autres. De nouveau (cf. vv. #Jn 18:20-21), Jésus exige que se présentent des témoins à charge.

 

35  Pilate répondit : Moi, suis-je Juif ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi : qu’as-tu fait ?

36  Mon royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas.

Mon royaume n’est pas de ce monde. Jésus voulait dire que son royaume n’était pas lié aux entités politiques et nationales terrestres, et qu’il ne tirait pas son origine du système du monde mauvais qui se rebelle constamment contre Dieu. Si son royaume avait été de ce monde, il se serait défendu. Les rois de ce monde se préservent en se défendant énergiquement. Le royaume du Messie n’a pas pour origine les efforts de l’homme mais commence avec le Fils de Dieu, qui remporta de façon définitive et radicale la victoire sur le péché dans la vie de son peuple. Lors de sa seconde venue, il viendra conquérir le système mauvais du monde en établissant la forme terrestre de son royaume. Ce royaume ne constituait pas la moindre menace pour l’identité nationale d’Israël ou pour l’identité politique et militaire de Rome. Il existe dans la dimension spirituelle jusqu’à la fin des temps (#Ap 11:15).

 

37  Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.

38  Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Après avoir dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : Je ne trouve aucun crime en lui.

Qu’est-ce que la vérité? En réponse à la mention par Jésus de la « vérité » au v. 37, Pilate répond de façon rhétorique et avec cynisme, convaincu qu’aucune réponse n’existe à cette question. Sa réplique prouve qu’il ne faisait pas partie de ceux que le Père avait donnés à son Fils (« Quiconque est de la vérité écoute ma voix » v. 37.

aucun crime. Cf. #Jn 19: 4. Jean montre clairement que Jésus n’était coupable d’aucun péché, d’aucun crime, pour que sautent aux yeux l’injustice et la culpabilité des Juifs autant que des Romains, qui se chargèrent de l’exécution.

 

39  Mais, comme c’est parmi vous une coutume que je vous relâche quelqu’un à la fête de Pâque, voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?

40  Alors de nouveau tous s’écrièrent : Non pas lui, mais Barabbas. Or, Barabbas était un brigand.

Or, Barabbas était un brigand. Le terme de « brigand » désigne aussi un pillard et peut donc renvoyer aussi bien à un cambrioleur qu’à un terroriste ou un guérillero qui participe à une insurrection sanglante (voir #Mr 15: 7).

  

JEAN 19 : 1 à 42 
 Outrages des soldats
Jésus livré aux Juifs par Pilate

1 ¶  Alors Pilate prit Jésus, et le fit battre de verges.

 le fit battre de verges. Il semblerait que Pilate ait fait battre Jésus de verges pour essayer de le faire libérer (voir les vv. #Jn 19:4-6). Il espérait que les Juifs seraient apaisés par cet acte de complaisance de sa part et qu’en constatant la gravité des souffrances de Jésus, ils seraient saisis de compassion et lui demanderaient de le relâcher (voir #Lu 23:13-16). Les verges étaient un supplice horriblement cruel: la victime était attachée nue à un poteau et battue par plusieurs bourreaux, des soldats qui se relayaient pour frapper lorsqu’ils étaient épuisés. Pour ceux qui n’étaient pas citoyens romains, l’instrument de prédilection était une petite poignée en bois, à laquelle étaient fixés plusieurs fouets de cuir. Chacun d’eux se terminait par des morceaux d’os ou de métal. Le supplice des verges était si brutal qu’il était parfois fatal à la victime. Le corps était déchiré et lacéré d’une si horrible façon que muscles, veines et os étaient visibles à l’œil. Ce supplice avait lieu avant l’exécution pour affaiblir la victime ou la déshumaniser (#Esa 53:5). Il semblerait cependant que Pilate avait l’intention de susciter ainsi de la compassion pour Jésus.

 

2  Les soldats tressèrent une couronne d’épines qu’ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre ; puis, s’approchant de lui,

 couronne d’épines. Cette « couronne » était faite de longues épines de palmier dattier, tressées pour ressembler à la couronne que portaient les rois orientaux. Ces longues épines s’enfonçaient profondément dans la tête de Jésus, ajoutant encore à sa douleur et à l’effusion de son sang.

manteau de pourpre. Couleur symbole de la royauté. Il s’agit probablement d’un manteau militaire jeté sur les épaules de Jésus, dans le but de se moquer de sa prétention à être le roi des Juifs.

 

3  ils disaient : Salut, roi des Juifs ! Et ils lui donnaient des soufflets.

4  Pilate sortit de nouveau, et dit aux Juifs : Voici, je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime.

je ne trouve en lui aucun crime. Jean montre clairement que Jésus n’était coupable d’aucun péché, d’aucun crime, pour que sautent aux yeux l’injustice et la culpabilité des Juifs autant que des Romains, qui se chargèrent de l’exécution.

 

5  Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : Voici l’homme.

Voici l’homme. Pilate présente Jésus de façon spectaculaire, suite à la torture qu’il a subie. Il devait avoir les chairs enflées, meurtries, et être couvert de sang. En le présentant comme un malheureux battu et lamentable, le gouverneur romain espérait sans doute que le peuple choisirait de le relâcher. Les mots de Pilate sont sarcastiques, car il tente de faire comprendre aux autorités juives que Jésus n’a rien du dangereux criminel pour lequel ils le font passer.

 

6  Lorsque les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s’écrièrent : Crucifie ! crucifie ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; car moi, je ne trouve point de crime en lui.

 Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le. Les pronoms « vous » et « lui » ont une force emphatique qui trahit le dégoût et l’indignation que ressentait Pilate devant leur dureté vis-à-vis de Jésus.

 

7  Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi ; et, selon notre loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu.

 Nous avons une loi. Probable allusion à #Lé 24: 16: « Celui qui blasphémera le nom de l’Éternel sera puni de mort. » L’accusation de blasphème (#Jn 5:18 ; #Jn 8:58-59 ; #Jn 10:33, #Jn 10:36) était l’élément central du procès intenté contre Jésus devant Caïphe.

 

8  Quand Pilate entendit cette parole, sa frayeur augmenta.

 sa frayeur augmenta. Beaucoup de dirigeants romains étaient profondément superstitieux. Alors que les Juifs interprétaient les prétentions de Jésus comme messianiques, les Gréco-Romains, en entendant ce titre de « Fils de Dieu », rangeaient Jésus dans la catégorie des « hommes divins » doués de pouvoirs surnaturels. Pilate a peur, car il vient de fouetter et torturer quelqu’un qui pourrait le frapper de malédiction ou de vengeance.

 

9  Il rentra dans le prétoire, et il dit à Jésus : D’où es-tu ? Mais Jésus ne lui donna point de réponse.

 D’où es-tu? Il s’inquiète des origines de Jésus. Son esprit superstitieux le pousse à se demander à qui il a affaire.

 

10  Pilate lui dit : Est-ce à moi que tu ne parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier, et que j’ai le pouvoir de te relâcher ?

11  Jésus répondit : Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui me livre à toi commet un plus grand péché.

 La déclaration de Jésus souligne que même le mal le plus horrible n’échappe pas à la souveraineté de Dieu. Pilate ne contrôlait pas grand-chose, mais cela ne l’exonérait en rien de sa responsabilité morale quant à ses actes. Confronté à l’opposition et au mal, Jésus trouvait souvent sa consolation dans la certitude de la souveraineté de son Père (p. ex. #Jn 6:43-44,65 ; #Jn 10:18,28-29).

 celui qui me livre à toi commet un plus grand péché. Allusion soit à Judas soit à Caïphe. Puisque Caïphe avait pris une part active dans le complot contre Jésus (#Jn 11:49-53) et présidait le sanhédrin, il pourrait bien être visé en priorité (#Jn 18: 30, #Jn 18: 35). Toutefois, le point crucial ne concerne pas tant l’identité de la personne que sa culpabilité: on avait fait comparaître Jésus devant Pilate avec une froide détermination, en passant outre les règlements, après avoir vu et entendu toutes les preuves irréfutables qu’il était effectivement le Messie et le Fils de Dieu. Pilate n’en avait pas bénéficié.

 

12  Dès ce moment, Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs criaient : Si tu le relâches, tu n’es pas ami de César. Quiconque se fait roi se déclare contre César.

 tu n’es pas ami de César. Déclaration pleine d’ironie dans la bouche des Juifs, car leur propre haine vis-à-vis de Rome ne faisait pas d’eux non plus des amis de César. Ils savaient pertinemment que Pilate craignait César Tibère (empereur sous le règne duquel Jésus fut crucifié) car c’était un individu suspect qui appliquait ses châtiments avec une implacable cruauté. Pilate avait déjà déclenché des émeutes parmi les Juifs de la région, par ses initiatives malheureuses. Il se savait surveillé par Rome. Les Juifs l’intimidèrent en le menaçant, s’il n’exécutait pas Jésus, de nouveaux soulèvements qui lui coûteraient peut-être son poste.

 

13  Pilate, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors ; et il s’assit sur le tribunal, au lieu appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha.

 au tribunal. Pilate capitule sous la pression (v. #Jn 19: 12) et se prépare à rendre son verdict sur la base de l’accusation de départ: sédition contre Rome. Le « tribunal » était la place où siégeait le gouverneur lorsqu’il rendait son verdict. Son siège était placé à un endroit pavé de dalles, connu sous le nom de « Pavé ». L’ironie, c’est que Pilate prononça un jugement contre celui à qui le Père en personne avait remis tout jugement (#Jn 5:22) et qui rendrait plus tard un verdict de juste condamnation contre lui.

 

14  C’était la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs : Voici votre roi.

 la préparation de la Pâque. Avec ce renvoi au jour précédant la Pâque, où la préparation battait son plein, Jean présente Jésus comme envoyé à son exécution au moment où les agneaux de la Pâque étaient égorgés.

 environ la sixième heure. Jean compte ici les heures selon la méthode romaine, qui commence à minuit. Selon cette manière juive de compter, la crucifixion eut lieu à 9 heures du matin. Jean note qu’il était environ la sixième heure lorsque Pilate condamna Jésus à être crucifié (#Jn 19: 14). Comme Jean utilise apparemment la méthode romaine de compter les heures (en partant de minuit), la 6e heure de Jean devait correspondre à 6 heures du matin.

Voici votre roi. Pilate dit cela par moquerie: comment un malheureux aussi lamentable et maltraité peut-il représenter un roi pour eux? Cette moquerie se poursuivra avec le panneau cloué sur la croix (vv. #Jn 19:19-22).

 

15  Mais ils s’écrièrent : Ôte, ôte, crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons de roi que César.

16 ¶  Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l’emmenèrent.

Jésus crucifié

17  Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha.

 portant sa croix. Désigne la barre horizontale de la croix. Le condamné devait la porter sur ses épaules jusqu’au lieu de son exécution. Jésus parvint à la porter jusqu’à la porte de la ville, mais à cause de la brutalité des traitements qu’il avait subis, il fallut que quelqu’un d’autre la porte à sa place (Simon de Cyrène, #Mt 27:32 ; #Mr 15: 21 ; #Lu 23: 26).

 Golgotha. Transcription du grec qui, à son tour, est une traduction du mot araméen signifiant « crâne ». Cet endroit devait sûrement son nom à son aspect. La localisation précise du site n’est pas certaine.

 

18  C’est là qu’il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.

 il fut crucifié. On obligea Jésus à s’allonger par terre, et ses bras furent étendus et cloués sur la barre horizontale qu’il avait portée. On hissait ensuite cette barre, le supplicié accroché dessus, et on la fixait sur le poteau vertical. Les pieds étaient cloués sur le bas du poteau, et on clouait parfois dessous un bout de bois qui servait d’appui à la victime, non pour la soulager mais pour prolonger et augmenter son agonie. Nu et battu, Jésus aurait ainsi pu rester exposé à la brûlure du soleil pendant des heures, voire des jours. Pour respirer, le crucifié devait pousser sur les jambes et tirer sur les bras, ce qui provoquait des douleurs atroces. Des crampes musculaires torturaient le corps tout entier. Se laisser aller entraînait l’asphyxie, de sorte que la lutte pour la vie continuait.

 deux autres. #Mt 27:38 et #Lu 23: 33 emploient au sujet de ces deux crucifiés le même mot que pour Barabbas: c’étaient des guérilleros.

 

19 ¶  Pilate fit une inscription, qu’il plaça sur la croix, et qui était ainsi conçue : Jésus de Nazareth, roi des Juifs.

 19:19-22

fit une inscription. Il était de coutume, lors de ces exécutions, de placer une tablette ou un petit panneau autour du cou du condamné tandis qu’il se dirigeait vers le lieu de son exécution. Le panneau était ensuite cloué sur la croix (voir #Mt 27:37 ; #Mr 15: 26 ; #Lu 23: 38). Pilate se servit de cette occasion pour se venger  en se moquant d’eux - des Juifs qui l’avaient menacé pour le forcer à prononcer cette condamnation.

 

20  Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était près de la ville : elle était en hébreu, en grec et en latin.

21  Les principaux sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate : N’écris pas : Roi des Juifs. Mais écris qu’il a dit: Je suis roi des Juifs.

22  Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.

23  Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas.

 ses vêtements …  aussi sa tunique. Traditionnellement, les vêtements du condamné devenaient la propriété des bourreaux. La répartition de ces dépouilles suggère que le groupe chargé de l’exécution se composait de quatre soldats (cf. #Ac 12:4). La tunique se portait serrée au corps. Le pluriel « vêtements » renvoie à d’autres habits, probablement les sandales, la ceinture et le couvre-chef.

 

24  (19-23) Et ils dirent entre eux: (19-24) Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. Cela arriva afin que s’accomplît cette parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes vêtements, Et ils ont tiré au sort ma tunique. Voilà ce que firent les soldats.

 Jean cite #Ps 22: 19. Dans le psaume, harcelé par la détresse et les moqueries que lui infligent ses adversaires, David utilise, pour faire sentir la profondeur de son affliction, l’image du partage des vêtements de la victime entre les bourreaux. Curieusement, il décrit ainsi une forme d’exécution qu’il ne peut avoir vue de ses yeux, car elle n’existait pas de son temps. Ce passage prophétise donc par typologie la venue de Jésus, l’héritier de David, sur le trône messianique (voir #Mt 27:46 ; #Mr 15: 34).

 

25  Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala.

 Bien que le nombre exact des femmes présentes effectivement au pied de la croix soit controversé, Jean parle probablement de quatre et non pas de trois femmes: deux qu’il désigne nommément et deux autres auxquelles il fait allusion sans les nommer:

1° « sa mère » (Marie);

2° « la sœur de sa mère » (probablement Salomé #Mr 15: 40, la sœur de Marie et la mère de Jacques et Jean, fils de Zébédée #Mt 27:56-57 ; #Mr 15: 40);

3° « Marie, femme de Cléopas » (mère de Jacques le mineur et de Joseph, #Mt 27:56);

4° Marie de Magdala (village sur la rive ouest de la mer de Galilée, à 3 à 5 km au nord de Tibériade). Cette Marie joue un rôle de premier plan dans le récit de la résurrection (voir #Jn 20:1-18 ; cf. #Lu 8:2-3 où Jésus la libère de sept démons).

 

26  Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils.

 le disciple qu’il aimait. Allusion à Jean. Étant l’aîné, et donc le gagne-pain de la famille avant de commencer son ministère, Jésus ne confia pas cette responsabilité à ses frères, car ils n’approuvaient pas son œuvre et ne croyaient pas en lui (#Jn 7:3-5); ils n’étaient probablement même pas présents à ce moment-là (ne serait-ce que du fait que leur maison se trouvait à Capernaüm, voir #Jn 2:12).

 

27  Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui.

28  Après cela, Jésus, qui savait que tout était déjà consommé, dit, afin que l’Écriture fût accomplie: J’ai soif.

29  Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l’ayant fixée à une branche d’hysope, ils l’approchèrent de sa bouche.

 Ce breuvage ne doit pas être confondu avec le « vin mêlé de fiel » qu’on lui offrit sur le chemin de la croix (#Mt 27:34) et qui était destiné à apaiser un peu ses souffrances. On lui fit boire cela pour prolonger sa vie et ainsi faire durer la torture et la douleur encore plus longtemps (cf. #Mr 15: 36). Le vin était le gros rouge bon marché que buvaient les soldats. L’emploi de ce mot rappelle le #Ps 69:22, où le même mot apparaît dans la LXX. L’hysope est une petite plante, idéale pour les aspersions (voir #Ex 12:22).

 

30  Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l’esprit.

 Tout est accompli. Le verbe suggère l’idée d’accomplir une tâche et, dans un contexte religieux, de remplir ses obligations religieuses (voir #Jn 17: 4). Toute l’œuvre de la rédemption était désormais accomplie. Le mot grec traduit ici par « tout est accompli » apparaît dans des papyri que l’on a retrouvés; il s’agit de reçus relatifs au paiement de taxes, et il y signifie « entièrement payé » (voir #Col 3:13-14).

 il rendit l’esprit. Expression qui signale que Jésus a remis son esprit à Dieu par un acte volontaire. Personne ne lui a pris la vie, car c’est lui qui l’a abandonnée pour nous volontairement et de bonne grâce (voir #Jn 10:17-18).

 La mort de Jésus constatée

31 ¶  Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car c’était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, — les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes aux crucifiés, et qu’on les enlevât.

 la préparation. Cela désigne le vendredi, jour qui précédait ou « préparait » le jour du sabbat.

 ne restent sur la croix pendant le sabbat. Les Romains avaient coutume d’attendre que les crucifiés meurent sur la croix (cela pouvait prendre plusieurs jours) et de les y laisser pourrir pour que les vautours déchiquettent leur corps. La loi mosaïque, pour sa part, précisait que toute personne pendue au bois (le plus souvent après l’exécution proprement dite) ne devait pas rester là jusqu’au lendemain (#De 21:22-23). De tels suppliciés se trouvaient sous la malédiction divine, et les laisser ainsi exposés à la vue de tous risquait de profaner le pays.

 qu’on rompe les jambes aux crucifiés. Lorsque, pour une raison quelconque, les Romains voulaient abréger les souffrances d’un crucifié, ils lui brisaient les jambes avec un maillet en fer. Cet acte entraînait un nouveau traumatisme et une nouvelle effusion de sang, mais cela empêchait au moins le crucifié de pousser sur ses jambes pour continuer de respirer. La victime avait alors tôt fait de mourir asphyxiée.

 

32  Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l’autre qui avait été crucifié avec lui.

33  S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ;

34  mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau.

 Lorsque le soldat perça avec sa lance le côté de Jésus, l’arme s’enfonça profondément, si l’on en juge par le jaillissement soudain de sang et d’eau. Elle perça soit le cœur de Jésus, soit la cavité en bas de la poitrine. Quoi qu’il en soit, Jean mentionne le jaillissement de sang et d’eau pour souligner qu’il ne pouvait subsister l’ombre d’un doute quant à la mort de Jésus.

 

35  Celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.

 Celui qui l’a vu. C’est-à-dire l’apôtre Jean, qui fut témoin de tous ces événements (v. #Jn 19: 26 ; #Jn 13: 23 ; #Jn 20: 2 ; #Jn 21: 7, #Jn 21: 20 ; cf. #1Jn 1:1-4).

 

36  Ces choses sont arrivées, afin que l’Écriture fût accomplie : Aucun de ses os ne sera brisé.

 19:36-37 Jean cite #Ex 12:46 ou #No 9:12, où il est spécifié qu’aucun des os de l’agneau tué à la Pâque ne doit être brisé. Puisque le N.T. dépeint Jésus comme l’Agneau de la Pâque qui enlève le péché du monde (#Jn 1:29 ; cf. #1Co 5:7 ; #1Pi 1:19), ces vv. ont une signification typologiquement prophétique. La citation du v. 37 provient de #Za 12:10, qui indique que Dieu lui-même fut percé lorsque son représentant, le berger (#Za 13: 7 ; cf. #Za 11:4, #Za 11:8-9, #Za 11:15-17), le fut. L’angoisse et la contrition des Juifs dans le passage de Za du fait des blessures infligées au berger de Dieu est typologiquement prophétique du temps de la venue du Fils de Dieu, le Messie, où Israël portera le deuil pour avoir rejeté et tué son roi (cf. #Ap 1:7).

 

37  Et ailleurs l’Écriture dit encore : Ils verront celui qu’ils ont percé.

Mise au sépulcre

38 ¶  Après cela, Joseph d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus.

 Joseph d’Arimathée. Cet homme est cité dans les quatre Évangiles, et seulement en rapport avec la mise au tombeau de Jésus. Les synoptiques rapportent qu’il était membre du sanhédrin (#Mr 15: 43), qu’il était riche (#Mt 27:57) et qu’il avait soif du royaume de Dieu (#Lu 23: 51). Jean parle en termes négatifs des disciples non déclarés de Christ (voir #Jn 12:42-43), mais puisque Joseph risqua sa réputation, voire sa vie, en demandant officiellement le corps de Jésus, il le présente sous un jour plus favorable.

 

39  Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès.

 environ cent livres. Ce mélange d’épices pesait environ 30 kg. La myrrhe était une résine caoutchouteuse très odorante, et les Juifs en faisaient une poudre qu’ils mélangeaient avec de l’aloès, poudre extraite du bois de santal aromatique. Les Juifs n’embaumaient pas les corps mais utilisaient cette méthode qui leur était spécifique pour couvrir les odeurs de putréfaction.

 

40  Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs.

 de bandes, avec les aromates. Les épices étaient probablement déposées sur toute la longueur des pièces de lin dont le corps de Jésus fut alors enveloppé. On plaçait aussi des épices dessous, et peut-être autour. La résine, collante, permettait au tissu d’adhérer.

 

41  Or, il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne encore n’avait été mis.

 19:41-42

jardin …  sépulcre neuf. Seul Jean rapporte que le tombeau se trouvait près de l’endroit où Jésus fut crucifié. Puisque le sabbat, jour où devait cesser tout travail, était imminent (dès 6 heures, au coucher du soleil), cette proximité tombait à point. Jean ne mentionne pas le fait que Joseph d’Arimathée roula une pierre devant l’entrée du tombeau et que Marie, la mère de Josés, et Marie de Magdala, virent où le corps de Jésus avait été déposé (#Mr 15: 47).

 

42  Ce fut là qu’ils déposèrent Jésus, à cause de la préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche.

 

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